7.6 - Général Raoul SALAN

III - Histoire et récits - L'O.A.S.

3 - SALAN d'Alain Gandy aux Editions Perrin  par Jean Bastier

SALAN

d'Alain Gandy

(Editions Perrin)


Petit-fils d'un forgeron et d'un boulanger, Raoul Salan est né à Roquecourbe (Tarn), le village du petit-père Combes, le 10 juin 1899.
Son père était directeur des octrois et des régies municipales de Nîmes.

Reçu à Saint-Cyr, Salan est versé, après onze mois d'instruction, au 5ème d'infanterie coloniale, un régiment-martyr, le 25 juillet 1918.Très jeune officier, Salan se bat devant Verdun, en septembre 1918, tandis que dans l'ouest les Américains attaquent l'Argonne. Un jeune adjudant sert comme interprète dans une brigade américaine: Drieu La Rochelle.

En octobre, Salan attaque encore face aux mitrailleuses et aux gaz, dans la boue. Il est cité pour son héroïsme à I'ordre de sa division, et décoré. Des quarante-quatre hommes de sa section à la date du 19 octobre, il en reste 28 le 11 novembre.

En 1983, à la veille de mourir, le général demanda que l'on inscrive sur sa tombe exclusivement : ancien combattant de 14-18.

Pourtant que d'aventures dans la vie d'un homme qui, en d'autres temps, aurait eu le destin d'un maréchal de France ! La biographie d'Alain Gandy est passionnante et excellente, elle complète heureusement les quatre volumes des Mémoires de Raoul Salan (1).

En 1921, Salan commande un petit poste en Syrie, à la frontière turque, seul avec des tirailleurs, neuf mois de solitude ! Avec des Sénégalais, il attaque des dissidents à la baïonnette, le 24 octobre 1921. Il est très grièvement blessé. Mais Raoul Salan n'est pas seulement un héros, c'est un intellectuel hautement doué, à la manière de Juin ou de Lyautey.

1924, Salan part pour l’Indochine, dont il va devenir un des meilleurs spécialistes. Très vite, il apprend l’Annamite, le Laotien, lit une masse de livres sur le pays. Affecté à la frontière de  Chine, il passe trois mois sur une pirogue pour atteindre son poste. Il se livre à des travaux de linguistique, étudiant les dialectes. Il va rédiger un Manuel de lecture pour l’enseignement de la langue Lu et Youne avec traduction correspondante en langue laotienne ! Gandy fait revivre admirablement les journées du jeune officier forant des puits, construisant des routes, créant un troupeau de chevaux, car les efforts des porteurs lui avaient parus intolérables. Le soir, il parle de religion avec les bonzes. Les indigènes l'aiment.

1938, Salan est au Service de Renseignements du Ministère des colonies, avec Mandel. Ils organisent en Éthiopie des maquis, qui feront la guerre aux Italiens. Déguisé en journaliste, Raoul Salan part pour une mission secrète. La guerre; il arrive au front le 21 mai 1940, à, la tête d'un bataillon de Sénégalais qui se battront avec un héroïsme incroyable, pour tenir à tout prix sur la Somme. Après plusieurs combats sous les Stuka, sans jamais faiblir, avec I'appui  de chars  Somua un jour, le Bataillon Salan tient solidement Bressuire le 20 juin 1940 !

A vichy au Service de Renseignements des colonies, Salan se dévoue; il organise même une liaison avec ses collègues britanniques à Londres par pigeons voyageurs !

En 1942 et 1943, il est en Afrique où il retrouve son ami de Sainr-Cyr, Valluy. Le colonel Salan est chargé de diriger la revue Combattant 43. Son fils Hugues, 11 mois, meurt. Il est inhumé à Alger. Gandy a le mérite de souligner le rôle de Madame Salan, plus tard celui de leur fille Dominique, auprès du général ; un exemple magnifique de famille... Avec le 6ème de Tirailleurs sénégalais, Raoul Salan conquiert l’île d'Elbe.

En juin 1944, il se présente à de Lattre de Tassigny…Le « Roi Jean » comprend immédiatement que ce colonel Salan aura un destin d’exception: il sera son officier préféré, son futur dauphin, le seul de ses subordonnés qu’il ne tutoyait pas, et qu’il traitait  avec affection...

Ce que la maréchale de Lattre expliquera avec courage au procès de 1962 !La campagne de France, la campagne d’Allemagne, Salan parvient à créer des unités nouvelles avec de gars des Chantiers de jeunesse, des maquisards, il commande Malraux et Fabien, car de Lattre l’a chargé de la mission la plus délicate: amalgamer, jeunes volontaires, maquisards et soldats de l’Armée d’Afrique. Salan termine la guerre comme général commandant la 14ème division d’Infanterie.

Au feu, passant avec sa jeep dans les mines ou avançant avec les groupes d'attaque, son courage a fait l'admiration de tous. Une seule fois, il perd son calme légendaire en Allemagne, lorsque ses hommes trouvent un charnier de 400 corps polonais... Alain Gandy a écrit une page émouvante, grâce au témoignage du père Pascal, franciscain, aumônier de la division, qu’il a pu consulter.

Octobre 1945, le général Salan s'envole pour l’Indochine. Le général Leclerc l'a distingué comme spécialiste, il est séduit par sa droiture et son intelligence d'exception. Les deux généraux vont se vouer une amitié étroite, jusqu'à la mort. Leclerc a nommé Salan commandant du Tonkin et des troupes de Chine, la mission la plus difficile. Tous deux estiment qu’il faut faire des réformes, que la IIIème  république a mal utilisé les élites locales, que l'on pourrait créer un État indépendant mais très étroitement lié à l’Union française, avec maintien de la présence de la France et de son armée.

Haine des Chinois nationalistes, pratiques des Communistes de Ho-Chi-Minh, incohérences parisiennes, faiblesse des effectifs français, Alain Gandy explique de façon très attrayante l’histoire de « la paix manquée ». Il décrit de façon très émouvante les combats victorieux menés à partir de 1950 par Salan et de Lattre, les échecs successifs des offensives de Giap. Hélas, Raoul Salan, cela est peu connu, est chargé par Ely de remettre les pouvoirs aux communistes, d'expliquer aux Tonkinois auxquels il a fait des promesses de maintien de la présence française, qu'ils doivent s'expatrier; il est chargé aussi de la réception des prisonniers du Viet-Minh : 8 500 (et dans quel état !) sur les 15 000 attendus.

Ceci explique la suite, Salan se jure que plus jamais il n'acceptera que des Français abandonnent leurs amis au massacre... Le général n'a pas raconté l’histoire de I'O.A.S. dans ses Mémoires, qui s'arrêtent au 9 juin 1960, c'est assez dire l’importance du livre d’Alain Gandy, qui a bénéficié de l'aide de Madame Salan et de sa fille, Madame Sorlot.

Le gendre du général est le frère de I'actuel directeur des Nouvelles Éditions Latines, qui ont publié en volume le texte du procès Salan, un livre indispensable et combien bouleversant !

L'on doit aussi lire les lettres de prison de Raoul Salan, éditées par André Figueras (2). Prisonnier jusqu'en 1968, le général a approfondi sa foi chrétienne, lisant à la façon des moines (la lectio divina) et priant. Il a découvert à la prison de Tulle la spiritualité de saint Ignace de Loyola, faisant des Exercices Spirituels son livre préféré...

Jean Bastier

(1) Éditions Presses de la Cité.
(2) Éditions La Table Ronde.

 

01ns perrin 02 aux editions perrin

 

memoires fin d un empire tome 1 a 4

 

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