1.1 - Quelle solution pour en finir ? De Gaulle a écrit :"il faut en finir!"

I - Une journée historique - Algérie Française : une solution pour en finir

Et l'État dans sa souveraineté s'empare de l'Histoire qu'il pervertit  pour des profits idéologiques et de pouvoir et de toute puissance. Louis XIV aurait dit au Parlement, le 13 avril 1655,  "Messieurs l'État c'est moi". De Gaulle a dit plus fort "Et moi c'est l'État" - en ajoutant  "Je suis la France". Nous sommes dans le défi. Qui a aimé la France plus que tout ? Ce petit peuple altruiste, amoureux de cet autre - la France ou cet homme outrecuidant, vaniteux et narcissique ?

Pourtant ces hurlements qui déchirent nos poitrines, chaque jour, sans fin,  doivent bien s'entendre ? A chaque seconde de notre vie, à chacune de nos paroles, sous chacun de nos  pas, une béance ne se referme pas. Comment arrivent-ils à vivre ceux qui sont dans le déni en toute conscience ?

Ou alors, comment  font-ils pour éradiquer de leur mémoire, de leurs souvenirs, de leurs pensées, de leurs récits,  comment font-ils pour éradiquer 130 ans de leur propre histoire?  Souffrent-ils de cette mutilation, de cette amputation du coeur et de l'esprit ?

Ce deuil impossible reste cependant dans l'attente car il lui faut s'accomplir et cette force irrépressible qui sans cesse échappe à l'enfermement, reste un danger pour ceux qui se veulent tout puissants sur nos mémoires. Il s'échappe sans cesse de l'oubli où l'on veut l'enfermer. Il renait de l'éradication. Le lundi 26 mars 1962 et tout ce qui s'est passé après le honteux 19 mars 1962 et tous ces morts et tous ces disparus dans la souffrance et la torture, tout cela est un danger pour les amnésiques du mot "Nation".

Le réel est dangereux dans ce face à face : cette résistance à l'anéantissement auquel voudraient nous contraindre les puissants d'hier et d'aujourd'hui.

Du fond de cet exil, je réalise que ce " Alger Lundi 26 mars 1962" est une impasse. Ce réel est une impasse. Car il "est" parce qu'il a été, on ne peut aller plus loin ou faire autrement.  Nul besoin d'imaginer quoi que ce soit d'autre, de travestir, de dénier, impossible d'aller plus loin ou de s'en soustraire. Le 26 mars 1962 à Alger a été, donc il est encore aujourd'hui. Il y a à voir et rien à dire après, qui ne soit que ce qui est. Quels sont ceux aujourd'hui qui s'y risqueront ?

Pour l'heure, cela permet sans doute, d'éviter un conflit (nous dirions une strounga !) entre ce qui s'est réellement passé et une réalité pré-construite, un mensonge. A partir de ce mensonge d'Evian, tout a suivi, mensonges et déni.

Les menteurs ont succédé aux assassins. A la phase finale succèdent la négation et toutes les méthodes pour éradiquer.

Oui à y réfléchir sans cesse, cette décision du 26 mars, est quelque chose de systématique mise en place, le terme d'un processus irréversible. Et les victimes du 26 mars font partie des profits et pertes attendus, inévitables et qui donnent la conscience perverse du travail bien fait. Et dans la valse internationale, enfin la France est "décolonisée" !

Cette tuerie du 26 mars, préméditée, (lisons bien les témoignages :"nous avons ordre de tirer" et De Gaulle l'a écrit "il faut en finir") n’est pas un crime de masse mais bien un assassinat collectif d’État. Radical, systématique.

Nos témoignages feront s'ouvrir l'oubli, et le réel ressurgira, ce qui s'est produit ressurgira. Nos témoignages iront en héritage à nos enfants qui nous survivront, et ils sauront dans cette recréation permanente de la mémoire familiale, qui ils sont et d'où ils viennent. Nos témoignages pour eux seront dépouillés de la douleur du vécu, de la souffrance du déni, puisque nous avons trouvé les mots pour le dire. La douleur du vécu, la souffrance du déni trouvent leurs places dans nos témoignages et ne se transmettront pas puisque nous trouverons les mots pour l'écrire. Ils sauront leur histoire.

Il ne s'agit pas de compassion, de surenchère à l'émotion, et encore une fois il ne s'agit pas de transmettre douleur et souffrance.  Je ne veux pas faire de ce site un devoir de mémoire mais essentiellement un travail de mémoire qui, à partir des témoignages et des écrits, montre l’évènement, dépasse l’émotion pour arriver à la compréhension des causes et des effets dans une exigence absolue de transmission, transmission que nos témoignages laisseront à d'autres qui, je l'espère tant, en prendront soin.

Une psychiatre argentine (je ne retrouve plus son nom), nous a dit, lors d'un congrès, à propos des "Mères de la place de Mai", ironisées par l'Etat en "Folles de mai", que le gouvernement actuel avait clos cette tragédie en expliquant que cela était à présent classé dans l'inconscient collectif. Atroce ! Quelle douleur pour ces mères !

Nos morts doivent être honorés, dans la reconnaissance officielle et par la société toute entière, ils doivent prendre leur place toute entière et pérenne  dans la conscience collective.

Simone GAUTIER

1.1

marianne7

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