5.3 - Congrès cercle Algérianiste 2008 : intervention de Thierry ROLANDO

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1 - INTERVENTION 35ème CONGRES NATIONAL ALGERIANISTE SAMEDI 25 OCTOBRE 2008

2 - Lettre de Thierry ROLANDO au Premier Ministre, concernant les archives française couvrant la période de la guerre d'Algérie, remises à l'état algéien.

 

 

 

1 - INTERVENTION 35ème CONGRES NATIONAL ALGERIANISTE SAMEDI 25 OCTOBRE 2008

Les Français d’Algérie ont-ils droit à leur mémoire, les Français d’Algérie ont-ils droit à leurs lieux de mémoire ?

46 ans après la fin de la guerre d’Algérie, 46 ans après le dramatique exode vécupar toute une communauté en déréliction, cette question pourrait paraître étonnante, surprenante voire saugrenue. Et pourtant force est de constater que 46 ans après, cette mémoire douloureuse ne peut toujours pas s’exprimer en toute sérénité. De Perpignan à Béziers, de Toulon à Sète, de Marignane à Théoule, tous nos lieux de mémoire sont contestes, leur existence combattue et menacée.

Oui, combattue par ceux-là même qui, parallèlement prônent, pour reprendre une formule chère à certains, « une histoire apaisée ».

Oui apaisée, sans doute pas pour tout le monde, pas pour les pieds-noirs qui ne demandent que l’équité des mémoires et que chaque communauté éprouvée par la guerre d’Algérie puisse se recueillir en paix. Alors il est opportun de s’interroger : sont-ils qualifiés ceux qui considèrent que ce qui vaut pour les uns ne vaudrait pas pour les familles de milliers de disparus dont le nom est gravé désormais dans le marbre du couvent Sainte Claire de Perpignan, ou pour celles de ces milliers de femmes, d’hommes et d’enfants assassinés tout simplement parce qu’ils étaient Français d’Algérie ? Sont-ils qualifiés, également, ceux qui exigent la destruction du Mémorial des Disparus de Perpignan ou l’inscription aux côtés de nos victimes du nom de ceux de leurs bourreaux tout en baptisant des rues à la gloire des militants FLN ?

Sont-ils qualifiés, ceux qui refusent toute plaque, fut-elle modeste, en hommage aux victimes de la rue d’Isly tout en exigeant comme il y a quelques jours encore que la nation reconnaisse les victimes FLN de la manifestation du 17 octobre 1961 à Paris ?
Sont-ils qualifiés, ceux qui demandent l’interdiction de tout hommage aux combattants de l’Algérie française, tout en célébrant les porteurs de valise de sinistre mémoire ?
Sont-ils qualifiés, enfin, ces historiens qui, sous couvert d’une approche scientifique et dépassionnée de l’histoire, masquent en réalité un engagement militant et une vision idéologique et hémiplégique de la colonisation ?

A ceux-là, je le dis en toute sérénité mais avec force, car je sais que c’est aussi la conviction de l’immense majorité de nos compatriotes et de ceux qui nous accompagnent. Nos drames, nos souffrances, l’hommage que nous devons à nos victimes ne sont pas négociables car ils sont constitutifs de notre histoire, car ces douleurs ont forgé dans l’exode et dans l’exil, notre âme douloureuse. Je veux leur dire que nous savons qu’au-delà de la contestation de telle manifestation ou de tel mémorial, il y a un dessein, celui de la négation des drames Pieds-noirs, jalon indispensable pour que la repentance de la France s’inscrive comme incontournable dans les esprits d’abord et dans les textes ensuite. Repentance justement, c’est le maître mot de toute notre relation avec l’Algérie. En évoquant cette notion de repentance, raisonnent à mes oreilles les propos prononcés, il y a quelques mois à peine, à quelques kilomètres d’ici, à Toulon, par celui qui allait devenir président de la République. « Mon premier engagement est de ne jamais sombrer dans la démagogie de la « repentance », vos ancêtres ont traversé la Méditerranée pour servir la France, et pour bâtir un monde nouveau. La France doit leur en être et vous en être à jamais reconnaissante. Vous avez tout perdu. Vous avez été victimes d’une histoire et encore victimes d’un mépris …Votre mémoire a été incomprise et parfois souillée par des idéologies plus que par des réalités ».

Hélas, trois hélas, les faits et les paroles qui ont suivi ces mots n’ont pas été à la hauteur de cette grande ambition et le discours de rupture, s’il est bien manifeste, n’est pas allé dans le sens que nous étions en droit d’attendre.

Ainsi, à Constantine, le 5 décembre 2007, le Président de la République devait déclarer que le déferlement de violence, le déchaînement de haine, qui ce jour-là, submergèrent Constantine et sa région et tuèrent tant d’innocents, étaient le produit de l’injustice que, depuis plus de 100 ans, le système colonial avait infligé au peuple algérien.

Ce système, injuste par nature, ne pouvait être vécu qu’autrement que comme une entreprise d’asservissement et d’exploitation. Ce propos illustre, à lui seul, que le chemin que le Président de la République se proposait d’emprunter avec détermination et courage est le chemin auquel il vient de tourner le dos. Malheureusement, les déclarations, qui ont suivi, nous ont confortés dans ce sentiment.

L’ambassadeur de France en Algérie, Bernard Bajolet, ne devait-il pas déclarer, après son prédécesseur, Hubert Colin de Verdière, qui qualifiait de tragédie inexcusable, la répression des massacres d’Européens à Sétif en 1945, que la responsabilité des autorités françaises de l’époque a été très lourde dans ce déchaînement de folie meurtrière faisant des milliers de victimes innocentes puisque toutes algériennes. Aussi durs que soient les faits, avait-il conclu, la France n’entend plus les occulter, le temps de la dénégation est terminé.

Ainsi, cinq mois à peine, après le discours de Nicolas Sarkozy à l’Université de Constantine, le clou était enfoncé incitant l’Algérie et son président, peu satisfait de ce demi aveu et de cette repentance honteusement proclamée, a exigé de la France qu’elle aille plus loin et qu’elle reconnaisse une fois pour toutes, ses crimes et sa stratégie génocidaire en Algérie de 1830 à 1962. Come chacun a pu le constater tout est en finesse pour le président Bouteflika. Toutes ces déclarations, tous ces gestes unilatéraux effectués en direction de l’Algérie, visent à notre sens, union méditerranéenne oblige, à reconnaître ce qu’on nous avait dit ne jamais vouloir accepter, à savoir la responsabilité de la France et finalement de ceux qui l’ont servie outre-mer.

Gageons que l’initiative funeste de Berlusconi, apportant au dictateur libyen, la repentance de l’Italie sur un plateau, ne servira pas d’exemple à la France.
Oui, le bilan pour nous, communauté rapatriée, de ces dix huit mois de présidence, ne saurait être satisfaisant. Et s’il fallait en rajouter, que dire de la restitution unilatérale à l’Algérie des archives audiovisuelles, de l’enterrement du Mémorial d’Outre-mer de Marseille, de la non exigence de la libre circulation des harkis, de l’absence totale de résultat sur la douloureuse question de Disparus qui ne doivent leur monument non pas à l’Etat mais à l’union des associations de notre communauté. Que penser, enfin, du discours de duplicité qui consiste à réaffirmer, aux pieds-noirs, que seule la date du 5 décembre peut être considérée comme date officielle de la fin de la guerre d’Algérie, alors même qu’un ministre d’Etat, tel Xavier Darcos, a inauguré , il y a quelques semaines à peine , une rue du 19 mars dans sa ville de Périgueux et qu’un autre ministre, celui des anciens combattants, Monsieur Bockel, vient de déclarer au congrès de la FNACA, que le 19 mars doit avoir toute sa place et que la présence des autorités militaires et civiles est indispensable ?Ne s’agit-il pas là d’une reconnaissance déguisée ?

Oui, Monsieur le Président de la République, il est de notre devoir aujourd’hui, de vous rappeler à vos engagements, de vous rappeler qu’il n’est jamais porteur de tourner le dos à ceux auxquels on a tant promis, qu’il n’est jamais bien pour l’amitié entre les peuples, en l’occurrence, entre l’Algérie et la France, d’être exigent pour soi-même et de ne rien exiger de l’autre, qu’il n’est jamais bon de donner à croire que l’on refusera toute repentance alors qu’en un an et demi, à peine seulement, cette idée a fait un pas de géant.

Oui, aujourd’hui, le courage dans vos relations avec l’Algérie et avec son président Bouteflika, vous a singulièrement fait défaut à la grande déception de l’immense majorité de la communauté pied-noir qui se sent blessée pour ne pas dire trahie.

Thierry ROLANDO
Président de la Fédération nationale des cercles algérianistes
35ème Congrès national algérianiste
Saint Raphaël - 25 octobre 2008

01
35ème Congrès national algérianiste à Saint-Raphaël

02
Simone GAUTIER et Denis FADDA

 

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