7.1 - Pierre Lagaillarde

III - Histoire et récits - L'O.A.S.

3 – Pierre Lagaillarde : "Perdre la vie plutôt que l’honneur" par Manuel Gomez

Un mousquetaire de la république vient de nous quitter.

J’ai rencontré Pierre Lagaillarde pour la première fois lors de la semaine des barricades d’Alger en janvier 1960.

J’étais présent à son procès en tant que chroniqueur judiciaire du quotidien L’Aurore.

Incarcéré à la prison de la Santé et remis en liberté pour son procès, Lagaillarde s’évade et rejoint Madrid (Espagne) avant d’apprendre qu’il est condamné par contumace à dix ans de réclusion criminelle.

En décembre 1960, il met en place l’organisation de l’OAS.

Je le retrouve à Madrid, le 20 avril 1961, dans l’appartement qu’il occupait, immeuble « la Torre », nous avions plaza d’España, en compagnie du Général Salan, du Capitaine Ferrandi, du Général Faure (qui était mon colonel lorsque j’ai effectué mon service militaire au 401ème RAA au fort de Romainville à Paris), de Marcel Ronda, de Jean-Jacques Susini et une dizaine d’autres personnages. Il attendait impatiemment le moment du départ pour rejoindre Alger.

J’étais là en observateur pour le compte de Monsieur Georges Bidault, sous surveillance des RG et qui ne vous pouvez quitter la France.

Tous étaient persuadés que le « putsch » allait échouer mais ils ne pouvaient en aucun cas se dérober leur honneur, leur devoir les obligeaient et le 22 avril ils rejoignaient la capitale de l’Algérie à bord d’un avion-taxi.

Pierre Lagaillarde à défendu depuis le début, bien souvent contre l’avis de beaucoup d’autres, la sécession totale de l’Algérie avec la métropole. Il était persuadé, avec juste raison, que la métropole voulait se débarrasser de ces départements algériens.

Pierre Lagaillarde est né le 15 mai 1931 à Courbevoie.

Ses parents, avocats tous les deux, s’étaient installés en Algérie dès 1932.

Avocat lui-même et député d’Alger (sans étiquette) du 30 novembre 1958 au 5 mai 1961 -date de ce sa déchéance-, Lagaillarde fut l’un des protagonistes du coup d’état du 13 mai 1958. Lieutenant de réserve des parachutistes, au volant d’un GMC, il défonce la grille du Gouvernement général de l’Algérie, permettant ainsi aux insurgés d’envahir tous les bâtiments.

Il devient membre du comité de salut public, aux côtés des généraux Massu et Salan et de l’envoyé spécial de De Gaulle, Léon Delbecque.

Il aimait rappeler que son arrière-grand-père était mort sur les barricades en 1851, à Paris, en défendant la seconde république durant le coup d’état du 2 décembre.

Bénéficiant de la loi d’amnistie, imposée par le général Massu au président de la république en fuite De Gaulle, qui s’était réfugié auprès de lui à Baden-Baden, Pierre Lagaillarde revient en France en 1968 et reprend son métier d’avocat en s’installant à Auch (Gers).

Son fils lui a succédé.

Nous présentons à sa famille nos condoléances les plus attristés et nous saluons au garde-à-vous le départ de ce grand patriote.

 

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Manuel  GOMEZ est né à Alger (Bab-el-Oued) le 17 novembre 1941. Il a été engagé comme journaliste pigiste par Albert Camus dans le quotidien Alger-Républicain, puis chef de rubrique à La Dépêche d'Algérie. Il a poursuivi sa carrière en France, après 1962, comme chef de rubrique dans le quotidien L'Aurore, également comme rédacteur à Paris-Turf et correspondant du quotidien Le Méridional. Depuis 1995 il a écrit 16 livres dont "J'accuse De Gaulle" paru en 2013

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