1.7 - Poèmes dédiés au 26 mars

XI - Bibliothèque - Alger 26 mars 1962 - Ouvrages de références - Récits - Poésie

                  

5 - "Mars 1962 : No comment" 
   - "Mars
... Funèbre"                     de Robert Charles PUIG Nice   

 

 

"Mars 1962 : No comment"

Le flot des souvenirs enflamme mes pensées.
Comme la lave d’un volcan brûlant la terre,
Mon âme s’embrase comme un feu de forêt.
Dans cette rétrospective, un peuple en prière

Va affronter sa fin. J’entends les hurlements
De ceux qui sont blessés et qui crient leur colère.
Je sens l’odeur de poudre et vois couler le sang
De ceux qui vont mourir, sur ordre militaire.

Toi, la fossoyeuse, tu as créé le drame,
Broyé des cœurs, des corps, sans compter tes victimes.
Froide mort, sans larmes, sans le moindre état d’âme !
Quel juge et quelle loi sanctionneront tes crimes ?

Quel traître ce  jour-là a donné le signal
D’anéantir, dans un rite machiavélique
Une foule invitée à cette bacchanale
Faite de feu, de sang, et d’un destin inique ?

Toi le C.R.-S.S, forban d’un Moyen Âge,
Qui malmena les femmes et matraqua les gosses ?
Toi, le gueux obtus, soldat imprégné de rage,
A l’idéal confiné aux seuls coups de crosses ?

Le regard noir, les mains crispées sur le F.M.
Je vois ces hommes armés qui venaient de tuer
Sans qu‘aucun magistrat n’ait dressé l’anathème !
Ô peuple anéanti par la Mort annoncée !

C’était un temps ou l’ordre, peu républicain,
Ôtait par le meurtre l’envie d’être Français.
Mon cœur résonne encore de l’agonie des miens.
Je me souviens du SAC, dressé à mutiler.

Du diktat ordonné depuis le Rocher Noir
D’écraser une foule, armée  de sa passion,
Pour bader un pays, à un vainqueur sans gloire…
Les balles destructrices ont pourtant eu raison

De ma terre perdue, ensanglantée, meurtrie,
Où le drapeau trempait dans un sang innocent !
Un cliché m’agresse…Dieu n’entend pas mon cri
Quand l’arme assassine met en joue des enfants !

Le temps efface tant et tant de souvenirs
Même ceux de nos morts, ensevelis de nuit.
Je me souviens pourtant des rires et des désirs
Qu’engendrait cette terre, à cette époque enfuie.

                         Comme une Goélette sous l’assaut du vent,
                         Je tangue sous les rafales du temps passé.
                         C’est comme un ouragan grondant sur l’océan,
                         Un typhon dévoilant des pensées oubliées !

 

 MARS… FUNÈBRE  


Un stop ! Un signal rouge !
Les minutes s'arrêtent. Silence ! Plus rien ne bouge
Dans ce monde de mélancolie
Où un temps mort a enfermé sa vie !

Un stop ! Puis c'est son rire
Qui s'extirpe soudain de ce monde des souvenirs !
Il éclate et fuse dans mon âme,
Embrasant mon cœur de milliers flammes.

Un stop ! Sur le chemin
La balle ! Elle a posé une croix sur son destin…
Sa voix résonne. Elle me rappelle
Une époque envolée à tire-d'aile.

Un stop ! Et je revois
Le moment où l'on referma le couvercle de bois
Sur son corps, en cette nuit de deuil...
Je revois, mis en terre, son cercueil.                                      

* Pour les morts du vingt six mars 1962 !

 

07

"A quelle date, Robert, as-tu écrit ce poème ?

"Comment te donner une date? Ils sont des évènements que l'on porte au coeur et certainement écrits vers les années 63/65, lorsqu’après être rentré en "métropole, j'ai pris conscience de l'écart qui existait entre notre Vérité et le mensonge, déjà, encore, toujours, d'un État sans honneur"  Nice -  2014

Robert Charles PUIG

 

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