7.2 - Jean-Jacques Susini : Interviews

III - Histoire et récits - L'O.A.S.

3 - 2 - "Pour solde de tout compte" de Jean-Pierre Papadacci- janvier 2018

« Les accords du Rocher noir sont à peu près de la même encre que les accords d’Evian. Il n’était pas nécessaire, pour en arriver là, que fussent dilapidés tant de dévouement, tant de souffrances ».

                                             Marcel Delaubert dans le Charivari de janvier 1963.

Je sais bien qu’il n’est pas chrétien de tirer sur un corbillard mais je pense qu’il est encore moins chrétien de travestir le passé d’un individu sous prétexte qu’il vient de mourir. J’accepte que l’on fasse la toilette physique d’un mort mais je récuse qu’on fasse, en même temps, celle de sa mémoire.

Je viens de lire dans le dernier bulletin de l’Adimad un texte indécent d’un dénommé Jean Baptiste Colvert qui fait l’apologie de J-J Susini et de son ultime trahison (les accords Susini-Mostefaï), qualifiée « d’acte sublime de réconciliation au service de son rêve de voir l’Algérie rester française (sic)». 

Il m’est impossible de laisser de tel propos sans réagir, si je le faisais, j’aurais l’impression de trahir mes camarades, morts au combat, et non pas dans leur lit, comme le sieur Susini.

Je pense aux membres de mon réseau de l’OAS Métro, Jean Feigna, Michel Hendericksen, Henri Lapisardi, tombés le 3 mars 1962 à Toulon.

J’affirme que nous avons toujours agi, à notre modeste rang, dans l’espoir de gagner et non de négocier avec le FLN. Je pense aussi à mes camarades, militants du Front Nationaliste, Michel Leroy de Jeune Nation et René Villard De France résurrection, froidement assassinés le 20 janvier 1962 par quelques responsables de l’OAS, sous le prétexte (jamais prouvé) d’avoir négocié avec le gouvernement général pour obtenir une partition l’Algérie française (1).

Ceux- là, qui étaient des purs, n’avaient jamais eu l’idée de pactiser avec les fellaghas, ils sont morts sans se renier, on ne peut en dire autant de J-J Susini. Je ne fais pas de sentiment, comme le sieur Colvert qui « retient ses frissons et ses larmes, étouffe ses sanglots et hurle (sic) ».

Je me contente de juger JJ Susini, homme et chef politique, à ses actes, tout comme on juge l’arbre à ses fruits. Je constate que son action se solda par un échec doublé d’une débacle sans gloire. Au pire moment, le 17 juin 1962, il suivit l’exemple d‘ Evian du sinistre De gaulle Charles. Fort de l’appui des américains et de l’ancien maire « libéral» d’Alger Jacques Chevalier, il choisit la voie de la négociation avec le FLN pourtant refusée par Oran et Constantine puis l’infamie d’une trêve unilatérale entrainant l’abandon de l’opération de terre brulée.

Je rappelle que cette décision entraina la démobilisation de l’OAS, le chaos, le massacre et la fuite des civils et enfin la sécession de l’Algérie. Je sais bien qu’on ne peut pas toujours gagner et que J-J Susini n’est pas l’unique acteur de la défaite mais je remarque qu’il n’eut jamais la probité ou le courage de reconnaitre ses erreurs et ses fautes, d’assumer sa part de responsabilité ou même d’exprimer le moindre regret.

Le seul aveu que ce mégalomane ambitieux fit, sans aucune honte, fut d’avoir été gaulliste dans sa jeunesse et d’avoir milité pour le retour de ce nuisible au pouvoir. Il n’écrivit jamais le deuxième tome de son « Histoire de l’OAS », qui devait relater les ultimes combats. Avait-il quelque chose à cacher ou à se reprocher ?

Lui seul le savait mais je persiste à croire que la Résistance Algérie française méritait un chef plus digne et surtout une fin plus honorable. J-J Susini, en négociant vainement avec le FLN, a non seulement terni une juste cause mais il a, en plus, commis une faute impardonnable qui souille à jamais le blason d’une ville emblématique.

A cause de ce misérable, « Alger la tricolore», qui avait pourtant fait tomber  la quatrième république, n’entrera jamais dans le Panthéon des villes héroïques : on évoque encore la Commune de Paris, on se souvient de Varsovie, on cite en exemple Tolède et son Alcazar, on admire Budapest mais on ne parle plus d’Alger que pour la plaindre d’être devenue…. algérienne.

L’histoire et la mémoire des hommes jugent, avec raison, les chefs et les responsables politiques non sur leurs intentions mais sur leurs actes et leurs résultats ; si jamais DIEU applique les mêmes critères, je crains fort que JJ Susini, en comparaissant devant lui, n’ait eu besoin de la plus grande miséricorde.                                   .                                       

                                                                                                        Jean-Pierre PAPADACCI.

 

  1. En réalité, les seuls contacts avec le gouvernement général furent pris par Jean Sarradet qui fut gracié à la demande de JJ Susini. Etrangement, c’est ce même Sarradet, qui déclara, dès le 7 juin 1962, au cours une conférence de presse faite au nom de l’Union général des travailleurs français en Algérie (UGTFA) :   « L’OAS a perdu la partie, je demande que tout le monde remette les armes au vestiaire (sic). »

 

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