9.7 - 19 mars 1962 - La mémoire déshumanisée - Témoignages

X - Les actions - 19 mars 1962 : un déplacement de la mémoire

1 -  Hacène Arfi, fils de harki, écœuré par une loi synonyme de "massacre" des harkis, choisit de renoncer à son titre de chevalier de l’Ordre national du mérite et renvoie sa médaille à François Hollande -  par HÉLÈNE AMIRAUX - 2013

2 - "Le 19 mars 1962" " Un déni d'Histoire" par Robert Charles PUIG - mars 2013

3 - "Le 19 mars 1962" Une honte nationale - Un jour de honte et de deuil - par Gilles BONNIER Secrétaire général du CLAN - R - 16 mars 2014

4 -" Le 19 mars 1962"  Réponse de Régis GUILLEM  à Alain HOUPERT  "Vous pourriez également me donner votre avis sur le massacre de la rue d’Isly le 26 mars 1962 ..." - 2012

5 - Le 19 mars 1962" Une indécence-  mais qui ouvre l'espérance de la reprise de la proposition de loi n° 2477 datant du 29 avril 2010,  toujours « en attente d’examen » déposée sur le bureau de l’Assemblée nationale par Roger Soncarrieu -2012.

6 - 19 mars 2016 : le Président de la République commémore le 19 mars 1962 au Quai Branly - Simone GAUTIER

 


1 -  Hacène Arfi, fils de harki, écœuré par une loi synonyme de "massacre" des harkis, choisit de renoncer à son titre de chevalier de l’Ordre national du mérite et renvoie sa médaille à François Hollande -  par HÉLÈNE AMIRAUX - 2013

Écœuré par une loi synonyme de "massacre" des harkis, Hacène Arfi a choisi de renoncer à son titre de chevalier de l’Ordre national du mérite. (M. A.)

Hacène Arfi n’a pas digéré le texte de loi adopté le 8 novembre dernier par le Parlement, faisant du 19 mars une journée nationale du souvenir et du recueillement à la mémoire des victimes civiles et militaires de la guerre d’Algérie. Il a écrit au Président de la République et attend toujours sa réponse.

Il a reçu la loi comme une "gifle". Hacène Arfi, fils de harki, président fondateur de la coordination harka à Saint-Laurent-des-Arbres, n’a pas digéré le texte de loi adopté le 8 novembre dernier par le Parlement, faisant du 19 mars une journée nationale du souvenir et du recueillement à la mémoire des victimes civiles et militaires de la guerre d’Algérie. Pour lui et de nombreux représentants des harkis en France, cette date est au contraire synonyme d’"abandon" et de "massacre" de leurs familles par le FLN après les accords d’Évian. Les souvenirs douloureux des horreurs de la guerre ne s’effacent pas.

Lettre ouverte

Sa lettre ouverte et ses multiples courriers de protestation à l’adresse des médias et des élus, dont le sénateur socialiste du Gard, Simon Sutour, contre une proposition de loi qu’il a qualifiée d’"abjecte", n’y ont rien changé. Le texte a été définitivement validé par le conseil constitutionnel le 29 novembre dernier. "J’ai espéré jusqu’à la dernière minute que des sénateurs déposeraient des amendements", confie-t-il. En vain. Alors dans un ultime geste d’écœurement, Hacène Arfi a décroché de sa veste sa médaille de chevalier de l’Ordre national du mérite, remise personnellement par le Président Jacques Chirac en 2001 aux Invalides, l’a renvoyée dans un Colissimo au Palais de l’Élysée, à l’adresse du Président François Hollande.

"J’ai honte de vous monsieur le Président"

Il y a joint un courrier explicatif où il rappelle que cette distinction lui avait été décernée "au regard des services rendus" à sa communauté. "Depuis maintenant trente ans, je milite pour la défense de la communauté harkie et l’un des points essentiels de ce combat se trouve être la reconnaissance du génocide harki qui a eu lieu à partir du 19 mars 1962, écrit-il au Président. Puis il exprime son immense déception : "Autrefois fier de cette distinction, je n’ai aucune envie de brandir cette médaille dans le contexte actuel surtout après avoir été insulté de la sorte". Il poursuit sur un ton de colère : "Aujourd’hui, je ne suis pas fier de la France, j’ai honte de vous monsieur le Président et pourtant mon père a combattu pour les valeurs de la France : la liberté, l’égalité et la fraternité (...) Vous avez délibérément ignoré le mécontentement croissant des associations de harkis, de pieds noirs, et de la majorité des anciens combattants, elle remet en cause la cohésion sociale et c’est vous aujourd’hui qui me poussez à sortir du droit chemin, du dialogue et de la concertation".

Lettre morte

Expédiée début décembre, la missive est restée, depuis, lettre morte. Une poignée de jours plus tard, Hacène Arfi, militant à la santé fragile, était victime d’une attaque cardiaque. Il se remet aujourd’hui lentement dans une clinique d’Avignon, où il continue d’écrire pour interpeller qui veut bien l’entendre. "Cette loi m’a touché moralement et physiquement..."

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