10.7 - Historia - "Tragique erreur" - Extrait

VI - Les témoignages - Les journaux, les lecteurs

Alger 26 mars 1962, 13 heures. Un long convoi de camions militaires s'arrête boulevard Carnot, au pied du plateau des Glières.Poussiéreuse et fatiguée, une troupe nombreuse en descend. Ce sont trois compagnies du 4 ième régiment de tirailleurs commandés par le chef de bataillon Poupat.

Il y a trois jours encore, elles se trouvaient dans le bled, en zone Sud Algérois. Mises brusquement à la disposition de la zone Alger Sahel, elles ont déjà été employées à Bab-el-Oued (ou les tirailleurs fortement impressionnés par la grande ville, ont de plus essuyé des coups de feu auxquels ils ont appris à riposter), au Forum et à Maison Carrée ou ce matin, depuis trois heures, elles ont participé au bouclage d'un quartier.

Mais une manifestation est prévue cet après-midi à Alger. La population est invitée à se rassembler sur le plateau des Glières et, vers 15 heures, à se porter en masse sur Bab-el-Oued, isolé du reste de la ville, pour exprimer sa solidarité avec les assiégés.La manifestation est interdite et personne ne l'ignore. Mais le commandement prend cependant ces précautions en rassemblant dans la ville des moyens importants.

L'adjoint du commandant Poupat revient de la caserne d'Orléans, où il est allé prendre les ordres du sous secteur. Ils prescrivent d'établir des barrages sur les quatre itinéraires pouvant mener du plateau des Glières vers Bab-el-Oued et d'arrêter la manifestation par tous les moyens, « au besoin par le feu ».À ses derniers mots, Poupat sursaute. Un ordre d'une telle gravité ne peut d'ailleurs être donné que par écrit. Aussi très sagement, lorsqu'il donne ses ordres à ses commandants de compagnie, il leur précise de ne faire usage du feu qu'en cas de légitime défense, s'ils sont attaqués.

Le commandant Poupat installe son PC boulevard Carnot, près du bastion XV. Devant lui, le capitaine Ducrettet, commandant la 2 ième compagnie, garde de section pour barrer le boulevard. Les deux autres sections, sous le commandement du lieutenant en premier, sont chargés d'établir un barrage rue Alfred Lelluch.

A la sixième compagnie, le capitaine Techer place de section bd Bugeaud, où il se tient lui-même, et confie au lieutenant Ouchène le barrage de la rue d'Isly avec deux sections.

DES DRAPEAUX, DES MEDAILLES ET DES CHANTS

Enfin, la dernière compagnie (deux sections de la compagnie d'appui et de section de la 5 ème compagnie), aux ordres du capitaine Gilet, est placée en réserve, rue Bedeau, d'où elle peut en deux ou trois minutes, prêter main-forte à l'un ou à l'autre des barrages.

Il est 13h30, le quartier est calme et les tirailleurs en profitent pour déjeuner hâtivement, sur les trottoirs. À la troisième compagnie rue d'Isly, le tirailleurs Jean-Claude Habib a posé son casque à côté de lui. Il y tient, à son casque, si bien que pour le reconnaître, il a peint en lettres vertes ses initiales : J-C H. Il n'est pas le seul d'ailleurs. Dans les différentes compagnies, cinq autres tirailleurs arborent sur leur casque, pour la même raison, soit des bandes, soient des ronds verts.Rien qui puisse être transformé en « W3 » ou «W4 », comme on crut pouvoir le faire des témoins convaincus mais excessifs concluants qu'il y avait des fellaghas des willayas 3 et 4 dans le rang des tirailleurs ! Les barrages ne sont pas encore en place : ils ne doivent l'être que sur les ordres sous secteur d'Orléans...

 

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