2.8 - Les differentes appelations de la ville d'Alger dans l'histoire

III - Histoire et récits - De 1830 à 1954 les réalisations

LES  DIFFÉRENTES  APPELLATIONS  DE  LA VILLE  D’ALGER DANS  L’HISTOIRE

Chassés de Canaan, acculés à la mer, sur une bande côtière de la région syro-palestinienne, les Phéniciens (appellation grecque) ou Puniques (appellation romaine) vont se lancer sur la mer Méditerranée y créant comptoirs commerciaux ou colonies.

Pour ce qui nous intéresse, l’Algérie’ ils vont fonder de l’est à l’ouest : Hippo (Bône) – Rusicada (Philippeville) – Igilgili (Djidjelli) – Asldn (Bougie) – Ruzasu (Azefroun) – Tipasa (Tipasa) – Lol (Cherchell) – Gunugu (Gouraya) – Cartena (Ténès). La distance entre Ruzasu et Tipasa étant assez grande et périlleuse pour les petites embarcations de cette époque, ils cherchèrent un lieu propice pour créer un port et un comptoir à peu près à mi-distance entre ces deux villes.

Il est à noter que la côte entre ces deux villes est assez rectiligne offrant assez peu d’abris naturels favorables à la création d’un port. Seule, à l’endroit où la ville d’Alger s’étend aujourd’hui, se trouvait une côte sablonneuse. Cela  permettait de tirer les bateaux au sec, au pied d’une petite falaise, entourée de collines descendant en pente douce et en demi-cercle autour d’un archipel de quatre petites îles : l’ « îlot nord », le « petit îlot », l’îlot dit du  « Penõn » et le grand îlot ou l’ « îlot sud ». Cet archipel se trouvait à peine à six/huit cents mètres de la côte. Par chance supplémentaire une bande de récifs, d’écueils formant une bande rectiligne de la côte à la base du Penõn arrêtait les vagues en cas de gros temps et ménageait une petite crique relativement abritée des vents dominants. C’est à cet endroit qu’ils vont créer une ville qui nous est particulièrement chère : ALGER.

1– L’ÉPOQUE PHÉNICIENNE

Pendant longtemps on a cru que le nom d’Icosium qui désignait Alger était son nom phénicien. On faisait, le plus souvent, dériver ce nom du grec Eikosi signifiant 20, allusion à vingt compagnons d’Hercule qui auraient fondé la ville. Or, en 1940, lors de travaux importants pour démolir le quartier de la Marine, des terrassiers ont découvert de nombreuses pièces de monnaie en plomb. Ces pièces furent confiées à Monsieur CANTINEAU, professeur de langues sémitiques à la Faculté d’Alger.

Ces pièces soigneusement nettoyées laissèrent apparaître d’un côté Melquart, le dieu phénicien, revêtu de la peau de lion attribuée à Hercule d’après la légende et de l’autre côté l’inscription ICOSIM.

Les conclusions du Professeur GATINEAU sont les suivantes : IKOSIM est composé de deux mots. L’un qui signifie île et que l’on retrouve dans d’autres noms géographiques de la méditerranée tels que : - « bosim » (Ibiça) dans l’archipel des Baléares, - « nosim », l’île de San Pietro au sud-ouest de la Sardaigne –« ronim », l’île de Cossira (Pantelleria dans le détroit de Sicile). Quant au deuxième mot –« Kosim », il se révèle plus difficile à interprété, soit dans le sens d’épines « l’île des épines », soit dans le sens « oiseaux impurs », l’île des hiboux par exemple.

Île des épines ou île des hiboux, l’intérêt de ce vocable « IKOSIM », quelle que soit sa signification, est de nous montrer que ce qui a frappé les premiers navigateurs, les premiers habitants du site, les premiers trafiquants puniques, c’est l’île, l’île refuge, et, lorsque bien des siècles plus tard, sous l’invasion arabe, Alger changea encore de nom, c’est encore ce détail géographique qui a été souligné avec El Djézair Beni Mezrana, « les îles des Béni Mezrana ».

D’après LESCHI – Feuillet « El Djézair » - juillet 1941.

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2 – L’ÉPOQUE ROMAINE.

Les Romains, hommes très pragmatiques et peu compliqués se contentèrent pendant toute leur présence en Algérie de latiniser le nom phénicien en le transformant tout simplement d’IKOSIUM à ICOSIUM

 

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basilique

Basilique Saint Augustin - Bône

 

06 Saint Augustin Sainte Monique

Saint Augustin et Sainte Monique sa mère

Saint Augustin, évêque d'Hippone est un philosophe et théologien chrétien d'origine berbère. Il est né à Souk Ahras (en 354) et décédé à Böne (en 430 âgé de 76 ans pendant le siège des Barbares).   La formation qu'il a reçu à Carthage est celle des lettrés romains.


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3 – L’ÉPOQUE  ARABE

Avant les Arabes le pays sera envahi par les Vandales conduits par Geiséric en 429 et entièrement détruit, puis occupé par les mêmes d 443 à533, puis reconquis par les Byzantins de Justinien.

Le pays est alors entièrement chrétien. Il faut se rappeler, par exemple, que Saint Augustin, l’un des plus grands théologiens de l’Église Chrétienne, était évêque d’Hippone (Bône).

On ne sait pas du tout comment s’appelait Alger pendant toute cette période, sans doute toujours ICOSIUM.

C’est alors, à partir de 682, après l’Hégire (« fuite », ère de l’Islam qui commence en 622 de l’ère chrétienne, date à laquelle Mahomet s’enfuit à Médine en Arabie saoudite), qu’eurent lieu les premiers raids arabes conduits depuis la Tunisie (Kairouan) et lentement jusqu’en 720 où ils termineront par la violence, le pillage et la mort, l’arabisation de l’Algérie.

C’est à ce moment que la ville va changer de nom et prendre un nom arabe. Les conquérants, eux aussi, sont marqués par la présence de cet archipel au devant de la ville qu’ils appelleront dorénavant : les îles – en arabe El Djézair (pluriel du singulier El Djézira) et pour les différencier des autres archipels de la Méditerranée, tels que les Baléares par exemple, ils les appelleront El Djézair Beni Mezrana, c’est-à-dire : les îles des Beni Mezrana (des fils Mezrana). La ville gardera ce nom jusqu’à nos jours.

08 Genseric  12 Justinien  11 augustin    
Geiséric                               Justinien                                Saint Augustin      


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4 – L’ÉPOQUE FRANÇAISE.

Les Français au cours de leurs contacts avec les Arabes vont tout d’abord abréger le nom arabe en El Djézair puis le transformer par déformation habituelle des noms propres en Alger.

C’est le nom que nous continuons à donner à notre chère ville.

Il faut noter, pour finir, que ce pays doit tout à la France, même son nom. Sous la monarchie de juillet, les gens donnaient tous les noms possibles à cette terre : Pays Barbaresques, Maurétanie, Numidie, Pays Barbares, Terres sauvages, même le nom latin d’Ifriqiya. Pour en finir et donner de l’ordre à tout cela, un pair du royaume, je crois qu’il s’agit du baron de Vialar, proposa de donner « enfin un nom commun et définitif à cette terre. Je vous propose donc pour la ville le nom d’ALGER, pour ses habitants le nom d’Algérois, pour le reste du pays le nom d’Algérie et pour ses habitants le nom d’Algériens » …  C’est à l’unanimité que cette motion fut adoptée.

Un dernier mot rappelons que Fehrat ABBAS, l’un des rares intellectuels et homme honnête de cette clique, a écrit : « j’ai interrogé les villes et les ports, les vivants et les morts, je n’ai jamais entendu parler d’une nation algérienne ». 

D’après Georges TRILLAS, en réponse à Mireille ATTIAS qui écrit dans son site relatif à la Ville d’Alger : « La création d’Alger remonte aux Phéniciens, c’est Icosium, un petit port » :

- « n’étant pas d’accord avec Mireille ATTIAS, je me permets de donner mon avis sur :…. »

Maurice CAMACHO répond à son tour :

-… «  Puisque vous semblez porter beaucoup d’intérêt à la précision historique, je me permets de vous rappeler que l’appellation ALGER n’a pas été créée par les Français en 1830. Il manque un chapitre à votre intervention, celui de l’occupation de différents ports de la côte au XVI° siècle par les Espagnols. Ce sont eux, qui en occupant le groupe d’îles en face de la baie des Beni Mezrana, ont baptisé cet ensemble par le nom de « peñon d’ARGEL ». L’usage en est resté, au point que les échanges commerciaux, les conflits d’intérêts, les échanges d’ambassades, ont fait appeler cette ville par les Français, bien avant la conquête de 1830, par le nom d’ALGER, dérivant du « ARGEL » espagnol.

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La place du Gouvernement à Alger (la place du cheval) au-dessus des quais, au pied de la Casbah

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A partir de la Grande Poste, les jardins Laferrière, la rue Charles Péguy et la rue Michelet vers l'ouest d'Alger

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