3.2 - Liste des victimes assassinées le 26 mars 1962 à Alger

V - Les victimes-les morts,les blessés,les disparus - 26 mars : les morts et les blessés

SOURCES :

**« Le massacre d’Alger » du corps médical à la Mémoire du docteur Jean MASSONAT. Témoignages recueillis pars les médecins ayant assisté à la fusillade ou ayant soigné les blessés. Avril 1962.

**Le livre blanc - Alger 26 mars 1962 - publié sous le patronage de Messieurs les Députés du Groupe Unité de la République, par L’Esprit nouveau. A la Mémoire des Morts et des Blessés. Juin 1962.

**Deuxième édition par Confrérie Castille - 1991, comportant une préface de Francine DESSAIGNE.

**Le Livre Interdit publié par les Éditions Atlantis - 2000, comportant la préface de Francine DESSAIGNE à la réédition de 1991 et la préface de Claude ROCHETTE à la nouvelle réédition. Président de l’association "Souvenir du 26 mars".

**« Un crime sans assassins » de Francine DESSAIGNE et Marie-Jeanne REY - Éditions Confrérie Castille - 1994.

**Archives d’Outre-Mer à Aix en Provence consultées en : 2005 - 2006 - 2007 par Simone GAUTIER

**Entretiens et ou correspondances avec les familles, les amis, les voisins. Simone GAUTIER

LISTE DES VICTIMES DU 26 MARS 1962 - ALGER

"Quelque soit la cause que l'on défend elle restera toujours déshonorée par le massacre aveugle d'une foule innocente" . Albert CAMUS.

ALDEGUER Gabriel - 42 ans
Chef comptable à l’E.G. A. "Transporté à l’hôpital Mustapha paralysé, il est décédé deux jours après des suites de ses blessures dues à une rafale dans le dos".
Natif de Guyotville, il habitait Hydra. Avait une fille de 20 ans.
Entretien avec Alain Aicardi - Uzès juin 2006.
La photo de Gabriel Aldeguer et d’Etienne Aicardi, le père d’Alain, figure sur la page de couverture du Paris Match n°678 avril 1962.
Monsieur Aicardi a été grièvement blessé à la jambe.

Voir rubrique "témoignages" : ICI

BAYARD Georges - 58 ans
Chef de service à la Mairie. Ancien combattant 39-45.
"Il se trouvait devant la Grande Poste lorsque la fusillade éclatât. Il a cherché à se réfugier derrière une porte d’un immeuble proche. Il fut poursuivi à l’intérieur par un tirailleur qui lui a tiré à bout portant une balle mortelle dans la tête".
"Sa femme et sa nièce - mon épouse - l’ont retrouvé à la morgue de Mustapha. Son corps gisait à même le sol, aligné avec d’autres victimes de la tuerie pour la reconnaissance des corps".

Entretien avec son neveu par alliance - Antibes Juin 2007
Voir rubrique "témoignages
" : ICI

BERNARD Henri - 76 ans - Né le 10 avril 1886 à Sousse – Tunisie.
Il demeurait 91 rue de Constantine – Hussein Dey.
Officier retraité. Chevalier de la Légion d’honneur. Croix de guerre 14 – 18 – Croix de guerre 39 – 45.
"Allait tout simplement au local des chèques postaux pour ses affaires et s'est retrouvé devant la porte fermée en raison de la grève, au moment de la fusillade."
Entretien avec sa fille Marguerite GRIFFE née BERNARD - Juin 2004 Mérignac.
Voir rubrique "témoignages" :  ICI

BLUMHOFER Albert - 62: ans
Employé à l’Aviation civile
Domicilié du côté des Tournants Rovigo .
Décédé à la Grand poste. Inhumé le 28 mars 1962
Avis de décès paru dans la presse.  Recherches aux archives des A.O.M. Aix en Provence 2005

CAZAYOUS Jacqueline - 20 ans
Domiciliée rue Daguerre. Située entre le G.G. et le Télemly.
Secrétaire à la 20 Th Century Fox-France. Gymnaste à la Fédération française de gymnastique - Basketteuse à l’Algéria Sport. Adhérente au Comité de la Bigorre et au groupe folklorique des Gascons d’Alger.
Inhumée le 30 mars 1962 au cimetière de Saint Eugène.
"Retrouvée par son père, à la morgue de Mustapha, nue, tuée de deux balles dont l’une dans le cou. Elle a perdu tout son sang en attendant les secours. Sa mère a reçu une balle dans la tête, a été trépanée et est restée paralysée du côté gauche. A beaucoup souffert de la tyrannie administrative et du mépris des médecins militaires".
Entretien avec Annie CAZAYOUS épouse FONTAS, sa sœur, aujourd'hui décédée. Témoignage recueilli par Francine Dessaigne.
"Elle a rendu son dernier soupir sur le trottoir allongée aux côtés de sa mère, à l’angle Isly-Chanzy. Dans le documentaire de Christophe Weber elle apparait avec ses nattes et du sang coule de la tête de sa mère ".
Correspondance avec Pierre-Yves Bourrier
- Marseille octobre 2008.
Cette photo a paru sur le Paris Match n° 678 avril 1962. (S.G.)

Voir rubrique "témoignages" : ICI  et 
ICI

CHOUIDER Tayeb - 58 ans
Décédé au Plateau des Glières
Avis de décès paru dans la presse "La dépêche d’Algérie" (A.O.M. d’Aix en Provence - 2006)

CIAVALDINI Charles - 22 ans
Domicilié 8 rue Adolphe Blasselle, quartier de Belcourt.
Ancien parachutiste du 18ème R.C.P. Croix de la valeur militaire – Etoile de vermeil.
Inhumé au cimetière d’El Halia.
Avis de décès paru dans la presse – recherches aux archives des A.O.M. Aix en Provence 2006.
"Charly avait déjà été  blessé pendant son service militaire, au ventre, par les fellaghas. Et il a reçu cette rafale aussi dans le ventre sur ses organes déjà amochés. Ils n'ont pas pu le sauver. Je me souviendrai jusqu'à ma mort de sa mère, les bras au ciel, descendant en plein milieu de la rue Adolphe Blasselle, pleurant, criant, hurlant jusqu'au Monoprix de la rue de Lyon. C'était horrible à voir."
Voir rubrique "témoignages" : ICI  et ICI

COURAUD Jacques - 30 ans
Domicilié rue Burdeau, quartier de Belcourt
Employé à la Compagnie française des pétroles d’Hassi Messaoud. Plongeur émérite. .
Hospitalisé à la clinique Lavernhe.
Décédé le 26 mai 1962.
A reçu une balle dans le dos qui lui a éclaté le foie. Il était sorti de son abri pour aller secourir une femme blessée dans la rue. A survécu deux mois avant de décéder de suites de ses blessures.
Entretien avec Henriette COURAUD
, sa femme - Hyères mars 2005 
Voir
rubrique "témoignages" : ICI

DUPUY Lucien - 62 ans
Retraité E.G.A. - Ancien combattant 14 – 18.
Domicilié rue du docteur Trolard , située entre le Gouvernement général et le Télemly.
"Brutalement la fusillade avait éclaté. Nous avons été séparés par la cohue. Il était couché sur le dos. Pour protéger son visage je me suis couchée sur lui. J’ai constaté qu’il ne pouvait pas se relever. Il m’a dit :"Il m’a visé et il a tiré". Il a fallu attendre longtemps les pompiers. Malgré toutes mes démarches je n’ai pas pu obtenir son corps. Ce n’est que le 28 que je l’ai retrouvé au dépositoire de Saint Eugène. Il a été inhumé le 30 mars 1962.

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EIME Marie-Jeanne - 57 ans
Domiciliée 9 rue Edmond Adam quartier de l’Agha.
Cercueil retrouvé au dépositoire du cimetière de Saint Eugène le 28. Inhumée le 30 mars 1962.
Était en compagnie de Pauline GRÉGORI et du mari de celle-ci, dont le nom figure dans la liste des blessés hospitalisés à Mustapha. Elle s’est couchée sur la femme de son patron pour la protéger. Pauline GREGORI étant blessée, a fini par mourir des suites de ses blessures.
Une petite cousine Jeannette Eime été tuée ce jour-là, sur les marches de la Grande Poste. Elle a voulu protéger des tirs groupés la femme de son patron en la couvrant de son corps. Elle a été tuée d’une rafale dans le dos. La femme de son patron est GREGORI Faustine, décédée le 10 mai 1962 des suites de ses blessures.
Témoignage de Geneviève Hardy née Khun

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FABRE Marcel - 53 ans
Adjoint technique principal de la Météorologie Nationale,Section Transmissions météo en Afrique du Nord.
Officier des Palmes Académiques, Chev
alier du Mérite social. Ancien prisonnier de guerre. Médaille des Evadés.
"Blessé au ventre. Décédé sur la table d'opération." Inhumé à Birtouta.

Témoignage du Docteur Jean-Pierre RIGAL - Hôpita
l Mustapha 1962

FAGUE André - 28 ans
de nationalité Suisse (- Quoi qu’il en soit, mon âme se repose en Dieu, C’est de lui que vient ma délivrance -)
Avis ainsi paru dans la presse AOM / Aix en Provence 2006

FARAN Jean - aucune certitude

FERMI Louis - 52 ans
Directeur général de la S.A.R.L ETAVINOR et du transit Roubaisien. Secrétaire-trésorier général de la Ligue d’Alger de natation. Vice-président de la Bridja Sports. Membre du Bureau des Ligues. Fondé de pouvoir de la S.A. DABI.
Reconnu à la morgue par le docteur KAMOUN .
Décédé d’un petit trou sanglant pré thoracique ». Hôpital Mustapha. 1962.
Témoignage recueilli par Francine Dessaigne

FERRANDIS Renée - 23 ans
Domiciliée au Champ de Manœuvres. Employée des P.T.T.
"Retrouvée à la morgue de Mustapha par son père, tuée de deux balles dans la tête. Elle est décédée sur la table d’opération. Sa sœur Annie, 17 ans, a été blessée d’une balle rentrée dans la fesse et logée dans le ventre et sa sœur Monique, 19 ans et demi a reçu trois balles explosives, l’une dans la fesse, la deuxième a explosé le pied droit et la troisième a cassé le fémur en traversant la jambe. Un tirailleur au moins était doté de ces munitions assez spéciales et il est fort peu probable qu’elles aient été comptabilisées. Elles ne figurent pas dans les pièces officielles qui font le décompte très précis de la consommation des munitions.Voir le tableau "Nombre de cartouches tirées par le 4ème R.T."
Voir rubrique "témoignages" : ICI

FRASQUET Jacqueline née SEGUI - 23 ans
Secrétaire de Direction à la Direction régionale des Anciens Combattants et Victimes de guerre.
Inhumée au cimetière de Saint Eugène, le 30 mars.
"Elle a descendu le long de la rampe conduisant à la rue Berthezène, elle a traversé cette artère et elle a disparu dans la rue perpendiculaire.
Elle est restée là-bas au cimetière de Saint Eugène.
voir rubrique "témoignages" : ICI

FREDJ André - 40 ans - Comptable aux Économats de l’Armée. Domicilié 9 rue Dupuch, quartier des Tournants Rovigo. Inhumé le 28 mars 1962.
Avis de décès paru dans la presse recherches aux archives des A.O.M. d’Aix en Provence - octobre 2004.

GALIERO André - 35 ans
Domicilié11 rue Alexandre Ribot, quartier du Télemly.
"Vers 14 heures 45, un homme sort de chez lui. Accompagné de son neveu âgé de 17 ans il monte dans sa voiture, une 4CV stationné devant son domicile dans l’intention de la rentrer au garage. Il parcoure 20 mètres environ. A ce moment, un sergent musulman faisant partie d’une patrouille le fait stopper et lui demande de lever les bras. Il obéit sans un mot et se trouve alors debout, bras en l’air, contre le mur du numéro 13 de la rue Ribot. Le sergent le met en joue et le fusille. Il s’effondre. La balle traverse son corps et tache de sang le trou qu’elle va creuser dans le mur. Le sergent réarme son fusil dans l’intention d’abattre le jeune garçon qui terrorisé s’est jeté en criant sous les coussins de la voiture. Le sergent ne tire pas une seconde fois. Une ambulance militaire transporte le blessé à l’hôpital Maillot. Le trajet et long, pénible, coupé de barrages. Le blessé meurt conscient dans les bras de sa femme, à son arrivée à l’hôpital.
Témoignage dans  Le massacre d’Alger – 26 mars 1962 – Le Corps médical – Témoignages des médecins ayant assisté à la fusillade ou ayant soigné les blessés.

"Alors que commençait la fusillade de la rue d’Isly, il était mitraillé alors qu’il sortait de sa 4 CV pour ouvrir le portail de son jardin permettant l’accès à son garage, au 11 de la rue Alexandre Ribot (rue débouchant sur le boulevard du Télemly. Ma grand-mère attirée à sa fenêtre par les coups de feu, tirés d’une jeep militaire, eut la chance d’échapper au mitraillage qui n’a fait qu’endommager le rebord de la fenêtre. Elle habitait au premier étage de ce numéro 11. C’est mon oncle Henri DAUMAS et moi-même qui sommes allés à l’hôpital, espérant Monsieur GALIERO seulement blessé ..... Il était déjà à la morgue.
Voir rubrique témoignages" : 
ICI

GAUTIER Philippe - 28 ans
Ingénieur commercial chez I.B.M. France (U.S.A.).
Enseigne de vaisseau de:  1ère classe de réserve. Ancien officier du commando de marine Trépel. Croix de la valeur militaire avec Étoile de bronze. Croix de la valeur militaire avec Étoile de vermeil. Ancien lieutenant au long cours de la Marine Marchande.
Domicilié à El Biar - Chateauneuf.
Tué d’une balle dans la nuque. Arrivé mourant à l’hôpital. Rien n’a pu être tenté. Décédé dans la nuit, seul. Retrouvé dans une salle sur une table, à l’hôpital Mustapha. - Habillé.
Voir rubrique "témoignages" : ICI

GERBY Fernand - 43 ans
Domicilié 10 rue de l’Estonie, située en haut du Gouvernement général. Employé à l’entreprise nord-africaine de Construction – LENAC – Ancien de l’U.T.A. 155 (XI° B.U.T.). Amicale du département d’Alger des territoriaux. Son corps a été rapatrié en août 1962 par sa veuve.
Voir rubrique "témoignages" : ICI

GHIRARDI GIAUSSERAN Jackie - 27 ans
Domiciliée au 4 rue de l’Estonie, située en haut du G.G. .
A été tué d’une rafale dans le dos en voulant protéger sa femme qu’il avait plaquée dans le renfoncement des vitrines du magasin de fourrures "Freddy" rue d’Isly. Il protégeait son visage de sa serviette de cuir.
Témoignage de sa belle-sœur -Cagnes sur mer - 2006. Tient à garder l’anonymat.

GREGORI Faustine -
Domiciliée 21 rue Auber, quartier du Plateau Saulières.
Etait en compagnie de son mari et de Marie-Jeanne EIME qui l’a protégée, alors qu’elle était blessée, en se couchant sur son corps.
Est décédée le 10 mai 1962 des suites de ses blessures. Marie-Jeanne EIME est décédée sur place.
Monsieur GREGORI fait partie des blessés de l’hôpital Mustapha.
Voir rubrique "témoignages" : ICI

HUGUES Pauline - 66 ans
Née BERTHON - Veuve de René HUGUES.
Directrice d’école honoraire. Chevalier de la Légion d’honneur. Adhérente au syndicat indépendant de ’Enseignement public. Inhumée le 29 mars 1962 au cimetière d’El Halia.
Les cercueils sont déjà là dans un petit réduit où ils ont été déposés en pleine nuit. Pas un cierge, pas de service religieux. Le cercueil est en bois blanc hâtivement fait. Un hélicoptère tournoie sans arrêt au-dessus de nous. Certaines familles sont obligées d’aller chercher un permis d’inhumer. Des incidents, fosse trop étroite, risque de se tromper de trou, pas de condoléances. Les six victimes déposées, enterrées comme des chiens.
Témoignage de Madame Laumonier 1962.
"Découverte à la morgue enfouie dans le tas de cadavres grâce à son épaisse chevelure blanche.
Entretien avec Jacques Berthon son neveu
- Narbonne - 2005.
Voir rubrique "témoignages" : ICI

INNOCENTI Jacques - 60 ans
Ingénieur E.C.P. Employé à l’E.G.A. Officier de réserve.
Domicilié au 29 boulevard Bru, quartier de la Redoute vers le Clos Salembier.
Avis paru dans la presse  Recherches aux archives AOM Aix en Provence -2006.

LADJADJ Abdallah - aucune certitude

LAMENDOUR Gilbert - 31 ans
Professeur au C.C.E.T de Maison Carrée. Adhérent au syndicat indépendant de l’Enseignement public.
Domicilié rue Ernest Renan, quartier du Champ de Manoeuvres.

LIGNON René - 42 ans
Domicilié à El Biar sur les hauteurs d'Alger.
Commandant pilote en retraite : 14 citations- Officier de la Légion d’honneur. Croix de guerre 1939-1945. Croix des T.E.O. Croix de la valeur militaire. Croix de la vaillance vietnamienne.
Collaborateur à la Société « La céramique algérienne ».
Domicilié à El Biar, hauteurs d’Alger.
Inhumé au cimetière d’El Biar le 30 mars 1962.
Sa fille michéle avait 4 ans. Réside aujourd'hui à Saint CANNAT (13).
Madame LIGNON est décédée en2004.
Voir rubrique "témoignages" : ICI
Avis paru dans la presse.  Recherches auxarchives des AOM d'Aix en Provence -  2006.

LORETTI Émile - 63 ans
dit « Lorette ». Pâtissier.
Inhumé à Médéa le 29 mars 1962.
Avis paru dans la presse  Recherches aux archives des A.O.M. d'Aix en Provence -  2006.

LUISI Joseph - 65 ans
Décédé le 28 mars des suites de ses blessures.
Inhumé au cimetière de Bâb el Oued, boulevard des Flandres
.
Avis paru dans la presse  Recherches aux archives des A.O.M. d'Aix en Provence -  2005.

LURATI Henri - 33 ans
Directeur d’école à Birkadem.
Son corps a été rapatrié à la Rochelle.
Avis paru dans la presse  Recherches aux archives des A.O.M. d'Aix en Provence -  2005.

MAILLE Gilbert - 57 ans
Domicilié 2 bis rue Clauzel, quartier de l’Agha.
"Arrivés au début de la rue d'Isly, après avoir dépassé les marches de la Grand Poste, nous nous sommes heurtés au barrage du Lieutenant Ouchène. Les tirailleurs semblaient terrorisés par la foule et semblaient ne pas savoir quoi faire. Le lieutenant Ouchène était blanc  comme un linge. Il avait peur, il criait "sauvez-vous ... ils vont vous tuer .." Il a donné l'ordre d'ouvrir le barrage. Avec mon frère nous nous  sommes engouffrés. Mon père n'a pas pu passer. Et aussitôt nous entendons le crépitement des armes automatiques...
A la morgue, les morts dénudés, étaient empilés les uns sur les autres.    Il fallait tirer dessus, sur 4 5 6 rangées dans les grands couloirs du service des urgences ... C'était insoutenable. C'est là sous les deux corps qui le recouvraient, au 3ème niveau, que j'ai reconnu mon père. La balle lui avait arraché l'œil gauche et une partie du crâne".
Entretien avec Paul Maille son fils et Sophie Maille sa petite-fille - 30 600 Vestric et Candiac - juillet 2009.
Voir rubrique "témoignages" : ICI

MASSONAT Jean - 38 ans
Médecin des Hôpitaux. Chef de service au Centre hospitalier et universitaire d’Alger. Médecin capitaine de réserve. Croix de guerre 39 -45 .
Tué dans l’exercice de ses fonctions, victime de son devoir. Se rendait au chevet d’un jeune malade. Se trouvait près de l’horloge de la Grande Poste. S’est élancé au secours d’un jeune garçon tombé,fauché par les balles, s’est agenouillé, a sorti un garrot de sa poche. Deux soldats arabes se sont approchés, l’un d’eux portait une mitraillette. Le docteur MASSONAT l’a regardé et l’homme armé a, semble-t-il hésité un instant. Alors l’autre soldat a crié « Tire, Tire » et le coup est parti" .

Témoignage de Madame BORONAD, mère.

Fusillé à « bout touchant ». Veste perforée et brulée selon un rond avec traces de poudre, large plaie anfractueuse et déchiquetée, littéralement explosée, blessure de dos.
Témoignage du docteur Roger DEBAILLE.

Enterré à la sauvette avec beaucoup de complications administratives.Le préfet VITALIS-CROS demande au Haut commissaire de la République “qu’il soit sursis à la proposition de citation à l’ordre de la nation… enquête judicaire en cours... secret-confidentiel.”
Dans "Un crime sans assassins.

Voir le document confidentiel : ICI

"Son corps a été rapatrié en 1963". Madame Massonat et sa fille ont eu des conditions de vie difficiles. Madame Massonat est aujourd’hui décédée. Sa fille réside toujours à PARIS.
Entretien avec Georges MASSONAT, frère aîné.
Roubaix - avril 2008.

MAURY Marc - 29 ans
Domicilié 12 boulevard Baudin, quartier Plateau des Glières.
Sous-directeur de la Mutuelle agricole algérienne.
"Victime découverte éloignée du lieu de la fusillade. Tué par une balle en direction du Plateau des Glières alors qu’il se trouvait près du café "Le coq hardi" au numéro 6 de la rue Charles Péguy", prolongement de la rue Michelet, quartier de l’Université (tunnel des Facultés).
Rapport du Commissaire de police Pierre POTTIER, chef de la 1ère section de la Brigade mobile de police judiciaire, rapport effectué sur commission rogatoire et jamais rendu public !
Voir rubrique "témoignages" : ICI

La famille a fait paraître un avis de décès ainsi libellé :
"... expriment leur gratitude à l’officier et au civil qui l’ont relevé, au médecin de l’immeuble et à l’infirmier militaire qui l’ont secouru."
Inhumé le 29 mars 1962 dans le caveau de famille au cimetière de Saint Eugène.

MAZARD Guy - 28 ans
Domicilié 12 rue Courbet.
Technico-commercial dans l’entreprise familiale de commerce de meubles.
"Tué sur les escaliers de la Grande Poste".
Témoignage de Bernadette MALINCONI.

Sorti comme vivant de l’hôpital Mustapha, installé à l’arrière de la voiture avec la complicité de l’intendant de l’hôpital. Témoignage de cousins au congrès de Toulouse 2006". "On avait peur qu’on nous le reprenne ..."
Témoignage d’Annie Mazard - sa soeur.

"Tué d’une rafale qui lui a labouré le corps en diagonale. On le voit sur l’une des photos des marches de la Grande Poste. Le buste de son père apparaît en contre bas au milieu des gisants. Inhumé au cimetière d’Hussein-Dey". Son corps a été rapatrié en juillet 1962 au cimetière Saint Julien en Haute Garonne.
Entretien avec Annie Mazard
- Toulouse avril 2005.
Voir rubrique "témoignages" : ICI

MESQUIDA Jeannine - 41 ans
Née GAUTRIEAU – mère de 4 enfants.
Domiciliée au 5ème groupe du Champs de Manœuvres, épouse d’Alfred Mesquida, grand mutilé de guerre 100%, Chevalier de la Légion d’honneur, cité à l’ordre de l’Armée le 19 avril 1945.
Le corps a été retrouvé à la morgue, nu. La photo des cadavres, nus, entassés à la morgue, a été publiée dans un tract dès le lendemain. Cette photo est reprise dans le documentaire de Christophe Weber "Le massacre de la rue d’Isly" 2008.
Retrouvée au dépositoire du cimetière du boulevard Bru, Chemin des Crêtes. Inhumée le 29 mars 1962.
Le corps a été rapatrié le 13 mai et inhumé au cimetière de Saint Georges de Didonne en Charente maritime d’où est originaire Jeannine Mesquida. Le cercueil est arrivé à Marseille en mauvais état, mal scellé. Conditions d’inhumation difficiles.
Entretien avec Jackine, Françoise et Nicole - ses filles
.
Témoignage de Françoise MESQUIDA
Voir rubrique "témoignages" : ICI

MOATI Georges - 22 ans
Inhumé au cimetière de Saint Eugène le 30 mars 1962.
Avis paru dans la presse  Recherches aux archives des A.O.M. d'Aix en Provence - 2006.

MOMPO Roger - 48 ans
Adjudant-chef en retraite.
Dirigeant de rugby
Mis en bière et transféré en métropole où ont eu lieu les obsèques.
Avis paru dans la presse  Recherches aux archives des A.O.M. d'Aix en Provence - 2006.

MORETTI Jacques - Aucune certitude

PIZELLA François - 52 ans
Chauffeur pour les Pétroles d’Hassi Messaoud.
Domicilié au 4 rue Alexandre Ribot, quartier du Télemly.
"Décédé des suites de ses blessures un mois après"
Entretien avec un ami à Uzès dans le Gard - grand rassemblement national des Enfants de l’Algérois - 10 juin 2007.

PUIG Claude - 31 ans
Retrouvé au dépositoire du cimetière de Saint Eugène. Inhumé le 30 mars 1962.
"Tué au niveau du Crédit Foncier au milieu d’un groupe de personnes couchées les une sur les autres... . L’un de ses frères avait été tué par des musulmans.
Tout à coup les militaires ouvrent le feu à bout portant sur la foule. Je me suis jeté à terre en contournant le Crédit Foncier. La fusillade a continué atteignant les personnes couchées les unes sur les autres pour se protéger. Dès que la fusillade s’est arrêtée, j’ai vu mon camarade PUIG Claude mortellement blessé".
Témoignage de Marc BALDO 1962.
Voir rubrique "témoignages" : ICI

PUIG Gaston - Domicilié 15 rue Michelet, quartier de l’Université - Tunnel des facultés.
Avis paru dans la presse  Recherches aux archives des A.O.M. d'Aix en Provence - 2006.

PUIG Marcel - 52 ans
Domicilié 54 rue Michelet, quartier de l’Université
Adhérent à la Fédération française de gymnastique, Commissions techniques. Employé aux Chemins de fer algériens"Un officier accompagné de quelques militaires est venu me demander les clés de la terrasse".
Madame PUIG était concierge de l’ immeuble où ils habitaient. Je suis montée avec ma fille Christiane, au 8ème et au 9ème étage afin d’ouvrir les terrasses. Des militaires ont pris position vers 13 heures 30. Des locataires de l’immeuble et moi-même affirmons avoir entendu tirer de nos terrasses à l’heure de la fusillade. Ma fille a entendu l’officier dire qu’il allait faire son P.C. vu la situation de l’immeuble, enfilade rue Michelet- rue Charles Péguy - Grande Poste.. IIs se sont retirés vers 18 heures. De notre terrasse, nous voyions une trentaine de militaires placés sur la terrasse du n° 4 de la rue Michelet. 
Témoignage de Madame Marcel Puig - 1962

"Lorsque nous avons rendu visite à ma tante, elle nous a montré en sanglotant les vêtements que mon oncle portait ce jour-là. La morgue de l’hôpital les lui avait rendus sans qu’elle ait pu l’approcher. Le pantalon était traversé en dessous de la ceinture par une rafale de F.M. Cela faisait comme un chapelet de trous plus larges qu’ une pièce de deux euros".
Entretien avec son neveu Robert Charles PUIG - Nice - 2006.
Voir rubrique "témoignages" : ICI

PUIG Paul

Avis paru dans la presse  Recherches aux archives des A.O.M. d'Aix en Provence - 2006.

PUIGSERVER Domingo - 64 ans
Né à Bénissa en Espagne.
Tué à la Grande Poste par une rafale de fusil mitrailleur qui l’a haché.
Avis paru dans la presse  Recherches aux archives des A.O.M. d'Aix en Provence - 2006.

RAZES Alain Pierre - 32 ans
Domicilié à El Biar – La Résidence –
Tué au plateau des Glières
.
Avis paru dans la presse  Recherches aux archives des A.O.M. d'Aix en Provence - 2006.

RICHARD René - 47 ans
Directeur de la S.A.E.M.A.F., succursale de la société A.F.A.T. A de Courbevoie. Officier de réserve – Croix de guerre 1939 - 1940.
Inhumé le 29 mars au cimetière de boulevard Bru.
Après une longue attente, amené à Mustapha par un G.M.C. où les militaires ont entassé les agonisants et les blessés.
Témoignage de Madame Richard.
Voir rubrique "témoignages" : ICI 

ROCH Henri - 26 ans
2 rue Lulli – quadich à 8 h. 30
Tué au Plateau des Glières.
Recherches aux archives d'Aix en Provence 2006 - Sur l'avis de décès est indiqué :  quadich à 8 h.30

RONDA Raymond - aucune certitude

SANCHIS Gaspard - 64 ans
Décédé au Plateau des Glières
Avis paru dans la presse  Recherches aux archives des A.O.M. d'Aix en Provence - 2006.

SANTACREU Joaquim - 45 ans
Décédé à la Grande Poste
Avis paru dans la presse  Recherches aux archives des A.O.M. d'Aix en Provence - 2006.

SERRANO Adolphe - 42 ans
Peintre en bâtiment.
Domicilié au 2 rue Rigodit, quartier du Champ de Manoeuvres.
L’avis de décès paru dans la presse porte le mention "Mort pour la France".
Avis paru dans la presse  Recherches aux archives des A.O.M. d'Aix en Provence - 2006.

TORRES Michèle - 20 ans
Inhumée le 28 mars 1962 à Hussein-Dey.
Une messe a été célébrée à Hussein-Dey le 26 avril 1962 en présence du « lycée Pasteur ». (Dans le Livre Blanc : la douleur de son père).
Témoignages de  Colette et Gilbert SANS
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VAN DEN BROECK Georges - 55 ans - Domicilié au 21 rue Auber, quartier du Plateau Saulières . Expert Comptable. Commissaire aux comptes près es Cours d’appel. Officier de la Légion d’Honneur. Commandant de réserve. Croix de guerre T.O.E. Croix de guerre 1939 – 1940. Officier du Mérite militaire. Directeur financier de l’Union Industrielle Africaine. "Nous nous sommes jetés à terre devant les magasins « Claverie » et « Romoli ». Des soldats ont descendus en courant l’avenue Pasteur et sont arrivés à l’angle "Isly - Chanzy". L’un d’eux a braqué son P.M. dans notre direction.
Témoignage de Claude Van DEN BROECK, son fils, aujourd’hui décédé.
Dans la nuit du mercredi au jeudi, soit du 28 au 29, les corps de 5 victimes ont été transportés au cimetière d’El Biar pour être inhumés à 8 h.30
La dépêche d’Algérie – Recherches aux archives des AOM à Aix en Provence  - 2005
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VENGUT Jean - 64 ans
Né à Bénissa en Espagne. Retraité.
Domicilié au 22 rue Alfred Lelluch, quartier de la Grande Poste..
Tué chez lui, au sixième étage par une rafale en éventail qui a criblé la façade et traversé les volets faisant 21 points d’impact dans l’appartement, à hauteur d’homme. Tué par une balle qui est entrée dans la joue et qui a traversé le cervelet.

ZELPHATI Elie-Paul - 40 ans - Croix de guerre 1939 – 1945. Blessé lors de la libération de l’Alsace. Cogérant du Stanley »
Domicilié 107 rue Michelet, quartier de l’Université.
Tué à son domicile 8 avenue Pasteur, quartier de la Grande Poste, plus d’une heure après la fusillade, par une balle reçue en pleine tête – derrière l’oreille – lui faisant éclater la boîte crânienne. Transporté à la clinique Lavernhe, son frère a voulu le reprendre pour le veiller. Mais il était interdit de garder les victimes chez soi. Grâce à un ami au commissariat de police il a été possible de le sortir de la clinique en entourant de bandages la tête, en le faisant passer pour blessé. Mais dès le lendemain un 4/4 de l’armée est venu récupérer le corps pour le déposer à la sauvette au dépositoire d’Hussein- Dey.
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VICTIMES ESCAMOTEES
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Il faut ajouter ci-dessous la liste de ces jeunes victimes trop gênantes pour paraître dans les listes officielles, selon les déclarations du docteur André FOURRIER, Médecin à l’hôpital d’El Kettar, Professeur Émérite, Doyen Honoraire de la Faculté de médecine de Lille en date du 22 février 1993 et du Professeur Paul LEBON, chef de service O.R.L. à l’hôpital Mustapha, qui ont  reconnu:

- Une fillette d’environ 10 ans

- Une fillette d’environ 8 ans

- Deux sœurs, vêtues d’une robe rouge, vues parmi les cadavres à la morgue, fusillées à bout touchant, authentifiées non identifiées : « victimes escamotées » …

et

- Une femme européenne non identifiée

- Un bébé européen non identifié

Victimes cependant reconnues et authentifiées selon le témoignage de Suzanne CAZE AVELIN, une amie d‘enfance, toutes deux anciennes élèves de l’externat de l’Assomption(rue Roland Debussy). Cette jeune femme dont le prénom est Simone, demeurait à la fin de la rue d’Isly. Poursuivie, cette amie s’était réfugiée dans un magasin de puériculture, et avait caché son petit enfant dans une poussette en exposition. Elle fut achevée d’une rafale, par un tirailleur.

"Je certifie avoir vu au milieu des fuites hallucinées, un femme et son bébé dans les bras, masse rouge ensanglantée, venant de la Grande Poste vers le magasin Natalys, où vaincue par la fatigue et les blessures, elle tombe à genoux. Un militaire la poursuivait et continua à la rafaler et je le vis s’engouffrer derrière les deux malheureux. Je l’ai vu ressortir.
Témoignage de Roger Aribaud.

- Des victimes ont été rendues à la famille avec consigne "de ne pas en parler" et avec interdiction de relier cette mort au massacre du 26 mars. 

Selon Francine Dessaigne, il y aurait également :

X Homme musulman non identifié

X Femme européenne non identifiée

X Homme européen non identifié

X Homme européen non identifié

X Homme européen non identifié

Le transport des corps s’est effectué hors la présence des familles, dans la nuit, par camions militaires, sur ordre des autorités.

Je n’ai rien trouvé dans les archives concernant ces victimes anonymes. Mais un éclairage en est donné par le témoignage de Martial TRO, Commis principal à l’hôpital Mustapha.
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"Je n’ai retrouvé d’actes que pour 7 jeunes seulement, âgés de 20 à 23 ans. Lorsqu’on regarde bien les quelques photographies présentes sur les sites, de nombreux très jeunes gens apparaissent. Ils ont été les premiers à franchir le cordon des tirailleurs, ils avaient donc feranchi le barrage avant que la nasse ne se referme sur ordre du "feu"

-" Cette liste est succeptible de modification." - Simone GAUTIER
- p
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El Padrenuestro par Andréa Bocchelli

 

 

France

ALGER 26mars 1962

 

 

 

 

 

 

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