4.1 - 8 Mai 1945 : Setif - Guelma - Kerrata - Les massacres dans le Constantinois...

III - Histoire et récits - De 1945 à 1962 les évènements

8 - Festival de Cannes 21 mai 2010 :  "Hors la loi"  un film de Bouchareb - Le 8 mai 1945 Sétif et le Constantinois  (ou "Le cri des égorgés Pieds-noirs"
Recensions de : Robert Puig - François-Guillaume Lorrain - Maurice Villard

"Hors la loi" est un film franco-algérien réalisé par Rachid Bouchareb sorti en 2010 et sélectionné en compétition officielle pour le Festival de Cannes. Il a représenté l'Algérie aux Oscars 2011. Ce film a créé une grande polémique médiatique et des manifestations à Cannes à cause de l'histoire des massacres de Sétif et de Guelma.

"Hors la loi" est la traduction du terme arabe "fellagha" ou rebelle pendant la guerre d'Algérie 1954 - 1962.
l'objet du film est de présenter les manifestations pour l'indépendance de l'Algérie qui deviennent de plus en plus fréquentes jusqu'aux massacres de Sétif et de Guelma

- Cannes le 21 mai 2010 - Robert PUIG

Un rassemblement initié et préparé par le Comité « Vérité-Histoire-Cannes 2010 » avec un franc et important succès. Des associations pieds-noires de différentes régions de France étaient représentées avec celles des anciens combattants outrées de la projection de ce film : Hors la loi, qui dénature le rôle de la France en Algérie et surtout celui de l’Armée tant et tant de fois montrée d’un doigt accusateur. Un film qui transforme la vérité historique de 1945 par le mensonge et une insupportable propagande pro FLN, pro terroriste !

Nous étions nombreux, comme chaque fois qu’il faut défendre nos valeurs et notre mémoire. Pourtant, premier bémol, le maire de Cannes a voulu s’approprier le succès de cette manifestation en diffusant un petit écrit non signé, reprenant à son compte l’ampleur du rassemblement. Heureusement d’autres Elus étaient présents qui avaient depuis des mois manifesté leur indignation à voir diffuser un tel film. Notons aussi la présence de nombreux Présidents et Présidentes de nos Associations avec Thierry Rolando, du Cercle Algérianiste.

Le dépôt de gerbes a fait la différence entre les acteurs de cette matinée. Silence pour les uns, mais applaudissements à Madame Tarabot, à Messieurs Aboud et Luca et surtout, aux représentants des Harkis de Cannes. Des applaudissements mérités lorsque l’on sait qu’une vidéo présentée à Vallauris sous le couvert du musée Picasso traite les harkis de collaborateurs. Une vidéo non interdite par le Préfet des A-M… Une manière de se moquer une fois de plus de nous, anciens d’Algérie : Chrétiens et Musulmans.

Quelques mots sur notre marche en cette journée ensoleillée. Les autorités ne nous ont pas permis le passage par les grands hôtels, mais seulement dans des rues secondaires. Drapeaux en tête nous avons prouvé le long du parcours que nous étions loin d’être enterrés comme le souhaite tellement de monde des milieux associatifs staliniens ou gauchistes.

Deux mots encore… Le palais du festival était totalement interdit à la circulation… Il ne fallait pas troubler la projection du film de la honte financé par la France – hélas ! - à plus de soixante pour cent ! Mais quelle surprise ! Mon deuxième bémol ! Je n’avais jamais vu autant de CRS en grandes tenues de guerre depuis Alger avec casques spéciaux, boucliers et armes diverses ! Ils étaient autour du fameux palais… à défendre la projection d’un film décrié et mensonger… A croire qu’ils protégeaient encore, à la manière gaulliste, les terroristes contre les populations de l’Algérie française. He oui ! Alger, le 26 mars 1962… Oran, le 5 juillet 1962… et les morts, assassinés du bled… Européens et Arabes fidèles à la parole de la République française, celle de 1958.

La France en ce jour du 21 mai 2010 nous a montré à nouveau son vrai visage : celui d’une repentance de fait !

Dommage !

Robert Puig

 

- EN DIRECT DU FESTIVAL DE CANNES - "Hors la loi" : la fiction n'excuse pas tout
Par François-Guillaume Lorrain


Il y a plusieurs choses à dire sur Hors la loi de Bouchareb que l'on vient de voir à Cannes, vendredi.

Tout d'abord, le climat : protection policière très présente autour du palais du festival, fouilles au corps même pour les journalistes, sacs examinés deux fois plutôt qu'une : on se serait cru au Parc des princes lors d'un PSG-OM ou dans l'aéroport le plus surveillé au monde. Mais la projection s'est bien déroulée . Aucun sifflet, aucune insulte, rien.

Venons-en au film lui-même. Et faisons d'abord un sort à la fameuse séquence des massacres de Sétif qui a déclenché tant de polémiques. Pour être le plus objectif possible, j'ai fait raconter cette scène à une jeune femme qui ignorait tout du 8 mai 1945. Qu'avait-elle vu ? Une manifestation pacifique d'Algériens, l'un d'entre eux tenant un drapeau algérien, des forces françaises prêtes à riposter, un officier de police qui cherche à récupérer le drapeau, qui fait feu sur l'Algérien, la panique de la foule, les policiers et l'armée française qui tirent sur les manifestants comme dans un stand de tir, faisant des dizaines de morts, deux Algériens sans armes ripostant en état de légitime défense (l'un fait basculer un Européen qui tire, un autre arrache un fusil et le retourne contre un autre Européen avant d'être tué), puis l'arrestation d'un des personnages du film (Sami Bouajila) qui passe devant des dizaines de corps d'Arabes tués... La jeune femme n'a pas vu qu'il y ait eu un massacre d'abord d'Européens par des Arabes.

Si l'on résume, Bouchareb nous raconte le début de l'histoire (le drapeau, l'officier de police), tout en le condensant (car les massacres n'ont pas eu lieu à Sétif même, le 8 mai 1945, mais pour la plupart après), puis la fin de l'histoire (les massacres par milliers d'Algériens), mais il ne nous montre pas le milieu (le fait que les Européens ont été tués aussi, autrement qu'en légitime défense, par des Algériens qui étaient bien armés).

Bouchareb, après avoir annoncé qu'il rétablirait la vérité historique, était revenu sur ses déclarations, brandissant, pour calmer le jeu, l'argument de la fiction. Mais il nous semble que si l'on représente un événement historique, on s'engage à le raconter de façon exacte. On a une responsabilité, surtout, face à un événement qui a eu tant de conséquences. Il faut dire et montrer les massacres d'Arabes - terribles, d'une ampleur immense - mais dire et montrer aussi l'autre partie, les massacres d'Européens, même plus réduits en termes de chiffres (102 contre 6.000 à 20.000 selon les sources). On ne peut pas toujours brandir cet argument de la fiction comme un joker qu'on sortirait quand cela nous arrange.

Debat

Sur le reste du film, car ne nous focalisons pas sur ces six minutes, constatons d'abord qu'il est très moyen. On est revenu vers un cinéma politique assez lourd, maladroit, où les personnages s'expriment souvent par slogans. Même si, par rapport à Indigènes, on constate qu'il y a plus de cinéma dans ce nouveau film. Mais on a parfois l'impression d'avoir affaire à une de ces œuvres qui passaient jadis avant une émission des Dossiers de l'écran . Sujet : la lutte du FLN en France.

Hors la loi a certes, là-dessus, ses vertus : il raconte succinctement, à travers l'itinéraire de trois frères, une histoire jamais montrée au cinéma : celle du FLN, son organisation sur le territoire, de sa radicalisation, de sa lutte aussi contre la police française, qui met en place une organisation secrète, la Main Rouge, qui a bel et bien existé. A cet égard, certaines comparaisons entre les Français et les Allemands - les membres du FLN ayant pris la place des Résistants - devrait sans doute avoir du mal à passer...

Roschdy Zem (le plus convaincant des trois acteurs) interprète le bras armé, qui élimine en étranglant les éléments gênants, Sami Bouajila, la tête pensante révolutionnaire, prêt à tout sacrifier pour la cause, Djamel (coproducteur du film), plus en marge, tente sa chance dans le monde des cabarets, du business et de la boxe.

Bouchareb n'est pas angélique sur le FLN et ses méthodes et le film devrait faire grincer des dents en Algérie, où la ministre de la Culture a annoncé une projection. Il rappelle, avec exactitude, que le FLN, en organisant la manifestation réprimée du 17 octobre 1961, a sacrifié nombre d'Algériens en connaissance de cause. Gonflé.

La polémique va-t-elle retomber ou s'attisera-t-elle ? Bouchareb, au début de la conférence de presse, a tout fait pour calmer les esprits, disant vouloir ouvrir un "débat sur la colonisation française et les relations passées entre Français et Algériens". Il est ouvert. Mais un élément essentiel de ce débat nous semble porter sur l'usage des mots "fiction" et "vérité historique". Les historiens qui ont vu le film ont pointé des erreurs. Elles sont là en effet. Faut-il exclure les historiens du débat ? La fiction excuse-t-elle tout ? Espérons que durant les prochains jours, le débat sera enrichi avec toute la sérénité possible.

PS : on s'étonne de trouver dans le dossier de presse que la phrase fameuse de Mitterrand prononcée après l'insurrection du 1er novembre 1954 ("L'Algérie, c'est la France"), soit attribuée à Pierre Mendès France.

- Maurice VILLARD (envoi Hervé Cuesta)

Cher compatriote,

Concernant le film en question, je tiens à vous donner les précisions suivantes:

Ce film a é été programmé sur la 5 avec l'annonce suivante : Les massacres de Sétif- la Police tire sur des manifestants pacifiques et désarmés. ?

J'avais à l'époque 17 ans et je vivais dans cette région des HP (Hauts Plateaux S.G.) Sétifiens au milieu des communautés Kabyles, Arabes et Chaouias, pratiquant parfaitement la langue du Pays.

Nous avions  à l'époque pu constater au fils des mois le changement radical des indigènes à notre égard, la montée de la propagande anti-française. J'avais même assisté à un meeting de Ferhat Abbas à Ampère devant des milliers d'indigènes. Mais nous  ne pensions pas que cela atteindrait tant de haine envers les "roumis"

J'étais à Sétif ce mardi 8 mai 1945 et j'ai vu tout ce qui s’est passé. Cela est resté à jamais gravé dans ma mémoire, le déferlement de ces milliers d'émeutiers, la ruée pour massacrer les roumis dans les rues des quartiers européens. La chasse aux roumis, malheur à ceux qui ne trouvent pas un refuge, ils sont entourés, abattus à coups de "débous », exécutés au couteau, achevés sauvagement, tout cela avec les "you you" stridents des femmes musulmanes les encourageant à ces horribles assassinats.

Ils étaient désarmés ! Pourtant tous étaient munis pour le moins de "débous  munis de lames de rasoirs", de poignards, de hachoirs, de faucilles, de haches, de grosses pierres portées à plein couffins, les meneurs quelques révolvers.

Les Européens sont assassinés  avec une sauvagerie indescriptible, entourés  par des groupes qui les jettent à terre, les abattent à coups de matraques, les lardes de coups de poignards, éventrés, émasculés souvent le crâne écrasé. A tel point que les corps ne furent rendus à leur familles que dans des cercueils fermés.

Voilà le scénario horrible qui s'est déroulé dans le centre de la ville eet au marché aux bestiaux pendant deux bonnes heures.

L'intervention bien tardive de l'armée qui ce jour-là ne tira pas un seul coup de fusil, seule la police tira, mit en fuite ces hordes barbares qui laissent derrière elles un spectacle abominable. C'est l’horreur, j'ai vu, les corps affreusement mutilés gisant par terre, de grandes flaques de sang déjà noirâtre où les mouches s'agglutinaient. L'avenue Georges Clémenceau dans toutes sa largeur ainsi que les arcades qui la bordent, les rues avoisinantes sont jonchées de chaises, de tables, d'éclats de verre, de vêtements, de chaussures abandonnées. C'est une vision cauchemardesque. Puis l'insurrection va gagner tous les villages du Nord de Sétif jusqu'à ceux du bord de mer et de Guelma et sa région.

Au nom de mon Amicale des Hauts Plateaux de Sétif, j'ai demandé un droit de réponse qui m'a été refusé aussi bien par M. Jérôme Clément Président de la sept ARTE que par la C.S.A. Hervé Bourges.J'ai donc décidé d'écrire la vérité puisque je l'avais vécue dans un livre intitulé " Les massacres du 8 mai 1945- Sétif-Guelma-le Constantinois- Début de 17 années de guerre en Algérie" . J'ai pu recueillir plus de 120 témoignages de personnes ayant comme moi vécu ces affreuses journées, des document confidentiels qui m'ont été adressés par des officiers et d'autres, expliquant la montée des indépendantistes, les principaux protagonistes, les massacres dans les villes et les villages, etc... Vendu à plusieurs milliers d'exemplaires. Vous pouvez le conseiller à ceux qui veulent connaître la véritable histoire, cet ouvrage de 450 pages est d'après les spécialistes considéré comme une référence. Je l'ai rédigé gratuitement sans toucher un seul sou pour faire connaître la vérité.

Quelque mois plus tard, dans la soirée, je reçois un appel de Paris, d'une dame se disant la secrétaire du journaliste Armand Jamot qui me dit que la chaîneva programmer un film sur les massacres de Sétif.et me demande de participer à un débat contradictoire qui suivra ce film  -«  Vous n'avez pas honte de faire paraitreune pareille ordure », telle fut ma réponse. Après plusieurs appels,  je demandais les conditions de ma participation.

Le film dure environ une heure vous serez quatre participants avec chacun 10 minutes de temps de parole. -
-« Quels sont ces participants ? :
Benjamin Stora, Ousedik avocat Kabyle défenseurs des tueurs du FLN et l'ancien directeur du journal communiste d'Alger "Alger Républicain" –

-« Vous me prenez pour un imbécile.30 minutes pour les mensonges et dix minutes pour la vérité, je refuse.
Alain Jamot me téléphone, il avait lu mon livre pour me  proposer de me faire accompagner du Général Faivre. J'exigeais la participation de  Jean Claude Pérez, ce qui fut accepté. Je dois reconnaître que Alain Jamot a été très correct et a respecté les accords que j'avais négocié.

Ce film du début à la fin n'est qu'un tissus de mensonges, de contre-vérités, de montage. C'est un véritable outil de propagande anti-française.

Je ne citerai que deux exemples : on voit des scènes dites dans ce film du 8 mai 1945 lorsqu'elles sont des extraits d'un film cinématographique intitulé : 20 ans dans l'Aurès par R. VAUTIER. Soldats équipés d'armes ne datant pas de 1945 etc…, Pire il cite comme faisant partie de la police de Sétif et ayant abattu des indigènes, Monsieur Lucien Prudent qui était alors prisonnier en Allemagne, son livret militaire en fait foi,  ainsi que Monsieur Baby Fontaneau tenancier de maison close qui était en Allemagne avec l'armée d'Afrique et  Jean Louis Léocata a peine âgé de 16 ans......

Voilà cher compatriote résumé en quelques lignes le déroulement de ces péripéties.

Le livre continue à se vendre, vous pouvez le recommander, j'ai également donné pas mal de conférences afin d'expliquer dans les détails ces sombres journées du 8 mai 1945, invité dans des Cercles Algérianistes.

Très amicalement

Maurice Villard

Envoyé : lundi 2 novembre 2009 17:39
À : Hervé CUESTA
Objet : 8 mai 45 Sétif. 

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