1.2 - Les derniers jours d’Alger - Témoignage Edmond BRUA - mai 1962

VII - Après le 19 mars 1962 le mensonge d'Evian - Le 26 mars… Le 5 juillet… les massacres continuent

"Les derniers jours d’Alger" – Extraits d’une chronique inédite d’Edmond BRUA, (auteur de la très célèbre Parodie du Cid)

Edmond BRUA est le père de Jean BRUA, journaliste et ancien directeur du quotidien Nice-Matin - Auteur de la bande dessinée " Les Rabias de Dodièze."

 
4 mai 1962 – 17 heures 15.

La radio vient de diffuser un communiqué du préfet de police : le stationnement de véhicules est interdit entre le début et la fin du couvre-feu, c’est-à-dire de 20 heures 30 à 6 heures, dans un grand nombre d’artères (une trentaine au moins), parmi lesquelles d’importantes comme le boulevard Carnot, la rue de Lyon, etc..

Les propriétaires de véhicules n’ont que trois heures devant eux pour s’exécuter. Mais ce qu’il y a d’effrayant dans cette mesure, c’est la sanction annoncée : les véhicules trouvés en stationnement pendant le couvre-feu, seront « jetés à la décharge publique ou détruits par le feu des armes ». J’essaie d’en imaginer le nombre : des centaines, peut-être des milliers (Alger, la nuit, est véritable garage en plein air). La ruée a dû commencer pour mettre les véhicules en sûreté mais où ? C’est impensable, cela donne le vertige et la mesure de la répression impitoyable, forcément aveugle, qu’Alger va subir et que laissait prévoir l’allocution de Fouchet [1], hier, et la réunion du Conseil des ministres, ce matin. Nous entrons dans l’Apocalypse.---------

- Mardi 29 mai

Hier après-midi, j’ai vu des gardes mobiles prendre position à l’entrée de la rue d’Isly ; ils étaient une dizaine, espacés le long du trottoir, côté agence Havas. Ils braquaient nettement leurs mitraillettes à hauteur du ventre des passants, le doigt sur la détente, l’air affreusement mauvais. J’ai appris peu après qu’il y avait eu deux G.M. tués (ou blessés, à vérifier) au cours de la fusillade ce matin sur les quais. La force musulmane s’infiltre et s’étend de plus en plus dans la « force locale ». Il y a là-dedans des têtes qu’on ne voudrait pas rencontrer au coin d’un bois, ni même d’une rue. Cependant, le gouvernement vient de décider de rétablir les libertés républicaines en vue de la campagne pour l’autodétermination (sic et resic) ! …

 [1] Fouchet –décédé à Genève en 1974 - Haut-Commissaire en Algérie française du 19 mars 1962 au 3 juillet 1962 – Réfugié à Rocher Noir à l’est d’Alger. Limogé par De Gaulle le 31 mai 1968.

Pour rappel : télégramme 125/I.GAA – ultra secret/ strit. Confidentiel de Louis Joxe à Fouchet : "abandonner les Harkis aux massacres du FLN".
Voir : ICI

 

01

Nouveau Testament - apocalypse selon saint Jean

 (Chapitre 16 - chapitre 22)

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