9.7 - 19 mars 1962 - La mémoire déshumanisée - Témoignages

X - Les actions - 19 mars 1962 : un déplacement de la mémoire

5 - Le 19 mars 1962" Une indécence-  mais qui ouvre l'espérance de la reprise de la proposition de loi n° 2477 datant du 29 avril 2010,  toujours « en attente d’examen » déposée sur le bureau de l’Assemblée nationale par Roger Soncarrieu - 2012

Indécence

Avec le vote du Sénat du 8 novembre 2012 entérinant la reconnaissance de la date du 19 mars 1962, le choix du président de la République et du gouvernement est désormais clair : chaque année, et tout comme en Algérie, nous « fêterons » la victoire de l’Algérie.

Après la reconnaissance du « massacre » du 17 octobre 1961 à Paris où, selon les sources officielles, il y a eu en fait entre deux et sept morts, il ne reste plus que la célébration du 1er novembre 1954 à inscrire à notre programme des « festivités commémoratives ». Pour les Français qui ne s’en souviendraient point, le 1er novembre 1954 est la date du début de la « révolution algérienne », date qui a vu des hommes et des femmes prendre les armes contre la France. Le président de la République française vient, à cette occasion, de transmettre un message de vœux à son homologue algérien.

Ainsi, la boucle de l’indécence sera bouclée. Ou presque !

Car, bien sûr, il reste encore à se repentir officiellement :

-se repentir d’avoir transformé les marécages d’une Algérie qui, en 1830 n’existait même pas sur les cartes, en d’immenses terres fertiles ;

-se repentir pour les constructions de villages, de villes, de routes, de barrages, de voies ferrées, d’aéroports ;

-se repentir pour la construction d’hôpitaux et l’éradication des épidémies qui sévissaient ;

-se repentir d’avoir construit des écoles et d’avoir instruit les populations qui composaient les départements français d’Algérie ;

-se repentir pour la mise en valeur du Sahara et des ses richesses ;

-se repentir d’avoir riposté aux attentats et autres exactions en tous genres du Front de libération nationale (FLN) et d’avoir, militairement, gagné la guerre.

Et espérance (on peut toujours rêver…)

A un moment où l’on ressort un texte voté en 2002 par l’Assemblée nationale pour y donner aujourd’hui une suite, je suggère à ceux-là même qui ont voté pour l’officialisation du 19 mars – députés et sénateurs – de reprendre une proposition de loi datant du 29 avril 2010, proposition toujours « en attente d’examen ».

Cette proposition de loi (n° 2477), déposée par un groupe de députés sur le bureau de l’Assemblée nationale, visait simplement à établir la reconnaissance officielle des souffrances subies par les citoyens français d’Algérie victimes de crimes contre l’humanité du fait de leur appartenance ethnique, religieuse ou politique.

Simplement, mais c’est sans doute beaucoup trop demander !

Roger Soncarrieu,

roger soncarrieu

Auteur de
- « Ma vérité sur la guerre d’Algérie »
- « Guerre d’Algérie : j’en ai assez »
- « Vérités oubliées de la guerre d’Algérie » (éditions Dualpha)

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