2.6 - le 26 mars 1962 à Alger fait débat à huis clos à la Chambre d’accusation de Paris - 26 janvier 1967

VIII - Archives interdites : une spécialité française - Archives disparues, détruites, interdites : Alger 26 mars 1962

LE MONDE - 26 JANVIER 1967 – PAGE 11

TRIBUNAUX ET FAITS DIVERS   (le massacre du 26 mars est devenu un fait divers ! S.G.)

CINQ ANS APRES

La fusillade de la rue d’Isly évoquée à la chambre d’accusation.

La tragique fusillade qui avait éclatée le 26 mars 1962, à Alger, a fait l’objet de longs débats à huis clos, mardi, à la Chambre d’Accusation de Paris, présidée par M. NOCQUET.

Les circonstances exactes qui ont abouti à ce drame sanglant n’ont jamais été nettement déterminées. Le quartier de Bâb-El-Oued, à l’époque, se trouvait investi par les forces de l’ordre et l’O.A.S. avait, ce jour-là, convié la population européenne à venir manifester en masse sa solidarité envers les Algérois restés dans le périmètre encerclé. La manifestation ayant été interdite par le Général Ailleret, la foule répondit néanmoins à l’appel des activistes. Elle força des barrages et s’engouffra rue d’Isly, où avaient été postés des tirailleurs. C’est alors que crépitèrent des coups de feu. Une soixantaine de personnes furent tuées et près de deux cents blessés.

Au cours de l’enquête, les autorités militaires ont admis que les tirailleurs avaient perdu leur sang-froid, mais affirmé qu’ils n’avaient pas tiré les premiers : ils s’étaient crus pris à revers, en essuyant brusquement des rafales de la part de tireurs installés sur les toits.

Les familles des victimes ayant porté plainte, une information judiciaire fût ouverte contre X, par M. CHARBONNIER, juge d’instruction, près le Tribunal de grande instance d’Alger.

Après la proclamation de l’indépendance de l’Algérie, le dossier fût transféré à Paris et confié à M. Alain SIMON, premier Juge d’Instruction près le tribunal de la Seine.

Ce magistrat a signé le 7 avril dernier, une ordonnance de non-lieu. Il s’est estimé, en effet, incompétent pour juger le comportement des soldats, car ces actes relèvent de la juridiction militaire. Quant aux tireurs civils, on n’a pas pu les identifier.

Les parties civiles ont interjeté appel de cette ordonnance. Leurs avocats, Maîtres KALFLECHE, CAPORAL et TRAPE ont plaidé leur cause à la Chambre d’accusation.

M. LAROQUE, avocat général, a conclu, de son côté, à la confirmation de l’ordonnance attaquée. La cour doit statuer le 14 février.

003
 

Retour Sommaire

Informations supplémentaires