4.14 - Le Putsch des Généraux - Alger du 20 au 25 avril 1961

III - Histoire et récits - De 1945 à 1962 les évènements


3 - "Comment De Gaulle fit échouer le putsch d'Alger"  de Maurice Vaïsse - février 2011

Maurice Vaïsse s'est appuyé sur des documents d'archives auparavant inaccessibles pour explorer les raisons de l'échec du putsch des généraux, à Alger en 1961.

Il y a près de trente ans, Maurice Vaîsse, grand spécialiste de l'histoire des relations internationales et "gaullologue" réputé, avait déjà consacré une étude au putsch des généraux, tenté en avril 1961, à Alger.

L'essentiel de l'épisode était évidemment connu, les biographes de De Gaulle comme les historiens de la Ve République en avaient amplement exploré les recoins mais l'accès aux archives restait fermé, et les témoignages d'acteurs vivants, bridés par les exigences d'anonymat.

Tous ces obstacles étant aujourd'hui levés, l'histoire, presque définitive, peut s'écrire. Et cette histoire a, pour reprendre une des formules du fameux discours que de Gaulle prononça le dimanche 23 avril 1961, à 20 heures, à la télévision, "une apparence et une réalité". 

L'apparence, c'est celle d'une crise majeure. Songez que tout semblait reproduire la crise du 13 mai qui, trois ans auparavant, n'avait rien de moins que mis à bas la IVe République !

Ebranler le régime, c'était bien l'intention du "quarteron de généraux en retraite" qui, à défaut d'avoir une vue précise des conséquences de leur action, défiait l'autorité du général de Gaulle et le sommait de réaffirmer ses promesses de garder l'Algérie "française".

Dans les premières heures, tout sembla sourire aux "factieux". Les parachutistes investirent Alger sans coup férir. Le corps des officiers, dans son ensemble, partageait les convictions de ses chefs. La population européenne était tout acquise et le FLN, durement éprouvé par les opérations militaires, semblait sans réaction. 

Mais la réalité de l'entreprise, celle d'une aventure irréfléchie, apparut assez vite. Les généraux Challe, Salan, Jouhaud et Zeller n'avaient, en fait, pas de projet politique bien défini et notamment pas celui de s'emparer par la force, à Paris, du pouvoir.

De sorte qu'ils semblaient attendre de leur rébellion non qu'elle abatte le général De Gaulle mais qu'elle lui fasse seulement, pourrait-on dire, changer de politique !

Des causes de leur échec, Maurice Vaïsse fait le scrupuleux inventaire : attentisme prudent, sinon peureux, des officiers généraux ; résistance, sinon apathie, des soldats du contingent ; absence de soutien de l'opinion en métropole.

Mais, ce qui sera décisif, ce sera le discours de De Gaulle à la télévision. Dramatique, déterminé, drôle aussi, à son prononcé l'affaire est réglée. Le relire aujourd'hui reste saisissant. Rarement on aura vu, en histoire, aussi spectaculairement le verbe exercer sa magie.

 

FIN DU 1er R.E.P.

 

MauriceVaisse

Maurice Vaïsse
Professeur émérite d’histoire des relations internationales à l’Institut d’études politiques de Paris.

 

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