13.8 - ROUGE Jean-François : j’avais 5 ans à peine...

VI - Les témoignages - Les enfants d'hier et d'aujourd'hui

Mardi 13 novembre 2007

Madame,

Oui, je suis pied-noir de la troisième génération (et la dernière).

Ce jour-là, nous étions arrivés mes parents et moi, au niveau de la Salle Bordes, rue Berthezène, je crois, et nous allions vers la rue d’Isly, lorsque nous avons rencontré un collègue de mon père. Il nous a forcé à faire demi-tour. Il nous a peut-être sauvé la vie.

Quand cela a commencé, nous étions au niveau d’un barrage de soldats métropolitains (heureusement). J’étais très jeune, j’avais 5 ans à peine, mais je me souviens du bruit et de l’odeur aussi. Nous étions plaqués contre le mur d’un immeuble. Puis, comme je hurlais, un soldat est arrivé, un officier. Il m’a pris dans ses bras et m’a dit « faut pas pleurer bambino, tu vois les balles passent au-dessus » ???. Il nous a fait rentrer dans le hall de la salle Bordes et nous avons attendu la fin des coups de feu.

Petit à petit, des personnes sont arrivées et nous ont raconté ce qui était arrivé rue d’Isly.

Quand nous sommes rentrés chez mes grands-parents, rue Sampierro-Corso, mon grand-père faisait les cent pas – en caleçon dans la rue –. Musicien à l’ Opéra, il faisait la sieste et dans l’affolement, il avait oublié de mettre son pantalon.

C’est le dernier souvenir que j’ai d’Alger.

Jean-François ROUGÉ - 92420 Vaucresson.

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Le monument aux morts, la Salle Pierre BORDES et le Gouvernement Général

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Le Gouvernement Général et la Salle Pierre BORDES (toit en dôme)

 

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