4.6 - Alger le 13 mai 1958 : la bataille du Forum - Alger se révolte contre la 4ème République

III - Histoire et récits - De 1945 à 1962 les évènements

2 - ALGER 13 mai 1958 - LA BATAILLE DU FORUM - Alger se révolte contre la 4ème République

Au début de l'année 1958, Pierre Pflimlin, député MRP (chrétien-démocrate) de Strasbourg, est pressenti  pour la présidence du Conseil. Mais il est soupçonné de vouloir négocier un cessez- le- feu avec les rebelles du FLN.

Les gaullistes qui militent corps et âme pour le retour du général De Gaulle au pouvoir encouragent les Pieds-noirs à la sédition. Ils laissent entendre que le général est la personnalité la mieux placée pour maintenir les trois départements algériens au sein de la République.

Le 9 mai 1958 le FLN annonce l'exécution de trois soldats français: René Ducoutreix, Robert Richomme du 23ème RI et Jacques Feuillebois du 18ème Dragon. L'assassinat s'est accompli le 30 avril 1958, à Alger c'est l'horreur. La rage évolue vers la haine. Nous réclamons justice ! Nous réclamons vengeance ! Alger explose ! Alger se jette dans la rue, en masse et demande que l'on venge nos trois soldats assassinés !  Alger veut mettre à bas un gouvernement qui passe son temps à baisser culotte devant les terroristes de l'anti-France.

Le 10 mai 1958 Alain de Sérigny, directeur de l'Echo d'Alger, publie un éditorial où il en appelle à De Gaulle pour sauver l'Algérie française que les partis traditionnels et le prochain gouvernement s'apprêtent à lâcher: "Je vous en conjure, parlez, parlez vite mon général ..."

Le 13 mai 1958 est le jour de l'investiture de Pierre Pflimlin. A Alger a lieu une manifestation d'anciens combattants à la mémoire des trois militaires du contingent, prisonniers des fellagha,  fusillés en Tunisie. Profitant de la manifestation, les partisans de l'Algérie française  (tous les Pieds noirs sans distinction -S.G.) donnent l'assaut au bâtiment du Gouvernement général (le G.G.) sous la conduite de Pierre Lagaillarde, un leader étudiant. Après la mise à sac du G.G., les émeutiers nomment un Comité de Salut public.

Le général Jacques Massu en prend la présidence. Il envoie à Paris une télégramme : "... exigeons création à Paris d'un gouvernement de salut public, seul capable de conserver l'Algérie partie intégrante de la métropole". Les députés qui n'apprécient pas cette intrusion, investissent comme prévu Pierre Pflimlin.  C'est la rupture avec Alger.

En attendant la prise de fonction du nouveau Président du Conseil, Félix Gaillard confie les pleins pouvoirs civils et militaires en Algérie au général Raoul Salan qui commande l'armée sur place.

Le 14 mai à 5 heures du matin Massu lance un nouvel appel : " Le comité de salut public supplie le général De Gaulle de bien vouloir rompre le silence en vue de la constitution d'un gouvernement de salut public qui seul peut sauver l'Algérie de l'abandon".

Le lendemain 15 mai 1958, le général Raoul Salan prononce une allocution devant le comité de salut public, à l'intérieur du Gouvernement général d'Alger : " Vive la France, vive l'Algérie française, vive le général De Gaulle.

Puis il se rend sur le balcon et s'adresse à la foule rassemblée sur le Forum :"Nous gagnerons parce que nous l'avons mérité et que là est la voie sacrée pour la grandeur de la France. Mes amis je crie  "Vive la France Vive l'Algérie française ! " ... Il se retourne vers l'intérieur mais se heurte à la haute silhouette du gaulliste Léon Delbecque qui lui souffle :"Vive De Gaulle, mon général!" Revenant vers le micro, Salan reprend la phrase :" Vive De Gaulle".

Les dés sont jetés avec cet appel public à De Gaulle, éjecté de l'activité politique en 1947 mais toujours très désireux de donner à la France des institutions plus stables que la IVème République.

De sa retraite de Colombey les deux Eglises, De Gaulle fait répondre le jour même qu'il se tient prêt à "assumer les pouvoirs de la République".

Le 19 mai il donne une conférence de presse pour dire qu'il refuse de recevoir le pouvoir des factieux d'Alger. Aux journalistes qui s'inquiètent de l'éventualité d'une dictature, il lance :" Croit-on qu'à 69 ans, je vais commencer une carrière de dictateur ?"

Le 27 mai De Gaulle affirme dans un communiqué qu'il entame le processus régulier pour "l'établissement d'un gouvernement républicain". Stupeur dans la classe politique. Serait-ce un coup d'Etat ?

Pour dénouer la situation, René Coty, le président de la République, se résout le 1er juin, dans un message au Parlement, à en appeler  "au plus illustre des Français ... celui qui aux heures les plus sombres de notre histoire fut notre chef pour la reconquête de la liberté et qui, ayant réalisé autour de lui l'unanimité nationale, refusa la dictature pour établir la République"

De Gaulle forme sans attendre un gouvernement de rassemblement avec Guy Mollet, chef de la SFIO (parti socialiste) Antoine Pinay (Centre national des Indépendants, droite) Pierre Pflimlin MRP (chrétien démocrate) Michel Debré (gaulliste).

Investi de la Présidence du Conseil, De Gaulle s'attelle à la mise sur pied d'une nouvelle constitution. Elle est approuvée par référendum le 28 septembre 1958 avec 79,2 % de OUI et toujours en vigueur.

Le 21 décembre 1958 Charles De Gaulle est élu président de la République et de la Communauté française par un collège électoral. C'est le premier président de la Vème république.

Source : http://www.herodote.net/histoire/evenement.php

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