9.4 - Evian 18 Mars 2012 de J.P. Spina
SPINA Jean-Paul Verrières, le 3 mars 2012
14 le clos
91370 VERRIERES LE BUISSON
Tél : 01 70 27 27 03 06 81 80 83 53
Monsieur Marc FRANCINA
Maire
Député de Haute-Savoie
Mairie d’Evian
74500 EVIAN LES BAINS
Monsieur,
Par courrier reçu ce jour, vous m’indiquez votre refus de diffuser le film documentaire La valise ou le cercueil dans le cadre des manifestations que vous organisez pour la commémoration du 50ième anniversaire des accords d’Evian et me retournez l’ensemble du dossier que je vous avais adressé.
Je me permets de vous rappeler que, dès l’annonce du programme des commémorations publié dans le journal du Pays d’Evian (n°8 de début décembre 2011), j’ai pris contact avec vos services culturels. Aucun responsable des services de Monsieur Ecuyer n’a voulu me recevoir, mais on m’a assuré que j’allais être recontacté début janvier 2012 et il m’était même proposé que j’apporte mon témoignage pour un documentaire réalisé à l’hôtel du Parc, courant février, par une société de télévision suisse.
Il n’en a rien été, aussi je vous ai adressé, le 28 janvier, le dossier de presse et le DVD de ce film en vous sollicitant pour organiser une projection durant la période des commémorations prévues dans votre ville du 17 mars au 15 avril 2012, voire même au-delà, puisque jusqu’au 13 mai prochain une exposition Etienne Dinet et la période orientaliste est programmée dans le cadre du 50ième anniversaire des accords d’Evian ! !
Dès la publication du programme du colloque des 17 et 18 mars, j’ai contacté Monsieur Alfonsi du service communication, Monsieur Eugène Blanc de l’association la Salévienne et votre secrétaire, Madame Marie Pascale. Ils m’ont fait savoir que l’ensemble du programme des manifestations était arrêté, mais j’ai aussi bien compris que ma démarche n’était pas la bienvenue dans l’organisation de débats politiquement très orientés par des historiens qui n’acceptent qu’une seule vision de la guerre d’Algérie, des accords d’Evian et de leurs conséquences.
Il est très regrettable qu’aucun représentant d’associations de rapatriés ou de harkis n’ait été contacté pour participer aux débats et aux différentes manifestations. Je déplore que nos interventions auprès de Monsieur Marc Laffineur, secrétaire d’Etat, le 4 janvier 2012, et auprès de Monsieur Christian Frémont, directeur de cabinet du Président de la République, le 22 février, informés des commémorations organisés par votre ville, n’aient pas permis plus de compréhension de votre part, le Président de la République ayant demandé de veiller, lors des commémorations, au respect de toutes les expressions et souffrances découlant des derniers mois de la guerre d’Algérie
Je considère qu’il était de votre devoir, en tant que maire et député, de faire respecter cette exigence. Votre refus total d’accéder à ma demande traduit le peu de considération, voire le mépris, que vous exprimez à l’égard de toute une population française repliée d’Algérie qui a subi les conséquences dramatiques de ces accords non respectés et dont vous ne pouvez ignorer, cinquante après, les traumatismes profonds qu’ils ont générés.
Constatant que le Conseil général de Haute-Savoie est impliqué dans l’organisation et le financement de ce colloque d’Evian, j’informe son Président ainsi que les Députes du département de ma profonde déception. Vous comprendrez également que je me dois d’informer tous les responsables politiques, les élus et membres du gouvernement qui nous ont apporté leur soutien pour la participation et la diffusion du film La valise ou le cercueil lors des commémorations organisées par les communes de France.
Veuillez croire, Monsieur, au respect que j’apporte à vos responsabilités d’élu et soyez assuré de mes intentions dévouées.
Copie : Madame Michèle Tabarot, députée, présidente de la Commission des affaires culturelles de l’Assemblée nationale, organisatrice des 2 projections du film La Valise ou le cercueil, le 8 février, à l’Assemblée nationale,
Messieurs
-Elie Aboud, député, président du Groupe parlementaire Rapatriés à l’Assemblée Nationale, organisateur des projections du film à l’Assemblée nationale
-Bernard Accoyer, député de Haute-Savoie, président de l’Assemblée nationale,
-Renaud Bachy, président de la Mission Interministérielle Rapatriés (MIR),
-Claude Birraux, député de Haute-Savoie,
-Christian Frémont, directeur de cabinet du Président de la République,
-Marc Laffineur, secrétaire d'État aux Anciens combattants,
-Jacques Pélissard, député du Jura, président de l’Association des maires de France,
-Martial Saddier, député de Haute-Savoie,
-Lionel Tardy, député de Haute-Savoie.
EVIAN 50 ANS APRES…
EVIAN mars 1962. En pleine inconscience, béate espérance et totale complaisance, la municipalité PS d’Evian accueillait la délégation FLN et les bradeurs gaullistes des départements français d’Algérie et des richesses du Sahara.
Pas un seul représentant des Français d’Algérie durant ces négociations qui devaient sceller leur destin par la signature des accords dits d’Evian. Personne ne s’en est offusqué, surtout pas ceux qui à cette époque défendaient le droit des minorités…
Le 8 avril 1962, le sort des départements d’Algérie, du Sahara et de leurs populations est définitivement réglé par un référendum national où seuls les électeurs de la métropole ont le droit de voter. Encore une fois, personne ne s’en offusque, malgré la flagrante violation de la constitution par le général de Gaulle.
EVIAN mars 2012. Aujourd’hui, 50 ans après, en pleine connaissance des drames et douleurs des Français d’Algérie : meurtres, enlèvements, massacres des Harkis, exode des Pieds-Noirs découlant du fiasco des accords d’Evian mais surtout de l’irresponsable et déshonorante politique d’abandon du gouvernement français de l’époque, la municipalité UMP d’Evian, accueille des représentants du FLN et tous ceux qui se réclament être de ses soutiens. On pourrait même croire que ce colloque prépare la béatification de Mgr Duval pour avoir presque effacé la présence chrétienne en Algérie, laissé les prêtres, les moines catholiques se faire exterminer un à un ! ! Des Hommes et des Dieux l’ont déjà jugé pour l’éternité…
Oui, Monsieur le Maire, comme vous le dites si bien, « A Evian, c’est vous le patron ! ! » et vous assumerez donc, pour l’avoir organisé et soutenu avec vos partenaires du Conseil Général de Haute-Savoie, ce colloque où vous avez, avec un certain mépris, refusé de faire entendre la voix des Français d’Algérie. Pieds-Noirs et Harkis, nous exigeons la liberté d’expression pour faire enfin entendre la Vérité de notre histoire, cette Vérité qui, avec les archives qui se libèrent, s’impose et dérange de plus en plus tous ceux qui veulent encore l’étouffer, la falsifier. Ces faussaires de l’histoire s’affolent, s’agitent sous la protection de quelques uns qui, comme eux, veulent se disculper, s’exonérer de leurs responsabilités, s’accorder encore un sursis de crédibilité avant l’effondrement total d’une Histoire triturée « version idéologique », celle qu’ils ont soutenue, cautionnée jusqu’aux mensonges car elle n’a servi qu’à dissimuler la vérité sur une politique qui n’a apporté que ruine et désenchantement.
Soyons clairs, Monsieur le Maire, et ceci afin d’être bien compris de tous. Il ne nous appartient pas de rentrer dans le détail de votre programmation, du choix des sujets traités comme celui des intervenants du colloque. Nous en prenons acte. Vous assumerez et présenterez ce programme en toute connaissance des contenus et des personnalités.
De surcroît, en dépit de nos demandes réitérées et alors qu’il vous appartenait de veiller au pluralisme des points de vue, votre refus de diffuser le film La valise ou le cercueil, pendant la période des commémorations que vous organisez jusqu’au 13 mai prochain, nous convainc du peu de considération que vous témoignez à l’égard de la population des Français d’Algérie.
Devrions-nous comprendre, Monsieur le Maire, que la Vérité vous dérange et que vous ne voulez pas, vous non plus, reconnaître le bilan catastrophique de cette honteuse capitulation d’Evian le 18 mars 1962 ?
Aujourd’hui vous faites une tribune à des militants de divers courants politiques qui vont s’acharner, comme depuis 50 ans, à falsifier la vérité historique afin de masquer les conséquences pitoyables et lamentables des décisions politiques prises en 1962 avec leur soutien.
EVIAN 50 ANS APRES, C’EST TOUJOURS LA MÊME COLLUSION
