7.5 - Entrée de la Rue d'Isly

VI - Les témoignages - Grande Poste les manifestants

3 - Marie Thérèse : l’horreur est venue après 

Le 26 mars 1962, j’avais 19 ans.

Je me trouvais à la Grande Poste avec ma mère qui ne m’aurait pas lâchée d’un pouce. Il y avait beaucoup de gens qui arrivaient de toutes les rues. Il y avait aussi beaucoup de soldats qui avaient de sales têtes et des sourires au coin des lèvres.

Je voulais continuer et monter au Gouvernement Général mais ma mère m’a dit « non », il ne faut pas, ce n’est pas comme d’habitude…et puis tout d’un coup il y a eu une bousculade et des cris. Ma mère affolée me tirait par le bras et c’est à ce moment-là qu’il y a eu les premiers coups de feu.

J’ai encore dans les oreilles les cris d’une personne qui criait à un lieutenant je crois « je vous en prie, faites cesser le feu ». Cette phrase je ne l’oublierai jamais.

Pendant que nous nous sauvions jusqu’à l’immeuble où il y avait la pharmacie du Soleil, pour y entrer et nous mettre à l’abri, comme beaucoup d’autres, les tirs crépitaient toujours. Ce jour-là nous avons eu un Bon Dieu pour nous. Mais l’horreur est venue après, lorsque nous sommes sorties : une vision horrible.., des morts, des blessés, du sang...

Nous habitions au 1 du boulevard Bugeaud, face à l’hôtel Aletti. Je n’ai jamais trouvé le chemin si long.

Notre voisin qui habitait au-dessus de chez nous et qui était policier ou militaire, je ne m’en souviens plus, (il était métropolitain et il n’y avait pas longtemps qu’il était en Algérie avec sa femme et ses enfants) nous a dit qu’il y avait des Musulmans dans les soldats avec les Français et c’était eux qui avaient ouvert le feu. Pourtant nous partions pacifiquement, les manifestants n’étaient pas armés, l’OAS n’était pas parmi eux non plus, nous voulions seulement faire lever le blocus de Bâb el Oued.

Marie-Thérèse de Marseille.
(Ne souhaite pas communiquer ses coordonnées.)


"B" Hôtel ALETTI donnant sur la rue LELLUCH, où habitait Marie-Thérèse.
N° 12 Hôtel de Ville
N°24 Préfecture

0041

Marie-Thérèse et sa mère se sont réfugiées dans l'immeuble où se trouvait la pharmacie du Soleil  X

 

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Elles habitaient au 1 du boulevard Bugeaud face à l'hôtel Aletti B

 

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