5.30 - RICHARD René 47 ans

 
 1 - Témoignage de Madame veuve René Richard
 
Je me rends compte alors que mon mari reste étendu par terre, inerte, peut-être mort. Je m’arrête dans ma course pour essayer de le relever, mais quelqu’un m’entraîne de force, car on entend encore des coups de feu. Je ne sais plus ce qui se passe, je suis comme folle, et n’ai qu’une idée : aller porter secours à mon mari étendu en bas.

La première ambulance est prise d’assaut par les gens encore valides, mais la deuxième se fait attendre. Je supplie un militaire arrivé dans un GMC d’emmener mon mari à l’hôpital. On charge dans ce camion des agonisants et des blessés.

Ce jeune soldat me dit avec des larmes dans la voix : « C’est affreux. Nous n’aurions jamais dû vous laisser passer ».

Mon mari était déjà mort.

Madame Vve René Richard - 6 rue Richelieu à Alger.
Le Livre Blanc – Le livre interdit  - Francine Dessaigne.

01
Les camions militaires récupèrent les morts


02
Ambulances municipales
03


2 - Témoignage des journalistes

La Dépêche d’Algérie
Vendredi 30 mars 1962

Dans la nuit de mercredi à jeudi, les autorités avaient procédé à l’acheminement de la plupart des corps des victimes de la fusillade de lundi vers les cimetières de la ville où les familles avaient manifesté le désir de les inhumer.

C’est au cimetière de Saint Eugène, du boulevard Bru, d’El Alia, d’El Biar, qu’avaient lieu ces obsèques. Cependant que dans l’intérieur, à Médéa, avait lieu l’inhumation de Monsieur Émile Loretti et à l’Alma  celle de Monsieur Fernand Magne. [1]

Au dépositoire du cimetière du boulevard Bru se trouvaient les corps de Messieurs Louis Fermi, Marcel Puig,
René Richard, François Pisella, Jacques Innocenti et de Madame Anne Mesquida.[2] Le corps de Monsieur Roland Gerby était amené dans l’après-midi.

Des 8 heures une foule considérable attendait devant l’entrée du cimetière Bru, Chemin des Crêtes. Le service de gestion du cimetière pris au dépourvu par les arrivées non prévues des corps pendant la nuit, s’activait dès  l’ouvertures des grilles, à creuser les fosses et à dresser un horaire approximatif des inhumations.

La foule, qui attendait au-dehors, comme pour les enterrements habituels, dut parfois se rendre au dépositoire pour une courte prière devant le cercueil d’un ami ou d’un parent et présenter les condoléances à la famille avant que le corps ne soit inhumé. L’inhumation avait lieu plus tard en présence de la famille seulement, comme pour Monsieur Jacques Innocenti, par exemple.

Pendant ce temps un cortège passait dans l’allée, sans prêtre et sans employé des Pompes funèbres. Le cercueil porté à bras par des amis du défunt. On en arrivait à se demander si les cortèges n’allaient pas se croiser dans l’allée.

[1] Magne Fernand a été mis par erreur dans la liste du 26 mars. Il est décédé à l’Alma, dans son lit d’une crise cardiaque. Confirmé par deux fois : des amis l’ayant connu et par l’association L’Alma – l’Alma marine – Le Corso.

[2] Il s’agit de Jeannine Mesquida

Ci-dessous le cimetière du boulevard Bru 1962

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Et aujourd'hui

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Sur le net : http://www.demarcalise.com/

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