7.1 - Pierre Lagaillarde

III - Histoire et récits - L'O.A.S.

1 - Pierre Lagaillarde

2 - Le Député de l'Algérie Française  In Memoriam Pierre LAGAILLARDE par Anne CAZAL de VERITAS - septembre 2014

3 – Pierre Lagaillarde : "Perdre la vie plutôt que l’honneur" par Manuel Gomez - septembre 2014

4 - Pierre Lagaillarde 1931  - 2014 : Algérie française pour toujours

 

 III - Histoire et récits - L'O.A.S.

 1 - Pierre Lagaillarde 1931 - 2014

Pierre Lagaillarde est né le 15 mai 1931 à Courbevoie dans les Hauts de Seine. Il est mort le 17 août 2014 à Auch dans le Gers.

C'est un avocat, devient député sans étiquette du 30 novembre 1958 au 5 mai 1961 -date de sa déchéance 

Il est âgé d'un an, lorsque ses parents, tous deux avocats, quittent la métropole pour s'installer dans le département d'Alger en 1932.

Il suit des études de droit à l’Université d'Alger.

Il termine son service militaire en 1957 avec le grade de sous-lieutenant et devient parachutiste de réserve puis exerce son métier d'avocat à la Cour de Blida.

Le 13 mai 1958 il participe au putsch d'Alger. Au volant d'un camion GMC des parachutistes il défonce la grille interdisant l'accès au bâtiment du Gouvernement Général (le G.G du Forum)   et permet à l’insurrection populaire de mettre à sac les bureaux et celui du Ministre de l'Algérie, Robert Lacoste, alors à Paris. Il devient membre du Comité de Salut public présidé par le général Raoul Salan.

En janvier 1960, à la suite du rappel du général Massu à Paris, opposé à l’autodétermination de degaulle, il prend la tête d'un second mouvement insurrectionnel: la semaine des barricades Il est mis aux arrêts le 1er février puis incarcéré à la prison de la Santé. Début novembre 1960 débute le "procès des barricades". En liberté sur parole, il en profite pour s'exiler à Madrid où il rejoint le général Raoul Salan et Jean-Jacques Susini. Ils fondent l'OAS le 3 décembre 1960. Il est condamné par contumace à 10 ans de réclusion criminelle.

Il devient surveillant général au lycée français d'Alicante (ouvert en octobre 1962). Après la loi d'amnistie de 1968, il revient en France et s'installe dans le Gers. Il reprend sa profession d'avocat et devient en 1975, premier bâtonnier de la ville.

Il aimait évoquer son arrière-grand-père mort sur les barricades à Paris en 1851 en essayant de défendre la Seconde République, lors du coup d’État du 2 décembre' qui a porté au pouvoir Louis Napoléon et il affirmait être un authentique révolutionnaire

 

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III - Histoire et récits - L'O.A.S.

2 - Le Député de l'Algérie Française  In Memoriam Pierre LAGAILLARDE par Anne CAZAL de VERITAS

Il n’est pas vrai qu’il y eut un temps où je n’étais pas, ni toi, ni les autres hommes. Il n’est pas vrai, non plus, qu’aucun de nous ne doive jamais, dans l’avenir, cesser d’être .
Adieu, cher ami et inoubliable ami.
 Anne CAZA
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Les vicissitudes de l’Histoire ont fait la notoriété de Pierre Lagaillarde, qui fut au premier rang de l‘actualité du drame algérien lors des événements du 13 mai 1958, lors de l’épisode des Barricades en janvier 1960, ainsi que lors du procès qui  débuta en métropole à la fin de la même année.

Cette notoriété a subi ensuite une longue éclipse, du fait de l’exil espagnol qui se poursuivit, bien au delà de la fin de la guerre civile. Mais le héros du 13 mai continua à militer pour la cause de l’Algérie française en suivant cependant une voie divergente de celle des généraux du putsch d’Avril 1961, et il fut absent des derniers combats contre le FLN et de l’exode de 1962, sans que, comme pour Jean Brune l’exilé, sa ferveur envers ses compatriote en soit diminuée.

Descendant du célèbre député Baudin qui trouva la mort sur les Barricades révolutionnaires parisiennes en 1848 (un boulevard d’Alger porta longtemps son nom) Pierre Lagaillarde était installé comme très jeune avocat à Blida depuis novembre 1951. Il y défendit la cause d’un  musulman accusé de terrorisme, estimant que c’était un lampiste et que les vrais responsables n’étaient pas recherchés.

En octobre 1955, après que les actes de barbarie commis deux mois plus tôt par le FLN à Philippeville et dans le Constantinois aient soulevé l’indignation jusqu’en métropole, Lagaillarde résilie son sursis et va pendant deux ans participer aux opérations comme officier de parachutistes, ce qui lui vaudra deux citations et la Croix de la Valeur Militaire.

Il s’inscrit alors au doctorat à la Faculté de droit d’Alger et, très vite, par son autorité et son dynamisme, il est élu président de l’Association des Étudiants d’Algérie, le 2 décembre 1957. La bataille d’Alger s’est terminée victorieusement, mais un climat d’inquiétude grandit du fait de l’irrésolution des responsables politiques de Paris et du développement d’une propagande antifrançaise et pro FLN dans la presse métropolitaine.

Pierre Lagaillarde va adhérer à un comité de vigilance pour la défense de l’Algérie Française aux côtés de Robert Martel, un jeune viticulteur un peu mystique qui a adopté pour son combat le symbole du Père de Foucauld, le cœur et la croix, et de Lefebvre, Joseph Ortiz, Roger Goutallier, et cinq ou six autres militants disposés à défendre leur sol natal. Plus tard va se joindre au groupe un éléments douteux, Léon Delbecque envoyé par Chaban-Delmas avec l’arrière-pensée – déjà – d’une récupération gaulliste de la ferveur des militants.

Après les incidents de Sakiet, les événements s’enchaînent et vont aller en s’accélérant en ce début de l’année 1958. Démission du Gouvernement de Félix Gaillard le 15 avril, suivi du départ de Robert Lacoste le 8 mai, annonce par le FLN de l’assassinat de trois soldats français prisonniers, ce qui entraîne un grand émoi à Alger. Le 12 mai, Pierre Lagaillarde se réunit avec six de ses amis au domicile de Lefèvre à Hydra. L’idée est lancée et vite retenue de passer à l’action, le lendemain, à l’occasion d’un grand rassemblement de foule prévu pour une cérémonie au Monument aux Morts d’Alger, à la mémoire des soldats assassinés.

 

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Il faut investir le bâtiment du Gouvernement Général, symbole méprisé d’un pouvoir politique en déroute. Le lendemain soir, 13 mai, après une brève cérémonie au plateau des Glières présidée par le général Salan, en présence d’une foule considérable, voici le moment historique. Lagaillarde s’élance seul, franchit les grilles et s’élance jusqu’au haut du bâtiment, d’où il ressort, sur une étroite corniche, incitant la foule qui l’a suivi à entrer. En un clin d’œil, le bâtiment est pris d’assaut…

La suite est bien connue : formation d’un Comité de Salut Public présidé par un Massu ronchonnant (« mais alors, il y a-t-il complot ? ») avec Lagaillarde, et les principaux militants… Des militaires, aussi,  Ducasse, Trinquier,  Thamazo et aussi Delbecque qui s’est faufilé et qui prétend faussement être l’envoyé de Soustelle. Son adjoint Neuwirth, le roi des intrigants, l’accompagne.

Plus tard, ce dernier trahira la cause de l’Algérie française pour s’offrir une longue et fructueuse carrière de gaulliste très alimentaire. Étrange moment de l’Histoire avec la rencontre idéologique fugitive de deux hommes au destin si différent : Neuwirth, pour sa trahison, aura droit aux honneurs officiels dans l’opulence, Lagaillarde, pour sa fidélité, connaîtra l’opprobre, les prisons gaullistes et la misère de l’exil.  

Quoiqu’il arrive désormais, la date du 13 mai symbolisera pour toujours un évènement unique dans notre Histoire et le plus légitime qui soit : le soulèvement d’un peuple contre un régime qui lui refusait le droit de rester français sur sa terre natale.

Dans « LA DÉCLARATION UNIVERSELLE DES DROITS  DE L’HOMME » de 1948, n’est-il pas précisé que « nul n’a le droit de priver quelqu’un de sa nationalité de naissance». ? Plus tard, il faudra toutes les innombrables défections, lâchetés successives, et toute l’ampleur d’une trahison historique dans un bain de sang pour venir à bout de ce droit fondamental.

Pour l’heure, Pierre Lagaillarde est devenu le héros du jour : il fait partie de la mission clandestine envoyée en métropole avec le commandant Vitasse pour rencontrer les chefs militaires de l’opération « Résurrection » destinée à faire pressions sur les Parlementaires qui rechignent à voter l’investiture de Charles De Gaulle.

Car, depuis le malheureux cri de ralliement de Salan, le 15 mai, c’est De Gaulle que l’on veut maintenant…Justement Lagaillarde, en qualité de membre du Comité de Salut Public, fait partie de la délégation qui va accueillir, à l’aéroport de Maison Blanche, Charles De Gaulle qui sera, ensuite, reçu officiellement au Palais d’été.

Le programme proposé par  « l’homme du destin » parait, dans l’ensemble, conforme à la ligne préconisé dans les Comités de Salut Public : alors pourquoi ne pas le suivre ?La ratification massive de la Constitution par référendum du 28 septembre 1958 (plus de 85% en Algérie) n’apporte-t- elle pas la preuve éclatante que l’immense majorité des musulmans rejette le FLN, et veut rester française ? De Gaulle n’avait-il pas déclaré, un mois avant, le 29 août 1958 à Alger : «  Pour chacun ici, répondre OUI au referendum voudra dire que l’on veut se comporter comme un Français à part entière et que l’on croit que l’évolution nécessaire de l’Algérie doit s’accomplir dans le cadre français. »(Discours et Messages de Ch. De Gaulle PLON 1970 page 40) La véritable autodétermination la voici !

Quelques jours plus tard De Gaulle vient le confirmer à Constantine le 3 octobre 1958 : «  Trois millions  et demi de femmes et d’hommes d’Algérie sans distinction de communauté et dans l’égalité totale sont venus… apporter à la France et à moi-même le bulletin de leur confiance.

C’est là un fait aussi clair  que la lumière du ciel ! Et ce fait est capital pour cette raison qu’il engage l’une envers l’autre, et pour toujours, l’Algérie et la France… » (Même référence -page 48)Qui aurait pu douter alors de la sincérité de telles paroles venant de l’homme prestigieux du 18 Juin ?

A la lecture de ces discours, quand on connaît l’épilogue on reste confondu d’une telle fourberie, aux conséquences si meurtrières.Il y avait bien, certes, des Algérois de la génération précédente qui, se rappelant la bassesse des procédés employés par De Gaulle pendant la guerre pour éliminer le général Giraud, n’avaient pas confiance. Lagaillarde, malgré son jeune âge, (il avait 27 ans), était-il de ceux-là ?

Peut-être voulait-il continuer son action plus efficacement à Paris, jouer le jeu à fond C’est apparemment en toute confiance qu’il se présente aux élections de novembre 1958 où il est élu député d’Alger-Ville sur une liste Algérie Française, avec René Vinciguerra, Mourad Kaouah et Ahmed Djebbour.La nouvelle Assemblée se réunit au Palais Bourbon le 9 décembre. Le groupe gaulliste UNR est dans la ligne Algérie française de son leader moral, Michel Debré, de même que la grande majorité des députés des départements d’Algérie (71 dont 45 Musulmans) qui se groupent sous l’étiquette  Unité de la République.

Celle-ci, avec L’UNR et les Indépendants, forme une majorité assez massive et cohérente pour refuser toute déviation. Mais, au bout de quelques mois, Lagaillarde et ses amis vont constater qu’en fait De Gaulle mène, seul, toute la politique algérienne qui échappe au Parlement. Il intervient alors à la tribune pour parler de « l’incompétence de fait où en est réduite cette Assemblée ». Mais la majorité des élus d’Algérie fait confiance au Chef de l’État.

Rien de plus émouvant et tragique que l’intervention de Ali Mallem, député de Batna, le 9 Juin 1959 à l’Assemblée « Nous l’avons suivi (De Gaulle) parce que c’est un visionnaire, un patriote Avec lui toutes les promesses ont été réalisée : la meilleure preuve c’est notre présence ici  ». (Michèle Salinas « L’Algérie au Parlement »  Ed Privat-1987- page 103)Hélas, le 3 juillet 1962, par un décret parfaitement illégal, De Gaulle déclarera Ali Mallem, député français musulman, interdit dans cette même Assemblée, où il siégeait légalement depuis 4 ans, déchu de son mandat avec tous les élus d’ Algérie  qui seront, par ailleurs, menacés de mort par le FLN …

Dans son discours, dit d’autodétermination, du 16 Septembre 1959, De Gaulle jette le masque. Il veut installer le FLN à Alger, mais il va jurer ses grands dieux du contraire, ce qui va en abuser  plus d’un, surtout chez les militaires. Comment le croire ? A Alger où l’on ne se doute pas de l’impuissance totale du Parlement en matières d’Affaires algériennes, le député Pierre Lagaillarde est critiqué par certains : serait-il devenu victime, ou complice, du système ?

Il va réagir, marquer sa ferme opposition au processus d’autodétermination qui va faire le jeu du FLN, et reprendre contact avec les généraux Salan, Jouhaud, Zeller, ce dernier venant de démissionner de son poste de chef d’état major. A Alger, Lagaillarde participe à la création du Comité d’Entente des Mouvements Nationaux qui a ses prolongements en métropole.

En janvier 1960 éclate l’affaire Massu qui est rappelé en métropole  pour avoir dit, avec maladresse, à un journaliste allemand qu’il n’était pas d’accord avec la politique algérienne de son patron, piège probable dans lequel le malheureux est tombé.Une grande manifestation de protestation est prévue le 24 janvier à Alger, à l’occasion de laquelle Pierre Lagaillarde va être projeté de nouveau au premier plan de l’actualité.

Le député d’Alger-ville a contacté des hommes décidés : Joseph Ortiz, Jean-Jacques Susini, son successeur à la présidence des étudiants d’Alger, des militaires comme Gardes et Argoud Peut-être ces derniers sont-ils trop optimistes sur les sentiments des cadres ?

Lagaillarde décide d’occuper en force la Faculté d’Alger et d’en contrôler les entrées par des barricades, vieux réflexe révolutionnaire qui a fait la gloire de toutes les Républiques françaises. Ce sera le réduit des Facultés. Est-ce une réédition de mai 1958 ? Cette fois les CRS débonnaires sont remplacés par les gardes mobiles plus hostiles. Autre difficulté : le général Challe ne voit pas cette manifestation d’un bon œil. Le service d’ordre des paras est favorable à la foule, mais les hommes de Debrosse ont « reçu des ordres » et le successeur de Massu, le Général Crépin et ses adjoints Coste et Fonde, sont des gaullistes inconditionnels très hostiles aux foules d’Alger.

Non rien ne rappelle le climat exceptionnel de mai 1958.Le décor, pourtant, ne parait-t-il pas le même, avec les mêmes acteurs ? En ce dimanche après midi la foule est bien là, dense, plus tendue peut-être, les anciens combattants avec leurs drapeaux, les U.T. en tenues.Le drame de la fusillade va éclater en fin d’après midi : 20 morts et 147 blessés. Qui a tiré le premier ? « Tir dans le dos des gardes mobiles par des éléments venus la veille de Paris pour déclencher l’ouverture du feu et la riposte » dira le Colonel Sapin Lignières, patron des U.T., version la plus vraisemblable car, de cette « émeute », De Gaulle va tirer, dans l’opinion métropolitaine, un profit considérable.Dans la ville atterrée par ce drame, chacun campe sur ses positions.

Pour Lagaillarde et Ortiz c’est l’échec. Après l’intervention de Charles De Gaulle du 27 janvier, Challe, encore hésitant, bascule du côté du pouvoir. Il commet probablement, de bonne foi, l’erreur de sa vie. Les deux camps retranchés devront se rendre. Le 1er février 1960, Pierre Lagaillarde sort, la tête haute, du camp retranché, tandis que les paras de Dufour lui rendent les honneurs. Le soir même, il est emmené en métropole pour un long séjour à la Santé.

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Lors du procès des Barricades, en décembre 1960, le plaidoyer de Me Denise Macaigne, avocate de Pierre Lagaillarde, sera le plus émouvant : « Condamner l’accusé c’est condamner l’Algérie. Condamnez donc la sévèrement comme on a osé vous le demander. Devant l’Histoire qui est en train de se faire  vous serez ceux qui auront condamné l’Algérie qui supplie la France de la laisser française. Alors ne pleurez pas, dans votre vieillesse de soldat, le jour affreux où vos fils, pour ne pas vous blesser, obstinément se tairont devant vous »...

Mis en liberté provisoire, Lagaillarde partira pour l’Espagne où il restera longtemps après la fin du drame, condamné par contumace à dix ans de prison. Dans cette tragédie qui connut tant de trahisons et de crimes, Pierre Lagaillarde doit rester pour nous le témoin exemplaire d’une fidélité à un combat qui fut le plus juste et le plus désintéressé, celui où l’infamie vient accabler le vainqueur, tandis que l’honneur couronne le camp du vaincu !

La politique algérienne de Charles De Gaulle, qui a abandonné délibérément tant de ses compatriotes aux massacres les plus barbares, restera pour nous  un crime inexpiable  « Qui répondrait, en ce monde, à l’obstination du crime, si ce n’est l’obstination du témoignage ? » Albert Camus.

Anne CAZAL
Directrice de publication de
"La Lettre de VERITAS"

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III - Histoire et récits - L'O.A.S.

3 – Pierre Lagaillarde : "Perdre la vie plutôt que l’honneur" par Manuel Gomez

Un mousquetaire de la république vient de nous quitter.

J’ai rencontré Pierre Lagaillarde pour la première fois lors de la semaine des barricades d’Alger en janvier 1960.

J’étais présent à son procès en tant que chroniqueur judiciaire du quotidien L’Aurore.

Incarcéré à la prison de la Santé et remis en liberté pour son procès, Lagaillarde s’évade et rejoint Madrid (Espagne) avant d’apprendre qu’il est condamné par contumace à dix ans de réclusion criminelle.

En décembre 1960, il met en place l’organisation de l’OAS.

Je le retrouve à Madrid, le 20 avril 1961, dans l’appartement qu’il occupait, immeuble « la Torre », nous avions plaza d’España, en compagnie du Général Salan, du Capitaine Ferrandi, du Général Faure (qui était mon colonel lorsque j’ai effectué mon service militaire au 401ème RAA au fort de Romainville à Paris), de Marcel Ronda, de Jean-Jacques Susini et une dizaine d’autres personnages. Il attendait impatiemment le moment du départ pour rejoindre Alger.

J’étais là en observateur pour le compte de Monsieur Georges Bidault, sous surveillance des RG et qui ne vous pouvez quitter la France.

Tous étaient persuadés que le « putsch » allait échouer mais ils ne pouvaient en aucun cas se dérober leur honneur, leur devoir les obligeaient et le 22 avril ils rejoignaient la capitale de l’Algérie à bord d’un avion-taxi.

Pierre Lagaillarde à défendu depuis le début, bien souvent contre l’avis de beaucoup d’autres, la sécession totale de l’Algérie avec la métropole. Il était persuadé, avec juste raison, que la métropole voulait se débarrasser de ces départements algériens.

Pierre Lagaillarde est né le 15 mai 1931 à Courbevoie.

Ses parents, avocats tous les deux, s’étaient installés en Algérie dès 1932.

Avocat lui-même et député d’Alger (sans étiquette) du 30 novembre 1958 au 5 mai 1961 -date de ce sa déchéance-, Lagaillarde fut l’un des protagonistes du coup d’état du 13 mai 1958. Lieutenant de réserve des parachutistes, au volant d’un GMC, il défonce la grille du Gouvernement général de l’Algérie, permettant ainsi aux insurgés d’envahir tous les bâtiments.

Il devient membre du comité de salut public, aux côtés des généraux Massu et Salan et de l’envoyé spécial de De Gaulle, Léon Delbecque.

Il aimait rappeler que son arrière-grand-père était mort sur les barricades en 1851, à Paris, en défendant la seconde république durant le coup d’état du 2 décembre.

Bénéficiant de la loi d’amnistie, imposée par le général Massu au président de la république en fuite De Gaulle, qui s’était réfugié auprès de lui à Baden-Baden, Pierre Lagaillarde revient en France en 1968 et reprend son métier d’avocat en s’installant à Auch (Gers).

Son fils lui a succédé.

Nous présentons à sa famille nos condoléances les plus attristés et nous saluons au garde-à-vous le départ de ce grand patriote.

 

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Manuel  GOMEZ est né à Alger (Bab-el-Oued) le 17 novembre 1941. Il a été engagé comme journaliste pigiste par Albert Camus dans le quotidien Alger-Républicain, puis chef de rubrique à La Dépêche d'Algérie. Il a poursuivi sa carrière en France, après 1962, comme chef de rubrique dans le quotidien L'Aurore, également comme rédacteur à Paris-Turf et correspondant du quotidien Le Méridional. Depuis 1995 il a écrit 16 livres dont "J'accuse De Gaulle" paru en 2013


III - Histoire et récits - L'O.A.S.

4 - Hommage à Pierre Lagaillarde -"Le héro des barricades" - 1931  - 2014 : "Algérie française pour toujours". Revue Pieds Noirs d'Hier et d'Aujourd'hui" n°219

Pierre Lagaillarde est né le 15 mai 1931 à Courbevoie. Il est mort le 17 août 2014 à Auch dans le Gers.
Il est âgé d’un an, quand ses parents, tous deux avocats, quittent la métropole pour s’installer dans le département d’Alger en 1932.
Avocat, il devient député sans étiquette et véritable révolutionnaire
Il suit des études de droit à l’Université d’Alger.
Il termine son service militaire en 1957 avec le grade de sous-lieutenant et devient parachutiste de réserve puis exerce son métier à la cour de Blida.

Il aimait évoquer son arrière-grand-père mort sur les barricades à Paris en 1851 en essayant de défendre la Seconde République, lors du coup d’Etat du 2 décembre qui a porté au pouvoir Louis Napoléon et il affirmait être un authentique révolutionnaire.

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Le héros des barricades de l'Algérie française est décédé à l'âge de 83 ans -  Revue "Pieds Noirs d'Hier et d'aujourd'hui" 2014 n°219 pages 14 - 17

Pierre Lagaillarde est né le 15 mai 1931 à Courbevoie. Son père Henry y est alors chef du contentieux de la compagnie d'assurance "L'Abeille". Ses parents arrivent en Algérie en 1932.
Tous deux avocats , ils s'inscrivent au barreau de Blida dont ils seront successivement bâtonniers. En 1944 Henry Lagaillarde est au cabinet d'Henri Queuille, membre du Gouvernement provisoire de la République Française installé à Alger
.

Pierre a deux frères plus jeunes : Jean né en 1937 et Jacques né en 1942. Pierre Lagaillarde fait toutes ses études au lycée Duveyrier de Blida qu'il quitte en 1948 avec un baccalauréat de philosophie. Il s'inscrit à la faculté de droit d'Alger qu'il quitte en 1950 pour celle de Paris où il obtient sa licence en 1951. En novembre 1951, il s'inscrit au barreau de Blida. Il y exerce jusqu'en octobre 1955 et y assure la défense d'un terroriste FLN dont il estime que c'est un lampiste et que les vrais responsables, eux, ne sont pas jugés.

Il résilie son sursis et est affecté au 66ème Régiment d'Artillerie à Oran, au G.A.O.A. n°3 à Sétif, puis à l'école d'artillerie de Châlons sur Marne en avril1956 dont il sort 34ème sur 226; il effectue un stage à la B.E.T.A.P. à Pau en septembre-octobre 1956, y obtient son brevet parachutiste et rejoint le 20ème Groupe d'Artillerie Parachutiste en Algérie. Il est démobilisé avec deux citations et la Croix de la Valeur militaire.

Il rejoint le barreau de Blida et, parallèlement s'inscrit en doctorat à la Faculté de droit d'Alger, ce qui lui permet d'être élu à la présidence de l'Association Générale des Étudiants d'Algérie le 2 décembre1957.

Un comité de vigilance est créé à Alger, dont Pierre Lagaillarde fait partie en tant que président de l'association des étudiants d'Algérie. Il rassemble de nombreuses associations .... et des personnalités comme Joseph Ortiz....Léon Delbecque, de l'antenne à Alger du ministre gaulliste de la Défense Nationale Chaban-Delmas, manipule partiellement ce comité - qui organise le 13 mai 1958 une grande manifestation à Alger pour protester contre l'assassinat en Tunisie de trois militaires français prisonniers du FLN.

Pierre Lagaillarde , en uniforme de lieutenant de parachutiste, après la cérémonie au Monument aux Morts présidée par le général Salan, prend d'assaut le Gouvernement Général dont Robert Lacoste est absent. Il harangue la foule depuis la corniche du 5ème étage. Le général Massu, en accord avec le général Salan, crée sur place le 13 mai un Comité de Salut Public dont il prend la présidence et qui compte initialement 7 civils (Lagaillarde, Moreau, Montigny, Jolivet, Baudier, Parachini et Perroud) auxquels sont adjoints 4 militaires (Massu et les colonels Ducasse, Thomazo et Trinquier). Léon Delbecque, initialement pris de vitesse entrera au Comité de Salut Public avec quelques compagnons un peu plus tard et saura lui donner l'orientation correspondant à la mission qui lui a été assignée par l'entourage de De Gaulle.

Le 22 mai 1958, Pierre Lagaillarde est de la mission "clandestine" envoyée en métropole avec le commandant Vitasse. Il rencontre le général Miquel à Toulouse puis se rend à Paris, dans le contexte de l'opération "Résurrection" destinée à faire pression sur les parlementaires pour leur faire voter l'investiture de De Gaulle comme président du conseil. Le 4 juin 1958 à Alger, il est, en tant que membre du Comité de Salut Public, de ceux qui accueillent De Gaulle à l'aéroport de Maison Blanche puis qui sont reçus par lui au Palais d'été.
Le 23 novembre 1958 il est élu tête d'une liste "Algérie française"
, député d'Alger-Ville à l'assemblée nationale avec René Vinciguerra, Mourad Kaouah et Ahmed Djebbour.
Après le discours de De Gaulle du 16 septembre 1959 sur l'autodétermination, il exprime publiquement sa très ferme opposition à ce processus qui ne peut que conduire à livrer l'Algérie au FLN. Il noue et renoue des relations avec diverses personnalités dont le général Salan, le général Jouhaud, et le général Zeller qui vient de quitter la tête de l’État-major de l'armée. A Alger, il participe à la création du Comité d'Entente des Mouvements nationaux à la fin de novembre 1959.

Après l'affaire de l'interview par le journaliste Kempski de la Süddeutsche Zeitung du général Massu et le renvoi de celui-ci d'Alger, une grande manifestation est organisée le dimanche 24 janvier 1960. Il décide d'occuper militairement la Faculté d'Alger et de contrôler ses entrées par des barricades. Ce deviendra "le camp retranché" ou "le réduit des Facultés" pour la semaine. C'est là que le dimanche il entend la fusillade qui fait des victimes du côté des manifestants comme du côté des gendarmes. Il se rend sur place et a des contacts avec divers responsables militaires et du Comité d'Entente dont Joseph Ortiz.
Le lundi 1er février 1960, en uniforme de lieutenant parachutiste, il sort du camp retranché en défilant à la tête de ses troupes, entre les parachutistes du 3ème RPC et du 1er REP qui font la haie et présentent les armes.
Emmené à Blida, il doit embarquer à bord d'un Nord Atlas qui l'emmène à la base aérienne de Brétigny-sur-Orge. Il est incarcéré à la prison de la santé. Edmond Michelet, Grade des Sceaux, enverra une lettre au président de l'Assemblée nationale justifiant l'incarcération de Pierre Lagaillarde, ainsi que celles des députés Mourad Kaouah (Alger-ville) et Biaggi (Seine 14ème) bien que son immunité parlementaire n'ait pas été levée par un vote des députés (elle ne le sera que le 7 décembre 1960, après son départ pour l'Espagne).

Du 3  novembre 1960 au 2 mars 1961 se tient le "procès des barricades" devant le tribunal permanent des forces armées de Paris devant lequel comparaissent 15 personnes  dont Pierre Lagaillarde, Jean-Jacques Susini, Serge Jourdes, Marcel Ronda, Alain de Sérigny et le colonel Gardes. Pierre Lagaillarde est accusé d'atteinte à la sûreté intérieure de l’État. Les faits s'étant déroulés avant l'ordonnance 60-529 du 4 juin 1960 signée d'Edmond Michelet réformant le code pénal, fusionnant sûreté intérieure et sûreté extérieure de l’État et rétablissement de la peine de mort pour crimes politiques, il ne risque pas la peine de mort. Mis en liberté provisoire le 16 novembre 1960, il se réfugie en Espagne au début de décembre 1960. Au terme d'un procès de 78 jours, le jeudi 2 mars 1961, il est condamné, in absentia, à 10 ans de détention, le procureur ayant requis une peine de 20 ans.

A Madrid, le 30 décembre 1960, avec le général Salan, Marcel Ronda et Jean-Jacques Susini, il avait signé une adresse à tous leurs compatriotes d'Algérie leur signifiant leur solidarité et les pressant de voter "Non" au référendum du 8 janvier 1961. Fin janvier-début février 1961, avec Jean-Jacques Susini, il fonde l'OAS dont les premiers tracts sont distribués à Alger fin février-début mars1961.

Le 23 avril 1961, le général Salan s'envole clandestinement de Madrid pour Alger à bord d'un avion léger dans lequel ont également pris place le capitaine Ferrandi et Jean-Jacques Susini. Pierre Lagaillarde reste en Espagne et y est rejoint par les colonels Argoud et Lacheroy après l'échec du coup d'Alger. Ils forment "l'OAS d'Espagne" dont les positions divergent de l'OAS dirigée d'Alger par le général Salan.

En octobre 1961, Pierre Lagaillarde, Joseph Ortiz et les colonels Argoud et Lacheroy sont arrêtés par ordre du gouvernement du général Franco et assignés à résidence aux îles Canaries. Amnistié en 1958, Pierre Lagaillarde gagnera la métropole, reprendra son métier d'avocat et ouvrira un cabinet à Auch où son fils Pierre-Jean lui succèdera.

Depuis la fin de l’Algérie française, Pierre Lagaillarde a conservé le silence sur cette période et sur les évènements auxquels il a pris part.

La déclaration et l'interrogatoire de Pierre Lagaillarde à son procès ont été publiés par les éditions :"La Table Ronde" en décembre 1960 sous le titre : "On a triché avec l'honneur".

Extraits de : Biographie succincte parue dans le Bulletin des Amis du Général Salan, n°17 du 2ème trimestre 2008
 

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