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III - Histoire et récits - L'O.A.S.

2 - In memoriam Roger Degueldre(1925-1962) par Secours de France

 

Actualités du
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Juillet 2014

In memoriam Roger Degueldre(1925-1962)

Un témoignage historique, inédit, émouvant

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Le lieutenant Roger Degueldre, avant d’être fusillé au Fort d’Ivry le 6 juillet 1962, n’avait voulu requérir devant les hommes qu’un seul témoignage au cours de son procès : celui du colonel Hervé de Blignières, qui avait été son chef en Indochine, puis dans la clandestinité de “l’OAS Métro”.

 La Cour Militaire de Justice n’aurait eu aucun mal à faire comparaître sous bonne escorte cet unique témoin de la défense, le colonel de Blignières se trouvant alors en prison… Mais le général De Gaulle intervint immédiatement en personne pour interdire cette déposition.

 Secours de France publie ici l’intégralité du témoignage que le colonel de Blignières adresse alors aussitôt par écrit au général présidant la Cour Militaire de Justice, témoignage qui – sur ordre de l’Elysée – ne sera pas lu ni versé aux minutes du procès.

 C’est un document historique, totalement inédit, particulièrement émouvant et précieux pour tous ceux qui, comme nous, s’attachent à rétablir la vérité sur le combat de ces hommes exceptionnels qui ont tout sacrifié à l’idée qu’ils se faisaient de la France, et de la parole donnée.

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Roger DEGUELDRE décoré par le Général MASSU

 Mon Général : à l’heure où le Lieutenant Roger Degueldre est appelé à comparaître devant la Cour de Justice Militaire, j’ai l’honneur de solliciter de votre pouvoir discrétionnaire l’autorisation d’apporter mon témoignage en faveur de mon ancien subordonné.

Je tiens à le faire à un double titre : d’abord parce que j’ai contracté envers lui une dette personnelle de reconnaissance du fait que, voici douze ans, en Indochine, il m’a sauvé deux fois la vie dans la même journée ; ensuite parce que, comme officierde Légion, j’ai le devoir de rendre l’hommage qu’ellemérite à l’exceptionnelle carrière qui l’a conduit si rapidementde simple Légionnaire au grade de Lieutenant à titre étranger.

Je connais Roger Degueldre depuis l’été 1948, où il servait déjà comme maréchal-des-logis-chef dans mon escadron du Premier Etranger de Cavalerie.

Pendant plus de deux ans, je l’ai eu sous mes ordres directs en Indochine. Je l’y ai retrouvé à mon deuxième séjour, alors qu’il servait au Bataillon Etranger de Parachutistes.

En prenant en 1958 le commandement du 1er REC en Algérie, fort de la réputation du Sous-Lieutenant Degueldre dans toute la Légion, j’ai cherché à le récupérer pour son régiment d’origine, en arguant d’une blessure au genou qui lui rendait pénible le saut en parachute. Bref, je n’ai cessé de le suivre jusqu’à la fin de 1960 où j’ai quitté l’Algérie.

Il avait tout arraché au feu.

Si, pour un Légionnaire, la carrière de Degueldre est fulgurante, ses titres de gloire ne sont pas moins exceptionnels.

Ses grades successifs, comme ses innombrables citations, sa Médaille Militaire et sa Légion d’Honneur, il les a tous arrachés au feu – ce qui, même pour un soldat de carrière, n’est malheureusement pas si commun…

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Depuis quelques temps, une campagne d’intoxication de l’opinion publique tend à minimiser, sinon ridiculiser, les décorations accrochées aux poitrines de ceux qui n’ont cessé de se battre hors d’une métropole qui voulait tout ignorer des sacrifices de l’armée.

Devant de hautes personnalités militaires, il serait malvenu de ma part d’insister sur le prix du sang versé par nos soldats de métier, notamment les Légionnaires.

Mais, concernant les exploits de Degueldre, je tiens au moins à préciser l’un d’eux, dont j’ai été à la fois le témoin et le bénéficiaire.

Le 21 janvier 1950, dès les premières minutes d’une reconnaissance sur un poste récemment pris par le Viet-Minh, le maréchal-des-logis-chef Degueldre perdait son officier et 9 des 24 Légionnaires que comportait son peloton amphibie. Seul, sans aucun soutien, il faisait face à une compagnie ennemie. Non seulement il permettait à tout l’Escadron d’intervenir une heure plus tard, mais entre-temps, fixant un adversaire dix fois supérieur en nombre, il récupérait ses morts, ses blessés, et tout l’armement perdu.

A l’heure de l’assaut, après trois heures d’un combat acharné, il était toujours là avec sa poignée de Légionnaires, et devait encore ramasser sur le terrain son Capitaine (moi-même) et un autre officier, fauchés quelques instants avant la conquête de la position Viet-Minh.

Quinze ans de lutte et de don de soi.

Le détail des faits n’apporterait rien de plus, puisque ce résumé prouve que Degueldre faisait déjà preuve, non seulement d’un courage physique et d’un sang-froid extraordinaires, mais aussi de dons de commandement qui n’ont cessé par la suite, bien avant l’heure, de lui valoir ses responsabilités d’officier. Son comportement au combat a toujours été de la même veine, et je doute que tous ces beaux esprits qui, à son sujet, évoquent allègrement le sens de l’Honneur et du Devoir, aient une notion bien nette de ce que ces mots signifient de “don de soi” pour un homme qui a donné l’assaut pendant quinze ans dans la jungle et la rizière, dans les djebels et au cœur des oueds.

Un homme de son intelligence et de son ouverture d’esprit ne s’impose pas cette lutte permanente s’il n’a la foi en la valeur de son combat. Il me semble que la personnalité du Lieutenant Degueldre se caractérise surtout par une volonté de fer et une générosité naturelle au service d’un idéal à la mesure de son équilibre physique et moral, comme de son culte de l’Honneur.

Dans le cadre des missions d’après-guerre de l’Armée Française, dans le moule de la discipline de la Légion Etrangère, dans le respect de l’éthique que ce corps d’élite a su proposer à ses hommes, la forte personnalité de Degueldre a pu trouver son épanouissement.

Conformément aux traditions de cette Arme, je ne m’aventurerais pas à décrire le “jardin secret de son âme”, mais je sais ce qu’il a été comme soldat et je connais les objectifs de ses combats.

Le meilleur, et de beaucoup !

Sur le plan professionnel, je dirai simplement que parmi les sous-officiers placés sous mes ordres en Indochine, il était le meilleur et de beaucoup, montrant déjà la classe et la maturité qui devaient lui valoir quelques années plus tard son galon d’officier dans les unités de parachutistes.

Il y a deux ans encore, plusieurs unités se le disputaient comme un des meilleurs de sa génération : en seize ans de Légion, Degueldre, dont les qualités de baroudeur s’étaient affirmées de façon éclatante, n’est jamais apparu comme une sorte d’aventurier.

Bien au contraire : son sens de la discipline la plus stricte et sa conscience professionnelle le rangeaient dans la catégorie la plus classique et la plus solide de nos cadres. Sa finesse, sa sensibilité et aussi son doigté dans le commandement l’éloignaient de cette caricature brutale et simpliste qu’une certaine littérature se plaît à trouver sous le képi blanc.

Mais Degueldre est aussi un passionné pour qui la compromission, la demi-lâcheté envers soi-même et l’attentisme dans l’action apparaissent comme autant de crimes contre l’Honneur militaire. Je ne doute pas qu’il n’ait été fortement impressionné par tous les aspects de cette guerre qu’il n’a cessé de mener outremer aux points les plus dangereux.

Comment Degueldre aurait-il pu oublier ?

Il me paraît impossible qu’en 1961, il ait oublié les drapeaux rouges à faucille et marteau qu’il glanait des 1949 avec ses hommes dans les marais de la Plaine des Joncs ; impossible aussi qu’il ait effacé de son regard la marée humaine de ces Tonkinois qui, en 1954, s’accrochaient à nos barreaux déjà pleins de soldats abandonnant au Viet-Minh le delta du Fleuve Rouge ; impossible enfin qu’au cœur d’Alger, voici un an, il n’ait pas revécu “sa” bataille de 1957 pour délivrer la capitale algérienne de la terreur FLN ; qu’il n’ait pas songé aux centaines de morts de “son” régiment dans ses victoires de Guelma ; qu’il n’ait pas rêvé à l’allégresse pacifique et chargée d’espérance des journées de fraternisation de mai 1958, dont il était un peu l’auteur… On ne gagne pas trois batailles sans foi chevillée au corps, et Degueldre, avec le 1er REP, avait gagné aux frontières, il avait gagné à Alger, il avait gagné la paix du Forum.

La raison d’Etat peut s’autoriser de motifs supérieurs pour tout détruire. Rien ne permet de tuer l’âme d’un soldat !

Par une suite de maladresses de commandement qu’il ne m’appartient pas d’exposer, dans un contexte général d’abandons inscrits sur le terrain, on a voulu détruire cette âme en Roger Degueldre, en brisant mieux que l’épée qu’il n’avait cessé de tenir pour la défense de son drapeau. Car, que peut-il bien rester dans l’âme d’un soldat dont on renie la foi en la valeur de son combat et l’espérance en la valeur de son sacrifice mille fois renouvelé ? L’univers légionnaire ne vit que de Foi, d’Espérance et d’Honneur. En détruisant ces trois vertus, il ne reste plus rien, rien surtout pour un idéaliste comme Roger Degueldre.

Parce que je le connais, parce que je le sens, parce que je le sais…

Au nom des 10.000 Légionnaires qui, pendant les six ans de campagne de Roger Degueldre en Extrême-Orient, sont tombés en Indochine pour l’Honneur, simplement pour l’Honneur de l’Armée Française – parce qu’ils ne se sont tout de même pas battus pour que le drapeau rouge du Viet-Minh flotte un jour sur la citadelle du 5ème Etranger d’Infanterie…

Au nom des 2.000 Légionnaires qui, pendant les six ans de campagne de Roger Degueldre en Algérie, ont été tués sur le sol algérien, encore pour l’Honneur de nos armes – parce qu’ils ne se sont tout de même pas battus pour que le drapeau vert et blanc du FLN flotte un jour sur le quartier Vienot de Sidi-Bel-Abbès…

Au nom de tous ces Légionnaires morts au champ d’Honneur de la France parce qu’ils ont cru comme Degueldre que, sous les couleurs françaises, on ne pouvait se renier, que derrière des officiers français on ne pouvait abandonner des tombes, que sous l’uniforme français on ne pouvait renoncer sans combat…

Au nom de tous ces étrangers qui ont donné leur cœur, leur force et leur sang à la France, parce qu’un Degueldre le leur demandait au sein d’une Légion Etrangère née avec l’Algérie Française et qui meurt avec elle…

Je vous conjure de croire, mon Général, parce que je le connais, parce que je le sens, parce que je le sais, parce que toute sa vie de Légionnaire le proclame, que le Lieutenant Roger Degueldre, en se battant jusqu’au bout, n’a voulu suivre que le chemin de l’Honneur.

 

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Colonel Hervé de Blignières,
20 juin 1962
Prison de la Santé

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QUI SOMMES-NOUS ?

Pressentant l’impressionnant cortège de crimes et de drames humains qui allaient naître de la tragédie algérienne, Clara Lanzi crée le Secours de France, le 15 août 1961, pour venir en aide aux victimes de ce conflit.

Après les soldats révoltés et les rapatriés déracinés, ce sont les harkis rescapés des massacres qui bénéficieront massivement de cette aide.

Depuis, les missions du Secours de France se sont diversifiées, dans la fidélité aux idéaux de ses origines :

  • Mission de vérité sur les combats de la France dans l’histoire récente de notre pays, constamment calomniés par les sinistres hérauts de la “repentance”.
  • Mission de solidarité active pour tous les “oubliés de l’Histoire” et des communautés chrétiennes en péril, sur les lieux mêmes où notre héritage spirituel a commencé de se forger.
  • Mission d’espérance au service, en priorité, des jeunes de la troisième génération harkie.

www.secoursdefrance.com

Actualités du Secours de France - Juillet 2014

 

Roger DEGUELDRE - Son exécution

C’est quelques heures seulement après le génocide du 5 juillet 1962 qui, rappelons-le, fit plus de trois mille victimes parmi la population civile européenne, que de Gaulle prit sa décision de faire fusiller le lieutenant Roger DEGUELDRE qui, fidèle à son engagement « La mort plutôt que le déshonneur ! », avait justifié son action dans l’OAS par ces mots : « Mon serment, je l’ai fait sur le cercueil du Colonel Jeanpierre. Plutôt mourir, Mon Colonel, que de laisser l’Algérie aux mains du FLN, je vous le jure ! »

Le lendemain, 6 juillet 1962, à l’aube, au fort d’Ivry, Degueldre se présenta devant le peloton d’exécution en tenue de parachutiste, le drapeau tricolore sur la poitrine, drapeau auquel il avait tout sacrifié et qu’il avait choisi comme linceul. Autour de son cou, il avait noué un foulard de la légion. Dans la poche intérieure de sa vareuse, il y avait la photo d’un bébé, son fils qu’il n’avait jamais vu. Il avait conçu cet enfant dans la clandestinité. Le bébé était venu au monde alors que le père se trouvait dans sa cellule de condamné à mort.

« Dites que je suis mort pour la France ! », s’écria-t-il à l’adresse de son défenseur. Puis il refusa qu’on lui bande les yeux et, au poteau cria : « Messieurs, Vive la France ! » avant d’entonner la Marseillaise. Les soldats qui devaient l’exécuter, émus par son courage, hésitèrent à tirer. La première salve le blessa seulement : Une seule balle l’atteignit sur les douze qui furent tirées : au ventre dirent certains… au bras affirmèrent d’autres. Quoiqu’il en soit, le fait certain c’est que Degueldre ne fut pas atteint de manière décisive.

L’adjudant chargé de donner le coup de grâce se précipita, l’arme à la main, pour accomplir sa sinistre besogne et se rendit compte que le condamné était toujours en vie. Sa tâche ne consistait désormais plus à achever un quasi-mort censé avoir reçu douze bouts de métal… mais bel et bien de tuer un vivant. Et ce sont là deux choses bien différentes… Il en eut si terriblement conscience, que sa main pourtant préparée à cette macabre mission trembla, et que le revolver se déchargea dans le vide.

Parmi l’assistance, c’était la stupéfaction. Cette situation eut pour effet d’agacer le procureur qui, réveillé un peu tard, n’avait pas eu le temps de prendre son petit déjeuner. Et son estomac gargouillait. Mécontent, il fit signe à l’adjudant de se dépêcher. Pendant ce temps, Degueldre, à demi recroquevillé souffrait. Les coups de feu résonnaient encore à ses oreilles et il se demandait quand son calvaire prendrait fin. L’adjudant, toujours tremblant, pointa une nouvelle fois son arme sur la tête de l’officier parachutiste, ferma les yeux et appuya sur la détente. Stupeur ! Rien ne se produisit. L’arme s’était enrayée. Une rumeur monta de l’assistance. Degueldre tourna la tête vers son exécuteur comme pour l’interroger. Aucune haine dans son regard… juste de l’incompréhension.

Exaspéré par cette situation – unique dans les annales de l’exécution – le procureur ordonna qu’une nouvelle arme soit amenée. Mais personne parmi les militaires présents n’en possédaient. Il fallait courir en chercher une… Et pendant ce temps, Degueldre était toujours vivant… et il souffrait.

A partir de ce moment là, tous les juristes s’accordent à dire que la sentence ayant été exécutée, puisque le condamné étant encore en vie, il fallait le détacher du poteau et lui donner les soins nécessaires. Autrement dit, on n’avait pas le droit d’achever le blessé. Mais les ordres étaient formels ; Il fallait que Degueldre soit tué ! Il incarnait à lui seul, l’OAS, cette puissance qui avait fait trembler les Etats Majors, le FLN et l’Elysée… Il fallait exorciser jusqu’à son souvenir.

Et pendant que l’on s’affairait à se procurer une arme, celui qui, à cet instant, aurait pu changer le cours des événements ne réagit point. Pétrifié par la scène, glacé d’effroi, le défenseur du condamné demeurait inerte.

Pourtant, il lui appartenait de tenter quelque chose, de courir jusqu’au supplicié, de le prendre dans ses bras et de le couvrir de son corps en invoquant la justice, en appelant à l’amour, en exigeant au nom de toutes les traditions humaines et chrétiennes qu’on fît grâce qu condamné. Cela s’était déjà produit dans l’Histoire quand la corde du pendu avait cassé et que la grâce lui avait été accordée. Mais non, l’avocat demeurait prostré, sans voix, mort… alors que Degueldre, lui, était vivant et qu’il le regardait.

Enfin on remit un pistolet à l’adjudant qui, blanc comme un linge, écœuré par cette boucherie… mais servile au commandement de tuer, devait en finir puisque tels étaient les ordres et que le défenseur du condamné qui, seul avait qualité pour tenter quelque chose, se taisait.

Un nouveau coup de feu claqua. Stupeur ! Celui-ci fut tiré, non pas au-dessus de l’oreille comme l’exige le règlement, mais dans l’omoplate… Une douleur atroce irradia le corps du supplicié. Il regarda vers le ciel et ouvrit grand ses yeux. Peut-être perçut-il à cet instant que son calvaire prenait fin. Il était tout illuminé des illusions radieuses de ceux qui vont mourir et il lui sembla entendre, là haut, les voix des martyrs du 5 juillet lui murmurer : « Roger… Roger… dès aujourd’hui tu seras avec nous dans le Paradis

Puis une nouvelle détonation retentit… et ce fut la fin

Mort un 6 juillet ... par PHIBERSTE

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Jean-Pax Meffret  "Lieutenant Degueldre"

Les photos ci-dessous sont offertes par Madame et Monsieur Christian Molto - Marseille
Merci à vous

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