6.3 - Plainte contre le général Katz, le boucher d'Oran, traîné devant les tribunaux pour complicité de crime contre l'humanité par le Comité Veritas - 1997-2000

X - Les actions - Les actions en Justice

 

2 - Le 16 octobre 1998, Maître Luciani dépose plainte pour complicité de crime contre l'humanité contre Joseph Katz au Palais de Justice de Paris

Sans qu'aucun média ne s'en fasse l'écho, le correspondant à Paris de Maîtres Bertozzi et Blanchot, Maître Luciani, a déposé plainte pour complicité de crime contre l'humanité contre Joseph Katz, le 16 octobre 1998, entre les mains du doyen des juges au Palais de Justice de Paris, au nom de quarante sept des cinquante deux familles de victimes du massacre du 5 juillet 1962 à Oran, aujourd'hui constituées parties civiles, conduites et défendues par VERITAS.

J'ajoute que, depuis cette date, 57 autres malheureuses familles nous ont rejoints, ce qui fait un total de 109 familles de victimes alors que l'ignoble Katz, dans son ouvrage mensonger, L'honneur d'un Général, ne reconnaît, quant à lui, que 25 victimes européennes !

Leur plainte a été déclarée recevable le 26 novembre 1998. C'était un premier point. On nous a demandé, ensuite, quantité et quantité de preuves, de documents d'état civil et autres. Pendant toute une année, nous n'avons cessé de courir après les papiers pour satisfaire un juge qui a rendu, dans cette affaire, une décision de non informer, reconnaissant les faits mais évoquant la prescription.

Ainsi, dans cette France submergée par le mensonge et la corruption, on peut condamner Maurice Papon pour des faits qui remontent à cinquante ans et on ne peut condamner Joseph Katz pour des faits qui remontent à plus de quarante ans.

VERITAS a fait immédiatement appel de cette décision inique et le Boucher d'Oran devrait se présenter à nouveau, devant la Chambre d'Accusation de la Cour d'Appel de PARIS (depuis, il est mort). Le silence honteux des médias sur cette affaire prouve, à lui seul, à quel point elle embarrasse nos gouvernants.

  - Le 26 novembre1998, la plainte est recevable. Extraits de la plainte déposée contre Joseph Katz de Maitre Blanchot vice-président et avocat de Veritas

EXTRAITS DE LA PLAINTE CONTRE JOSEPH KATZ 

"En aucune hypothèse, la France n’abandonnera ses propres enfants"
(Allocution de Charles De Gaulle le 8 mai 1961.)

Et toutes personnes, parmi ses subordonnés ou supérieurs hiérarchiques civils ou militaires que l’instruction permettra d’identifier comme susceptibles d’y avoir participé, pour génocide et complicités diverses, arrestations et séquestrations arbitraires, atteintes graves à l’intégrité physique ou psychique, exécutions sommaires, enlèvements de personnes suivis de leurs disparition, assassinats multiples constituant des crimes contre l’humanité, commis pendant la guerre d’Algérie courant 1962 notamment après les accords d’Evian du 19 mars 1962 et tout particulièrement le 5 juillet 1962. Ces crimes sont imprescriptibles en application de la loi N° 641326 du 28 décembre 1964, prévus et réprimés au titre 1er chapitres 1er et 2 du Nouveau Code Pénal, articles 211-1 et 212-1 et suivants, articles 113-6 et suivants du Nouveau Code Pénal et articles 689 et suivants du Code de Procédure Pénal.

La guerre d’Algérie commencée le 1er novembre 1954 par l’assassinat, notamment, d’un enseignant de Métropole, l’instituteur Guy Monnerot et d’un notable musulman qui s’interposait pour le défendre, le Caïd Hadj Sadock, devait se terminer, après que l’indépendance fut donnée par la France à l’Algérie sans que le libre choix, solennellement promis par le Chef de l’État Français le 16 septembre 1959, n’ait été permis aux populations, par un bain de sang et, plus particulièrement à Oran, le 5 juillet 1962, par un authentique génocide au faciès (européen).

Ce jour-là, une foule d’environ 3000 personnes selon les sources les plus dignes de foi, hommes, femmes et enfants dont, dans de nombreux cas, les corps ne furent jamais retrouvés, ont été assassinés dans des conditions horribles, sur l’ordre de la fraction la plus extrémistes de l’ALN (Armée de Libération Nationale) agissant de concert avec des civils armés dont de nombreux membres du FLN (Front de Libération Nationale) et encore des policiers de la force locale musulmane créée après les accords d’Evian du 19 mars 1962, les ATO (Auxiliaires Temporaires occasionnels).

Cette boucherie a, sans doute, été ordonnée pour creuser un fossé infranchissable entre la communauté musulmane et les membres des communautés non musulmanes d’Oran (juive et chrétienne) pour contraindre ces derniers, appelés les « Pieds-Noirs » qui souhaitaient vivre sur leur terre natale, dans le cadre d’une Algérie nouvelle coopérant avec la France, à un exode irréversible et définitif.

Cette action concertée visant à la destruction totale ou partielle des Pieds-Noirs et de leurs frères musulmans francophiles s’est déroulée le 5 juillet 1962 de 10h30 - 11h, approximativement, jusqu’à environ 17 h et même bien après, car si la fusillade s’est pratiquement arrêtée à cette heure là, les assassinats des européens arrêtés, et transférés dans des lieux identifiés par la suite, ont continué.

Cette action déclenchée simultanément dans tous les quartiers de la ville, et pas seulement dans le centre ville, a provoqué la terreur au sein de la population européenne, déclarée, brutalement, coupable d’être restée à Oran dans l’espoir entretenu par les plus hautes autorités civiles et militaires, mais qui n’était qu’une cruelle tromperie, qu’elle pourrait y rester, garantie dans ses biens et protégée dans son intégrité physique comme d’ailleurs le prévoyaient formellement les accords d’Evian du 19 mars 1962.

Dans l’esprit de ceux qui avaient préparé ce pogrom, la date du 5 juillet avait été choisie à dessein : elle était symbolique car ce jour-là, 132 ans auparavant, le 5 juillet 1830, les troupes françaises entraient dans Alger, après la reddition des autorités turques qui avaient occupé l’Algérie jusque là.

Ce jour maudit (le mot du général Katz lui-même), les Français d’Algérie sont exécutés sur place, dans la rue, d’une balle dans la tête, d’une rafale de mitraillette ou égorgés ou encore pourchassés jusqu’à l’intérieur des immeubles où ils tentent de se réfugier mais où ils sont, pour la plupart, rattrapés dans le hall ou dans les escaliers où ils sont massacrés.

Selon les quartiers de la ville, nombreux seront ceux qui seront emmenés pour connaître le supplice ou l’exécution sommaire. Par centaines, en effet, des Européens sont arrêtés, rassemblés dans des autobus ou dans des cars dans lesquels ils partent vers des destinations dont certaines ne seront connues que plus tard, quand l’Armée française elle-même découvrira les charniers du « Petit-Lac ».

D’autres encore sont arrêtés, formés en cortège, mains sur la tête et sont dirigés, à coups de crosse, vers le Commissariat Central d’Oran où un tri sera effectué. Le plus grand nombre sera exécuté sur place dans les sous-sols. D’autres seront enfermés puis relâchés en fin de journée.

D’autres cortèges seront constitués dans les mêmes conditions et les prisonniers conduits vers la « ville nouvelle » (le quartier arabe) où ils seront torturés, égorgés, éventrés, décapités après d’horribles supplices et les corps seront jetés dans le « Petit-Lac » qui deviendra une mare de sang où flotteront les cadavres.

Le soir même, aux abattoirs d’Oran, 300 à 400 cadavres seront découverts pendus à des crochets de boucherie. Des têtes seront jetées dans des poubelles quand elles ne serviront pas, parfois, à jouer au football et des corps mutilés et des membres épars joncheront les rues d’Oran tachées de sang, tout au long de cette horrible journée.

Comment un tel massacre intervenu aux quatre coins de la ville d’Oran, organisé, si l’on ose dire, méthodiquement, a-t-il pu être commis sans que les autorités françaises ne réagissent, et spécialement les autorités militaires, C.R.S. et Gendarmerie Mobile qui avaient, pendant toute la période de lutte contre l’O.A.S.disposé d’un réseau d’informateurs les renseignant instantanément, pas seulement par téléphone mais au moyen de la radio militaire, du moindre mouvement de foule dans la ville ?

Comment ont-elles pu ignorer, le 5 juillet 1962, l’imminence d’une action préméditée contre les ressortissants français, qui d’ailleurs, avait été prévue, ou à tout le moins crainte, par le général Katz lui-même, et qui s’est déroulée, sans intervention aucune, pendant toute la journée ??

Comment le général Katz, commandant les forces militaires et policières d’Oran, a-t-il pu rester indifférent au génocide qui se commettait sous ses yeux en donnant l’ordre à ses troupes de rester cantonnées dans leurs casernes alors qu’a l’extérieur le sang français coulait à flot et qu’il disposait d’une force de 18.000 hommes dont 12.000 sur le seul secteur d’Oran ville, soldats et policiers résolus et disciplinés, aguerris à la pratique du combat de rue et de la guérilla, avec un matériel de guerre ultra moderne tels que avions de combats, chars, half track, automitrailleuses, lance roquette et artillerie ???

Page 287 de ses « mémoires » Joseph Katz cite Alain Peyrefitte qui rapporte ce que lui avait déclaré le Chef de l’Etat, avec une sombre détermination, au Conseil des Ministres du 24 mai 1962 : « La France ne doit avoir aucune responsabilité dans le maintien de l’ordre après l’autodétermination. Elle aura le devoir d’assister les autorités algériennes mais ce sera de l’assistance technique. Si les gens s’entre-massacrent, se sera l’affaire des autorités algériennes. ».

Or, cette confidence du général De Gaulle à Alain Peyrefitte ne constitue pas, en soi, un ordre enlevant la responsabilité du maintien de l’ordre au général Katz mais seulement une décision prise avant la lettre puisque l’indépendance a été donnée à l’Algérie sans autodétermination et applicable à un scénario catastrophe que le général de Gaulle pressentait certainement, lui aussi, dès mai 1962 et dont, à l’avance, il se lavait les mains.

Encore faut-il souligner que l’hypothèse envisagée concernait un éventuel affrontement entre deux communautés et non le massacre de l’une par l’autre.

De deux chose l’une : Ou bien dès les accords d’Evian le général Katz avait reçu l’ordre pour l’avenir de ne pas bouger en pareille circonstance et alors il faut qu’il dise de qui il a reçu cet ordre et à quelle époque exactement, ou bien il a reçu cet ordre le 5 juillet 1962, devant l’ampleur du massacre, il a voulu, tout de même, se couvrir en appelant le responsable suprême et il faut qu’il s’en explique.

Dans l’un comme dans l’autre cas, le général Katz a obéi à un ordre criminel et il est resté d’une indifférence de marbre pendant que se déroulait le massacre et, ce faisant, le crime que lui reprochent les parties civiles n’en est que plus ignoble et, dans toute l’acception du terme, INHUMAIN.

Le devoir militaire d’obéir à un ordre se transforme en obligation de désobéissance lorsque cet ordre est criminel, au nom du devoir d’humanité, à fortiori lorsqu’on a tout en main pour empêcher le crime d’être commis, ce qui étais le cas de Katz.

C’est l’enseignement principal que l’on peut tirer du procès de Maurice Papon qui, toutefois, ne savait pas avec une certitude absolue, si les personnes arrêtées et déportées étaient vouées à une mort certaine alors que Joseph Katz l’a su immédiatement mais le génocide des Français d’Algérie s’est brisé sur le mur de son inhumaine indifférence car il portait au cœur la haine de cette population.

Joseph Katz est donc bien l’auteur de ce crime d’indifférence que dénonçait Monsieur le Procureur Général de la Cour de Bordeaux dans ses réquisitoires contre Maurice Papon.

Chaque Pied Noir, qui est tout simplement un Français plus éprouvé qu’un autre, chaque victime et famille de victimes, a droit de demander aussi à l’État de Droit qui est la France et son pilier qui est la Justice de faire la lumière sur toute cette période encore bien trouble de l’Histoire de la France en Algérie qui n’a été écrite jusqu'à présent que sous la forme de caricature de vérité comme une instruction qui aurait été conduite à charge mais jamais à décharge…

Les victimes réclament Justice pour tous ceux qui sont morts exécutés sommairement ou après d’horribles supplices.

Justice pour leurs familles et pour leurs descendants.
     Justice pour les communautés Pied Noir et Harki.
     Justice pour la France.

Il est grand temps que la vérité soit dite sur cette période de la guerre d’Algérie au nom de la morale, de la Justice, de l’équité et de l’Histoire et en un mot, au nom de l’Humanité.

Quels que soient les responsables, il existe un droit coutumier humanitaire qui s’impose à tous les Etat et sans exception.

La qualité de Chef d’Etat ne met pas à l’abri de ces règles et les exécutants ne s’exonèrent pas en disant qu’ils ont obéi aux ordres(extraits de la Conférence prononcée par Monsieur Pierre Truche, Premier Président de la Cour de Cassation sur le crime contre l’humanité, le 17 octobre 1997 à Lyon, dans ce Palais aux 24 colonnes où fut jugé Klaus Barbie).

Les parties civiles demandent la mise en examen de Joseph Katz et de toute personne, subordonné ou supérieur hiérarchique, qui a, d’une manière directe ou indirecte, participé à ses cotés pour crime contre l’humanité, en application des textes susvisés et pour les faits ci-dessus exposés.

 

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Maître René BLANCHOT
Avocat au Barreau de Marseille
Vice-Président de VERITAS

 

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