4.12 - Les barricades - 24 janvier au 1er février 1960

III - Histoire et récits - De 1945 à 1962 les évènements

La semaine des barricades du 24 janvier au 1er fevrier 1960

1 - Témoignage de Jacques EYCHENNE paru dans Veritas 141 - mars 2010


2 -
Il n'avait pas triché avec l'honneur, Pierre Lagaillarde est décédé le 17 août 2014  - de Thierry Normand dans "Minute" Semaine du 27 août 2014

 

 

 

 1 - Témoignage de Jacques EYCHENNE  paru dans Veritas 141 - mars 2010

Ayant reçu de la part d'Anne Cazal le dernier numéro (141 - mars 2010) je viens vous exprimer toute ma gratitude pour votre action. Il me restait certaines zones d'ombres de cette tragédie des barricades au cours de laquelle mon père André Eychenne a été mortellement touché dans le dos et est mort le 25 janvier à l'hôpital Mustapha à 13 heures 30.

Tout est clair maintenant à l'exception de la provenance de cette balle (explosive ?) qui a déchiqueté ses reins. Provenait-elle d'un des deux F.M. ou des gardes mobiles pris en tenailles ? Le saurai-je un jour ?

Je suis arrivé trop tard ce 24 janvier 1960 vers 19 heures aux barricades et j'ai appris le meurtre de mon père le lendemain matin à 5 heures par le journal l'Echo d'Alger, ayant essayé de dormir dans la 2 CV d'un copain devant les locaux du journal.

J'espère qu'un jour la vérité historique éclatera en pleine lumière ...

Pour la mémoire de mon père

Amicalement
Jacques Eychenne

Merci Monsieur pour ce témoignage. S. Gautier

 

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Au centre de la Photo, Henri AVELIN élève le drapeau de la France tant aimée.

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DU 24 JANVIER AU 1er FEVRIER 1960


 

 

le drapaeau2 

MORTS DES BARRICADES

Ballester Raphaël             34 ans - 1, rue du Dey - Alger    

Eychenne André               Rue de la République - Hussein-Dey - Mort le 25/1 des suites de ses blessures.  
                                            Lire ci-dessus le témoignage de son fils Jacques

Hernandez Roger             34 ans - 34, rue Alphonse Daudet - Kouba             

Molkinier Marcel               Alger - Mort le 25 janvier des suites de ses blessures

Robicky Sigmund             35 ans - Légionnaire allemand démobilisé             

Roch José                         26 ans - Parc Gattlif - Bouzaréah         

Salami Jean                      24 ans - rue Trolard - Alger   

 


III - Histoire et récits - De 1945 à 1962 les évènements

2 - "Minute" semaine 27 août 2014 de Thierry Normand

Il n'avait pas triché avec l'honneur

Pierre Lagaillarde est décédé le 17 août 2014

Un avocat, ancien bâtonnier du barreau d'Auch, est décédé le 17 août dernier. Discrètement, il est entré dans l'Histoire. Non pour ses plaidoiries ou les procès qu'il a pu gagner, mais pour son rôle involontaire dans l'avènement de la Ve République.

Hommage à celui qui fut le véritable homme du 13 Mai.

13 mai 1958. Il est dix-sept heures. Alger est en ébullition. La France est au bord de la révolution. Un homme émerge de la foule en colère. Collier de barbe, béret rouge et uniforme léopard d'officier parachutiste, il s'apprête à lancer ses troupes à l'assaut du Gouvernement général. Dans quelques heures, l’IVe République sera balayée. Président de l'Association générale des étudiants d'Alger, il n'a que vingt-six ans.

L'Histoire n'attend pas les années. Pierre Lagaillarde, qui vient de s'éteindre à l'âge de 83 ans, va le découvrir à ses dépens. Son nom restera à jamais associé à celui de l'Algérie française.

Aux espoirs qu'elle a suscités et aux désillusions qu'elle a engendrées.

Pierre Lagaillarde, né le 15 février 1931 à Courbevoie, n'était pourtant pas un pied-noir de souche. Il a un an quand sa famille s'installe à Blida, au sud d'Alger. Ses parents sont avocats.

Lagaillarde le sera également. En 1955, il intègre un régiment parachutiste pour servir sous les ordres du général Massu. De retour à la vie civile, il s'inscrit à la faculté de droit.

Le jour où il crut avoir gagné

Pour l'instant, l'heure n'est pas à l'étude du Code civil. Depuis midi, des voitures équipées de haut-parleurs invitent la population d'Alger à manifester dans les rues de la Ville Manche.

Ils sont désormais des dizaines de milliers, tant européens que musulmans, à crier « Algérie française » et à conspuer les politiciens de Paris Lagaillarde, qui a préparé l'opération à la tête du comité des sept, se heurte aux forces de l'ordre.

D'abord les CRS, puis les troupes de la circulation routière. Les gaz lacrymogènes recouvrent les manifestants. Les voici maintenant face aux unités parachutistes.

Eux ne tireront pas.

Le Gouvernement général est aux mains des insurgés. Les documents administratifs sont en feu. Du haut du balcon du bâtiment, le général Massu annonce la création d'un gouvernement de salut public présidé par le général Salan. L'armée est au pouvoir. Lagaillarde pense avoir gagné. L'Algérie restera française. Il a en réalité tout perdu.

Le 15 mai, le général Salan, s'adressant à la foule à nouveau massée devant le bâtiment public, s'écrie : « Vive le général De Gaulle ! » Un slogan lourd de conséquences. Ce ne sont pas Lagaillarde et ses hommes qui vont récolter les fruits de la révolution du 13 mai mais De Gaulle et les siens.

La IVe République à terre, l'homme de Colombey n'a plus qu'à se baisser pour ramasser le pouvoir vacant.

Les événements vont rapidement s'enchaîner. De Gaulle débarque en Algérie. « Vive l'Algérie française » succède à « Je vous ai compris ». Nouveau gouvernement. Nouvelle Constitution.

Nouvelle République. De Gaulle a tous les pouvoirs. Au mois de novembre, Pierre Lagaillarde est élu député d'Alger. Il y croit encore. Cela ne va pas durer.

Depuis l'Espagne, il fonde l'OAS

Le 16 septembre 1959, le chef de l'Etat évoque publiquement « le droit des Algériens à l'autodétermination ». Le général Massu, qui fait part de son incompréhension, est muté en métropole.

Pour Lagaillarde, le doute n'est plus permis : De Gaulle a trahi l'espoir du 13 mai. Un premier coup d'Etat l'a ramené au pouvoir, un second peut l'en chasser. Il n'en sera rien. Les révolutions n'ont jamais lieu en hiver. La manifestation qu'il organise le 24 janvier 1960 ne sera pas un nouveau 13 mai.

Tout avait pourtant bien commencé. La foule est présente. La fraternité également. Mais à 17 heures, une fusillade éclate. Le bilan est lourd : 14 gendarmes et 8 manifestants sont au sol. La semaine des barricades commence.

Retranché dans les facultés, Lagaillarde espère tenir. Il croit au ralliement de l'armée.

Celui-ci ne viendra pas.

Le 2 janvier, De Gaulle lui rappelle son devoir de fidélité. Elle lui obéira. Pour la dernière fois.

Le 1er février, tout est terminé. Pierre Lagaillarde et ses hommes, rassemblés en colonne, se livrent aux légionnaires du 1er Régiment étranger de parachutistes qui leur rendent les honneurs.

Pour qui sonne le glas ? Pour l'Algérie française.

Au mois de novembre, le procès des barricades s'ouvre à Paris. Mis en liberté provisoire, Pierre Lagaillarde en profite pour prendre la poudre d'escampette. Il s'enfuit en Espagne.

Le 3 décembre, il fonde l'Organisation de l'armée secrète. Au mois de mars, quelques semaines avant le putsch d'Alger, il est condamné à dix ans de réclusion criminelle.

Le 5 mai, il est déchu de son mandat de député. Tout est désormais terminé. L'action de l'OAS ne sera qu'un baroud d'honneur.

Les Pieds-noirs fuient l'Algérie qui n'est plus qu'un grand cimetière. Le cimetière de l'espérance née le 13 mai 1958 sur le forum d'Alger. De Gaulle a gagné. Lagaillarde a perdu.

Tout perdu ? Non. Pas son honneur.

Thierry Normand

Minute 27 août 2014

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