4.16 - 17 Octobre 1961 à Paris : une mythologie macabre

 

1 - Le 17 octobre 1961 à Paris : Décomptes à rebours: un article de Jean BRUA - Nice matin du 20 octobre 1997.

La décision de Madame Trautmann, de relever de leur mise en soixantaine les archives de la journée du 17 octobre 1961, permettra-t-elle de révéler un crime d’État ou, au contraire, de tordre le cou à un "canard" qui a engraissé depuis 36 ans ? Pour Jean-Luc Einaudi, dont la déposition véhémente, à l’audience de jeudi du procès Papon, reprend les accusations de son livre-enquête, "La Bataille de Paris" (1), le doute n’est pas permis : de 200 à 300 Algériens ont péri ce soir-là sous les balles ou les mauvais traitements de la police et dans la Seine, où les mêmes forces de l’ordre les ont précipités par dizaines ....

La thèse n’est pas nouvelle. Elle a pris corps peu après l’évènement, dans la famille d’opinion favorable à l’indépendance de l’Algérie et s’est acquis, au fil des années, "une valeur historique" qui parait abusive à beaucoup, même parmi les plus réservés à l’égard de la version officielle (2 morts et 64 blessés). La plupart de ses justifications reposent, en effet, sur des sources algériennes (notamment les archives de la Fédération de France du F.L.N., organisatrice de la manifestation) ou proches (les réseaux français de soutien, dits, "porteurs de valises").

Un "contre document" qui a fait moins de bruit que le livre d’Einaudi, relativise les assertions de celui-ci. Il est l’œuvre de Raymond Muelle, auteur de plusieurs ouvrages sur la guerre secrète, et ancien officier parachutiste du 11ème Choc, régiment "action" du SDECE (2) et du chef du gouvernement.

Sa "Guerre d’Algérie en France" (3) remet en perspective l’atmosphère de l’automne 61, période culminante de cinq années de violences qui ont déchiré l’importante communauté algérienne en France métropolitaine (400 000 mille personnes), dont les cotisants volontaires ou forcés ont alimenté largement (3 milliards d’A.F. chaque année) le budget de guerre du F.L.N.

Le contrôle de cette considérable "population fiscale" fait alors l’objet d’une rivalité meurtrière entre le F.L.N., censé incarner la légitimité de la lutte pour l’indépendance, et le M.N.A. (Mouvement nationaliste algérien) se réclamant du vieux leader marginalisé Messali Hadj. Il ne se passe pas de semaine, qui ne laisse, dans les cafés, hôtels et ruelles des arrondissements chauds de Paris, ou au fil de la Seine et de ses canaux, ses épaves macabres, témoins muets et souvent anonymes de la guerre sauvage qui opposent les deux factions, ou de la justice expéditive que les groupes d’action (G.A.) du F.L.N. appliquent aux contrevenants de toute sorte.

En même temps, l’organisation clandestine mène une offensive terroriste délibérée sur le territoire métropolitain, découpé, selon le schéma en vigueur en Algérie, en wilayas (régions), daïras (zones) et kasmas (secteurs). De 1956 à janvier 1962, on dénombrera en France (chiffre du ministre des Affaires algériennes Louis Joxe) près de 4.000 tués et 8.000 mille blessés dans la population d’origine nord africaine, mais aussi plus de 200 morts et un millier de blessés parmi les Français de souche, civils, militaires et policiers.

Ces derniers, qui ont été la principale cible des tueurs F.L.N. (53 morts et près de 300 blessés), en ont conçu une rancœur qui s’est exprimée avec une violence particulière dans leurs affrontements avec les manifestants (pas toujours pacifiques) du 17 octobre, mais surtout dans les centres de regroupement des personnes appréhendées) (12.000). Ce sont ces brutalités avérées qui ont donné prise aux pires rumeurs sur des exécutions sommaires et exactions commises à la préfecture de police que, jusqu’à nouvel avis de l’Histoire, on ne peut toujours retenir, avec beaucoup de prudence, que comme une hypothèse.

Il faudra plus que la "levée d’écrou" des archives pour éclaircir les obscurités, accorder les témoignages et apaiser les brûlures de la guerre d’Algérie.

(1)- Editions du Seuil - 1991.

(2)- Service de documentation extérieure et de contre-espionnage, rebaptisé aujourd’hui DGSE (Direction générale de la Sécurité extérieure)

(3)- Presse de la Cité- 1994.

Jean BRUA - Photo prise en 2007 lors d'une conférence au Centre
universitaire Méditérannéen organisée par le Cercle Algérianiste de NICE.

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III - Histoire et récits - De 1945 à 1962 les évènements

2 - Jean BRUA à J.M. Benamou

Jean Brua
Ancien Chef des Informations générales de Nice-Matin
à
Monsieur G.M. BENAMOU
a.b.s. Nice-Matin
214 Route de Grenoble
06290 NICE CEDEX 3Falicon le 15 juillet 2002

Cher confrère,

Les expatriés d’Algérie ne sont pas si souvent reconnus dans leur état de victimes des "évènements", qu’ils ne doivent vous être reconnaissants de vous risquer à rebours des vents dominants de l’intellectualisme. Votre courrier a dû, je pense, vous en apporter témoignage, et je vous sais gré moi-même des corrections de cap apportées par vos chroniques.

Pourtant, à propos de la dernière, il me parait hors de proportion de mettre en parallèle le "massacre de Paris" (17 octobre 1961) et celui d’Oran (5 juillet 1962).

En effet, si le bilan du second est lui-même variable de quelques centaines à quelques milliers de morts, il n’en est pas moins recoupé, dans l’évaluation la plus basse, par les journaux de marche du commandement de la division d’Oran et des unités du maintien de l’ordre ( !), par un grand nombre de témoignages individuels "objectifs" (c’est-à-dire émanant d’observateurs officiels ou privés ne faisant pas partie de la population européenne visée par la sanglante jacquerie).

A l’inverse, le chiffre de deux cents morts algériens dans les rues de Paris ne repose que sur le livre d’Einaudi, lequel, comme ceux qui ont apporté de l’eau au même moulin, se fonde ... sur les archives de la Fédération de France du F.L.N., organisatrice à l’époque, de la fameuse manifestation. Le reste du "document" est à l’avenant et témoigne de ce qu’on pourrait appeler une confondante naïveté si l’on n’y reconnaissait la marque de cette technique d’"aménagement de l’Histoire" héritée plus ou moins consciemment de l’ère stalinienne.

Les proportions prises par le "marronnier" du 17 octobre 61 m’ont conduit, peu avant mon départ à la retraite, à tenter de relativiser cet évènement, dans l’un des articles qu’il m’est arrivé assez souvent de consacrer à l’Algérie passée et présente. Je me permets, à titre confraternel, de vous en faire parvenir une copie.

L'humeur de Dodieze - Chroniques Algérianistes (1999 - 2005) illustrées par l'auteur - Nice 2007
N.B. Jean BRUA est le fils d'Edmond BRUA, père de la parodie du "Cid".

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III - Histoire et récits - De 1945 à 1962 les évènements

3 - Mensonges et manipulation à propos de la manifestation FLN du 17 octobre 1961 à Paris de Bernard LUGAN

Cinquante ans après la fin de la guerre d’Algérie, par le biais d’une machination particulièrement bien orchestrée, policiers, gendarmes mobiles, CRS et Harkis engagés le 17 octobre 1961 à Paris dans une opération de maintien de l’ordre, sont devenus des agresseurs accusés d’avoir massacré 300 manifestants algériens, d’en avoir jeté des dizaines à la Seine et d’en avoir blessé 2300.

Tous les ans depuis 1991, ceux que le FLN désigne sous le nom de « Frères des Frères »,  organisent à grand renfort médiatique une cérémonie à la mémoire des « Martyrs Algériens » du 17 octobre 1961. Au mois d’octobre 2000, les « Frères des Frères » ont créé l’ « Association 1961 contre l’oubli ».

Cette année, la commémoration a pris un éclat particulier avec la présence du candidat socialiste aux futures élections présidentielles lequel a lancé une rose rouge à la Seine en mémoire des manifestants qui y auraient été noyés…

Or, contrairement à ce qui est affirmé par des médias dont l’inculture est à l’égal de l’esprit partisan, le 17 octobre 1961, il n’y eut pas de massacre d’Algériens à Paris.

Revenons aux faits. Nous sommes en pleine guerre d’Algérie et le FLN qui cherche à prendre le contrôle de la communauté algérienne vivant en France organise une manifestation  surprise et clandestine devant converger vers la Place de la Concorde et l’Elysée afin de montrer sa force et pour peser sur les pourparlers de paix qui ont lieu à Evian.

Assaillis de toutes parts, les 1300 hommes des forces de l’ordre rassemblés en urgence, et non 7000 comme cela est toujours dit, firent preuve d’un grand sang-froid et d’un immense professionnalisme se traduisant par un bilan des pertes « modéré » dans de telles circonstances.

Contre les affirmations  des complices du FLN et des auteurs militants, les archives de l’Institut Médico Légal de Paris, la Morgue, sont pleines d’enseignements. Le Graphique des entrées de corps « N.A » (Nord-africains) par jour. Octobre 1961, nous apprend ainsi que du 1° au 30 octobre 1961, 90 corps de « NA », Nord-africains selon la terminologie officielle de l’époque, sont entrés à l’Institut médico légal, la plupart étant d’ailleurs des victimes du FLN…

Le 17 octobre, alors que se déroulait  dans Paris un soi-disant massacre, l’Institut Médico Légal n’a enregistré aucune entrée de corps de « NA ». Et pour cause, le 17 octobre 1961, de 19h30 à 23 heures, une seule victime fut à déplorer dans le périmètre de la manifestation, et ce ne fut pas un Algérien, mais un Français nommé Guy Chevallier, tué vers 21h devant le cinéma REX, crâne fracassé et dont rien ne permet de dire que ce fut par la police. En dehors du périmètre de la manifestation  « seuls » 2 morts furent à déplorer,  Abdelkader Déroues tué par balle et retrouvé à Puteaux et Lamara Achenoune étranglé gisant dans une camionnette, également à Puteaux.

Certes, nous dit-on, mais les morts ont été déposés à la morgue les jours suivants. Or, et une fois encore, ce n’est pas ce qu’indiquent les archives de l’IML car, entre le 18 et le 21 octobre, seuls 4 cadavres de « NA » (Nord-africains) furent admis à la Morgue :

- le 18 octobre, Achour Belkacem tué par un policier invoquant la légitime défense et Abdelkader Benhamar mort dans un accident de la circulation à Colombes.

- le 20 octobre, Amar Malek tué par balles par un gendarme.

- le 21 octobre Ramdane Mehani, mort dans des circonstances inconnues.

Soit du 17 au 21 octobre, 7 morts, dont deux seulement peuvent être imputés aux forces de police. Nous voilà bien loin des 300 morts avancés par certains… Ces chiffres prennent toute leur signification si nous nous reportons au début du mois d’octobre. Ainsi, entre le 1er et le 3 octobre, 24 corps de « N.A » entrèrent à l’IML, victimes de la guerre inexpiable que le FLN menait contre ses opposants partisans de l’Algérie française ou du MNA de Messali Hadj. Pour mémoire, de janvier 1955 au 1er juillet 1962, les tueurs du FLN assassinèrent en France métropolitaine 6000 Algériens et en blessèrent 9000.

Pour mémoire encore, le 26 mars 1962, devant la Grande Poste de la rue d’Isly à Alger, les forces de l’ordre ne firent pas preuve de la même retenue que le 17 octobre à Paris quand elles ouvrirent directement le feu sur une foule de civils français non armés, faisant entre 70 et 80 morts et 150 blessés. Sur ces victimes, réelles celles-là, la mémoire sélective a jeté le voile de l’oubli.

Bernard Lugan - 18/10/2011

[1] Le numéro du mois de novembre 2011 de l’Afrique Réelle reviendra sur cette manifestation et publiera un article du lieutenant-colonel Raymond Montaner, ancien commandant  de la Force Auxiliaire (Harkis de Paris) qui fut au cœur de l’évènement et qui démonte dans le détail le montage fait autour du « soi-disant » massacre des Algériens de Paris le 17 octobre 1961.

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III - Histoire et récits - De 1945 à 1962 les évènements

4- La Bataille de Paris 17 Octobre 1961 par Maurice FAIVRE

Jeudi 13 octobre 2011

Sous le titre : le massacre du 17 octobre 1961, un article de l’encyclopédie en ligne Wikipedia fait le point de cette bataille qui a opposé 25.000 manifestants« algériens », fermement encadrés par le FLN, à 1.658 policiers et gendarmes engagés par le préfet Maurice Papon.

Cet article affirme que 32 à 325 manifestants ont été tués, des dizaines jetés à la Seine, en particulier au pont St Michel, 11.700 interpellés et tabassés, dont un certain nombre dans la cour de la Préfecture de Police.

L’auteur se réfère essentiellement aux ouvrages de :
-  Jean-Luc Einaudi (la bataille de Paris -  le Seuil - 1999),
-  Jean-Paul Brunet (Police contre FLN -  Flammarion -  1999),  
-  Raymond Muelle (7 ans de guerre en France -  Grancher -  2001) et à l’article de
-  Paul Thibaud dans l’Express du 11 octobre 2001.
Quatre autres auteurs sont cités (Sylvie Thénault, Jim House et Neil Macmaster, Linda Amiri et Benjamin Stora) et 6 réalisateurs de films.

D’emblée, on notera que le chiffre de 32 tués est celui de Brunet, et 325 celui d’Einaudi.

Il apparaît ainsi que des sources importantes sont ignorées :

un 2° livre de JL Einaudi : Octobre 1961, un massacre à Paris, Fayard, 2001,

un 2° livre de JP Brunet : Charonne, lumières sur une tragédie, Flammarion, 2003,

un article du colonel Raymond Montaner : la manifestation du FLN à Paris le 17 octobre 1961, dans la revue Guerres mondiales et conflits contemporains de 2002, le livre de Rémy Valat : Les calots bleus et la bataille de Paris, Michalon, 2007.

Les articles de Catherine Segurane : le 17 octobre 1961 : Essai de dénombrement des morts, et La propagande à l’œuvre, dans Agoravox d’octobre 2010.

Professeur émérite d’Histoire à l’Université de Paris IV, JP Brunet est connu comme un auteur rigoureux. Il est le seul à avoir exploité toutes les archives, en particulier de la PJ, et à en avoir fait une critique historique, ce qui n’est pas le cas d’Einaudi, ni de Paul Thibaud, ni de Sylvie Thénault. Pris à parti de façon polémique par JL Einaudi, JP Brunet a consacré deux chapitres de son 2èmelivre à la manifestation du 17 octobre. Il souligne à nouveau les violences inadmissibles [1] des policiers, confirme les vengeances exercées par des policiers « activistes », mais estime que sur 75 morts conduits à l’Institut médico-légal (IML), la majorité est imputable au FLN.

Examinant cas par cas la liste des 325 noms, il confirme son évaluation de 32 tués : 14 certains [2], 8 vraisemblables, 4 probables et 6 possibles. Il avait précisé dans l’Histoire d’octobre 2001 : 30 morts en comptant large. Dans son Histoire de la guerre d’Algérie (1992), Benjamin Stora corrige son évaluation de centaines de victimes, et ne parle plus que de dizaines.

JP Brunet estime que les 246 morts signalés par Geronimi, correspondent aux 308 cadavres (dont 60 douteux) examinés à l’IML en 1961 : 141 sont enregistrés avant le 17 octobre, et 72 après le 19. Il en est de même des 109 décès du Service des successions musulmanes, dont 55 ont eu lieu avant le 17 octobre, et 22 sans date de décès déterminée. Dans son mémoire de maîtrise, Pierre Brichard, qui a étudié les listes de ce Service, en attribue une trentaine à la répression policière. Le séminariste Grange ne confirme pas la mort des neuf corps couchés à l’entrée du Palais des sports, et Linda Amiri, ayant eu accès aux archives de la Fédération de France du FLN, dément le matraquage des détenus dans la cour de la Préfecture de Police (ce que confirme Montaner).

Une seule noyade, au pont St Michel, a fait l’objet d’un constat. Au total, en septembre et octobre 1961, 34 cadavres ont été retirés de la Seine et des canaux, qui ne paraissent pas imputables à la répression de la manifestation. Vidal-Naquet reconnaît que le FLN n’hésitait pas à tuer et à jeter des cadavres dans la Seine.

Le professeur Brunet dénonce dans l’exploitation de cette affaire un mythe forgé pour les besoins d’une cause militante. Admirateur de Mao et de Pol Pot, l’historien du dimanche Einaudi se révèle un hagiographe du FLN, mouvement à visées totalitaires. On pourrait en dire autant d’autres auteurs.

Catherine Segurane observe les moyens employés pour faire croire à des centaines de meurtres :

- jouer sur les dates en ajoutant au 17 octobre les mois d’octobre et novembre,

- prétendre à un grand nettoyage destiné à faire disparaître les preuves,

- présumer la culpabilité des policiers,

- inventer des légendes d’épouvante de la population.

Un des premiers instruments de cette mythologie macabre est un tract anonyme du 31 octobre attribué à un groupe de policiers républicains, qui rappelle les procédés du parti communiste et de la CGT. On y évoque les cadavres jetés dans la Seine, les pendus du bois de Vincennes et les Algériens arrosés d’essence et brûlés. D’autres bobards citent les fosses communes imputées à la police, les enterrements clandestins par la famille, les corps jetés par avion dans la mer.

Historien de la guerre d’Algérie, vice-président de la Commission française d’histoire militaire, il me semble qu’il faut replacer cette bataille dans la stratégie générale du FLN, qui après avoir perdu les batailles d’Alger et des frontières, et se sentant humilié par les fraternisations de mai 1958, a décidé le 28 août 1958 de transporter la guerre en territoire français, et ordonné à ses commandos de combattre furieusement l’ennemi.

Cette décision faisait suite à la volonté, proclamée dès 1955, d’exterminer les messalistes, considérés comme des traîtres, en Algérie et en métropole [3]. Ces deux décisions se sont traduites par le massacre en métropole d’au moins 3.957 nord-africains, 150 Européens, 16 militaires et 53 policiers (le Monde du 20 mars 1962), auxquels s’ajoutent 48 harkis. Ces actions terroristes expliquent, sans les excuser, l’exaspération des policiers et les excès auxquels ils se sont livrés.

Quant à la décision de réagir, par une manifestation pacifique, au couvre-feu imposé le 6 octobre par la Préfecture de Police, elle n’a pas été approuvée par toutes les instances du GPRA. Mohamed Harbi écrit dans le Monde du 5 février 1999 :« ce qui a joué dans le déclenchement de la manifestation du 17 octobre, ce sont plutôt des enjeux internes, voire des ambitions personnelles…On était proche de la fin…Ce sont déjà des luttes pour le pouvoir dans l’Algérie indépendante ».

Les arrestations opérées le 17 octobre avaient été précédées d’opérations de démantèlement des groupes armés du FLN en région parisienne. Selon le Service de coordination des Affaires algériennes (rapports du 1er et du 4 décembre), 205 armes à feu, 8 bombes, 26 plastics, 106 grenades et obus ont été saisis en deux mois ; 91 responsables de groupes armés ont été arrêtés, 2.545 militants politiques transférés en Algérie. Les liaisons internes ont été rompues et la Fédération de France du FLN a suspendu les attentats. Pour le présent, conclut ce rapport, la bataille de Paris ne tourne pas à l’avantage du FLN.

Maurice Faivre, le 10 octobre 2011

La bataille de Paris

[1] « inadmissibles mais secondaires », déclare de Gaulle, qui selon Messmer partage avec le gouvernement la responsabilité de la répression

[2] C’est le chiffre retenu par le colonel Montaner, ancien chef de la Force de police auxiliaire.

[3] Réf. Jacques Valette, La guerre d’Algérie des messalistes, L’Harmattan, 2001.

Le 17 Octobre 1961 à Paris. La mythologie des chiffres…Chronologie.

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III - Histoire et récits - De 1945 à 1962 les évènements

5 - « La tension était extrême » de Jean-Paul BRUNET : 17 octobre 1961 - samedi 20 octobre 2012

INTERVIEW - Jean-Paul Brunet, auteur de Police contre FLN, le drame du 17 octobre 1961, affirme que Maurice Papon a eu le tort de se laisser surprendre par l’ampleur de la manifestation.

LE FIGARO. - Comment expliquer le drame du 17 octobre 1961 ?

Jean-Paul BRUNET.- La guerre d’Algérie durait depuis sept ans. De Gaulle menait des négociations avec le GPRA (Gouvernement provisoire de la République algérienne), tandis que le FLN commettait de fréquents attentats contre la police parisienne. Les forces de l’ordre avaient déploré 48 tués et 140 blessés entre 1958 et 1961. La tension était extrême. Des barrières de béton armé et des guérites en ciment entouraient les commissariats. Certains agents étaient tentés de ne plus obéir à leur hiérarchie et de se faire justice eux-mêmes.

Quelle est la responsabilité de Maurice Papon, préfet de police de l’époque ?

Sa responsabilité est pleinement engagée, mais il ne faut pas trop personnaliser cette affaire. Le préfet n’a fait qu’obéir aux instructions du général de Gaulle en réprimant la manifestation.

Pour le chef de l’État, il était hors de question de laisser le FLN faire une démonstration de force en plein Paris.

Papon a eu le tort de se laisser surprendre par la manifestation. Il n’en a été averti qu’au petit matin du 17 octobre et disposait de peu d’hommes pour réagir. Ce fait a joué un rôle non négligeable. Moins les policiers sont nombreux face à une manifestation, plus le risque existe qu’ils se montrent violents pour la contenir. En outre, Papon avait tenu des propos très douteux qui semblaient encourager les policiers à commettre des bavures et promettre de les couvrir.

Que s’est-il passé exactement ?

Le soir du 17 octobre, alors que la nuit était tombée, 20 000 à 30 000 Algériens encadrés par le FLN se rendent à Paris par toutes les voies d’accès. Certains sont venus sous la contrainte, de peur des représailles en cas de refus. Mais le FLN était aussi en train de réussir à fédérer le sentiment nationaliste des Algériens en métropole.

Au pont de Neuilly, le choc avec la police a été terrible. Le jour même, on ne compte que 4 ou 5 victimes parmi les manifestants. Mais plus de 11 000 sont arrêtés et internés. Une partie d’entre eux vont être passés à tabac le lendemain.

En totalisant les morts du 17 octobre, ceux du 18, les blessés ultérieurement décédés et les victimes supposées d’éléments incontrôlés de la police en dehors de la manifestation, j’évalue les victimes à 14 certaines, 8 vraisemblables, 4 probables et 6 possibles, soit un total de 32 en comptant large.

Le chiffre de plusieurs centaines de victimes, souvent avancé, serait donc sans fondement ?

On n’arrive à ce chiffre fantaisiste qu’en attribuant à la police des meurtres d’Algériens perpétrés par le FLN, qui cherchait à raffermir son contrôle sur les Algériens en métropole. Le FLN tuait des Algériens qui refusaient de rejoindre ses rangs, de payer leurs « cotisations » ou d’observer les préceptes coraniques. Des militants du mouvement rival de Messali Hadj ont aussi été assassinés au cours de ces semaines.

Au total, plusieurs milliers d’Algériens ont été tués par le FLN en métropole pendant la guerre d’Algérie.

Que pensez-vous de l’idée de repentance ?

Pour un historien, cette notion n’a pas de sens. Je suis atterré de voir ma discipline instrumentalisée pour conforter des positions moralisantes ou politiques. L’histoire n’a pas à porter de jugement moral, mais à tenter d’expliquer comment les événements ont pu survenir.

JP BRUNET

Normalien, agrégé d'Histoire

Professeur émérite à l’université Paris IV

Auteur de Police contre FLN, le drame du 17 octobre 1961

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Le Figaro: Orly-Expulsion d'un groupe d'Algérie

 

Voir un autre article : ICI


III - Histoire et récits - De 1945 à 1962 les évènements

6 - « La manifestation du FLN à Paris le 17 octobre 1961  » Le témoignage du lieutenant-colonel Montaner.

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montanerRaymond MONTANER

 

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