3.2 - Quelques recensions sur le documentaire "Alger 26 mars 1962" de Christophe Weber

XI - Bibliothèque - Documentaires - Films - Vidéos - Diapos

1 - Alexandre CAZARES - Conseiller programmes documentaires France 3

2 - Le Nouvel Observateur

3 - Jean-Pierre PISTER - Professeur agrégé d’Histoire en khâgne au lycée Poincaré de Nancy.

4 - Jean-Paul SPINA, Président du CNFA (Coordination nationale des Français d’Algérie)

5 - Olivier de Grainvil dans Nationspresse.info 9 septembre 2008

6 - Témoignage de Jean-Pierre RICHARTE préparatoire à l'interview réalisé par Christophe Weber pour le documentaire

 

1 - Alexandre CAZARES - Conseiller programmes documentaires France 3

 

Après avoir visionné le documentaire en question (donc après la rédaction de mon courriel d’alerte) je vous confirme que l’enchaînement des causes de ce massacre est bien analysé techniquement. En outre, la décision politique de créer l’irréversible est bien mise en exergue avec notamment le rôle de Christian Fouchet dont l’archive télévisée de son discours en Algérie après le massacre est bien significative de ce que vous me relatez (le réalisateur tient exactement le même point de vue).


Alexandre CAZARES


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2 - Le Nouvel Observateur

Le 19 mars 1962, après des années d’une sanglante guerre civile, le gouvernement français et le Front de Libération nationale algérien signent un accord de paix, à Évian. Mais tout le monde n’entend pas la nouvelle de cette oreille, à commencer par les dirigeants de l’OAS, qui décident de mobiliser la population pied-noir à la cause de l’Algérie française. Enclavée dans le quartier populaire de Bab el Oued, que les soldats français ont bouclé, une partie de la population algéroise est privée de ravitaillement, de même que les militants de l’OAS, qui s’y sont regroupés. A l’époque on dit : " Qui contrôle Bab el Oued contrôle Alger et qui contrôle Alger contrôle l’Algérie" ...

Le 26 mars 1962, pour tenter de rompre l’encerclement du quartier et faire état du soutien dont elle prétend bénéficier auprès de la population algéroise, l’OAS organise une manifestation pacifique en plein cœur d’Alger. Mais l’armée française a reçu des ordres, il n’est pas question de laisser passer les manifestants et de permettre ainsi à l’OAS de s’arroger une victoire politique. La situation se dégrade d’un seul coup, sans que l’élément déclenchant soit formellement établi. Toujours est-il que les tirailleurs du 4ème R.T tirent dans la foule, causant la mort d’au moins 60 personnes et le triple de blessés.

Ce documentaire explique le contexte politique mais donne surtout la parole à ceux qui vécurent l’évènement de l’intérieur : militants de l’OAS, soldats français, manifestants, reporters, tous livrent leurs souvenirs de ce massacre. Et, comme souvent dans ce genre d’affaire, il subsiste des parts d’ombre, les motivations des uns et des autres restant parfois opaques. Sans compter que dans des situations d’extrême tension comme celle qui prévalait ce jour-là, un simple geste peut déclencher le drame. Une cynique décision politique a-t-elle prévalu, afin de montrer la détermination de l’État français à faire respecter les accords d’Évian ? Est-ce seulement l’inexpérience du 4ème R.T. et la légèreté de son lieutenant qui ont mis le feu aux poudres ? Y a-t-il eu provocation de baroudeurs de l’OAS ? En tout cas l’OAS n’a pas survécu à ce drame, l’Algérie a acquis son indépendance et des dizaines de familles se posent toujours et encore la même question : pourquoi ?

 

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3 - Jean-Pierre PISTER - Professeur agrégé d’Histoire en khâgne au lycée Poincaré de Nancy.

J’ai regardé cette émission à trois reprises avec, je l’espère, la plus grande attention. Le film semble un peu moins manichéen que certaines réalisations précédentes, en dépit de lieux communs, au début, sur l’OAS "responsable de milliers de morts en quelques mois" ; cette rhétorique commode et mensongère permet de faire l’impasse, à bon compte, sur les exactions du FLN.

Le témoignage des trois dames, victimes ou très proches des victimes, est particulièrement émouvant et arracherait des larmes aux personnes les moins sensibles. La responsabilité d’Ailleret et la décision insensée de placer le 4ème RT en plein centre d’Alger sont correctement expliquées.

Il est plus difficile de formuler une opinion sur les propos des anciens membres de ce régiment quand on n’a pas été le témoin direct de ce drame. Mais en invoquant la présence de tirs de provocation qu’il n’a pas vu lui-même, le colonel Richarte ne contribue pas à la crédibilité du document, c’est le moins que l’on puisse dire ! Je ne me sens pas qualifié pour commenter les paroles de Jean-Jacques Susini et de Jean-Claude Perez, même si leur sincérité semble ici plausible. L’intervention de Fouchet est grotesque et conforme à ce que l’on sait du personnage, totalement décalée par rapport à la tragédie.

Je retiens l’expression d’instrumentalisation employée, à la fin, par le réalisateur. Cela signifie qu’il existe une responsabilité en haut lieu, à un échelon bien plus élevé que le simple commandement militaire. Ce film ouvre donc une piste et c’est peut-être là son principal - son seul ? - intérêt. Car il faudra bien qu’un jour on dise UBI ET ORBI qu’il s’agit là d’un crime d’État mettant en cause les politiques au plus haut niveau. J’en veux pour preuve la confirmation par certains témoins de la présence de membres de l’ALN déguisés en militaires français au nom des accords d’Évian.

Ainsi, la comparaison avec les fusillades consécutives à la Commune de Paris en 1871, prend toute sa valeur. Certes, le contexte historique est différent. Il faut, d’abord, se garder d’avoir un regard angélique sur la Commune qui a quand même fait fusiller un certain nombre d’otages, dont l’archevêque de Paris. Mais le bilan de la répression qui a suivi est effroyable : plusieurs milliers d’ouvriers massacrés par les Versaillais. Jordi et Weber ont raison de souligner que le 26 mars 1962, l’armée française a, pour la première fois depuis 1871, tiré sur des Français manifestants pacifiquement leur attachement à la France. Mais, différence fondamentale, les Thiers, Mac Mahon et autres Gailliffet ont assumé et toujours revendiqué leur action répressive, à la différence des responsables de 1962 qui n’ont cessé de dissimuler et de mentir (à l’exception d’un aveu tardif de Fouchet à Jean Mauriac ... révélé en 2006 !).

Terminons par une note d’espoir. En son temps “Monsieur Thiers”, historien de talent et politique retors, a joui d’un prestige considérable : membre de l’ Académie française, cité par Tolstoï dans son Guerre et Paix, « Libérateur du Territoire », il a donné son nom à un grand nombre d’avenues et de places, un peu partout en France. Or, depuis une trentaine d’années, on ne veut se souvenir que du «Fusilleur de la Commune » et, à Nancy, o,n a déboulonné sa statue. C’est là, une loi inexorable de l’Histoire. Il est permis que celle-ci s’applique un jour à De Gaulle.

 

Pister

 


4 - Jean-Paul SPINA, Président du CNFA (Coordination nationale des Français d’Algérie)

Mes amis, après ce que nous venons de voir et pour se libérer un peu entre nous, de tout ce que nous contenons après la vue, encore une fois de ces images d’horreur, voici mes réactions ... elles ne sont que les miennes, celles d’un compatriote en état de choc.

Ce n’est hélas qu’un petit pas vers la vérité (que les spécialistes que nous sommes connaissons) mais un grand pas pour la connaissance et la reconnaissance de tout ce qu’a enduré notre communauté. Le commentateur a bien dit : c’est la troisième fois depuis la Commune que l’armée française tire sur la foule/population.

1) bien présenté le martyr de Bab el Oued : avions tanks, FM et mitrailleuses tirant sur les immeuble, civils raflés, pillages, vandalisme des gardes mobiles etc ... qui tirent même sur les provisions déposées à terre pour empêcher les assiégés d’aller les récupérer ... c’est la Géorgie, Budapest, Prague et bien d’autres lieux que l’on a montré sous la férule des tyrans et des dictatures.

2) bien présentés la solidarité et le courage des Algérois qui viennent à "mains nues" "drapeau en tête" "en famille" et sans armes forcer le blocus du quartier le plus populaire d’Alger où des blindés jalonnent des itinéraires.

3) bien étayés tous les témoignages et les explications qui concourent à la thèse de la "boucherie" décidée et organisée par le pouvoir avec après, la révélation des dissimulations de tout ce qui peut la confirmer, notamment les ordres écrits.

Ce documentaire n’a certainement pas révélé tout ce que l’on sait à présent sur ce guet-apens mais à mon avis plus que d’en accréditer la thèse comme on le dit maintenant, pour le commun des citoyens qui a bien voulu suivre l’émission, il la CERTIFIE et le complot contre la population est à mon avis bien démontré.

Je dis que pour avoir montré et souligné l’abominable cynisme de De Gaulle à la télévision (à en vomir sur l’écran) le soir même, "ignorant" tout du drame d’Alger de l’après-midi alors qu’il parle de l’Algérie, est le plus grand coup de main que l’on ait jamais reçu des médias pour le “déboulonner”. Son sbire Fouchet avec des mots de haine à peine contenus, en rajoute une couche et révèlent ce qu’étaient les intentions criminelles des gaullistes :

1 - bien faire comprendre aux Européens que l’armée française ne les protégerait plus, attitude qui a abouti au drame du 5 juillet à Oran ;

2 - par la bouche même de Fouchet, faire entendre et croire aux Algérois que les chefs OAS les avaient envoyés à la mort.

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5 - Olivier de Grainvil dans Nationspresse.info 9 septembre 2008

 

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6 - Témoignage de Jean-Pierre RICHARTE préparatoire à l'interview réalisé par Christophe Weber pour le documentaire

"Une émission sur la fusillade de la rue d’Isly va être diffusée, fort tardivement, à la Télé. Le journaliste Christophe Weber est venu m’interviewer. Je n’ai pas vu le montage et je ne sais quelle sera la forme prise par cette émission. J’ai donc jugé nécessaire et voulu dire par écrit mon sentiment sur cette journée du 26 mars 1962 pour que chacun puisse avoir l’information complète et surtout mon analyse personnelle pour avoir été présent ce jour-là.

Vous pouvez enregistrer et diffuser le message, prévenir vos amis ou ceux que cela intéresse, même s’il est très dur de faire remonter à la surface de tels évènements. Il est aussi important pour moi de pouvoir enfin me libérer d’un tel poids. Je n’ai rien à me reprocher mais je porte toujours au fond de ma conscience une part de responsabilité en me disant que si je n’avais pas installé un barrage avec mes camions, la manifestation aurait pu s’écouler par la rue Lelluch et ne pas se trouver rue d’Isly comme le souhaitait le Gouvernement et ceux qui avaient préparé l’embuscade..

."Lire le témoignage de Jean-Pierre Richarte complet : ICI 

 

Richarte

 

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