12.8 - Les Pompiers

VI - Les témoignages - Les médecins - les infirmiers - les pompiers

Témoignage de Joseph Menella

J’avais 24 ans. Je résidais à Bâb El Oued, j’ai donc vécu le blocus à la fois comme sauveteur et comme habitant du quartier.

Le 26 mars, nous avons été réquisitionnés. Quand nous sommes arrivés près de de la Poste, le feu venait de cesser. Voyant les ambulances et entendant leurs sirènes les gens ont repris confiance, plusieurs se sont levés. Alors les militaires se sont remis à tirer.

J’ai ramassé une jeune fille mais elle était morte. À ce moment j’ai senti quelque chose de chaud sur moi, j’ai regardé et j’ai vu le sang. Je me trouvais au milieu de la place entre les chicanes des tramways et les escaliers de la poste. J’ai rampé en direction du Crédit Foncier. Puis j’ai réussi à entrer dans un immeuble. Un de mes collègues se trouvait déjà là. C’est lui qui m’a secouru et emmené à l’hôpital.

J’avais été atteint de face par une rafale de F.M. La balle avait été déviée, heureusement, par la boucle métallique de ma ceinture de feu, elle est entrée et ressortie sans toucher d’organe.

À l’hôpital Mustapha, j’ai vu l’un des militaires blessés. Son tee-shirt portait une inscription écrite avec de la peinture, willaya 3 en français.

Je n’oublie pas, je me rends toujours aux cérémonies et aux messes dites pour les victimes de ce crime.

Francine Dessaigne : Pompiers blessés en service

«  Comme nous avons pu le voir dans la presse, à l’égal d’autres ambulanciers, des pompiers ont été blessés en portant secours aux victimes. Le « livre interdit » publie quatre non : Joseph Menella, Joseph Perez, Charles Setboun, François Vicens. Étant donné la gravité du fait, nous avons jugé utile de rechercher ces sauveteurs et de leur demander s’ils étaient bien en service au moment où ils sont été blessés.

Dans une lettre qu’il m’adresse Monsieur Menella confirme que les noms publiés sont bien ceux de ses camarades blessés en même temps que lui.

J’ai retrouvé un autre de ces pompiers. Sa femme m’a dit qu’en effet son mari avait été blessé alors qu’il tentait de porter secours, mais l’état de santé très précaire de cet homme ne lui permet pas de fournir un témoignage écrit. »

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