7.8 - L’OAS c’est fini par José CASTANO

III - Histoire et récits - L'O.A.S.

C’était le 27 juin 1962 : dans une ultime émission pirate, le speaker de l’OAS annonça d’une voix brisée :"Notre combat est sans espoir et sans solution. Tout est fini. Adieu Algérie !" et il éclata en sanglots. ...
Si officieusement n’existait déjà plus, officiellement elle déposa les armes ce 27 juin 1962. Son aventure était historiquement terminée. Le temps du combat s’était achevé, tandis que pour la plupart commençait le temps de l’exil ou celui des prisons.

Pour encourager ce processus le gouvernement gaulliste annonça une nouvelle "mesure positive" (sic !) : 2.297 autres libérations de détenus FLN et 32 millions de francs de crédits nouveaux ! ... Encouragés les tueurs du FLN sévirent désormais en toute impunité ... La moyenne quotidienne des attentats passa de 20 à 37 et les manifestations avec slogans et drapeaux verts et blancs se multiplièrent. Chez les Européens la colère montait et aux quatre coins du pays on battait le rappel des bonnes volontés. On s’organisait pour lutter à la fois contre le FLN et l’ennemi gaulliste. Les effectifs de l’OAS ne cessaient de gonfler.

.... L’ Organisation Armée secrète est née au début de 1961, en Espagne, dans un groupuscule où apparaissent le général Salan, Lagaillarde, Susini, le docteur Lefevre ... C’est après l’effondrement du putsch d’avril 1961, qu’elle devait atteindre à la notoriété en Algérie et devint vraiment active qu’au lendemain de cette chose extraordinaire, qui ne fut qu’une vaste fumisterie : la trêve “unilatérale” et décidée par Paris et qui permit aux rescapés de l’Armée de Libération Nationale - l’ “ALN” - de reprendre la population en main aussi bien dans les campagnes que dans les centres urbains. Attentats, égorgements, mutilations se multipliaient. Devant les cadavres des égorgés et les visages grimaçants des mutilés , toute velléité de résistance s’effondrait. Le ressort se brisait. Les Musulmans fidèles à la France étaient les premières victimes ; la peur, peu à peu, les menait dans les rangs du FLN.

Le 30 juin 1961, De Gaulle mit le feu aux poudres. En réponse à cette colère et à la popularité sans cesse croissante de l’OAS, il fit connaître sa décision de rapatrier en métropole la 11ème Division Légère d’ Intervention, constituée en partie d’éléments parachutistes ayant participé au putsch et de la remplacer par ... 5 compagnies de CRS métropolitaines, afin de réprimer dans les villes le "soulèvement" des Européens. Dans toute l’Algérie les murs se couvrirent d’affiches : "l’OAS veille" ... "Aux armes citoyens !".

Répliquant au FLN qui contrôlait les quartiers arabes par une organisation politico-administrative parallèle, l’OAS allait structurer les villes européennes. "De Gaulle veut notre mort !". Ce fut le cri de guerre et de désespoir d’un millier d’Européens qui, las d’apprendre le massacre de familles françaises, s’organisèrent en commando. Les magasins arabes flambèrent à leur tour, le plastic détruisit les bains maures. Les affrontements, les combats de rue se multiplièrent sans que les forces de l’ordre arrivent à juguler cette flambée de violence. L’Algérie entière était déchaînée. Les stroungas explosaient partout et aux grenades lancées dans les tramways et les autobus par le FLN, répondaient les mitraillages des cafés maures. Partout du sang, des morts qu’on enjambait dansles rues sans même un instant d’émotion. La folie s’était empare de ce pays autrefois si paisible et si heureux.

De nouveau la presse se déchaîna ...... On oubliait la terreur qui avait régné depuis si longtemps, on ne se souvenait plus des charniers de Mélouza et d’El Halia, des bombes du stade d’El Biar et du Casino de la Corniche, on ne prêtait aucune attention aux grenades qui explosaient chaque jour dans les cafés, les écoles, aux arrêts d’autobus, dans les quartiers européens, on feignait d’ignorer les enlèvements qui se multipliaient aux quatre coins du territoire, les égorgements, les viols. Seuls importaient les ratonnades que le journaliste , Yves Lavoquer comparait aux "pogroms de la Russie tsariste et aux massacres nazis" ! ...

Sans uniformes, sans moyens militaires, sans autres armes que de fortune, n’ayant en commun que leur volonté de vivre et de mourir sur la terre de leurs ancêtres , ces combattants-là, menaient un combat héroïque et sans espoir. Combat chaotique, désespéré, mortel mais si efficace qu’il semait l’angoisse et la crainte dans la plus haute sphère ...

L’OAS était une révolte : révolte des habitants de toute une province qui se sentaient abandonnés par la mère Patrie ... L’OAS c’était à la fois le combattant de l’ombre, l’enfant qui collait une affiche et mourrait le pinceau à la main, le vieillard qui guettait et sifflait à l’entrée d’un quartier pour avertir de l’arrivée des "forces de l’ordre", la ménagère qui transportait des tracts dans son panier en allant au marché et ces familles qui hébergeaient les légionnaires qui hébergeaient le 1er REP après la dissolution de cette prestigieuse unité. Elle était une armée d’ombres, l’armée miraculeuse de l’amour et du malheur. Elle représentait pour la population d’Algérie le dernier espoir et l’ultime recours contre un désespoir passionnel. C’était la bouée de sauvetage à laquelle le naufragé tente de s’accrocher.

...... Durant un an elle fit la guerre, comme le FLN la fit durant sept ans et, pour son malheur, les Français de métropole ne retinrent d’elle que ses aspects les plus noirs. Ils ignoraient - ou feignaient d’ignorer - les exactions du FLN, des barbouzes et des gendarmes mobiles. Ils ne considéraient déjà plus l’Algérie comme un département français ... et ils s’en fichaient. Ils souhaitaient se débarrasser au plus vite du "boulet algérien" - terme propre au général président ....

.... Ces combattants de l’ombre avaient tous conscience de participer à un croisade. Ils n’avaient plus d’identité, plus de famille, plus de maison ... Chaque jour des camarades de combat étaient pris, puis on les torturait et on les jetait telles des loques dans des cachots sombres et humides. ... Pourtant ils sentaient qu’ils n’étaient pas tout à fait seuls. Ils sentaient autour d’eux toute la foi et toute la tendresse d’un peuple enchaîné qui vivait à l’heure de leurs craintes , de leurs tourments. ..... Face au péril croissant que représentait pour le pouvoir l’organisation dont le slogan : "l’OAS frappe où elle veut, quand elle veut !", ne faisait que renforcer De Gaulle, et, ses séides surent choisir les mots et mettre en évidence les actes pouvant discréditer l’adversaire. Pour parvenir à ses fins, il convenait pour l’abattre de marginaliser et d’isoler l’OAS mais aussi la population qui avait permis son triomphe qui avait inquiété tant le gouvernement que le GPRA, au point de faire croître leur désir respectif, de conclure les accords au plus vite, et, pour la partie française par"n’importe quel moyen".

Pour autant l’OAS n désarmait pas. Dans certains points du bled do,t l’armée se retirait progressivement depuis l’été 1961, elle avait tenté l’implantation de maquis pour lutter directement contre l’ALN sans populations interposées et dans le secret espoir de dégager une portion de territoire où son autorité serait reconnue . Guelma, Bouira, Tipasa Coléa ... autant de vains essais. Les commandos furent encerclés par l’armée et incapables de tirer sur des soldats français se rendirent. L’ultime et spectaculaire tentative eut lieu dans l’Ouarsenis, le 29 mars 1962, et se solda par un sanglant échec et la mort de l’un de ses chefs, le commandant Bazin. Trahie, l’OAS, au lieu des alliés qu’elle attendait (les harkis du bachaga Boualem et deux unités régulière de l’armée) tomba sur des concentrations de forces FLN dix fois supérieures en nombre dont il a été affirmé - et jamais démenti- qu’elles avaient été amenées à pied d’œuvre par les véhicules des gendarmes mobiles français. Un combat désespéré qui alla jusqu’au corps à corps, s’engagea. Les hommes de l’OAS qui échappèrent à la tuerie furent pourchassés et quand ils furent rejoints, sauvagement abattus.

Ce fut la dernière bataille de l’OAS ... son Camerone !

José CASTANO
Résidence Malvina
13 avenue Saint Maurice
34 250 Palavas les Flots

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Command OAS1

 

 07

Tombe de Roger Degueldre
fusillé au fort d'Ivry le 6 juillet 1962

Il était âgé de 37 ans. Il fut le créateur des commandos "DELTA"

 

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