9.9 - Le 14 juillet 2014 à Paris - Un blasphème et un sacrilège - Une profanation des mémoires - Une offense aux morts et aux vivants - Une atteinte à l'honneur du drapeau

9 - Parue sur "Boulevard Voltaire" : Réponse de Manuel GOMEZ à Dominique JAMET. "Les milliers de soldats morts dans les camps vous remercient"

 

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 Dominique JAMET

Comment ne pas comprendre l’émotion des anciens d’Indochine, comment ne pas comprendre et ne pas partager l’émotion et l’indignation des anciens d’Algérie, des pieds-noirs, des harkis et de leurs enfants après que le bruit se fut répandu que des troupes algériennes et un contingent vietnamien participeraient au défilé traditionnel du 14 juillet sur les Champs-Elysées ?

Certes, nous ne sommes ni en 1954 ni en 1962. Nous sommes en 2014. Les vainqueurs de Dien Bien Phu sont au mieux octogénaires, les fellagas, comme on disait, ont passé le seuil des soixante-dix ans et l’on imagine assez mal les uns ou les autres martelant d’un pas martial le pavé de la grande avenue. Le principe même d’une invitation à nos anciens adversaires n’en paraissait pas moins saugrenu et choquant, et l’on ne voyait pas très bien comment le justifier à moins d’en faire et d’y voir, une fois de plus, une fois de trop, une démonstration masochiste de repentance et le symbole de cuisantes défaites militaires ou politiques.

Seulement, ce n’est absolument pas de cela qu’il s’agit. Trois, je dis bien trois soldats algériens et autant de militaires vietnamiens devraient être présents lundi prochain, place de la Concorde, côte à côte avec les délégations de quatre-vingt pays, dans le cadre de la célébration du centenaire de la guerre de 14-18 et du rôle qu’y ont joué les populations de ces Etats aujourd’hui indépendants, hier pour une large part colonies de l’Empire français et de l’Empire britannique.

Il est heureux, il est salubre que, parmi ces pays, le Vietnam et l’Algérie, entre autres, aient assumé cet épisode de leur histoire indissolublement mêlée à la nôtre pendant les quatre-vingts ans de l’Indochine française et durant les cent trente ans de la présence et de la domination françaises sur l’autre rive de la Méditerranée.

Et c’est la moindre des choses que la France ait tenu à reconnaître la part qu’ont prise il y a cent ans les 173.000 Maghrébins (dont 23.000 sont morts au combat) et les quelque 200.000 Annamites et autres Tonkinois qui sur notre sol ont participé à l’effort de guerre consenti par notre cher et vieux pays. Les jeunes gens qui, venus de Hanoï ou d’Alger, participeront aux cérémonies d’hommage à ces précieux auxiliaires de nos armées, renoueront avec le lien, rompu par leurs pères, qui unissait leurs aïeux à la métropole.

Pourquoi l’Organisation nationale des Moudjahidines ar-t-elle violemment dénoncé le geste du gouvernement algérien ? Parce qu’il existe encore, dans l’Algérie aujourd’hui indépendante, des fanatiques qui veulent effacer des mémoires jusqu’à la trace des cent trente ans de la colonisation.

Pourquoi le Front national a-t-il constitué un Comité contre le « défilé » de troupes algériennes en France ? Parce qu’il y a encore chez nous des gens qui refusent d’admettre un fait historique vieux aujourd’hui de cinquante-deux ans.

Il y a dans ce monde et dans ce pays assez de raisons fortes de s’indigner et de se mobiliser pour qu’on n’aille pas en rajouter de purement imaginaires.

 

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Réponse de Manu GOMEZ


L’armée du Viêt-Cong défilerait sur les Champs le 14 juillet ?

Il est vrai que le 5 octobre 2013 le Chef de la diplomatie française, Monsieur Fabius déclarait suite à la mort du général Giap :
« J’ai appris avec émotion le décès du général GIAP. Ce fut un grand patriote vietnamien, aimé et respecté par tout son peuple pour le rôle éminent et fondateur qu’il a joué dans l’indépendance de son pays. Alors que la France et le Vietnam sont devenus désormais des partenaires stratégiques, je salue aujourd’hui la mémoire d’un homme exceptionnel et présente mes profondes condoléances à sa famille et au peuple vietnamien ».

Qui se souvient encore que le généralissime Giap, Commandant en chef au moment de ces évènements, avait déclaré :
« Le but de la guerre c’est l’anéantissement de l’adversaire et pour ce faire il ne saurait y avoir une limite à la violence ».

Ces photos ne proviennent pas de Chelmno, Treblinka, Auschwitz ou Buchenwald mais des camps de prisonniers et d’extermination du Viêt-Cong, sous la haute autorité de Giap. Dans l’un de ces camps, le 113, le Commissaire politique Georges Boudarel français et communiste a torturé et fait torturer puis exécuter 278 soldats français sur les 300 qu’il détenait.

Il a ainsi obéi aux ordres de Jacques Duclos, secrétaire général du Parti communiste (dit français) sur lequel on a saisi, lors de son arrestation, le livre des procès-verbaux des séances secrètes du bureau politique du PC : « Le Parti Communiste doit concourir à la défaite de l’Armée française partout où elle se bat. Travailler pour la défaite de l’armée française au Viêt Nam, en Corée et en Tunisie. Travailler à la désagrégation du Corps expéditionnaire français en Indochine. Nécessité d’une action en masse contre la fabrication et la maintenance des armes et des munitions. Soutenir et aider tous ceux qui agissent effectivement contre le transport et la fabrication du matériel de guerre. (appel au sabotage) »

Malgré ces preuves accablantes la levée de l’immunité parlementaire, réclamée par la justice militaire, est rejetée par l’Assemblée nationale par 302 voix contre 291 le 6 novembre 1953. Sans l’intervention du général Salan, qui a exigé faute de survivant de recevoir les corps, des dizaines de prisonniers seraient restés pourrir dans ces camps de tortures et de lavage de cerveaux. Ils sont partis sous les chants ironiques de leurs tortionnaires : « Adieu… adieu… revenez… revenez… n’oubliez jamais ! Vous êtes autorisés à revenir quand vous le voudrez ».

Extrait d’une lettre prémonitoire écrite en 1952 par le Maréchal De Lattre de Tassigny au général Salan : « Nous avons en face de nous des adversaires qui ne se contentent pas de tuer nos soldats, ils font la guerre aux âmes. Le lavage de cerveau, l’endoctrinement des prisonniers, les manifestes qu’ils font signer aux officiers captifs, sont des choses terribles. C’est une guerre qu’il ne faut pas perdre, sinon le jeu maudit continuera en Tunisie, en Algérie, dans toute l’Afrique et peut-être même un jour en France… ».

Les milliers de soldats et officiers français morts sous les tortures dans les camps de prisonniers du général Giap vous remercient M. Fabius. Ils remercient ce gouvernement.

Non, Dominique Jamet, ce n’est pas la présence de trois anciens combattants qui offusque mais leur présence sous un drapeau pour lequel ils ne se sont pas battus, pour lequel ils ne sont pas morts. Des anciens combattants bardés de médailles françaises il y en a des centaines chez nous, en France (harkis, indochinois) pourquoi aller les chercher ailleurs ?

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