5.3 - Le calvaire des Harkis - Témoignages

VII - Après le 19 mars 1962 le mensonge d'Evian - Le calvaire des Harkis, supplétifs

1 - Témoignage rapporté par Abd El Azziz Meliani. Source  Gilles BONNIER - 24 mai 2005 - PARIS

2 - Les livres-témoignages du colonel Bernard MOINET :  "Ahmed connait pas" 1980 réédité 1989  et   "Le journal d'une agonie - Oran 1962" Préfaces Jacques Soustelle et Tixier-Vignancourt 1963

3 - Un article de Jean BASTIEN : " Merci  Bernard MOINET" 30 octobre 2010

4 - Un article de MANSION : "Poussés et déchiquetés sur les champs de mines, horribles tortures et lentes agonies..."

5 - Hélie de Saint Marc, résistant, déporté, héros des guerres d'Indochine et d'Algérie, parle des Harkis et du Secours de France - publié 2014 par Secours de France

6 - "Aux champs pour un drapeau - Mostaganem" -  par le Général Paul VANUXEM - paru dans la Lettre de VERITAS N°16 d'Octobre 1997.

 

 

1 - Témoignage rapporté par Abd el Azziz Meliani. Source Gilles BONNIER - 24 mai 2005 - PARIS

RÉCIT D'UN SERGENT CHEF D'UN RÉGIMENT D'INFANTERIE EN GARNISON A L'A ...(1), près d'Alger

Récit recueilli le 10 août 1962.

"Le régiment rentre en France dans un mois environ. Comme no6 - AUX CHAMPS POUR UN DRAPEAU - Mostaganem nous ne faisons rien, même pas protéger les gens menacés, cela vaut mieux pour nous.

"Je commandais en second un commando de chasse dans l'Algérois. Mes quarante musulmans ont été pris par les rebelles, dans les premiers jours de juillet. Ils n'ont pas été tués tout de suite. Je crois savoir que certains sont encore vivants.

"Ils sont au camp de Taourtatsine, dans l'Atlas blidéen. A notre connaissance c'est le camp le plus important de la région. Il y a peut-être plusieurs centaines de prisonniers. Parmi eux, des Européens, femmes et enfants. Les rebelles le torturent peu à peu : on coupe un bras, le nez, on fait des plaies qu'on sale ...etc.

On s'en sert aussi, comme ils disent, de "filles de joie", notamment les Européens. Quand leur état est trop lamentable et qu'ils ne peuvent plus servir à rien, on les tue.

"Il n'est pas question d'émettre l'idée d'aller les délivrer, ce qui serait pourtant bien simple. Les cadres sont dégoûtés d'eux-mêmes et de ce qu'on les oblige à accepter.

"Pour vous montrer où on en est, la wilaya 4, ou au moins certains de ses secteurs, dont celui de mon régiment," interdisent" aux militaires français de porter les décorations acquises en Algérie, c'est-à-dire les citations sur la croix de la valeur militaire et la barrette "Algérie" sur la commémorative. De très nombreux camarades et officiers obéissent à cet ordre.

"Quand je dis qu'on ne fait rien, c'est si vrai qu'on intervient même plus aux commissions mixtes du cessez-le-feu pour obtenir des libérations de Français, Européens ou Musulmans que nous connaissons et dont nous savons où ils sont prisonniers. Si, dans une unité, nous demandons à agir, nous sommes sanctionnés ou mutés. De même quand il y a eu, en juillet, à Blida, à Zéralda et d'autres points que je n'ai pu contrôler, des manifestations de civils musulmans avec drapeau français et criant "Algérie française", l'ALN a tiré dans le tas et nous n'avons pas bougé."

LES CAMPS

Témoignage d'un sous-officier (en activité) concernant l'arrondissement de Bordj Bou Arreridj (Sétif), le 16 août 1962.
La commune de Teffreg, dont le maire était le député, Benhalla Khellil, est actuellement sous la férule du nommé Ghettari-Mohand-Akli, chef du Nidam.
La récolte a été saisie à 75%, 20% sont pris sur les mandats. Tous les hommes travaillent gratuitement sur les pistes. Ghettari-Mohand-Akli a fait trois ans de prison à Paris et a été libéré en mars 1962.

Le nommé Sebane Saddek, mokhadem de la SAS d'Ouled Rached, commune de Teffreg, arrondissement de Bordj-Bou-Arreridj, ex-responsable rebelle rallié en août 1956, a été brûlé vif.

Le nommé Sebane Tayeb, harki, a été littéralement coupé en morceaux.

Le sergent harki Lagha Salah a été massacré à coup de pioche.

Le nommé Naït Belkacem, interprète de la SAS de Ouled-Rached, adjudant de l'armée française en retraite, médaillé militaire, après avoir été lardé de coups de couteaux, laissé trois jours dans les WC, traîné au bout d'une corde dans le village, est mort le 10 août 1962.

Les anciens harkis du secteur ont été massacrés dans chaque village, empilés dans des GMC et assassinés au lieu-dit "maison-cantonnière" où se trouvait auparavant le sous-quartier.

Tous les hommes de la harka de Beni-Lalem, région de Zemmorah, arrondissement de Bordj-Bou-Arreridj ont été massacrés. L'un d'eux, torturé, a crié aux gens de l'ALN : "Jusqu'à la dernière goutte de sang, nous sommes français, vous pouvez nous tuer, cela ne fera pas changer notre cœur." Cette harka, célèbre dans la région pour son courage et son efficacité, était commandée par la riche et puissante famille des Boudache.

CAMP DE BLONDEL

Dans ce village entre Bordj-Bou-Arreridj et Medjana, il existe un camp de prisonniers. Bouaza, maire des Ouled-Dahmane, en particulier, y a été pendu, nu, par les pieds, passé au miel et livré aux abeilles. Dans ce même camp, le député Benhalla Khellil a été détenu. Arab Ali, maire de Sidi Brahim et conseiller général du département de Sétif, a été emmené à Akbou.

CAMP DE MANSOURAH (près de Bordj-Bou-Arreridj)

Le maire de Harraza, Benchabane Smaïl, chef du commando, a eu les yeux arrachés.
Les harkis de Harraza ont été massacrés.
Les Harkis de Selaina, Ouled Taier, Ouled Yacoub, Hamama, ainsi que ceux qui n'ont pas encore été massacrés, sont parqués dans ce camp.

CAMP DE MELOUZA

Dans ce camp, actuel PC de la Naya 321, sont parqués deux cents harkis et Moghaznis de Dahmane-Daala et Beni-Ilmane. le maire de Kerrabeha, Aribi Ali, a été torturé puis égorgé. La famille Bougherra avait fourni à la France quinze harkis ou mokhaznis qui ont subi le même sort. Le chef de la harka de Dahmane-Daala, un nommé Tahar, a été écorché vif.

CAMP DE BENI DOUALA (département de Tizi-Ouzou)

Aux Beni-Douala, un camp de représailles et de tortures a été ouvert dans les locaux de la SAS du Capitaine Oudinot. Les harkis de la région y ont été internés. Certains, dont le harki Belkacem, ont eu les paupières cousues, ont été maquillés et habillés en femmes, puis promenés dans le village.

Voici d'autres camps de prisonniers dont l'existence a été révélée par l'association des anciens SAS, grâce aux témoignages de détenus ayant réussi à s'évader.

CAMP DE BOIS SACRE

C'est un ancien centre de repos des Sahariens. Il est situé à 1,5 km de Gouraya. Il est occupé par une katiba depuis juillet et des prisonniers y sont détenus depuis cette date.

Ex-harkis : cent y étaient internés vers le 15 juillet. Cinquante ont été exécutés vers le début d'août. Il n’en restait plus que vingt au début de septembre.

Européens : Quelques uns ont été tués. Malheureusement les renseignements sont devenus très rares. Ils émanent de très rares prisonniers qui ont réussi à s'échapper. C'est ainsi qu'un ancien harki évadé est témoin que X ... (un Français) a été enlevé le 14 juillet dans les environs de Marceau, puis transféré dans ce camp et enfin exécuter quelques jours après dans les conditions suivantes : ligoté à un arbre, émasculé, les mains et les avant-bras coupés. Ce camp est connu, régulièrement repéré d'avion, d'où l'on peut voir les Européens et les musulmans détenus installés dans des baraquements sur la plage. Les djounouds (soldats de l'ALN) ont tous les droits sur ces prisonniers.

CAMP DE SIDI-SLIMANE

Situé à 15 km au sud de Fontaine-du-Génie
D'après un témoin évadé, les prisonniers sont employés à des travaux de piste toute la journée (juillet et août). Si le travail est insuffisant, les intéressés sont roués de coups jusqu'à la mort.

CAMP DU DOUAR RIDANE

Situé à 15 km au sud-ouest d'Aumale.
En juillet, tous les harkis de la région y ont été rassemblés et divisés en deux équipes. Chaque soir, l'équipe qui avait eu le moins de rendement était exécutée avec les raffinements habituels. Tous les gradés de ces anciennes harkas ont été tués. Un sergent de 23 ans (quatre citations, médaille militaire à titre exceptionnel) est mort d'épuisement après quatre jours de tortures.

On peut encore citer d'autres camps : camps de Marceau, de Bousemane, de Dupleix ...

ENLÈVEMENTS

Les enlèvements continuent hélas en Algérie et personne n'a l'air de s'en soucier outre mesure. Sait-on que plus de deux mille européens ont disparu en Algérie depuis juillet et qu'une quantité infime de ceux-ci ont été rendus ? Où sont les autres ? Quant aux musulmans qui avaient été fidèles à la France, c'est par milliers qu'ils ont disparu, dont la plupart ont déjà été exécutés.

Sait-on en France que les femmes et jeunes filles européennes prisonnières servent au plaisir des soldats de l'ALN avant d'être achevées quand elles n’étaient plus bonnes à rien ?

  Étantdonné que les autorités militaires et civiles ont connaissance de tous ces faits et des lieux où ils se situent, on est en droit de se demander ce qu'elles attendent pour mettre un terme à tous ces crimes les plus odieux, qui sont à la fois un défit au bon sens et à l'humanité et un affront perpétuel à notre pays.

Quand va-t-on se décider à faire respecter les accords d'Evian pour sauver avant qu'il ne soit trop tard, ceux qui espèrent encore une hypothétique libération ?

Témoignages rapportés par Abd-El-Azziz Meliani
"La France honteuse Le drame des harkis"
Editions Perrin

(1) il s'agit sans doute de l'Alma (S.G.)

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VII - Après le 19 mars 1962 le mensonge d'Evian - Le calvaire des Harkis, supplétifs

2 - Les livres-témoignages du colonnel Bernard MOINET :  "Ahmed connait pas" 1980 réédité 1989  et   "Le journal d'une agonie - Oran 1962" Préfaces Jacques Soustelle et Tixier-Vignancourt 1963

Disparition du colonel Bernard MOINET

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Bernard MOINET est né à Pont-Sainte-Maxence le 5 septembre 1926. Il est décédé à Cannes le 4 mai 2012.

A 17 ans, en classe de Math" Spé", il choisit l'Armée. A 19 ans il réussit au concours de l'école de Saint Cyr.

A l'âge 23 ans, il fait la campagne d'Indochine où il est atteint du typhus. Quatre fois cité, il est fait Chevalier de la Légion d'honneur, à 25 ans.

En 1952, il est en Allemagne, où il se spécialise dans les unités de cavalerie. Il est promu capitaine ne 1955 à l'âge de 29 ans puis il passe deux ans à Saumur comme instructeur.

A 31 ans il arrive en Algérie - le 22 mai 1957 - en tant que volontaire. Adjoint au service psychologique, il assiste avec le 13ème DI au Télagh, au défilé de 15.000 musulmans le 11 mai 1958, en présence des généraux Conze et Paquerette. Il crée le 5ème Bureau de la 13ème DI au sein de la zone opérationnelle Centre oranais "ZOCO" dont le PC était à Tlemcen. A Cherchell, il dirige, avec le soutien du colonel Marey une école de cadres qui forme en trois semaines une centaine de cadres pour les "Jeunes Bâtisseurs" lancés par le général Raoul Salan en 1958.

En 1959-1960, il commande le 2ème escadron du 9ème Régiment de Hussards sur le secteur du Télagh. En 1960-1961, il est affecté au 2ème Bureau du Corps d'Armée d'Oran "CAO". Il est promu colonel.

Admissible à l'Ecole supérieure de guerre, il devient membre de l'État-major.

Il est muté en France le 30 avril 1962. Lors du procès de Raoul Salan il est affecté à la Région militaire de Lille. Bien qu'interdit de témoigner, en mai 1962, il sera présent au procès.

En 1963, il démissionne de l'armée et en explique la raison. "Lorsque j'ai appris la liquidation de mes harkas, j'étais furieux et écœuré par la lâcheté criminelle des gouvernements français et des officiers disciplinés. Je ne voulais plus porter l'uniforme ni ma Légion d'honneur. J'ai renvoyé ma Légion d'honneur et j'ai démissionné le jour même".

A partir de 1966, Bernard Moinet devient alors Directeur d'entreprise de textiles. Il est membre de la Commission nationale des combattants de l'Union française. En 1987, il est membre du Comité de patronage de la campagne nationale "Hommage aux Harkis" et cette même année, il est présent à Nice, à la manifestation organisée par les associations des Français d'Algérie, baptisée "25 ans après". Il est signataire de l'Appel "Justice pour les Harkis" en date du 23 décembre 1997. En 1999 il est élu vice-président du Comité Veritas. En 2000, lors d'une assemblée générale, il explique : "la passivité des généraux actuels par le fait qu'à partir de trois étoiles, les nominations se font en Conseil des ministres, ce qui est suffisant pour motiver le détachement de ces mêmes généraux de l'honneur d'une Armée qu'on assassine".

Il a écrit notamment :

"Journal d'une agonie - Oran 1962", préfaces de Jacques Soustelle et de Tixier-Vignancour 1963

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et "Ahmed ? ... connais pas". "Le calvaire des Harkis" 1980 et réédité 1989"

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VII - Après le 19 mars 1962 le mensonge d'Evian - Le calvaire des Harkis, supplétifs

3 - Un article de Jean BASTIEN : " Merci  Bernard MOINET"  30 octobre 2010

Bernard MOINET a été fait chevalier de la légion d'honneur à 25 ans en Indochine.

Il était capitaine à Oran lors des horribles massacres commis par le FLN alors que les unités de l'Armée Française étaient consignées dans leurs casernes suite au cessez le feu unilatéral. Dans son autre livre : "Oran, journal d'une agonie" préfacé par Jacques Soustelle, il déclare : "j'ai eu honte d'être officier français" et il démissionne en 1963.

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Lors du procès du Général Salan, plusieurs officiers ont été appelés à témoigner. Suite à des pressions du ministre des armées, aucun officier n'a été autorisé à témoigner ; seul, le capitaine Moinet a passé outre tenant à venir témoigner pour son ancien patron en Indochine, il n'a pu rentrer au tribunal que grâce à un immense chahut provoqué par les avocats de la défense, il témoigna, à la sortie du tribunal il était arrêté.

Bernard Moinet a été Algérie Française mais pas partisan de l'OAS tout en reconnaissant comprendre ceux qui s'y engageaient mais en leur disant que cela était une erreur, je le cite "l'ennemi, avec une bonne propagande, n'est plus le FLN mais l'OAS...".


LE LIVRE : "Ahmed connais pas"

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page 9 : "Sous les pressions conjuguées des Ministères de l'Intérieur et de la Défense, la mise en vente de ce livre ne fut pratiquement jamais réalisée dans des conditions normales. Le diffuseur fut contraint d'en freiner, puis d'en bloquer l'envoi en librairies ... Il nous fallut donc divulguer l'ouvrage directement par le canal de conférences et d'associations amies".

-page 10 "Certains m'ont demandé quelle y était la part d'authenticité et la part de roman, et j'ai fort bien compris leur étonnement. C'est pourquoi je tiens à préciser ici que tous mes ouvrages, sans exception, ne relatent que des faits dont j'ai été la plupart du temps l'acteur ou le témoin vivant et présent. Je n'ai jamais écrit et n'écrirait sans doute jamais de romans".

L'auteur rappelle également deux citations :
"Moi vivant, jamais le drapeau FLN ne flottera sur l'Algérie". De Gaulle (déclaration du 30 août 1959 lors de la tournée des popotes).
Autre citation : "Que les Algériens sachent surtout que l'abandon de la souveraineté française en Algérie est un acte illégitime, c'est-à-dire qu'il met ceux qui le commettent et qui s'en rendent complices hors la loi, et ceux qui s'y opposent, -quelque soit le moyen employé- en état de légitime défense" Michel Debré ("Le courrier de la colère" 20 décembre 1957.

Ce livre est un véritable hommage aux harkis dont plus de 100 000 furent assassinés après les accords d'Evian dans des conditions atroces et barbares par les nouveaux héros du FLN. Des photos d'une cruauté incroyable sont présentes dans ce livre et on peut se poser des questions, par exemple, comment un être humain peut-il à ce point commettre de telles atrocités ?

Nous sommes très nombreux à n'avoir jamais trouvé la réponse. Certains officiers responsables de leurs hommes et courageux avaient caché dans des GMC bâchés leurs harkis déjà embarqués et arrimés sur le pont supérieur, sur le Ville d'Oran par exemple, pas une bâche, pas une ridelle ne bougeait.

Page 170 :" c'est alors que l'on vit monter à bord quatre personnages très excités... le quatrième était en tenue fell, portant brassard mais sans galons....Mes respects, mon colonel. Nous venons de recevoir de l'état-major de l'armée un message très important, classé "Ultra Secret" et nous sommes chargés de vous le transmettre d'urgence : Télégramme n° 125 / IGAA-16 mai 1962/Ultra Secret/Strict. Confidentiel. Ministre Etat Louis Joxe demande à Haut-commissaire rappeler que toutes initiatives individuelles tendant à installation métropole Français Musulmans sont strictement interdites. En aviser urgence tous chefs S.A.S. et commandants d'unité". Signé Louis Joxe.

A partir de cette page, daté jour après jour, l'auteur, avec une précision remarquable va raconter comment tous ces hommes qui avaient cru à la parole de la France, à la parole de leur officier vont vivre un cauchemar dont la plupart ne survivront pas. Tous les officiers qui ont vécu ce drame ne s'en remettront pas non plus moralement.

Ce livre est plus qu'un livre, c'est un témoignage.


Merci Bernard MOINET

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Autres livres écrits par le Colonel Bernard MOINET :

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VII - Après le 19 mars 1962 le mensonge d'Evian - Le calvaire des Harkis, supplétifs

4 - Un autre article de MANSION sur les livres témoignages de Bernard Moinet : "Harkis poussés er déchiquetés par les champs de mine, horribles tortures et lentes agonies ... (Samedi 17 septembre 2005)

Harkis poussés et déchiquetés sur les champs de mines, horribles tortures et lentes agonies, se chiffrent par dizaines de milliers. Bernard MOINET décrit dans ce livre les résultats d’une enquête de plusieurs années sur cette tragédie.

Cet aspect du conflit Algérien a été soigneusement caché par les grandes consciences spécialisées dans la diffamation de l’Occident.

 

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"16 août 1962 ... A 5 heures du matin, tous les prisonniers harkis ont été réveillés et répartis par catégories. Dès 6 heures, les premiers cris montent des lieux de torture. A partir de 7 heures, la population est invitée à assister à ces nouveaux jeux du cirque. Des dizaines de harkis hurlent, maintenant, à la mort...."

Page 36 : "Laïchi SALAH, ancien sergent à la CCAS a subi, lui aussi, les brûlures et les déchirures de la magnéto. Mais on l’a changé ensuite d’atelier. On a commencé à dépecer le corps électrocuté, et mentalement détruit, vers 11 heures. A midi, un bras et une jambe ont été coupés. On l’achèvera après l’heure du déjeuner."

"Il en sera de même pour Boviti Tahar, de même pour Rabah ben Ahmed, de même pour Alouani Saïd, de même pour Chenoufi Abdelkader, de même encore pour une dizaine d’autres."

 

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"A la même heure monte l’acre et insupportable odeur de l’essence enflammée et des chairs brûlées. On a été récupérer les derniers stocks de carburant abandonnés par le 2e Spahis, et le grand brasier a été enflammé, dès le matin. Un à un, on a précipité les harkis dans la fournaise, chacun à l’appel de son nom, les autres assistant à l’effrayante torture et attendant leur tour, nus, silencieux, tremblants. On en est au quinzième supplicié."

"Mais les ultimes finesses, les plus subtiles recherches sont réservées au groupe n° 2, pour lequel libre cours a été laissé à l’imagination des opérants. C’est vers ce groupe-là que les trois commissaires politiques font converger le maximum de spectateurs de tous âges. Et c’est là que l’horreur dépasse véritablement l’imagination. Une dizaine, parmi lesquels Moussa Mahfoud et Moussa Amar, ont déjà eu des tiges de fer, rougies au feu, enfoncées dans le visage. Ils paraissent morts, mais ne le sont pas. Leurs yeux sont grands ouverts, fixes, immobiles. Sans doute ne sentent-ils plus la douleur et n’entendent-ils qu’à peine les bruits et les cris environnants. Le sergent Djemal Borouis, de la SAS de Rivet, a eu les doigts des pieds et des mains coupés, un à un. Il lui en restait encore trois, un au pied gauche et deux à la main droite, lorsqu’ils décidèrent de l’égorger. Puis on lui a coupé la verge et les testicules et on les lui a enfoncés dans la bouche. Il est là, corps magnifique de vingt-sept printemps, et pourtant déjà cadavre puant, parmi les autres corps, encore haletants, de ceux qui n’ont pas basculé vers l’au-delà. Ils le feront ce soir, ou cette nuit."

"Le harki Tahar, du 117e RI, vient également d’être égorgé, mais après avoir été dépecé par lambeaux de chair sur les bras et les jambes."

 

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Il est 13 h 30. Ils sont en train de décapiter Djelloui, qui a été transféré, il y a quelques jours, du camp de Bensala, dans l’oued El Alleug. On va faire cela selon les règles, par coups de rasoir successifs, et par fines entailles d’un millimètre à peine. A chaque incision, Djelloul lance, vers le ciel, un râle profond, mais surtout un appel.

Il le sait, des milliers d’appels semblables montent vers le ciel d’Algérie, depuis des semaines. Quelqu’un les entendra-t-il ?

Ou personne, jamais personne n’y répondra-t-il ?

Pour Ournader Abdelkader, on a trouvé autre chose : on le décortique à la tenaille. Travail d’artiste, ou pour le moins d’artisan. Le fellagha s’applique, et vient de délaisser la jambe droite, pour s’en prendre au ventre. Les premiers lambeaux de peau brune sont arrachés. Le buste d’Ournader, presque intact encore, vibre intensément à chaque atteinte. Il tire, en vain, sur ses bras et ses jambes, attachés à quatre énormes piquets fichés dans le sol.

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Le même supplice a été infligé, depuis le matin, à son père : Ournader Hocine. Mutilé de guerre (Italie-France-Allemagne), officier de la Légion d’honneur, conseiller municipal. Plus âgé, Hocine a rendu l’âme vers 11 heures.

Puis on a été chercher la famille de Lagha Salah. Toute sa famille : sa mère, sa femme, ses enfants. Et devant ses proches rassemblés, ils ont assassiné Lagha à coups de pioche.

D’abord sur les membres, puis en bordure du thorax, enfin autour du visage, en l’effleurant à peine (à l’exception de quelques coups malheureux et maladroits, bien sûr, qui ont laissé de larges plaies au menton et à la joue droite).

Le coup de grâce sera donné à la tête, puis au cœur, dans la soirée, vers 21 heures. La famille, debout, a dû assister à toute la scène, sans broncher. L’auteur de ces abominations est connu : il s’appelle « Le commandant Mokhtar ».

Ces mutilations n’ont pas été exécutées sur des cadavres, mais sur des victimes conscientes dont la souffrance se passe de commentaires.

Un sadisme proprement révoltant si particulier aux crimes commis à l’arme blanche. Hier c’étaient ces malheureux qui aimaient la France... Aujourd’hui ce sont des postières ou d’humbles retraitées.


VII - Après le 19 mars 1962 le mensonge d'Evian - Le calvaire des Harkis, supplétifs

5 - Hélie de Saint Marc, résistant, déporté, héros des guerres d'Indochine et d'Algérie, parle des Harkis et du Secours de France - publié 2014 par Secours de France

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En Algérie je me suis battu, avec les plus prestigieux de nos chefs militaires pour ne pas revivre ce que j'avais subi au Tonkin: la honte et le drame de l'abandon de populations auxquelles, au nom de mon pays, j'avais demandé un engagement au péril de leur vie.

Mais nous avons été trahi par un Pouvoir oublieux de ses promesses, de son honneur, ... et du nôtre.

La France abandonna la plupart des Harkis et des musulmans qui lui étaient favorables. Plusieurs dizaines de milliers d'entre eux furent assassinés.

Certains furent débarqués de bateaux français. D'autres furent massacrés sous les yeux de soldats auxquels le Gouvernement avait donné l'ordre de ne pas intervenir.

Ce drame est l'une des taches les plus sombres de notre histoire contemporaine.

C'est pourquoi, poursuivre l'action en faveur des Harkis menée depuis cinquante ans , par le secours de France me parait essentiel car l'association leur apporte un indispensable soutien moral, juridique et financier.

Il s'agit aussi concrètement, tel qu'on peut le voir dans le remarquable film-documentaire "Harkis, Histoire d'un abandon", de rendre leur honneur à ces frères d'armes qu'une entente de fait entre les autorités de l'époque et le nouveau pouvoir installé par elles en Algérie a voulu déconsidérer, sinon faire disparaitre. Ce que demande le Secours de France est bien peu de chose en échange de l'honneur d'assister ceux qui ont voulu sauver l'histoire de notre patrie en Algérie. Merci de répondre généreusement à l'appel qui vous est fait.

Hélie de Saint Marc

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 harkis St Maurice1

 

Notre ami Hélie de Saint Marc est décédé le 26 août 2013. Sa vie exemplaire, durant laquelle il a incarné les vertus françaises les plus admirables, constitue pour nous le meilleur encouragement à poursuivre son œuvre en faveur des Harkis comme il nous l'a expressément demandé avant de nous quitter.

Secours de France 2014


VII - Après le 19 mars 1962 le mensonge d'Evian - Le calvaire des Harkis, supplétifs

6 - "AUX CHAMPS POUR UN DRAPEAU - MOSTAGANEM"  par le Général Paul VANUXEM (1904 - 1979)  paru dans la Lettre de VERITAS N°16 - Octobre 1997.


drapeau de mosta1

 

"C’était un nommé TCHAM KOUIDER qui, à Mostaganem, portait le drapeau aux cérémonies patriotiques, aux obsèques des camarades et à l’enterrement des soldats qui tombaient dans cette guerre qui n’avait pas de nom ni de loi. Tcham Kouider ressentait bien tout l’honneur qui lui en revenait et n’aurait pour rien au monde consenti à se dessaisir de sa charge glorieuse.

Lorsque le FLN le menaça de mort, il en rendit compte à son Président, tout simplement en bon soldat qu’il était, mais se regimba comme sous une offense lorsqu’on lui proposa de le remplacer dans son honorifique emploi. Cela se passait vers la fin de l’année 1956.
TCHAM KOUIDER fut abattu le 14 février 1957. Sa dépouille fut portée par ses camarades. On fit un discours.

CAID MECHLA qui le remplaça fut, à son tour, l’objet de menaces de mort. Il en rendit compte à son Président, et tout comme Tcham Kouider, il refusa énergiquement de renoncer à ce qu’il considérait comme un honneur, si périlleux qu’il fût ...

Il fut abattu le 21 juin 1957.

BENSEKRANE YAHIA conduisit le cortège jusqu’au cimetière aux stèles blanchies et, à son tour, il inclina le drapeau devant la tombe se son prédécesseur. Quelques jours plus tard, il fut lui-même menacé et lui aussi ne put accepter de se renier ; il porta le drapeau au cours des cérémonies du 14 juillet...
Il fut abattu le 8 août 1957
.

HENNOUNI BESSEGHIT devint le quatrième port-drapeau de cette année.
Il fut abattu le 8 octobre 1957
.

Les évènements prenaient une meilleure tournure et HADJ GACHEGACHE, tout raide de l’honneur qui lui était fait, ne fut abattu que le 27 août 1958. C’était pourtant au temps où il semblait qu’on apercevait le sourire de la Paix et où soufflait un vent vivifiant d’espérance.

BEY BAGDAD lui succéda.
Il fut abattu le 14 juillet 1959
.

ADDAD ALI fit comme ceux qui l’avaient précédé et, avec son humeur tranquille, quand il fut menacé, il refusa calmement de céder le poste de confiance dont il était investi.
Il fut abattu le 11 septembre 1959
.

Son camarade RHAMOUNI LAKDAR releva la charge et, après tant d’autres.
Il fut abattu le 7 novembre 960
.

Il se trouva des volontaires dans la section des anciens combattants Mostaganem pour briguer encore l’emploi de porte-drapeau qui revint à BELARBI LARBI. BELARBI LARBI reçut une balle dans la nuque le 16 janvier 1961. Il advint que BELARBI LARBI n’en mourut pas. Il fut, suivant le mot administratif et blasphématoire, rapatrié. Il prit le bateau pour la France puisque la terre où il était né avait cessé d’être la France ... Il emporta son drapeau. BELARBI LARBI est en France. Il est toujours porte-drapeau. Il n’est pas sûr de n’être pas encore menacé. Il ne se pose pas la question de savoir ce que signifie encore le drapeau de la section des Anciens Combattant de Mostaganem, ni ce qu’il pourra advenir de son drapeau et de lui-même.

 

Mostaganem1

 

Il est le neuvième porte-drapeau de sa section à avoir risqué sa vie pour l’honneur de porter le Drapeau.

Je salue son drapeau, roulé aujourd’hui dans sa gaine et si lourd du poids de tant d’âmes, de tant de foi et de tant d’amour de la France."

Général VANUXEM
La Lettre de VERITAS N°16 - Octobre 1997
NDLR : Belarbi Larbi est décédé en mai 1996 à Mantes la Jolie. Il a eu une fille qu'il a prénommée France

 

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