3.6 - Jean-Pierre LLEDO : ses films, ses documentaires, ses livres, ses DVD

XI - Bibliothèque - Documentaires - Films - Vidéos - Diapos

1- Éléments biographiques - Prix et distinctions

2 - Ses films : 4 longs métrages et des courts métrages

3 - Ses livres - Ses DVD  

4 - Comment lire ses livres par Ali Ghozlane 2013

5 - Jean-Pierre Lledo et d'autres à l'origine d'une pétition mondiale pour faire reconnaître le massacre du 5 juillet à Oran

6 - Appel pour un projet

 

 

1- Éléments biographiques - Prix et distinctions

Jean-Pierre Lledo, est né le 31 octobre 1947 à Tlemcen en Algérie. Il est d'origine judéo-espagnole, d'une mère juive depuis 25 siècles en Algérie, d'un père espagnol en Algérie depuis le 19ème siècle.

Cinéaste, il est diplômé en 1976 du VGIK - Institut du cinéma de Moscou - "mise en scène fiction dans l'Atelier de Mikhail Romm.

Il quitte l'Algérie en juin 1993 suite à des menaces islamistes. A partir de l'assassinat de l'écrivain Tahar Djaout, il figure sur la liste islamiste des premiers intellectuels à abattre

Il vit aujourd’hui en Israël. Sa compagne Ziva Postec est la chef-monteuse de la Shoah, un film documentaire français de Claude Lanzman, réalisateur. Elle-même est la réalisatrice du film "M.G. préparatifs pour un départ" version française de 88 minutes. "M.G." : Moshe Gershuni, peintre et sculpteur israélien dont beaucoup de membres de sa famille du côté maternel furent tués dans la Shoah.

 

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Ziva POSTEC Avril 2013 - Port Jaffa en fond

Jean-Pierre Lledo réalise en Algérie deux longs métrages de fiction, « L’Empire des rêves » et « Lumières » et une douzaine de moyens métrages documentaires.
A partir de 1994, il réalise de nombreux documentaires, dont quatre longs métrages.
Jean-Pierre Lledo a reçu de nombreux prix et distinctions:

** Prix et distinctions

- Sélectionné par les Grands Festivals
- 1991 Festival de Lorquin Clé d’argent pour « La mer est bleue, le ciel aussi » et primé au Festival de vidéo-psy de Paris
- 1995 Festival d’Auxerre mention spéciale du jury pour le « Bateau perdu »
- 2004 Montréal 1er prix du film documentaire pour « Un rêve algérien »


2 - Ses films : 4 longs métrages et des courts métrages

- Scénarios de l’auteur
4 longs métrages- documentaires

 

- 1998 -  Lisette Vincent une femme algérienne

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Fille et petite fille de colon née en 1908 en Algérie, cette ancienne institutrice pionnières des méthodes de l’Éducation Nouvelle, compagne de route de Freinet, fut volontaire antifasciste pendant la guerre d’Espagne, condamnée à mort sous Vichy en 1942, avant de s’engager pour l’indépendance de l’Algérie.

Le portrait de Jean-Pierre Lledo s’est attaché au parcours de cette femme qui se considérait en exil en France où elle est arrivée en 1972. Lisette Vincent s’est éteinte le 13 juillet 1999 en France, dans la Drôme. (photo D. R.)

"Quand je rencontre pour la première fois celle qui a fait partie de l'Olympe de mon enfance, une chose me frappe d'emblée : cette vieille dame qui chaque matin se récite plusieurs poèmes en diverses langues après sa séance de yoga, est toujours en lutte. Contre qui désormais,sinon elle-même ...? Singulier combat où vaincre supposait sa propre défaite.
Mais peut-on filmer un héros, sans évoquer ce dont tôt ou tard il doit s'acquitter"


Il réalise la TRILOGIE DE L'EXIL

« En revenant sur les souffrances, les rapprochements, les connivences et les brassages, j’ai conçu ces film comme une adresse aux jeunes générations de tous les pays du monde, et particulièrement à tous ceux qui dans le monde sont les héritiers d’histoires officielles, tronquées ou sa falsifiées, et qui confrontés aux mêmes traumatismes, questions, silences, ont le même besoin vital de vérité »  Jean-Pierre Lledo

1 - 2003 - Un rêve algérien

L'auteur, exilé en France depuis 1993, demande à Henri Alleg, de retourner dans le pays pour la liberté duquel il fut prêt à sacrifier sa vie en 1957. Si pour le monde entier, Henri Alleg c'"est "La Question", publié en 1958, première dénonciation de la torture par quelqu'un qui l'a subi, et pour les Algériens, le directeur du seul quotidien anti-colonial "Alger-Républicain", pour l'auteur, il est surtout la preuve que face aux clivages ethniques de la colonisation française et du nationalisme algérien, une autre Algérie était possible où juifs, pieds-noirs et arabo-berbères auraient pu vivre ensemble. Rêve qui aujourd'hui semble avoir disparu et même n'avoir jamais existé ...

Devenu indépendante, pourquoi l'Algérie n'a-t-elle pu être aussi fraternelle ?

2 - 2004 - Algéries,  mes fantômes

Un cinéaste algérien en exil, d'origine judéo-espagnole, entame un long voyage filmé pour affronter les fantômes qui le guettent depuis son arrivée en France. Voyage identitaire et retour sur une histoire algéro-française taboue de ces 50  dernières années, au bout desquelles se recompose peu à peu, de villes en villes, avec des personnages rencontrées par hasard, le puzzle d'une Algérie aux multiples visages qui n'a jamais été, mais qui sera peut-être ...

 

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"Algéries, mes fantômes" de Pascal Hilout

La projection du film « Algéries, mes fantômes » de l’Algérien Jean-Pierre Lledo, à La Friche la Belle de Mai (Marseille), m’a permis de découvrir un aspect de la production cinématographique que le terrorisme intégriste, au lieu de la faire taire, n’a pu que mieux la stimuler.

Jean-Pierre Lledo et bien d’autres artistes créateurs algériens se sont vus contraints de choisir l’exil plutôt que le cercueil. C’est donc quarante ans après l’exode de sa propre famille, suite à l’indépendance de son pays, que notre cinéaste se retrouve en France. Et c’est là qu’il est amené à regarder, les yeux dans les yeux, non seulement les tabous que l’Algérie lui avait légués, mais aussi les fantômes d’une Histoire taboue, « les événements » comme on disait en France.

Le film documentaire est absolument magnifique et on ne peut que s’étonner qu’il n’ait jamais été montré à la télévision française. C’est une œuvre salutaire comme seul l’art a la manière de nous en offrir pour nous délivrer de nos cauchemars. Les acteurs, des gens ordinaires tout à fait hors du commun, ont tous en partage une parcelle d’Algérie dans les veines et dans le cœur alors qu’ils doivent vivre en France.

Qu’ils soient des proches de la famille Lledo, partis d’Algérie dès 1962 et que notre cinéaste retrouve pour la première fois, certains avec leur douce musique arabo-andalouse en arrière plan, que ce soit un couple de résistants où la femme porte visiblement la culotte tout en se plaignant du machisme de là-bas et qui dit : « avec les Arabes, les Gitans, et les Espagnols, on partageait tout, même les poux ! », que ce soit un parachutiste qui n’arrive pas à nommer la torture tout en exprimant une souffrance intérieure drôlement bien filmée de biais, que ce soient des enfants de harkis qui prennent en charge les souffrances de leurs parents pour expectorer le dégoût de cette guerre fratricide qu’ils ont toujours tu au fond des tripes, de quoi vous ulcérer la vie, qu’il soit journaliste ayant miraculeusement survécu aux multiples coups de feu des islamistes… tous ces acteurs de la vie, ou plutôt ses survivants, ont un talent fou pour dire les multiples déchirures de l’Algérie. Dans ce film, on en découvre bien d’autres personnages qui, dans le malheur et la douleur et grâce à leur capacité de dire non et d’y résister, vous réconcilient avec l’humanité.

Les histoires personnelles qu’ils nous racontent sont poignantes sans jamais tomber dans l’apitoiement, dans le ressentiment ou la facilité. Une certaine pudeur y est même perceptible et il y a aussi une drôlerie, sans forcer, qui nous fait toucher du doigt la tragi-comédie sanglante de l’Algérie.

On ne peut oublier cette réflexion exprimant le dépit amoureux d’un fils de partisans de l’indépendance qu’il adresse à lui-même. Après avoir enterré ses parents qui s’accrochaient bec et ongles à l’Algérie, il a dû quitter ce pays avec un certain retard en se disant : « tu voulais l’indépendance, tu te la farcis ! »

En tout cas, ce film mérite une large distribution aussi bien en France qu’en Algérie. Nous devons tout entreprendre pour le faire programmer par des chaînes comme Arte. Mais il peut tout autant servir de support à un débat sur d’autres chaînes nationales. Il nous permettra tous de sortir plus intelligents après sa leçon d’Histoire faites d’histoires d’êtres humains plus touchants les uns que les autres.

Ce film n’étant qu’un épisode d’une série de films de M. Jean-Pierre Lledo, ne manquez surtout pas l’occasion de voir son prochain long-métrage : « Algérie, histoires à ne pas dire », qui sortira en salles en France en Février 2008.

*Pascal Hilout, journaliste de « Riposte Laïque ».

La projo à Marseille eu lieu le 17 Nov 2007.

 

3 - 2007 - Algérie - Histoires à ne pas dire


En Algérie, ce film est censuré, car en grande partie contraire à l'histoire officielle imposée par le FLN.
En France, ce film est censuré par les chaînes privées et d'état, car en grande partie contraire à l’histoire officielle imposée par l’État français. Mais en contre partie ce film a eu une sortie cinéma et une presse particulièrement élogieuse

Synopsis paru dans Kef Israël
Quatre Algériens d'origine musulmane en quête d'une vérité sur leur propre vie, reviennent sur les dernières années de la guerre, de 1955 à 1962, qui sont aussi les dernières de la colonisation française. Philippeville, Alger, Constantine, Oran, ils nous font voyager entre haines et fraternités, dans une mémoire occultées et censurées ... Celle des rapports avec leurs voisins chrétiens et juifs - 

 

Dans ce documentaire de 2 heures 40 l'Algérien Jean-Pierre Lledo, d'origine à la fois juive, berbère et espagnole, a l'ambition de montrer ce qui reste de la cohabitation des communautés dans la mémoire des Algériens. Le film comprend quatre séquences qui sont emblématiques de l'histoire de la guerre d'Algérie :
- le massacre du 20 août 1955 à Philippeville, qui est le vrai début de la guerre;
- la bataille d'Alger, marquée par des attentats contre des civils innocents;
- l'assassinat le 22 juin 1961, du musicien arabo-andalou Raymond, qui entraîne l'exode de la population juive
- le massacre du 5 juillet 1962 à Oran suivi de l'exode des Européens. Ces derniers sont en effet les absents du film.

Le premier épisode met face à face un enseignant dont la famille a disparu dans la répression du 20 août, et les terroristes de l'A.L.N.  qui ont massacré les Européens de la mine d'El Halia. La bataille d'Alger est commentée par une animatrice de la radio au nom évocateur de Katiba, confrontée à la terroriste Louisa Ighilariz. L'histoire de Cheikh  Raymond est illustrée par des musiciens, en l'absence du personnage principal qui s'est retiré du film en raison des interdits ministériels. A Oran, le jeune metteur en scène, Kheïreddine s'efforce de faire parler des protagonistes du drame de 1962. Les dialogues sont accompagnés et soutenus par les chants sacrés de l'Andalousie, interprétés par la Kabyle Hayet Ayad.

Ce film est passionné et passionnant, il montre comment le fanatisme islamique peut transformer des hommes simples en racistes et en tueurs de femmes, d'enfants  et de religieux (comme à Tibhirine). A Lledo qui leur demande pourquoi ils tuaient des civils, ils répondent que le gaouri, c'est l'ennemi et que cette tuerie incitera les femmes européennes (c'est elles qui commandent !) à quitter l'Algérie. Quant à Ighilariz, elle met en avant la faiblesse des résistants par rapport à la logistique de l'armée coloniale (sic). Telle quelle est présentée par ces fanatiques, l'histoire de la révolution n'est pas exempte d'erreurs historiques. L'homme du peuple en revanche, se souvient des bonnes relations qui existaient entre Pieds-noirs et musulmans : "On était heureux, on avait tout ce qu'on voulait", dit l'un. Le jeune de la Casbah d'Alger se moque de la révolution, il demande à vivre en paix aujourd'hui. Les femmes d'Oran, qui se souviennent de "Besame mucho", ont pleuré en regardant leurs amis européens prendre le bateau. Le massacre du 5 juillet est pour les plus lucides, une atteinte à l'honneur. Ce jour-là Oran a perdu son âme !

Bien que financé à moitié par l'Algérie, le film est interdit dans ce pays, soi-disant pour des raisons de non-respect du contrat (qui prévoyait une durée de 53 minutes); en réalité, comme le dit le cinéaste Merbah, c'est parce qu'il ternit l'histoire de l'Algérie et de sa révolution. Quant à Lledo, il se demande si une Algérie multiethnique, libre et fraternelle, n'était pas possible.
Ce portrait de l'Absent, c'est bien une histoire à ne pas dire.

Maurice Faivre
"les informations de l'algérianiste" supplément du n°121 - mars 2008

 

Algérie histoires à ne pas dire - Le livre choc interdit en Algérie. Scénario-réactions-polémiques
Préface de Boualem Sansal. Ed. Atlantis 2011

Wolf Albes, maître-assistant à Wurzburg, ami de Francine Dessaigne, diffuse depuis 20 ans, avec une persévérante passion, les ouvrages des écrivains français d’Algérie. En coopération avec Jean-Pierre Lledo, il publie ici des commentaires sur le film qui relate l'échec d'une Algérie multi-ethnique.

Dans la préface, Boualem Sansal  fustige la ministre algérienne de l'inculture et de la folie furieuse, qui refuse de dire la vérité du film : il n'y avait pas de guerre ethnique pendant la colonisation. Elle incite donc les acteurs du film à refuser leur participation.

Les extraits du scénario soulignent les mémoires complémentaires des témoins, et les bonnes relations existant entre chrétiens, musulmans et juifs avant 1954 - l'ordre de tuer les "gours" (non-musulmans) donné par les terroristes de Philippeville et Alger - la répression aveugle du 23 mai 1955 - l'épuration ethnique des Oranais le 5 juillet 1962 - la manipulation del(histoire par les héritiers du FLN. Une rescapée d'El Halia fait un horrible récit du massacre de 13 membres de sa famille (une "fête avec viande" annoncée la veille par un employé de la mine ...).

Alors que la presse française réprouve en général la barbarie sacrificielle et la justification du terrorisme, les journaux algériens occultent la responsabilité de la révolution. Ils condamnent le fascisme de l'OAS mais ignorent le totalitarisme du FLN. Intéressant est le jugement de Lledo sur l'OAS : Et si j'estime que l'OAS choisit la pire des stratégies, la plus suicidaire, il me faut désormais admettre que cette réaction avait été, pour l'essentiel, celle de victimes et de desperados. Violence certes vouée à l'échec, alors que le gouvernement français, une fois ses intérêts pétroliers préservés, avait accepté la condition du FLN à être l'unique représentant lors des négociations qui durèrent près de trois ans, n'hésitant même pas à laisser en pâture une population tant pied-noir  et juive que musulmane (les Harki). Ce désespoir n'empêche pas les lettres des rapatriés d'exprimer une certaine tendresse pour l’Algérie.

Jean-Pierre Lledo partisan de l'indépendance qui a dû fuir le fascisme islamique, réédition en 1990 de celui de 1955, raconte comment son film a été interdit pour cause d'apologie du colonialisme. Ses arguments de bon sens ont peu de chances d'être compris par les djihadistes, qui paraissent invulnérables. Il a réussi, et c'est l’essentiel, à libérer la mémoire de ses témoins, et à se moquer des réactions à géométrie variable de l'historien qui monopolise en France l'histoire de la guerre d'Algérie.

Les fils paient pour leurs pères, les innocents pour les coupables, les peuples pour les princes. Cet aphorisme de Jean-Pierre Millecam résume le sentiment des victimes de la purification ethnique.

Général Maurice Faivre le 20 avril 2011

 

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Courts métrages documentaires

- 1994 Chroniques algériennes

Festival international du Documentaire "Vues sur les Docs" à Marseille.
Chronique de femmes et d'hommes, qui, soir par leur courage, soit par leur dignité, soir plus simplement par instinct de vie, refusent de se soumettre à la logique de mort de l'intégrisme. Tournée en H8, en caméra cachée pour les extérieurs, du 15 juin au 8 juillet 1994 dans différentes régions d'Algérie.

- 1996 L’Oasis de la Belle de Mai

Contraint de quitter l'Algérie suite à l'assassinat systématique des intellectuels, Denis Martinez, peintre algérien d'origine espagnole, va retrouver à la Friche de la Belle de Mai, après plus d'une année d'exil, quelques uns de ses anciens élèves de l'école des Beaux Arts d'Alger, éparpillés depuis peu en France...
Avec les récits de souffrance de l'artiste renvoyé aux questions les plus essentielles liées à sa propre identité, s'entrecroisent les engagements fougueux, mais graves des jeunes peintres, pansement sur les plaies ouvertes du "Maître". Marseille, guérirait-elle les tourments de l’exilé ?
C'est aussi pour le savoir, que dans l'underground d'une ancienne usine de tabac, imprégnée des sueurs d’exilés du monde entier, a été conçu notre "Oasis

- 2001 Jean Pélégri, alias Yahia El Hadj

La guerre d'Algérie et le départ pour toujours de sa communauté l'ont déchiré, mais face aux divisions, aux inégalités et aux haines, il s’obstine à témoigner de l'histoire souterraine des connivences inter-communautaires ...
Entre son pays natal qu'il lui fallut quitter pour devenir écrivain et Paris sa ville d'adoption, où depuis 1956 il n'écrit que sur l'Algérie, genèse d'un écrivain pied-noir né dans une ferme de la Mitidja qui s'appelait Haouch "El Kateb" (Ferme de l'écrivain)

 

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Jean-Pierre LLEDO - Cinémathèque Jérusalem - 20 Oct 2010

 


 

XI - Bibliothèque - Documentaires - Films - Vidéos - Diapos

3 - SES LIVRES - Ses DVD et un livre + DVD

Un DVD -:  Mers El Kebir 43 ans après

 

Ses livres :

**Sorties en 2011 aux Editions Atlantis - Allemagne deux livres

- Algérie, histoires à ne pas dire / Scénario - Réactions - Polémiques - Documents
- Grand-Père a tué deux "colons" - 8 Mai 1945 en  Algérie /
Scénario - Polémiques - Documents

**Sorties en 2012 et 2013 aux Editions Colin - France deux livres sur le monde arabo-musulman

- La révolution démocratique dans le monde arabe : Ah! si c'était vrai ...
- Le Monde arabe face à ses démons : Nationalisme - Islam - Juifs !

 

Un livre + DVD :   " Grand-père a tué deux colons"  -  8 mai 1945 en Algérie : l'insurrection commence avec le massacre des innocents

Édités par les Editions Atlantis.
L'éditeur Wolf Albes explique : "Ce film qui abordait les fameux "évènements du 8 mai 1945", devait être la première partie d'  "Algérie Histoires à ne pas dire". Elle avait du être retirée par son auteur pour des raisons de durée, et depuis, aucune chaîne  de télévision en France n'avait souhaité en faire un film, malgré les 15 heures d'images avec des participants de l’insurrection  qui prouvaient combien l'histoire officielle algérienne avait dénaturé "ces évènements", et qui aussi rompaient avec le manichéisme des seuls films produits en France sur le sujet, réalisés par des cinéastes français d'origine arabo-algérienne. Avec le livre-DVD "Grand-père a rué deux colons", on peut désormais entendre un autre son de cloche".  

 

 

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8 mai 1945 : de nouvelles histoires à ne pas dire

Dans « Algérie, histoires à ne pas dire », pour la première fois au cinéma, des Algériens musulmans racontaient les massacres qu’ils ont commis à l’encontre de civils européens pendant la guerre d’Algérie (1954-1962).

Le livre-DVD « Grand-père a tué deux colons » révèle de nouvelles »histoires à ne pas dire » qui se situent pendant l’insurrection manquée du 8 mai 1945 dans la région de Chevreul, Ahmed Zir, le protagoniste de ces séquences, part à la recherche de l’histoire de son grand-père : celui-ci a-t-il vraiment tué deux colons avant d’être exécuter à son tour par l’armée française ?

Plusieurs témoins musulmans évoquent avec gêne le sort déshonorant que les insurgés réservaient à leurs victimes européennes dans ce véritable djihad.

En faisant voler en éclat l’histoire officielle algérienne de mai 1945, ce livre-DVD est un hommage à toutes les victimes innocentes – celles de l’insurrection musulmane, tout comme celles de la répression par l’armée française.

Et il est aussi une réponse à « Hors-la-loi » de Rachid Bouchareb.

 

Une enquête du cinéaste Jean-Pierre Lledo par Maurice Faivre (Études coloniales)

"Grand-père a tué deux colons. Le 8 mai commence avec le massacre des innocents."

Le cinéaste fait une enquête à Chevreul (Beni Aziz  aujourd’hui) avec son ami Ahmed Zir, qui cherche à confirmer la responsabilité de son grand-père dans un assassinat de colons. L’enquête confirme que neuf Français ont été tués le 9 mai à Chevreul, mais que le grand-père d’Ahmed n’est pas coupable.

Il est évident cependant que l’insurrection préparée depuis plusieurs mois, a été une action de guerre sainte pour la cause de Dieu, une véritable épuration ethnique. Lledo souligne les non-dits de cette histoire et montre que les témoignages des Français et des musulmans se recoupent et ne confirment pas ce que certains historiens appellent la guerre des mémoires.

Cet ouvrage s’emploie ensuite à réfuter les thèses du film Hors-la-loi, en faisant appel aux témoignages de quelques survivants  et aux écrits de Maurice Villard, Roger Vétillard, Redouane Tabet et Ferhat Abbas. Le testament de ce dernier condamne « les chiens enragés et les énergumènes tarés » qui ont déclenché le soulèvement. Vétillard récapitule toutes les évaluations des victimes de la répression, qui vont de 1.500 à 100.000 tués ; il confirme que des milices ont été constituées dans 5 localités (Guelma, Bône, Djidjelli, Saint-Arnaud et Fedj Mzala) ; il montre qu’en 2005, Stora a produit trois estimations différentes (8.000, 15.000 et 20.000). Plus objective parait l’estimation du général Tulard (3 à 4.000).

En conclusion de cet ouvrage, qui précise nombre de faits historiques, Wolf Albes revient sur la vision totalitaire et stalinienne des insurgés et cite Boualem Sansal, pour qui « les grands criminels font de leurs victimes des coupables qui méritent le châtiment »

 


XI - Bibliothèque - Documentaires - Films - Vidéos - Diapos

 

4 - Comment lire les livres de Jean-Pierre Lledo ? publié le 10 août 2013 pat Ali Ghozlane Ingénieur

 

 

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Jean-Pierre LLEDO

 

- Article du nº 315

D’abord avec patience, ne pas utiliser des lunettes trop filtrées, se prêter à une lecture parfois très amère, difficile à avaler, enfin surtout en cherchant le pourquoi de cette amertume.

Le titre du premier livre « Révolution Démocratique dans le Monde Arabe » en noir sur fond blanc, et en sous-titre « Ah si c’était vrai…. » en blanc sur fond vert, puis celui du second « Le Monde Arabe face à ses démons« , en blanc sur fond vert, avec en sous-titre « Nationalisme, Islam et Juifs » en blanc sur fond noir, n’anticipaient-ils pas déjà l’histoire réelle ?

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Du vert d’un Printemps, très dubitatif (« Ah si c’était vrai… ») ne vire-t-on pas au  vert et noir de l’Islam, où il ne manque plus que les glaives et le « La ilaha illa allah ou Mohamed rassoul Allah … » (Il n’y a qu’un seul dieu et Mohammed est son prophète...’’) ?

Oui, ne passe-t-on pas du vert au noir avec tout son obscurantisme islamique.

JPL est un intellectuel démocrate. Je n’aime pas le mot engagé, cela suggère un militantisme dogmatique. C’est un intellectuel libre qui considère que les valeurs humaines sont universelles et valent plus que tout mécanisme politique, idéologique, ethnique ou religieux.

Je tiens fermement à dire que ses deux livres sont des manuels de formation pour tout aspirant à la démocratie. Je dis bien aspirant à la démocratie et non pas ’’prétendant-démocrate’’ ou pseudo-démocrate. Je dirais même manuel pour les lycéens.

Ils sont ce que l’on appelle aujourd’hui des « feuilles de route » pour mieux comprendre le nationalisme basé sur l’ethnique et/ou le religieux, pour mieux comprendre la laïcité, qui sans démocratie est désastreuse à la fois pour la démocratie et pour la laïcité… Pour comprendre aussi que la loi de la majorité ne veut pas toujours dire démocratie, que l’unanimisme est synonyme de totalitarisme, et que toute forme d’hégémonie n’a qu’un seul but, l’uniformisation, c’est à dire celui d’abrutir le maximum de gens.

Pour JPL, être libre c’est d’abord être libre de penser une chose, puis de la dire, de l’écrire, et comme il est cinéaste avant tout, de la filmer. Et quand il s’y risqua  avec ’’Algérie, Histoires à ne pas dire”, la réplique de notre pays l’Algérie (gouvernement et élites intellectuelles) fut sans appel : l’interdit. Jusqu’à ce jour.

Ses livres sont un tissu bien cousu pour nous avertir du « Truc turc », et depuis un an du Truc Morsi, surtout qu’on sait depuis Platon que  » l’incorrection du mal n’est pas seulement une faute contre le langage lui-même, elle fait encore du mal au mal ».

Ils posent une myriade de questions. « Comment abolir la servitude des intellectuels ? » Enlever ses lunettes trop filtrées ? Les laver ? Comment devenir indépendant d’Âme et de Réflexion » quand on a acquis l’indépendance territoriale? Pour ne pas tomber dans une autre dépendance. Pourquoi mettre l’Humanité à genoux en lui offrant deux à trois cents pages de Coran, en guise d’unique savoir universel ? Alors que le savoir universel se compose de plusieurs milliards de milliards de tonnes de pages.

Dans ces près de 700 pages qui déconstruisent toute la stratégie de l’Islam-Islamisme, une phrase de Boualem Sansal, de son dernier roman ’’Rue Darwin” me revient, et qui me fait penser à tous ces intellectuels démocrates, ’’musulmans modérés’’ avec leurs fameuses lunettes filtrantes qui les aveuglent….’’Pauvre de nous qui croyions que fuir devant l’Islamisme était la chose à faire, quand c’était la mauvaise, lui offrir l’espace pour se propager et massacrer plus de gens”.

ll ajoute comme JPL le fait d’ailleurs qu’il s’agit d’une ’’complicité à retardement’’.

Une bombe à retardement. Il suffit de revoir sur You-Tube les derniers événements de Tunisie, Égypte, Syrie, Lybie, sans oublier les 10 années noires de la fin du dernier siècle en Algérie.

Et elle est bien là cette bombe. Une bombe contre Le Monde Entier, donc contre l’Humanité.

Tel aussi ce massacre à Oran du 5 Juillet 1962, où des centaines, peut-être des milliers, d’innocents furent égorgés en pleine rue, uniquement parce que non-musulmans, le jour même de la célébration de l’indépendance algérienne ! Ce jour où tout à la fois nous avons gagné et perdu l’indépendance.

« Gain de l’indépendance territoriale et perte de l’indépendance de réflexion’’. Ca, ça vient de JPL.

JPL a posé ’’La Question’’, en faisant subir au lecteur une torture intellectuelle. Ce qui m’a d’ailleurs fait du bien. De me torturer pour le savoir. Il ne s’agit d’ailleurs pas d’une seule question, ou alors d’une question qui sur près de 700 pages fait boule de neige. Que savons-nous sur l’Islam ? Sur le nationalisme ? Sur l’unanimisme ? Sur les Juifs ? Sur le monde ?

Et dans tout cela la ’’Question Juive’’  est d’ailleurs une des plus importantes car la solution est souvent ’’Khaybar, Khaybar”, un des premiers pogroms de l’histoire moderne dont les Musulmans tirent encore fierté. L’Islam offrant soit la soumission de la dhimma à ceux qui ne veulent pas de ce nouvel Allah, soit le massacre, ’’Khaybar, Khaybar”, soit encore pour les survivants,  l’humiliation : ’’Les Juifs sont des porcs, et des singes’’ ! On ne sait même pas s’ils le sont devenus par punition divine, ou s’ils en descendent. C’est une question qui fait débat encore dans nos rangs… Et cela n’est pas seulement écrit dans les Hadith, mais aussi dans le Coran ! ’’ ’’Les Juifs sont des porcs, et des singes’’ ! Y a-t-il un Imam modéré et progressiste dans les parages, pour dire que c’est exagéré ?

Et quand JPL  laisse dans le fond du ventre de Djalout (Goliath devenue Baleine) son alter ego narratif Younes (David-Daoud-Jonas) se battre avec lui-même, aux prises avec la plus impitoyable des armes, la Logique, il est évident que tous les Younes, moi, nous, qui avons vécu ou vivons en terre d’Islam, que l’on soit musulman, et s’il en reste, chrétien, juif, athée, peuvent complètement s’y identifier.

Et quand je pense que l’occident a pu contraindre le communisme, avec une guerre uniquement froide, à plier devant la démocratie (et ce n’est pas fini, vu les nostalgiques de la dictature), mais ne veut rien faire contre l’Islamisme, au contraire (!), je me dis : mais que pourront faire les trop adorables, les très courageuses Djamila Benhabib, Nonie Darwich, Wafa Sultan…. et les très courageux Boualem Sansal…?

J’ai aussi apprécié deux refrains qui reviennent à presque tous les chapitres: ’’Mon côté optimiste”, et ’’Mon côté pessimiste”, comme conclusion à la fin d’une réflexion.

Malheureusement ’’Mon côté pessimiste” prédomine dans le second livre, et à juste titre.

Car David-Daoud-Jonas-Younes, alias Jean-Pierre Lledo, dans les deux livres, fait un constat fondamental en prenant à témoin tous ceux qui se considèrent être des ’’démocrates arabes’’ : de Mohamed jusqu’à Morsi, sans oublier en passant Hadj Amin El Husseini, El Bana, les actuels frères Ramadan et bien d’autres, rien n’a changé dans l’islam, si ce n’est que la haine est devenue plus technologique, transformant en bombe des femmes et des hommes, et bientôt pourquoi pas des enfants…..

Younes qui connait si bien le Coran, Le Rassoul (’’QSSL, ’’Que le Salut soit sur Lui’’, formule de l’asservissement intellectuel que se croit obligé d’entonner tout ’’démocrate modéré’’ après avoir dit le nom du prophète), les Hadiths (faits et dires du prophète) , la Sira (la biographie du prophète), a certes fort à faire… Prisonnier dans le ventre de Djalout en train de digérer, et tentant de surmonter sa nausée, il doit encore gérer tout cet enfer scatologique : un verset abrogé par un autre, une sourate contredisant une autre, un texte qui a mis plus de 20 ans à être révélé (et reproduit sans aucune chronologie)… Comment donc tout cela en cet état, pourrait-il être ’’Le Livre” ? L’unique source de savoir ? Alors qu’il y a tant de livres, des milliards de livres ? Alors que le savoir est toujours l’acquis de l’Homme et non pas un cadeau de Dieu.

JPL a fait un boulot monstre. Il lance un débat intellectuel.

Tous ceux qui veulent en savoir plus sur les démons qui menacent et font souffrir les peuples arabo-musulmans et qui, de plus, aujourd’hui inquiètent le reste du monde, doivent lire ces deux livres de JPL.

Rassurons le futur lecteur, Younes-J.PL. Après un parcours douloureux pour se retrouver, après s’être tant cherché, après l’horreur pestilentielle du tube digestif de Djalout,  va s’en sortir, ’’150 ans après’’, donc dans le futur.

Il ne le dit pas, mais moi je l’imagine, protégé sous cet arbre ’’El Gharquad” qui hante le récit musulman du Jugement dernier quand le Juif pourchassé ne trouvant grâce ni auprès du Rocher, ni auprès de l’Arbre, ne devra sa vie sauve que derrière ’’El Gharquad”, arbre ’’juif’’, comme tient à le préciser le récit musulman, comme si cela ne coulait pas de source…

Ali Ghozlane, ingénieur

 


 

XI - Bibliothèque - Documentaires - Films - Vidéos - Diapos

5 - Jean-Pierre LLEDO et d'autres sont à l'origine d'une pétition mondiale pour faire reconnaître le massacre du 5 juillet 1962 à Oran. Elle est disponible : ICI 

"Je ne suis pas historien, mais cinéaste. Mon intérêt pour cet épisode provient de plusieurs choses. Mon enfance s'est faite à Oran et j'ai toujours gardé le lien avec cette ville, mes amis d'enfance et ceux de mes parents. J'ai été marié à une Oranaise (d'origine arabe). Enfin, j'ai fait un film (Algérie, histoire à ne pas dire) dont la quatrième partie est consacrée à cette tragédie, et qui a été interdit en Algérie.

J'ai su très tôt qu'il s'était passé quelque chose de terrible le 5 juillet 1962 à Oran, où je n'habitais plus depuis 1957. Seules les opinions pro-indépendantistes et communistes de mon père, qui furent aussi les miennes par la suite, m'ont empêché de vouloir en savoir plus, et ont provoqué chez moi leur occultation de fait. Circonstance atténuante: j'ai vécu en Algérie jusqu'en 1993, et ce sujet comme d'autres était tabou. Ce que j'avancerai ci-après est le résultat de mes propres réflexions, fondées essentiellement sur des témoignages d'Algériens arabes et de Pieds-noirs, simples citoyens ou militaires, recueillis personnellement, et sur quelques lectures.

Bilan

Il y a eu beaucoup de morts ce jour-là. Environ 700 tués et disparus, d'après les archives françaises auxquelles a pu avoir accès l'historien Jean-Jacques JORDI (Un Silence d’État, Ed. Sotéca. 2011). Mais sans aucun doute beaucoup plus. L'ouverture des Archives algériennes, celle de l'ALN, du FLN, les registres de l'hôpital d'Oran et des cimetières, la mise à nu des charniers dont certains sont parfaitement localisés, le démontreraient aisément.

Mais plus que l'aspect quantitatif, ce qui caractérise ce massacre, c'est sa qualité. C'est un massacre raciste. Durant toute la journée du 5 juillet, célébration officielle de l'indépendance algérienne, on fait à Oran la chasse au faciès non-musulmans.

Jules MOLINA, militant oranais éminent du Parti communiste algérien, avait été libéré de prison par la France en mars 62, en vertu des 'Accords d'Evian'. Il se met aussitôt au service du FLN et fait redémarrer la CLO, une usine de conditionnement du lait, à l'arrêt suite à l'exode des techniciens pied-noir. Le 5 juillet, à peine sorti de l'usine, il est aussitôt arrêté, mis dans une voiture et emmené sans ménagement au commissariat du quartier déjà bondé d'Européens. Quelques moments plus tard, un militant FLN le reconnait et le libère. Il sait alors qu'il vient d'échapper miraculeusement à la mort.

Halima Bourokba, la femme du troisième Président de la république algérienne, Chadli Bendjedid, jeune fille alors, faillit faire les frais aussi de cette terreur ethnique. Habillée en robe, prise pour une Européenne, elle ne dut son salut qu'en criant qu'elle était musulmane, qu'en récitant illico un verset du Coran, puis comme le tueur le lui intima, qu'en marchant sur le corps de la victime européenne, là à ses pieds. Cet incident qui ne fut pas sans traumatisme sur son psychisme, un fait transmis par sa famille et connu à Oran.

Commis par un peuple et ses dirigeants, le jour même de son indépendance censée mettre un terme à un système colonial dit ''raciste'', le massacre du 5 juillet 1962 est donc devenu LE crime fondateur de la nouvelle identité algérienne. C'était suffisant pour qu'il soit biffé de la mémoire nationale.
Silence algérien redoublé par le silence français, lui aussi compréhensible: ce jour-là, et les suivants, on tue devant 18.000 soldats français, sommés par De Gaulle de ne pas intervenir. Silences d'Etats nullement dérangés par les historiens officiels, français et algériens, plus intéressés à légitimer la guerre d'indépendance du FLN, comme si cela faisait encore problème, qu'à faire leur métier d'historien: dire la vérité de l'histoire.

Deux ans après la sortie du livre de Jean-Jacques Jordi, l’État français n'a toujours pas entrepris la moindre démarche vis-à-vis de l'Algérie.

En Algérie, l'unanimisme nationaliste fait de la quasi-totalité des intellectuels, des ''intellectuels organiques'' comme les appelait Gramsci. Seule exception, l'universitaire oranais Karim ROUINA eut le courage dans sa thèse universitaire (rédigée en France dans les années 80) de communiquer des témoignages très précis d'arrestations, de détention et d'extermination des civils non-musulmans, mais n'intervint plus jamais à ce sujet par la suite... Quant à Fouad Soufi qui fut le directeur des Archives d'Oran, il fut le premier historien à communiquer sur cette tragédie, mais en prenant la précaution de l'expliquer par la violence de l'OAS... Quand je lui demandai pourquoi il n'avait pas mené une enquête auprès des chefs FLN d'Oran de cette époque, encore vivants, il me répondit: ''J'ai une famille''.

Le massacre

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Je n'ai pas rencontré un seul Oranais qui ait vécu ces 3 journées (les 5, 6, 7 juillet 1962) et qui m'ait dit ne pas savoir. Un vieux militant communiste Tayeb Malki me raconta qu'à la gare d'Oran, un homme de 40 ans criait, alors qu'on l'arrosait d'essence, et avant d'être immolé: ''Je suis un ouvrier 
! Je suis un ouvrier!''. Et à ''Victor Hugo'', quartier arabe où il avait dû s'exiler par peur de l'OAS, tout près du petit Lac où l'on jetait les cadavres suppliciés, il vit un homme tuer un Européen, lui ouvrir le ventre, et manger son foie... Tout comme récemment le commandant de l'opposition syrienne de la brigade Omar Al-Farouq, mutilant puis mangeant le foie du cadavre d’un soldat syrien. Le militant communiste qui me raconta cela, savait comme tout musulman un peu lettré que le meurtrier croyait venger, 14 siècles après, le chef militaire Hamza b. Abdalmouttalib, oncle du Prophète Mohamed, qui une fois tué, se fit dévorer précisément le foie...

Un ex-diplomate algérien de l'Onu, Hadj-Chikh Bouchan publia il y a quelques années un récit personnel sur son adolescence à Oran, ''Les barbelés du village nègre'', et son engagement au sein du FLN oranais. Le récit s'achevait le 5 juillet sans un mot pour le massacre. Je lui en demandai la raison. Sa réponse, devant son épouse, fut celle-çi: ''Je n'ai pas pu. Ce que j'ai vu est trop horrible''.
Comme j'insistai, il me raconta le fait suivant.

Le 5 juillet, il se trouvait dans le quartier ''Ville Nouvelle'', plus précisément sur la terrasse d'une maison. Plus précisément, avec d'autres jeunes, en train de démonter des revolvers, de les huiler et de les remonter (le jour de la ''fête'' du 5 juillet...). Un autre jeune arriva et s'empara d'un pistolet abandonné. ''Il est enrayé, laisse tomber !''. Le nouvel arrivé ne se découragea pas, le démonta, le huila, le remonta, et sortit avec.

L'auteur poursuit : ''Je le vis sortir de la maison, aller vers un Européen et lui tirer dessus. (''Ville Nouvelle'' était un quartier exclusivement musulman durant la guerre, mais l'Européen, peut-être même un sympathisant de l'indépendance, avait cru pouvoir s'y aventurer, un jour de fête...). L'homme tomba, mort. Le jeune homme remonta à la terrasse, et laconique, dit à ses compères : ''Le pistolet n'était pas enrayé''.

Des récits de ce type, de témoins arabes, j'en ai entendu de très nombreux. Ils n'infirment nullement le récit des dizaines de survivants européens durant ces journées sanglantes que l'on peut lire dans les 3 livres de Geneviève de Ternant 'L'Agonie d'Oran. Pour ce massacre comme pour celui du 20 août 1955 dans la région de Philippeville (Skikda), par lequel commença vraiment la ''guerre de libération'', il n'y a absolument aucune ''guerre de mémoires'' (dada de l'historien officiel Benjamin Stora, particulièrement discret à ce sujet).

Algériens arabes et pieds-noirs disent exactement la même chose, la même violence, la même tuerie.
Ce qui est sûr, c'est que le 5 juillet 1962 pèse lourd, très lourd sur la conscience des Oranais, qu'ils aient été des témoins actifs ou passifs. Quand je demandai à mon copain d'enfance Smaïn, en 2002, lors du tournage d'un film précédent Un rêve algérien, s'il avait vu quelque chose le 5 juillet (à Oran, inutile de dire ''massacre'', évoquer le ''5 Juillet 62'' suffit...), voici quelle fut sa réponse: ''Tu sais Jean-Pierre, quand on se rassemble entre copains de l'époque, on se dit que ce qui nous arrive à présent (le terrorisme islamiste), c'est pour payer ce qu'on a fait le 5 juillet...''.

La suite de ce billet est disponible ici.

Jean-Pierre LLEDO

MASSACRES D'ORAN DU 5 JUILLET 1962
Chronologie d’une Action

En Juillet 2013, un Collectif lance un appel à signer un texte sur ces massacres. L’appel est immédiatement signé par 111 personnalités du monde entier.
Cet appel traduit en 12 langues est mis en ligne sur le blog du Collectif

http://oran5juillet1962.blogspot.fr/2013/09/liens-links-enlaces.html

 Le 30 Août 2013, Journée mondiale des disparus, la pétition mondiale est mise en ligne sur plusieurs sites et notamment:

http://www.change.org/fr/p%C3%A9titions/a-tous-les-citoyens-du-monde-et-aux-ong-desdroits-de-l-homme-qu-ils-nous-apportent-leur-soutien-en-signant-2

P1400331

DSC 0824Simone Gautier à Toulon le 30 Août 2015

 Le 5 et 6 Novembre 2013, l’article du cinéaste Jean-Pierre Lledo est publié dans le Huffington Post

http://www.huffingtonpost.fr/jean-pierre-lledo/algerie-massacre-oran-5-juillet-1962_b_4212037.html
http://www.huffingtonpost.fr/jean-pierre-lledo/algerie-quel-est-lauteur-du-massacre-du-5-juillet-1962-a-oran_b
_4218693.html

 Le 20 Novembre 2013, les historiens Benjamin Stora et Gilles Manceron répondent à Jean-Pierre Lledo dans le Huffington Post.

http://www.huffingtonpost.fr/benjamin-stora/oran-massacres-1962_b_4302102.html

 Le 28 Novembre 2013, le Huffington Post publie les réponses de Jean-Pierre Lledo ainsi que celles de Danièle Pister-Lopez et Jean-Pierre Pister pour le Collectif, auteurs de la Pétition mondiale sur les massacres du 5 juillet 1962 :

http://www.huffingtonpost.fr/jean-pierre-lledo/massacre-oran-1962-algerie_b_4354462.html?1385635514
http://www.huffingtonpost.fr/jean-pierre-pister/oran-1962-petition_b_4354807.html

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XI - Bibliothèque - Documentaires - Films - Vidéos - Diapos

6 - " APPEL POUR UN PROJET "

Lien vers le projet : http://www.kisskissbankbank.com/fr/projects/alger-jerusalem-un-voyage-dans-le-tabou

 

 

Cher(e)s ami(e)s,

Beaucoup d’entre vous le savent, je suis en train de préparer un film dont le sujet sera ma relation à Israël. Durant près de 50 ans, elle fut de l’ordre de l’occultation. Et j’aimerais là expliquer, à moi-même et aux spectateurs ce qu’a été mon cheminement pour arriver à bout de ce qu’il faut bien appeler un préjugé. Et si le film ne sera pas un film sur Israël, il est évident qu’il nous proposera une vision bien différente de ce qui s’impose aujourd’hui dans la bien-pensance. Ce sera un long-métrage documentaire, sans doute même plus long que mon dernier ‘’Algérie, histoires a ne pas dire’’ (2h40).

Son titre actuel est  ‘’Alger/Jérusalem, voyage dans un tabou’’

C’est la première fois que je recours à ce système de financement par le public. Dans le passé, j’avais toujours réussi, assez facilement, à réunir les budgets, par le biais des institutions cinématographiques d’État. Ce n’est pas le cas, cette fois. Je ne peux me l’expliquer que par la force de ce préjugé, de ce tabou, ce qui est précisément le thème de mon film.

Il me fallait donc soit abandonner ce projet, soit faire le pari d’un soutien qui devra être conséquent.

Dans un premier temps, nous avons défini un objectif de 10 000 euros. Vous devinez qu’un film exige beaucoup plus. Mon dernier dépassait les 400 000 euros. Et pour celui-ci, comme je filme moi-même, nous devrions réussir avec un budget deux fois moins grand. Nous procéderons donc par étape.

Cette première étape, qui aura valeur de test, sera cependant décisive. Elle nous dira si notre sujet correspond à une attente, à un besoin et à un désir réels, allant au-delà de ma personne. Naturellement, je vous tiendrai au courant de l’évolution de ce financement et de l’avancée du film.

KisKisbankbank joue le rôle de banque-internet, et prélève dix pour cent pour ce service. Nous avons 3 mois pour réunir cette somme de 10 000 euros. Si cette somme n’était pas réunie, les souscripteurs se verraient remboursés. Tel est le règlement. A partir d’aujourd’hui, il nous faut donc ne pas perdre un seul jour. Envoyez ce mail, avec le lien, au maximum de gens que vous connaissez bien et qui peuvent soutenir ce projet. Nous aurons toujours le temps d’affronter nos opposants quand le film sera terminé.

Merci d’avance.

 

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