6.6 - En hommage au Colonel Jean-Marie BASTIEN-THIRY

VII -Après le 19 mars 1962 le mensonge d'Evian - JM Bastien-Thiry - L'attentat du petit Clamart - 22 août 1962

3 - Homélie de Mgr Molinas pour Jean-Marie BASTIEN-THIRY Toulon 11 mars 2013
 

HOMÉLIE DE Mgr J.Y. MOLINAS
Durant la Messe célébrée en la Cathédrale de Toulon
Le lundi 11 mars 2013
Pour le Colonel Jean-Marie BASTIEN-THIRY, assassiné le 11 mars 1963.

Il y a cinquante ans, un homme tombait sous les balles du peloton d’exécution.

Nous savons, nous qui sommes réunis dans cette cathédrale, qui était cet homme et les raisons pour lesquelles il achevait prématurément sa vie dans les fossés du fort d’Ivry.

Depuis cinquante ans des générations d’hommes et de femmes se sont succédées. Peu nombreux ont connaissance de ce drame qui a cependant marqué l’histoire de notre pays. Cette mort est intimement liée à l’agonie et à la mort d’une province française, l’Algérie, mais plus encore au refus d’accepter de voir la France renoncer à sa mission de nation civilisatrice dans le monde et particulièrement sur toutes ces terres lointaines où son génie avait permis un bond de mille ans en avant.

Nombreux historiens, géopoliticiens, philosophes expliqueront que ce dégagement était inévitable et que le vent de l’histoire nous y obligeait fut--‐ce au prix d’un abandon dramatique des populations qui avaient cru, elles, en la France.

Mais des hommes se sont élevés contre ce qu’il faut bien appeler une forfaiture, une trahison, et donnèrent leur vie pour ne pas faillir à la parole donnée. Et, parmi eux, il y eut Jean-Marie Bastien‐Thiry. Jeune lieutenant‐colonel, marié et père de trois petites filles, il n’hésita pas à sacrifier un avenir humain et professionnel prometteur, pour que la France ne se perde en succombant
« l’acharnement d’un très vieil homme ».

Comme l’écrivit son frère, Gabriel Bastien‐Thiry, Jean « s’était fait de la France une idée trop belle, et de la justice humaine un concept spirituel ».

Cette idée et ce concept dont les racines plongeaient dans la foi chrétienne façonnèrent toute sa vie. Oui, Jean Bastien‐Thiry était un fervent chrétien, et cela depuis sa plus tendre enfance. L’amour du Christ l’avait tout naturellement ouvert à l’amour de sa patrie, la France. Ainsi, pétri par les pages de gloire de l’histoire de son pays et par le baptême qui marqua la France, il ne pouvait ignorer le drame qui se déroulait sous ses yeux, et dont il prévoyait clairement les conséquences désastreuses que non seulement la France mais aussi l’Europe auraient à endurer.

N’oublions pas le contexte géopolitique existant alors : d’une part, l’idéologie marxiste diffusant ses mensonges et pénétrant toutes les couches de la société; des centaines de pays dans le monde asservis à cette dictature habilement présentée comme l’avènement de la liberté et de la démocratie pour les plus pauvres; la menace militaire des pays du pacte de Varsovie prêts à envahir  le monde libre; à l’intérieur la subversion, aux frontières les chars et les missiles. Et d’autre part, en  Algérie et dans nombre de pays musulmans le réveil d’un Islam fait d’intolérance, de violences extrêmes et dont la volonté d’expansion dans le monde est clairement démontrée aujourd’hui.

En 1963, l’indépendance de l’Algérie est déjà survenue. Le nouvel état algérien n’a tenu aucun compte des accords d’Evian qui devaient permettre aux différentes communautés de continuer de vivre sur cette terre. Jour après jour, les nouveaux maîtres du pays, hier encore terroristes sanguinaires mais qui, bien qu’au pouvoir, n’ont pas renoncé à leurs méthodes, bafouent ces accords. Des milliers d’européens sont enlevés, des centaines de milliers de harkis sont massacrés dans des conditions horribles, l’armée française encore présente en Algérie, restant, sur ordre, l’arme aux pieds. Les églises sont profanées, les cimetières dévastés…Tout cela après la fusillade de la rue d’Isly à Alger, le 26 mars 1962, où l’armée française tira sur des hommes et des femmes qui revendiquaient seulement le droit de rester français sur une terre française, et le massacre horrible du 5 juillet à Oran.

La pureté de cœur et d’esprit de Jean-Marie Bastien‐Thiry ne pouvait accepter que la France continua de sombrer dans l’ignominie, après que, comme le déclara le Président du Sénat Gaston Monnerville, « la Constitution eut été violée et le peuple abusé ».

Nous ne tenterons pas ce soir de découvrir le cheminement qui amena Jean Bastien-Thiry jusqu’à l’attentat du Petit Clamart contre le président de la république, mais nous retiendrons comme certain que ce qui le conduisit jusqu’à cet acte, ce ne fut pas la haine de celui qui gouvernait alors la France, mais « la compassion pour les victime » de cet homme, la volonté de « sauvegarder des vies humaines innocentes », et l’amour de la France dont il ne voulait pas que l’histoire fût irrémédiablement souillée.

La mort courageuse de Jean-Marie Bastien‐Thiry et de tant d’autres de ses compagnons qui ne se sont pas résignés à accepter le fatalisme d’une nation anesthésiée, nous amènent, cinquante ans après, à nous poser cette question : leur sacrifice a‐t-il été vain ? On pourrait le craindre en constatant combien notre pays et l’occident chrétien en général semblent s’être détourné de leur destinée. Un chef d’état français n’a‐t‐il pas été parmi les plus déterminés opposants à la reconnaissance des racines chrétiennes de l’Europe ? La France, notre patrie, est aujourd’hui défigurée, et bon nombre de nos compatriotes semblent avoir renoncé à la fierté d’être français. Ne leur demande‐t-on pas, encore et encore, de se battre la coulpe et de se reconnaître coupables de toutes les abjections commises  sur cette terre. Depuis des décennies, on leur a retiré peu à peu les repères historiques, religieux et philosophiques qui les constituaient en nation. On enseigne dans nos lycées que le FLN, qui fut l’ennemi de la France et dont on s’acharne à vouloir dissimuler le terrorisme, la cruauté et le mensonge, incarna la révolte saine et courageuse d’un peuple opprimé pour se libérer du colonialisme français.

Cinquante ans après, nombre d’algériens eux‐mêmes n’y croient plus ! Et du coup, on passe sous un silence honteux les 30 000 soldats français morts pour la France en Algérie. Pire encore, on crache sur leur tombe. Peu à peu, on a effacé de notre histoire les grandes figures qui faisaient que l’on pouvait être fier d’être français. Je dis avec assurance et certitude que Jean Bastien‐Thiry fait partie de ceux-là. Hélas, en compensation, on a fait du show‐biz un olympe et des saltimbanques et autres marchands de rêves, les maîtres à penser d’un peuple décadent.

Le bilan pourrait donc nous paraître bien triste. Et pourtant, la foi et l’espérance ne doivent pas déserter notre vie. Il n’est pas possible que les sacrifices de tels hommes ne finissent par porter du fruit. Autant de souffrances, (je pense à l’indicible souffrance que connurent les proches de celui dont nous faisons mémoire, son épouse, ses trois filles alors encore enfants, de tous ceux dont un des leurs tomba sous les balles du pouvoir) autant d’abnégation engendreront un jour de nouvelles générations qui se lèveront, et se reconnaitront en ce frère ainé qu’est Jean Bastien‐Thiry. Animées par la foi, ils édifieront ce Royaume de lumière, de paix, de fraternité et de vérité que le Christ est venu instaurer sur notre terre.

Et pour nous les Pieds--‐Noirs, c’est un devoir de nous souvenir de la compassion de Jean-Marie Bastien‐Thiry pour notre calvaire « Les Pieds Noirs ne pourront oublier que cet homme, pétri de traditions, enchaîné par ses principes, a tenté l’intentable à cause d’eux.»
« Plaidoyer pour un frère fusillé » de Gabriel Bastien‐Thiry)

Avant de rendre sa belle vie à Dieu, Jean-Marie Bastien-Thiry, heureux d’apprendre que ses camarades avaient été graciés, servit à sa dernière messe célébrée par l’aumônier. S’adressant au prêtre, il lui dit :  « Mon Père, offrons cette messe pour qu’un jour redevienne possible l’unité des Français.» « Oui, mon Père, il faut qu’un jour les Français puissent être unis ! » Devant le peloton d’exécution « l’Homme a souri, et son visage a reflété un immense apaisement, une sérénité définitive. »

Que Dieu sauve la France !

Amen

 

010201

 

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