3.6 - Témoignages

I - Une journée historique - L'exil ou la patrie perdue. 

3 - Michèle Succoja : les marins de Mers el Kebir sont venus nous chercher - 26 mai 2016

Un autre témoignage que je ne peux pas oublier, non plus.

Le 5 juillet 1962 j'étais en vacances chez mes parents Cité des "castors" à Oran. Celle-ci abritait des civils français et musulmans qui œuvraient sur la base de Mers-El-Kebir.

Lorsque les massacres ont commencé vers 10 heures du matin, les marins de Mers-El-Kebir sont venus nous chercher. Mes grands parents, mon frère, ma mère, mon petit chien et moi (mon père était a son travail, sur la base).

Nous sommes montés dans des camions, direction le port où nous avons embarqué sur le porte-avion Lafayette.

Arrivé à Toulon chargement des passagers dans des trains, direction Phalsbourg (super, mon grand-père retournait à ses racines alsaciennes).

Après des « vacances », forcées, dans une maison familiale, on nous a fait comprendre, début septembre, que celles-ci étaient finies et qu’il fallait partir.

Nous sommes redescendus dans le sud et tout le monde s’est éparpillé dans la nature sans même se dire au-revoir.

A Flayosc, une dame avait une grange à nous prêter. C’est l’hiver où il a fait si froid. Nous y avons laissé mes grands parents et mon petit chien.

Mon frère, ayant été enfant de troupe à Koléa, a eu la chance de rejoindre Billom dans le Puits de Dôme.

Ma mère et moi sommes retournées à Oran pour savoir ce qu’était devenu mon père.

Tout l’avons retrouvé sain et sauf, dans notre maison et tous nos voisins musulmans, étaient désolés par ce qui s’était passé. Ce qu’ils nous ont appris était effrayant.

En avril 1963 nous avons fait revenir mes grands parents et mon chien qui ne voulaient pas rester seul en France.

En juillet 1963, j’ai décidé de rentrer en France pour terminer mes études.

L’IREPS de Caen a bien voulu de moi. Diplôme en poche j’ai choisi la Manche et ses 360 kms de côte pour poser définitivement mes valises. Le sport m’a aidé à surmonter mon déracinement et ma solitude, car mes parents ne sont rentrés en France qu’en 1978, mon père étant gravement malade.

J’ai fait toute ma carrière à Saint-Lô, et avec mon compagnon nous avons vécu 43 ans sur une ferme près de Périers où j’ai été Conseillère Municipale.

Après son décès je suis venue m’installer à Pirou-plage avec mes deux chiennes.

26 mai 2016
Michèle Succoja
50 770 Pirou-plage

Lire aussi son témoignage sur le 26 mars : ICI

001 LES CASTORS VUE PARTIELLE 
Cité des "castors" à Oran.

Porte avions Lafayette Toulon WEB
Porte-Avions LAFAYETTE

Ireps

Pirou

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