9.12 - "J'accuse Zohra DRIF " de Danielle Pister et Éveline Caduc

XII - 50 ans après - Honte - Outrages - Blasphèmes - Profanations

3 - Zohra Drif-Bitat, moudjahida, ex vice-présidente du conseil de la nation pique une colère, "ni l’État ni le F.L.N. n'ont réagi"

Absence de réaction du gouvernement aux propos du président de l’association française des familles victimes du terrorisme

Zohra Drif-Bitat accuse


Enfin, une voix s’élève une semaine après l’assimilation de la bombe du Milk Bar d’Alger, en 1956, à un attentat terroriste par le président de l’Association française des familles victimes du terrorisme (AFDT), Guillaume-Denoix de Saint Marc, lors d’une cérémonie officielle, à Paris, à laquelle le président français, François Hollande, ainsi que des membres de son gouvernement ont pris part. Et si la moudjahida Zohra Drif-Bitat a mis une semaine pour réagir, c’est, précise-t-elle, parce qu’elle attendait “la réaction de l’État algérien, du gouvernement algérien, du ministre des Moudjahidine”, mais surtout “la réaction du parti FLN”.


Nous publions, ici, intégralement sa lettre Lundi, 19 septembre 2016, Place des Invalides à Paris, est organisée une cérémonie en hommage aux victimes du terrorisme par “l’Association française des familles victimes du terrorisme (AFDT)”, en présence du président français, François Hollande, des membres du gouvernement français et des représentants de la société civile française.

Durant cette cérémonie publique, couverte par la presse et dont le caractère officiel est on ne peut plus clair, Guillaume-Denoix de Saint  Marc, président de l’AFVT, prononce un discours devant le président français et les membres de son gouvernement.

Dans ce discours, le président de l’AFVT énumère un certain nombre d’“attentats terroristes” ayant visé la France à travers l’histoire, partant des attentats de 2016, revendiqués par l’organisation terroriste Daesh, passant par les attentats de 1995, revendiqués par l’organisation terroriste GIA et, remontant aux années 1950, dans un raccourci aussi grave qu’infamant et criminel, assimile nos actions de lutte de Libération nationale et de guerre d’indépendance à des “actes terroristes”, puisque l’attentat du Milk Bar du 30 septembre 1956 est énuméré dans la liste de Guillaume-Denoix de Saint Marc, mon nom et celui de ma sœur de combat, Djamila Bouhired, ont été cités. Toutes ces informations ont été rapportées par le journal Liberté du mardi 20/09/2016.

Ces faits appellent de ma part les remarques suivantes : le pouvoir français et ses organisations satellites semblent oublier que l’Algérie est l’un des premiers pays à avoir subi les affres du terrorisme islamiste, durant plus d’une décennie, État et société. Pendant que nous résistions dans la solitude et l’adversité les plus totales, nous n’avions trouvé auprès des États occidentaux dont la France, ni soutien, ni solidarité, ni même compassion. Au contraire, la France et l’Occident ont tout fait pour mieux nous accabler, mieux nous isoler, allant jusqu’à nous refuser, sur la scène internationale, le droit et le devoir de résister à l’hydre islamiste.

Leur campagne criminelle du “qui tue qui ?” ne visait-elle pas à absoudre les terroristes islamistes de leur crime, revendiqué pourtant haut et fort, et à accabler notre État républicain et notamment l’Armée nationale, l’ANP et toutes celles et tous ceux qui résistaient ?  Ce faisant, le but inavoué était bien d’abattre notre État républicain et de promouvoir le projet théocratique qu’ils se targuent aujourd’hui de vouloir combattre. Pour ma part, je doute très fortement que les promoteurs de Daesh et autres GIA deviennent subitement leurs ennemis.

Citer l’attentat du Milk Bar – que je revendique par ailleurs pleinement – action menée dans le cadre de notre glorieuse guerre de Libération nationale, au nom de l’ALN/FLN, contre la France coloniale, dans la liste des “attentats terroristes”, revient à “assimiler” la lutte de Libération nationale, par essence légitime, juste et absolument nécessaire, à un mouvement de terreur, par essence illégitime, injuste et condamnable.

Cette grave assimilation est moralement infamante, insupportable, dégradante, car au-delà de ma modeste personne, ce sont tous les chouhada, les chahidate, tous les moudjahidine et toutes les moudjahidate qui sont offensés, salis. Cette assimilation est “politiquement” une grave attaque contre notre État national, indépendant et souverain tel que conçu durant la guerre de Libération nationale et enfanté par elle. Cette assimilation est politiquement très grave, car outre qu’elle délégitime notre combat libérateur, en remettant en cause le droit de notre peuple d’user de tous les moyens pour se libérer de l’indu-occupant, elle vise à refuser aux peuples aujourd’hui colonisés, comme la Palestine, le Sahara occidental, leur droit légitime à user de tous moyens pour se libérer. Plus grave encore, cette assimilation vise, a contrario, à légitimer l’usage de tous les moyens par les néo-colonialistes aux fins de détruire les indépendances, les souverainetés nationales chèrement acquises.

Assimiler notre glorieuse guerre de Libération nationale aux mouvements terroristes islamistes, revient à assimiler un mouvement de résistance foncièrement libérateur à un mouvement de terreur totalitaire, car assimiler Ben M’hidi à Massu, donc Jean Moulin à Hitler et aux nazis. Que Guillaume-Denoix de Saint Marc et le pouvoir français assument cette responsabilité devant l’histoire.

Assimiler notre lutte de Libération nationale à un mouvement terroriste totalitaire revient à assimiler le bourreau et la victime, à assimiler le mensonge et la vérité, ce qui a pour aboutissement le chaos. Comme chacun sait le chaos est le terrain favorable à tous les aventuriers, ennemis des États indépendants, souverains, jaloux de l’intérêt de leur peuple.

Alors que les faits se sont produits il y a une semaine, pourquoi ai-je attendu aujourd’hui pour réagir ? Parce que j’ai attendu la réaction de l’État algérien, du gouvernement algérien, du ministre des Moudjahidine. Vous aurez remarqué, comme moi, qu’ils brillent par leur silence.

Pourtant la Constitution est très claire : l’État et le gouvernement sont responsables de la défense et de la protection de tout l’héritage de notre glorieuse guerre de Libération nationale, de ses acteurs et de ses symboles. Comprenez-moi bien : je n’attends pas un banal exercice de communication.

J’attends de mon État, de mon gouvernement, de mon ministre de tutelle qu’ils assument leur responsabilité constitutionnelle. J’ai attendu, en vain, la réaction de l’Organisation nationale des moudjahidine dont les statuts visent clairement la défense des intérêts moraux des moudjahidine. Mais je dois avouer que j’attendais surtout la réaction du parti FLN qui prétend continuer le combat mené par le FLN historique durant la guerre de Libération nationale en préservant et en consolidant l’indépendance et la souveraineté de l’État algérien. Mais à l’évidence, la direction actuelle du FLN, a complètement rompu et dévié avec ce pourquoi le FLN avait été créé : l’indépendance nationale.

ZD

Zohra Drif-Bitat, moudjahida, ex-vice-présidente du conseil de la nation.

 

Zohra Drif était élève au lycée Fromentin, et moi aussi et aussi l'autre poseuse de bombes aussi ! C'était une bonne élève. Nous le savions toutes. Mais comment être aussi intelligente (dans mon souvenir) - et dire des choses aussi stupides ?
"Ma fille t'ias fondue de la calebasse et tu ferais mieux de te taire - foi de lycéenne du lycée Fromentin"               Simone Gautier

 

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