1.5 - Le 64 rue d'Isly : une accusation calomnieuse et gravissime Réf. Un crime sans assassins page 257 Francine Dessaigne

VI - Les témoignages - Recueillir les témoignages.  

Le « 64 rue d’Isly ». Témoignage de Jean D…
(Francine Dessaigne Un crime sans assassins page 257)
ou
Après l’assassinat d’Etat, les mensonges d’Etat   (S. Gautier)
ou
La descente dans l’ignominie (S. Gautier)

 

Selon le rapport de gendarmerie, cette maison a abrité le provocateur au FM qui aurait tiré la 1ère rafale sur la foule et atteint plusieurs civils. Les soldats et leurs cadres n’ont pu se mettre d’accord et ils ont désigné presque tous les appartements à partir du 3ème étage ainsi que celui du 2ème à droite. Un tirailleur ajoute même « tout le monde tirait dans cet immeuble ». En fin de compte le rapport confirme, je ne sais à partir de quels critères, la fenêtre de l’appartement du 4ème à gauche. Photographie parue dans Historia.

Témoignage de Jean D…

L’appartement du 4ème, à gauche en regardant de la rue, est désigné sur une photographie annexée au rapport de gendarmerie comme ayant abrité un tireur au FM qui aurait déclenché la fusillade. Accusation extrêmement grave… en contradiction totale avec tous les témoignages des victimes du drame… Comme nous l’avons vu, les habitants de l’immeuble s’inscrivent aussi en faux contre cette assertion.

Là résidait Madame Juliette H … avec sa fille âgée de 7 ans et son futur mari le capitaine Jean D… Cette dame est aujourd’hui décédée mais nous avons retrouvé Monsieur D…, voici ce qu’il nous dit :

"Je me trouvais à la SAU de Kouba et j’étais inquiet de ce qui se passait en ville. Je téléphonai chez moi et nous étions en conversation quand la fusillade se déclencha. J’entendis les premières rafales dans le récepteur. Je recommandai à ma femme de se cacher au fond de l’appartement avec la petite et de m’attendre. Je partis immédiatement au volant de ma Jeep.

En chemin je rencontrai des civils bouleversés qui m’engagèrent à ne pas avancer plus, car pensaient-ils mon uniforme ne me mettaient pas à labri des tirs de ces tirailleurs déchaînés.

J’arrivai rue d’Isly assez peu de temps après que le feu eut cessé et je découvris le spectacle d’abomination que l’on sait. Ma femme et sa petite fille étaient bien sûr en état de choc. Je constatai que les tirailleurs meurtriers occupaient toujours les lieux infligeant à leurs victimes une présence terrifiante et scandaleuse. J’intervins tout de suite auprès de la Préfecture pour qu’ils fussent relevés dans les plus brefs délais.

Quelque temps après une reconstitution fut organisée. Je me trouvais rue d’Isly et je descendis dans la rue. Voyant que l’on désignait notre fenêtre, j’interpellai ce groupe d’officier avec une grande indignation. Ensuite nous n’entendîmes plus parler de rien. Je suis surpris que le rapport final ait conclu à la présence d’un tireur chez moi. Les enquêteurs et le colonel commandant le 4ème R.T. savaient parfaitement qui j’étais. S’ils avaient cru eux-mêmes à leurs propres conclusions j’aurais été pour le moins interrogé. Il m’aurait été facile de prouver l’inanité de cette accusation et de nous justifier. Sans doute les autorités ne l’ignoraient-elles pas et préféraient-elles ne pas pousser plus loin leurs investigations.

Après le 26 mars je démissionné de l’armée. Celle que j’avais servie n’assassinait pas les femmes et les enfants. Ce n’est que de nombreuses années plus tard que l’on me décida à accepter la Légion d’Honneur. Je ne voulais pas qu’elle me soit décernée par ceux pour qui je n’avais plus aucune estime."

Ceci est le compte rendu d’une conversation téléphonique. Après mûre réflexion, j’ai décidé de ne pas publier le nom de ce monsieur ni l’ancien nom de sa femme, ils n’apporteraient rien à la manifestation de la vérité.

…..Jean D … était un officier digne de considération. Extraite, je ne sais par quelle autorisation spéciale, du rapport secret de gendarmerie, la photographie désignant, sans apport de preuve leur appartement comme celui d’un criminel abominable a été publié par Yves Courrière dans les « Feux du désespoir », dans « Historia Magazine » et peut-être ailleurs. Ils ont subi un préjudice moral énorme. Les Algérois qui étaient en mesure de reconnaître cette fenêtre, ont considéré cette accusation comme calomnieuse, n’empêche qu’il y avait accusation et accusation gravissime.

0032

 

 

 

 Retour Sommaire

Informations supplémentaires