2.2 - Hommages et commémorations Alger 26 mars 1962 en 2003

X - Les actions - Hommages et commémorations

Témoignage pour l’Association « Souvenir du 26 mars 1962 » - Pèlerinage de Lourdes (6ième) du 22 mars au 23 mars 2003.

             

J’ai découvert l’association « Souvenir du 26 mars 1962 » après que l’une de mes amies ait découvert, elle aussi, le site de « Notre Dame d’Afrique » à Théoule sur Mer, à l’occasion d’une simple ballade dans les collines.

Je n’avais jamais vu ou entendu quoi que ce soit au sujet de ce site, et pourtant je réside à Cannes depuis plus de quarante ans et je traverse fréquemment Théoule sur Mer.

J’ai donc décidé d’aller « voir » puisqu’il était question du « 26 mars » ?

Lorsque je suis arrivée sur la petite esplanade, avec une vague idée de ce que j’allais découvrir, j’ai eu devant moi l’image fulgurante de Notre Dame d’Afrique d’Alger, avec son immense esplanade, la vision fulgurante des maisons dévalant les collines jusqu’à la mer si bleue en bas, tellement bleue…Mes grands-mères ou ma chère Zohra, tour à tour, nous y emmenaient pour prier pour ma mère.

Et puis je suis sortie de cette lumière éblouissante et je me suis mise à marcher en commençant par la droite pour bien faire tout le tour. Je lisais tout haut chaque nom de chaque plaque, comme dans la basilique d’Alger, où j’avais l’habitude de lire tout bas tous les ex-voto auprès desquels j’aimais m’installer : c’était comme des prières de lire tous ces noms et je faisais de même à Théoules !

Le temps s’arrête quelquefois. J’ai lu tous les noms de chaque côté du chemin, j’ai fait le tour de la statue. J’ai terminé cette boucle et j’ai lu enfin, tout à la fin de cette prière, le nom de mon mari.

Alors je me suis assise sur les marches, j’ai regardé la mer. Je crois que j’ai pleuré d’abord et comme nous étions seuls je me suis mise à lui parler. Je lui ai dit que je ne savais pas qui avait construit ce site, je ne savais pas qui avait posé cette plaque à son nom, je ne savais pas qui étaient ces gens qui l’avaient trouvé et sorti de l’oubli, avait refusé cet oubli des peuples d’exil, je ne savais pas qui étaient ces gens qui avaient honoré sa mémoire pendant tout ce temps ?

Je m’étais installée dans le silence de son absence. En moi, il y avait celle qui ne voulait plus rien partager après une telle violence, qui n’arrivait plus à parler et voulait aussi sans doute préserver de cette façon toute atteinte à son nom. Mourir, ainsi, vient d’un acte si cruel, irréparable, que j’avais refusé toute possibilité de la moindre offense à sa mémoire, de la plus simple parole qui aurait rendu cette douleur banale et je ne pouvais pas aller là où il était parti.

Ces gens-là avaient défendu sa mémoire, l’avaient honoré, avaient refusé l’oubli même dans l’exil et pendant quarante ans ils nous ont accompagnés. Par leur ferveur et leur compassion, et par leur force, ils ont protégé et tenu son nom dans la lumière.

En son nom et au nom de tous ses petits-enfants, soyez-en remerciés

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