6.13 - Trompés, livrés, bafoués, désespérés, les accords d’Evian étaient signés

III - Histoire et récits - Mars 1962 : Barbouzes, tortures, attentats, enlèvements, charniers

« UN CRIME SANS ASSASSIN » Introduction de Marie-Jeanne REY

Les accords d’Evian étaient signés. Le 19 mars 1962, le cessez-le-feu officiel entrait en vigueur et l’opinion française accueillait avec soulagement ce qu’elle appelait « la paix en Algérie ». ……….. Et pourtant ………. La France s’amputait d’une part de son territoire. Depuis 132 ans elle avait bâti en Algérie ….Elle renonçait…..

L’adversaire vaincu militairement se voyait offrir la victoire. Des années de terrorisme, de viols, de mutilations, d’égorgements, trouvaient enfin leur récompense, toute la population de l’Algérie était confiée au seul FLN. On n’avait pas osé leur interdire la possibilité d’un repli hexagonal mais on pensait communément qu’ils resteraient sur place et l’on se préparait déjà à les oublier. Aux musulmans l’ultime recours de l’exil était refusé, ceux qui avaient fait le mauvais choix de croire en la France, seraient désarmés, abandonnés. ………. Comme l’avait affirmé le général, la France s’en allait le cœur parfaitement tranquille.

Les Français d’Algérie refusaient les accords d’Evian de toutes leurs forces. Dès l’abord les quelques garanties que leur accordait ce texte paraissaient illusoires et elles l’étaient. L’ayant côtoyé depuis l’enfance ils saisissaient d’instinct le monde musulman. Ils savaient que la parole donnée à l’infidèle n’engage nullement le croyant, ils connaissaient le sort qu’on lui réservait, celui du vaincu en terre d’Islam……….De toute façon les aurait-ils cru applicables que ces accords ne leur auraient pas été moins odieux. Ces Français-là, étaient des Français, des Français fervents. Demeurer dans la nouvelle Algérie était ressenti par eux, à tort ou à raison, comme un renoncement à la patrie. Ils étaient Algériens aussi, charnellement attachés à leur terre natale, enracinés…… Le divorce entre la métropole et sa province africaine les briserait, ils ne pouvaient l’évoquer sans éprouver d’intolérables douleurs. Ils en étaient persuadés, ce FLN, qui les glaçait d’horreur, n’incarnait pas la vraie masse musulmane………..

Ils avaient vécu les évènements de mai 1958, porteurs d’espoir. Le général De Gaulle publiquement avait approuvé leur enthousiasme Ensuite très vite ils avaient pressenti son dessein secret et assisté à ses reniements successifs. Ce n’était pas la guerre qui détruisait peu à peu l’Algérie française, c’était lui, le chef de l’ Etat, par sa seule volonté. Le machiavélisme avec lequel le vieil homme avait mené l’affaire les scandalisait comme une perfidie indigne de notre Histoire. Algériens, ils se savaient trahis, Français ils se sentaient déshonorés. Dans le même temps une campagne de diffamation les accablait. Les critiques acerbes , les injures, les mensonges pleuvaient.

Alors trompés, livrés ensuite, bafoués, ulcérés, désespérés, les Pieds-noirs se révoltaient.

Chacun connaissait la force incontournable de l’armée. Celle-ci avait tant promis, elle devait se reprendre. Elle ne permettrait pas l’ignoble dénouement…. L’échec du putsch d’avril 1961 détruisait les illusions mais de grands soldats avaient renoncé à tout pour rejoindre l’OAS, d’autres basculeraient maintenant que l’heure du choix crucial était venue ….

Le temps passait, la victoire de De Gaulle et du FLN se précisait, paraissait imminente. Sans cesse dénoncée, diffamée souvent, haïe de la métropole, traquée par toutes les polices, l’OAS se mourait bien qu’elle donnât encore l’impression d’une formidable puissance en Algérie. Le sang coulait dans les rues de plus en plus. ….. La population européenne, effarée, souffrante, se résignait. De toute son âme elle continuait à voir dans l’organisation un ultime recours. Rien n’était plus important pour elle que de sauver l’Algérie française…….

Mais il convenait de présenter la rébellion avec qui le général De Gaulle traitait maintenant d’égal à égal comme un mouvement de résistance décent, digne de diriger un pays !!

Le terme d'Accords d'Évian est un terme journalistique. Le titre officiel en est : Déclaration générale des deux délégations du 18 mars 1962.
On ne peut parler d'accords en droit, puisque seuls peuvent signer et ratifier des traités ceux qui ont une personnalité juridique en droit international ; or, l'Algérie n'était pas un État mais des départements d'Algérie à l'époque de la signature et depuis 1848.
Le texte intégral a été publié dans Le Monde du 20 mars 1962.
Cependant, le texte publié du côté algérien (dans le El Moudjahid du 19 mars 1962 date du cessez-le feu) comporte quelques variantes, notamment dans la dénomination des deux parties.
Ainsi, le texte algérien porte la mention « Gouvernement provisoire de la République algérienne » (GPRA), alors que le texte français écrit « FLN ».
Or, c'est avec le FLN qu'a traité le gouvernement français, non le GPRA, dont il a toujours nié la représentativité.

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Voir les dits-accords : ICI

... Les Français de souche européenne, israélite et musulmane pourront dans un délai de trois ans à partir de l'autodétermination, choisir la nationalité algérienne ou  conserver la nationalité française …… !    (Sinistre ! S.G.)

 

01

Pour des raisons de sécurité les négociateurs "algériens" sont logés sur le territoire suisse, à Genève.
Des hélicoptères les amènent chaque matin à Evian

02
Parmi les négociateurs français, trois d'entre eux : Robert Buron, Jean de Broglie, Louis Joxe.

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