6.10 - Enlèvements - Charniers - Esclaves dans les mines- Hôpitaux de fortune du FLN- Enquêtes de Marie Jeanne Rey et Gregor Mathias

III - Histoire et récits - Mars 1962 : Barbouzes, tortures, attentats, enlèvements, charniers

1 - "Crime sans assassin"  Alger 26 mars 1962 de Francine Dessaigne et Marie-Jeanne Rey - pages 35  à 37.

2 "Les vampires (du F.L.N) à la fin de la guerre d'Algérie mythe ou réalité "de Gregor Mathias Historien Édition Michalon.

 


1 - "Crime sans assassin"  Alger 26 mars 1962 de Francine Dessaigne et Marie-Jeanne Rey - pages 35  à 37.

 

"Il convenait de présenter la rébellion, avec qui le général De Gaulle traitait maintenant d’égal à égal, comme un mouvement de résistance décent, digne de diriger un pays. Aussi les autorités et la presse prirent-elles l’habitude de taire les exactions des fellaghas ou de les attribuer à l’OAS quand elles étaient par trop visibles. Le fait est qu’en ville on ne constatait plus ces explosions qui avaient rendu le FLN célèbre dans le monde entier.

A quoi eussent-elles servi désormais sinon à indisposer la population musulmane exposée elle aussi au danger ? Jusqu’au cessez-le-feu, aucune opération d’envergure ne fut non plus entreprise dans les campagnes. Vaincue, écrasée, l’ALN, aurait été bien en peine de la réaliser..."

Néanmoins les attentas individuels se multipliaient et une nouvelle tactique, discrète mais terrifiante, était utilisée, les enlèvements ! Leur multiplication représentait pour nous l’horreur absolue. Tout ce que nous avions enduré depuis tant d’années, atteignait son hideux paroxysme, nous étions devenus du bétail ! Chaque jour les sacrificateurs choisissaient dans le troupeau. Un petit groupe entourait la proie et l’emportait rapidement. Des personnalités marquantes ou suspectées d’appartenir à l’OAS, mais aussi des hommes et des femmes ordinaires, des jeunes garçons et des jeunes filles, des enfants disparurent à jamais, dans les villes et plus encore dans les campagnes. Le supplice attendait la plupart. Quelques charniers furent découverts, composés de restes innommables, impossibles à identifier. Pour ceux-là du moins l’apaisement était venu avec la mort. D’autres furent laissés vivants, garçons et filles sélectionnés pour servir au repos du djounoud, parce qu’ils étaient beaux, ceux aussi qui devinrent esclaves dans les minesDe temps à autre au fil des années, quelques voyageurs aperçurent des spectres hagards.

En 1962, le FLN organisa des hôpitaux de fortune. Le bruit courut, persistant, que certaines personnes enlevées avaient été saignées à blanc, le précieux liquide recueilli étant utile, quelle épouvante ! aux médecins algériens pour leurs transfusions. Aucune preuve officielle. Cependant les corps exsangues de trois enfants, élèves d’un pensionnat de sourds-muets, furent déposés un matin en bordure de la Casbah.

Voir témoignage de Sylviane Léger : ICI

Des milliers, je dis bien des milliers de Français d'Algérie disparurent en quelques mois. Les vitrines offertes par les négociateurs à la France métropolitaine et aux observateurs étrangers pouvait passer pour rassurante. Sur place le FLN entendait nous démontrer qu'un exil rapide s'imposait. "La valise ou le cercueil" rien n'avait changé. J'ai honte à l'avouer car je suis française, mais ces crimes se commirent avec la complicité des autorités de mon pays, complicité du silence, complicité passive et quelquefois active.

Pour les responsables de l'ordre ces enlèvements n'existaient pas car ils ne devaient pas exister, cela aurait gêné le Gouvernement. Aucune mesure de sécurité, aucune intervention n'était donc utile. La censure empêchait toute publicité. La presse locale en était réduite à annoncer les disparitions dans la rubrique "Recherches dans l'intérêt des familles", sans évoquer les circonstances, sans préciser qu'il ne s'agissait ni de fugue, ni de cas d'amnésie.

Souvent des patrouilles qui circulaient dans la ville européenne refusèrent net d'empêcher des rapts. Quant à sauver des prisonniers si on savait où ils se trouvaient  ... les militaires ne pénétraient plus guère dans les quartiers musulmans. Ils reçurent  d'ailleurs dès le cessez-le-feu la consigne officielle de n'y plus patrouiller du tout, de ne porter secours à personne, bien que l'Algérie fut encore sous la responsabilité de la France. L'ordre fut même donné de remettre à la police anti-OAS, ceux qui par hasard seraient libérés, ils étaient forcément des factieux. Quand on pense à l'état dans lequel ils étaient découverts ... J'ignore si cette règle devait s'appliquait aussi aux enfants.

Deux régiments de contrevenants s'obstinaient à préserver des vies humaines. On finit par les déplacer avant l'été sur ordre du Gouvernement. Les tueurs FLN arrêtés par eux furent rapidement remis en circulation, d'ailleurs, avant même le 19 mars, les camps et les prisons s'ouvrirent. Les officiers furent punis ou expulsés. Le simple geste de rendre compte à ses chefs des réalités rencontrées passait pour une incongruité nécessitant sanction.

La complicité active fut surtout le fait de ces "agents secrets" qui ne dépendaient que du Gouvernement. La collusion entre FLN et barbouzes est avérée sans doute possible. Parmi les gouvernements qui se succédèrent par la suite en France, aucun n'exigea la restitution des victimes survivantes ni celle des soldats prisonniers que, par les accords d'Evian, le FLN s'était engagé  à libérer. On ne se donna même pas la peine de les réclamer officiellement. Un peu de fermeté aurait peut-être impressionné les Algériens et forcé leur respect. En tout cas , ces démarches même vaines, auraient apporté quelques consolations à des milliers de famille désespérées et à toute une communauté ulcérée de se sentir à ce point méprisée ...le mot est faible.

Presque unanimes les médias se refusèrent constamment à évoquer ce sujet gênant et s'y refusent toujours.

Quand, beaucoup plus tard, plusieurs Français innocents  furent enlevés au Moyen Orient, la télévision entreprit une longue et lourde campagne afin d'obtenir leur libération. La France communia dans l'indifférence et le chagrin. Comme moi-même, mes compatriotes auraient volontiers participé à cette émotion nationale car ils ont du coeur. Comment l'auraient-ils pu ? Comment n'auraient-ils pas comparé ? tant de bruit pour quelques uns et rien, jamais rien pour tous les autres, jamais la moindre compassion. Un collègue me déclara naïvement peut-être : Mais voyons ! ce n'est pas la même chose !" Pourquoi n'était-ce pas la même chose ?

Voir un autre article : ICI

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ATTENTION photos très, très dures


 

 

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