1.6 - Le 5 juillet à ORAN - Les témoignages

 

1 - Témoignage de Robert FOURCADE  -  Lieutenant-colonel honoraire   

Je soussigné, Robert FOURCADE,
Lieutenant - Colonel honoraire,
Officier de l’Ordre National du Mérite à titre militaire,atteste sur l’honneur ce qui suit :

Le lundi3 août 1992, j’ai fait la connaissance du général Joseph KATZ, à Barcelone, chez des amis français vivant en Espagne qui nous avaient invités à déjeuner. Après le repas, nous avons pris un taxi, avec Monsieur Joseph KATZ et son "chauffeur-garde-du-corps" espagnol, pour nous rendre au stade olympique de Montjuich, car le fils cadet de nos hôtes nous avait procuré des places pour assister à une très grande manifestation sportive.

Nous avons passé, ainsi, environ 5 heures, le général Joseph KATZ et moi, assis côte à côte sur le même gradin, tandis que se déroulaient des épreuves d’athlétisme des Jeux Olympiques. Et Monsieur Joseph KATZ avait même coiffé ma casquette rouge (que je possède toujours) car il supportait mal les ardeurs estivales du soleil catalan.

C’est dans ces conditions que Monsieur Joseph KATZ fut amené à me demander si j’avais combattu en Algérie, si j’avais entendu parler de lui et si je savais qu’on l’avait surnommé "le boucher d’Oran". Suite à mes réponses affirmatives, il me confia textuellement ceci :
"Je suis un enfant de l’Assistance publique et j’ai débuté dans l’armée comme enfant de troupe. C’est vous dire que dès mon plus jeune âge, j’ai toujours été habitué à obéir. Le 5 juillet 1962, j’ai été mis au courant des exactions dont étaient victimes un grand nombre de citoyens français à Oran. J’ai téléphoné personnellement au général De Gaulle pour lui rendre compte de ces assassinats et pour lui demander si je pouvais faire intervenir les troupes placées sous mon commandement afin de rétablir l’ordre dans la ville. Le chef de l’État m’a répondu simplement : «SURTOUT NE BOUGEZ PAS» !. «ET UNE FOIS DE PLUS J’AI OBÉI ... ».
[1]

Je suis prêt à accepter une confrontation directe avec le général Joseph KATZ et je sais que je m’expose à des sanctions judiciaires en cas de déclaration mensongère.

Fait le 30 novembre 1997
COLONEL ROBERT FOURCADE

Envoi de Madame TOURNIER Marcelle - Tours

[1] “Pas une fois de plus général KATZ ! Une fois de trop ...En 1940 De Gaulle, lui, avait désobéi. Vous êtes complice donc responsable et coupable !”

 


VII - Après le 19 mars 1962 le mensonge d'Evian - Le 26 mars… Le 5 juillet… les massacres continuent


2 - Témoignage de Viviane EZAGOURI née PINTO.

Le 5 juillet 1962, je me trouvais dans la rue pour prendre un peu l'air. Il faut dire que la veille, des camions de la gendarmerie équipés de micros, nous avaient incités à sortir de chez nous, car craignant le pire, nous étions cloîtrés.

Ce jour vers là vers 10 heures du matin, je suis partie avec mon copain (qui est devenu mon mari) et nous avons rencontré une foule de musulmans  très importante se diriger vers le centre-ville c'est-à-dire le quartier européen, vers la place d'Armes. Cette foule a été évaluée à plusieurs milliers de personnes.

Très vite en arrivant vers le cœur du quartier européen, cette foule en délire, hurlant des insultes, s’est ruée sur les passants qui croyaient avoir affaire à une manifestation pacifique. Les premiers coups de feu tirés en l’air ont excité la foule qui n’attendait qu’un signal pour lyncher et massacrer tous les gens rencontrés sur leur chemin.

Des camions qui transportaient des membres de l’ ALN en tenue, ont pris position dans les rues du centre bloquant toutes ces rues. Les gens se sont retrouvés dans une souricière. Ils nous ont mis en file indienne, les mains en l' air. Ensuite ils nous ont appuyés, à genoux, contre un mur. Je pleurais, je tremblais, je ne pouvais plus parler. Les gens ont été obligés de monter dans les camions, à coups de crosse. Ces camions devaient les emmener vers une destination inconnue sous le prétexte de les contrôler. Nous savons depuis qu ’ils ont été abattus et jetés dans des charniers au petit lac, à la sortie d’Oran.

j’ai été arrêtée au beau milieu d’ une fusillade et de lynchages et je suis restée plusieurs heures contre un mur - ...  Et puis, j’ai eu cette chance d’être reconnue par un militant FLN qui habitait mon quartier, qui m'a reconnue, qui m'a protégée et qui m'a libérée en me disant de partir.

Ils tiraient sur les façades des immeubles, ils enlevaient les gens, ils m'arrêtaient sans cesse mais je leur disais que mon chef m'avait libérée. Ils enlevaient les gens qui revenaient de la plage. Ils ont arrêté un scooter ont pris le scooter. Et les occupants sont montés dans le camion. Un Monsieur qui était dans une chaise roulante et qui venait de chez lui avec sa femme a été jeté dans le camion. Cela a duré jusqu'au 17 heures. J'ai dépassé des gens lynchés sur le trottoir. C'était horrible..... à coups de pied, avec des pierres, des crocs de boucher .... c'était horrible, horrible, tous ces lynchages, ces morts, ces hurlements, ces camions qui emportaient les gens. Je tremblais, je courais, je pleurais et je disais à ceux qui m' arrêtaient : c' est votre chef qui m' a libérée. Ils étaient partout et ils tiraient.

Les caniveaux étaient plein de sang et les trottoirs plein de morts, de blessés. Ce n'est pas possible qu' on puisse tuer tant de monde !

Après 17 heures, c'est l'armée française qui a ramassé les morts et les blessés, sans les rendre aux familles. Les morts ont été enterrés par les soldats, sans rien dire aux familles.  Mon père qui se trouvait dans la rue n'est jamais revenu. Et ma mère et mes frères, nous sommes restés enfermés quelques jours, mais nous allions à la morgue, à l'hôpital, à la gendarmerie, chercher avec les gens, les disparus. Il y avait un monde fou. A la morgue, les grilles étaient baissées, à l'hôpital on répondait qu'il n'y avait personne. Les corps avaient disparu. Ils nous disaient : "ah non on ne sait pas !".

Et puis on nous a fait partir et on a tout laissé. Je n' ai pas même une photo de mon père ou de moi de cette période. Nous sommes arrivés à Marseille au centre la Rouguière. n nous installait dans des écoles. Et puis avec les hauts parleurs, ils disaient :" Bâtiment A, destination par exemple  Périgueux, bâtiment B destination Chalons ... Les gens de mon bâtiment ont été envoyés à Auxerre. J'ai du me mettre au travail.

Pendant des années, je n'ai pas pu parler du 5 juillet. Je ne le pouvais pas. Je tremblais et je pleurais. Je ne pouvais pas parler. Aujourd'hui je peux parler parce que j'ai fait toutes ces marches silencieuses à Marseille.

Nous sommes allés voir Monsieur De Broglie. Il nous a dit que l'Etat faisait des recherches et c'était faux, se n'étais pas vrai du tout. La Croix Rouge nous a dit que les recherches restaient secrètes.

Le 24 août 2004, nous avons appris, 43 ans après, par un rapport de la Croix Rouge, que m’a adressé le Quai d’Orsay, sans un mot de réconfort ou de compassion , que mon père avait été égorgé et jeté dans le four d'un bain maure. Je lisais ce courrier dans la rue, car je venais de le retirer de la boite aux lettres et je me suis écroulée parterre évanouie.

Nous avons été abandonnés par l’armée française, qui comptait 14.000 soldats sensés nous protéger. Ils avaient reçu l'ordre du gouvernement de l’époque, et De gaulle était au sommet de l’État, de ne pas intervenir, laissant le massacre se poursuivre jusqu’à 17 heures.

La France a abandonné ses nationaux, et depuis le mutisme est de règle et la responsabilité du gouvernement de l’époque n’est toujours pas reconnu.

Depuis je me bats, j'ai fait des passages à la télévision, j'alerte sans cesse les élus présidence après présidence, je suis à l'origine de plusieurs pétitions, je suis interviewée par les quotidiens, j'ai organisé des marches silencieuses dans Marseille. Je demande l'ouverture des archives, la levée du silence et la reconnaissance de ce génocide.

Témoignage de Viviane Pinto Ezagouri rescapée et fille de disparu du 5/7/1962 à Oran.

Marseille le 30 octobre 2010.

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Monsieur Joseph PINTO, père de Viviane

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03
Ce rapport est faux. Mon père n'avait pas d'employeur.
Mais il travaillait en tant qu'agent commercial indépendant.
Sa date de naissance est fausse. Il avait 58 ans.

 04
Lors de la disparition de notre père, mon frère se trouvait à Alger au service militaire.

Il était étudiant à la Faculté de Droit mais les dispenses avaient été supprimées brutalement
pour tous les jeunes incorporables. Il avait 19 ans

 

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 05Témoignage de Viviane Pinto Ezagouri rescapée et fille de disparu du 5/7/1962 à Oran

 

AVE MARIA DE SANTA CRUZ

J'ai composé cet AVE MARIA DE SANTA CRUZ à la demande de la Nation Pied Noir et de mon ami Antoine CANDELA lequel est à l'origine du rapatriement de la Vierge !... Nous l'avons interprétée pour la première fois en 2002 en la Cathédrale de NÎMES, et lors d'un Concert Sacré en la Cathédrale de GNIEZNO en POLOGNE pour le décès de Sa Sainteté  le PAPE JEAN PAUL II ... Le grand organiste/arrangeur Jean-Michel CAZENAVE m'accompagne; le chanteur soliste de l'enregistrement est Gilbert AMICO...

Gilles PELLEGRINI

 

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Le 5 juillet 1962 à ORAN


VII - Après le 19 mars 1962 le mensonge d'Evian - Le 26 mars… Le 5 juillet… les massacres continuent


3 - Témoignage du Lieutenant Rabah KHELIF

Commandant la 4ème compagnie du 30ème Bataillon de Chasseurs Portés
ACTION  EXCEPTIONNELLE  D’UNE  UNITÉ  MILITAIRE  FRANÇAISE

ORAN le 5 juillet 1962

Des ordres écrits, qu’ils avaient du signer, leur enjoignant de ne pas bouger de leur cantonnement, avaient été donnés aux officiers qui commandaient les 12 000 soldats, gendarmes et C.R .S. répartis dans chaque quartier de la ville d’ORAN. Le Lieutenant KHELIF et sa compagnie étaient stationnés dans le secteur d’ORAN ce 5 juillet 1962.
Dans son livre, (Editions Fayard 1993) Mohand HAMOUMOU, écrit :" De rares officiers violèrent les ordres pour aller porter secours à une population civile terrorisée".  Le cas du  lieutenant KHELIF reste exceptionnel, il témoigne:

« Le 5 juillet 1962, des renseignements alarmants me parviennent de la ville d’ORAN, me disant qu’on est en train de ramasser les pied-noir, les musulmans francophiles et c’est effectif. On les embarquait dans des camions, on les emmenait vers ce que l’on appelait « les petits lacs », qui se trouvaient entre ORAN et l’aéroport et là, on les fusillait comme faisaient les SS, puis on les jetait dans le petit lac. (Il paraît que maintenant on a cimenté le petit lac).

Je demande donc des ordres à mon chef de bataillon, le général KATZ, qui commandait à ce moment-là en Algérie, et qui avait donné des ordres pour que les troupes françaises, quoi qu’il arrive, ne sortent pas des cantonnements. C’était un ordre écrit (que nous avions, d’ailleurs, tous émargé). L’adjoint au commandant me dit : « Mon garçon tu connaîs les ordres, le général KATZ a dit de ne pas bouger ».

J’étais le seul officier musulman commandant de compagnie à l’intérieur du bataillon. Je téléphone à mes camarades commandants de compagnies, tous européens, je leur explique ce que j’ai appris, ils me disent avoir les mêmes renseignements, mais qu’ils ne peuvent pas bouger vu les ordres. « Mais enfin ce n’est pas possible leur ai-je dit, on ne va pas laisser les gens se faire trucider comme ça sans lever le petit doigt. Moi je ne peux pas, ma conscience me l’interdit ».

Je téléphone à l’échelon supérieur, au colonel commandant le secteur. Je tombe sur son adjoint et lui explique mon cas, il me répond : « Écoutez mon garçon, nous avons les mêmes renseignements que vous, c’est affreux, faites selon votre conscience, quant à moi je ne vous ai rien dit ». En clair, je n’étais pas couvert.

J’embarque l’équivalent de quelques sections dans les camions dont je pouvais disposer et je fonce sans ordres sur Oran. J’arrive à la préfecture, il y avait là une section de l’A.L.N. (Armée de Libération Nationale), des camions de l’A.L.N. et des colonnes de femmes, d’enfants et de vieillards dont je ne voyais pas le bout.

Plusieurs centaines en colonnes par 3 ou 4 qui attendaient là avant de se faire zigouiller.

J’avise une espèce de planton devant la préfecture et lui demande où se trouve le préfet, il me dit :" Mon lieutenant regardez, c’est ce Monsieur qui monte ». En 4 ou 5 enjambées, je rattrape ce gros Monsieur avec une chéchia rouge. Je crois lui avoir dit : « Monsieur le Préfet je vous donne cinq minutes pour libérer tous ces gens-là, sinon on fera tout sauter ». Il ne m’a pas répondu, il a descendu l’escalier, s’est dirigé vers le responsable de la section A.L.N.. Ils ont discuté quelques minutes et la section A.L.N. est partie.

Le Préfet est venu et m’a dit : « C’est fait mon lieutenant », et a dit aux gens : « Mesdames, Messieurs vous êtes libres, vous pouvez rentrer chez vous ».
Je reverrai toujours cette scène hallucinante de femmes d’enfants et de vieillards  qui pleuraient, poussaient des cris hystériques, courant, tombant les uns sur les autres…Quelqu’un est venu me trouver et m’a signalé qu’il y avait des gens blessés. Je les ai fait mettre à l’abri pour les faire soigner.

Puis j’ai installé des patrouilles sur les axes routiers qui menaient au port ou à l’aéroport, car j’ai appris qu’on arrêtait  les gens qui fuyaient, qu’ils soient musulmans ou européens d’ailleurs. C’était la population ou des gens armés ne faisant même pas partie de l’A.L.N., qui les arrêtaient, les volaient, les tuaient.

J’ai donc mis des contrôles pour éviter cela et je les arrachais littéralement aux mains de la population. Au risque de ma vie, souvent, je les escortais jusqu’au port, parfois seul dans ma Jeep, avec simplement mon chauffeur et mon garde du corps.

J’ai fait cela en ayant le sentiment de ne faire que mon devoir.

En transgressant les ordres et en déployant ses hommes sur plusieurs kilomètres le lieutenant KHELIF a sauvé de très nombreuses vies. Pour cela il a été SANCTIONNE :
Le général KATZ, qui l’a convoqué, lui dira : « Si vous n’étiez pas arabe, je vous casserais. » Le lieutenant KHELIF  a été  immédiatement muté et rapatrié en métropole.

ORAN était la seule grande ville d’Algérie qui comptait plus d’européens que de musulmans. Le 5 juillet sur 220 000 Oranais pied-noir,  il ne restait plus que 20 000 à 25000 européens.  En ce mois de juillet 62 c’est plus de 3000 civils qui ont été enlevés et qui pour la plupart, n’ont  jamais été retrouvés, sauf ceux qui atrocement mutilés jonchaient les rues ou étaient pendus par la gorge à des crochets de  bouchers.


Rabah KHELIF

 

Voici le récit fait par le lieutenant Rabah Kheliff, officier français à avoir désobéi aux ordres criminels de sa hiérarchie et sauvé des centaines de vies humaines en obligeant par la force à libérer des malheureux Français prisonniers du FLN et promis à une mort atroce.
Ne mérite-t-il pas de figurer parmi "les Justes"

Manuel GOMEZ - Journaliste - Écrivain

 


VII - Après le 19 mars 1962 le mensonge d'Evian - Le 26 mars… Le 5 juillet… les massacres continuent


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- Témoignage de  Dominique COUDY,  Reporter pour CARREFOUR le 18 Juillet 1962

« J’ai vécu les heures atroces d’Oran quand les français se faisaient massacrer par les fellagas ».

Plusieurs centaines de jeunes musulmans devenaient les maîtres de la rue, préparaient une guérilla dont, plus tard, ils rejetteront la responsabilité sur ceux qui en furent les premières victimes.

A quelques mètres des manifestants qui dansaient sur les toits des autobus, un coup de feu déchire l’air. Un musulman tombe blessé. Les armes sont sorties. Les Européens n’ont pas besoin d’explication. Ils ont compris que leur place n’est plus dans la rue. Ils prennent la fuite.

Les jeunes musulmans « blousons noirs » les rattrapent, les fouillent, les font avancer les mains sur la tête ou en l’air. Sur un simple soupçon, sur un geste maladroit, on tire et on tue.

D’autres sont emmenés, prisonniers, au Commissariat Central. De là, on les dirige vers la ville nouvelle. C’est la vengeance à froid. Aveugle.

Parfois des prisonniers passent devant une caserne encore française. Les militaires regardent passer sans lever le petit doigt. Ils devinent pourtant ce qui va se dérouler.

Ces compatriotes humiliés, injuriés, qu’on promène les mains en l’air, ne vont pas boire le thé à la menthe. Ils marchent au supplice, c’est évident. Mais côté militaire, il n’y a pas la moindre petite velléité d’intervention.

Il y a des civils qui ont été condamnés pour non assistance à personne en danger de mort, avec moins de preuves accablantes ! On tiendra à souligner, quelques jours plus tard, que c’est, seulement en état de l légitime défense que l’Armée française à ouvert le feu, le 5 juillet.

Cette journée n’en finit pas. Pendant que la fusillade atteint son paroxysme dans les quartiers européens, en ville musulmane, les Européens prisonniers sont éventrés, égorgés, décapités, torturés.

Un reporter de la télévision américaine, fait prisonnier, lui aussi, est enfermé quatre heures dans une annexe de la mosquée. Il voit par la petite fenêtre, les corps entassés sur une camionnette. Il ne songe qu’à fuir. Son camarade arrêté en même temps que lui,  est mort de peur, il l’empêche de sortir : « Nous sommes en sécurité ici, si tu sors, je t’assomme… ».

Un autre caméraman, bien connu pour son courage qui frise l’inconscience, se promène, à pied, au milieu des émeutiers, le torse  bardé d’appareils et le drapeau de son pays autour du cou.

Un manifestant approche de lui et lui demande à être filmé devant son trophée, la tête d’un européen. Le journaliste, dégoûté,  refuse et tourne les talons, se dirigeant vers d’autres atrocités.

Dominique COUTY
Reporters pour Carrefour N° 931 – 18 Juillet 1962

Source : documents officiels: Jean-François PAYA- Historien

Petit Lac à ORAN

 


VII - Après le 19 mars 1962 le mensonge d'Evian - Le 26 mars… Le 5 juillet… les massacres continuent


5 - Lu dans le magazine Point de vue sur la guerre d'Algérie - (17 octobre 1961) : un témoignage reçu par internet

"J’en extrais, en particulier, le passage suivant ":

« A peine cinq mois plus tard, le 18 mars 1962, on signait les accords d’Evian et le cessez-le-feu. Mais la guerre d’Algérie n’était pas terminée.

Une affreuse période s’ouvrait, où les attentats des extrémistes de l’OAS (Organisation armée secrète) opposés à l’indépendance et ceux du FLN furent au paroxysme. Dans les explosions et les fumées des incendies, les enlèvements et les assassinats, ce sera l’exode des Français d’Algérie. En juin 1962, 350000 pieds-noirs abandonnent tout et se réfugient en métropole. Au total, ils seront un million.

Ce n’était pas fini pour autant. Le 5 juillet 1962, jour de l’indépendance, une manifestation de joie à Oran dégénère en chasse à l’Européen. Des membres de l’Armée de libération nationale et des militants armés mitraillent, égorgent, pendent les Européens et les Arabes qui tentaient de s’opposer au massacre.

Combien de morts ? Entre 400 et 600. Entre mars et octobre 1962, sur l’ensemble de l’Algérie désormais indépendante, plus de 3000 Européens seront enlevés. La plupart ne seront jamais retrouvés. Des dizaines de milliers de harkis qui avaient combattu aux côtés de la France furent torturés et massacrés malgré les promesses des accords d’Evian ».

"L’article est signé Roger Wiltz.
Je vais voir, sans tarder, comment l’en féliciter".

 

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VII - Après le 19 mars 1962 le mensonge d'Evian - Le 26 mars… Le 5 juillet… les massacres continuent


6 -
Témoignage de J.M. : les Chrétiens et les Juifs  - 5 juillet 1962 Oran

Mon voisin et boucher, Georges Karsenty de la Cité Petit, était un juif tout ce qu'il y a de plus séculier. Le 5 juillet, il a été pris dans une rafle et s'est retrouvé embarqué dans un camion par des éléments de l'ALN. Heureusement, Georges qui était connu comme le loup blanc, notamment aux halles toutes proches, a été reconnu par un arabe lequel l'a fait descendre du camion et lui a ainsi sauvé la vie. Il nous a raconté son "aventure" après que nous l'ayons rencontré par hasard dans un bar de la Canebière.

Je ne sais pas où placer ça dans le débat sur les chrétiens et les juifs. Moi je sais qu'on se considérait tous comme des français (grave erreur corrigée dès notre arrivée dans l'amère patrie). Notre quartier avait le mérite insigne d'être super intégré. C'était comme la Samaritaine ; on y trouvait de tout : des français des espagnols, des arabes, des juifs, des italiens. Forcément, le quartier datait de 1920 à peine, la décantation sociale n'avait pas vraiment eu lieu. Les pauvres, arabes ou espagnols, vivaient dans les mêmes cours. Et des riches y en avait pas bézef.

Il y a de nombreux témoignages indiquant que les bouchers du 5 juillet s'acharnaient particulièrement sur les gens dont le nom avait une consonance espagnole. Jean-Pierre tu aurais eu le cou coupé et moi j'aurais peut-être pu m'en sortir avec mon patronyme francaoui. Encore que... Les Breuihl de derrière chez moi y soient passés tous les deux laissant 7 orphelins.

J.M.

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VII - Après le 19 mars 1962 le mensonge d'Evian - Le 26 mars… Le 5 juillet… les massacres continuent


7 - Message de Pierre BENHAÏM - blog

Le 5 juillet 1962 ....mes deux oncles Maurice et Adolph Bedock ont été amenés de force dans un camion vers le Petit Lac de la ville d'Oran et nous ne les avons jamais revus....

Mon père aurait subi le même sort, si un de ses anciens employés ne l'avait pas reconnu et l'avait fait sortir d'un camion d'une autre rafle....

J'avais 12 ans à l'époque et je me souviens très bien que ma mère jumelle d'un de mes 2 oncles disparus a forcé les portes de mon école réquisitionné par l'armée française pour réclamer de l'aide face à ce qui semblait s'apparenter à une vengeance aveugle dans un déchaînement  de violences.....

La réponse du général a été sans appel.... "Nous n'avons aucun ordre de Paris et de De Gaulle...nous ne pouvons pas intervenir".

Écrit ce jour pour la mémoire de mes 2 oncles disparus et assassinés sans sépulture ......

Dr Pierre BENHAÏM.
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Email de Georges Festa 27 octobre 2013

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VII - Après le 19 mars 1962 le mensonge d'Evian - Le 26 mars… Le 5 juillet… les massacres continuent


8 - Témoignage d'Alain ALGUDO pour Monsieur BROSSE - Béziers 5 juillet 2009

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                        Vice-Président du Comité VERITAS


algudoAlain ALGUDO

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 Beziers 5 juillet 2009

 


VII - Après le 19 mars 1962 le mensonge d'Evian - Le 26 mars… Le 5 juillet… les massacres continuent  


9 - Témoignage de Jean-Claude SANCHEZ  Retraité de l’Éducation nationale

Je me nomme SANCHEZ Jean-Claude, né à Oran (Algérie) le 29 Juin 1940, retraité de l’Éducation Nationale, car j’étais professeur d’E.P.S., formé au CREPS de BEN AKNOUN à Alger. Je fus nommé au lycée Leclerc de Sidi Bel Abbès en Octobre 1961 et j’y ai exercé jusqu’en Juin 1962.

Le 5 Juillet 1962, j’étais à Oran. En compagnie d’un membre de ma famille, nous avions décidé d’aller dans le centre-ville, au siège d’une compagnie de transports maritimes, sise Boulevard Galliéni, afin d’y obtenir une autorisation d’accès au port et pouvoir, plus tard, embarquer avec toute notre famille, sur un bateau en partance pour la France.

Nous étions donc alignés en « longue file » sur le large trottoir devant l’entrée des bureaux de la société en question, en compagnie de quelques centaines de personnes qui étaient dans la même situation que nous.

Il était environ 9h30, un cordon de quelques algériens en tenue militaire et armés de PM, étaient censés veiller au bon déroulement des opérations. Tout à coup, nous avons entendu un grand vacarme de klaxonnes de véhicules, des yous- yous, des cris de toutes sortes et slogans anti-français. C’était tout simplement un effrayant déferlement de gens excités et armés de haches, de couteaux, de bâtons, de révolvers, qui étaient censés manifester leur joie d’être indépendants.

Comme le vacarme allait grandissant, nous avons décidé, avec mon ami, de rejoindre notre domicile à Bel Air, car il était évident que la dizaine de policiers ou militaires de faction, nous semblait bien dérisoire pour nous protéger en cas de besoin. Nous avions décidé de passer par des petites ruelles pour éviter le défilé qui nous semblait de plus en plus agressif.

En passant devant la Grande Poste, nous avons vu un énergumène armé d’un révolver qu’il pointait sur la poitrine d’un vieux Monsieur, à qui il intimait l’ordre de lui remettre les clés de sa voiture. Comme le français semblait vouloir résister, nous lui avons conseillé d’obtempérer et de partir à pieds. L’agresseur nous regarda avec un rictus au creux des lèvres et nous fit comprendre que la suite risquait de nous donner raison.

Puis nous avons continué notre chemin.

Nous n’étions pas arrivés chez nous que nous entendions des cris d’horreur et de nombreux coups de feu. Le massacre des Français à Oran avait commencé et nous avions compris que nous l’avions échappée belle, car la police et l’armée française étaient complètement absentes, cloitrées dans leurs casernements, sur ordre des autorités.

Une fois rendu chez moi, j’étais heureux d’être encore en vie mais je déchantais vite car ma sœur qui devait être là vers 12h30, n’étais toujours pas arrivée et nous craignions le pire, bien entendu.

Fonctionnaire civile au service des essences aux Armées, ma sœur devait utiliser le véhicule militaire qui transportait le personnel de cette administration, véhicule qui fut stoppé sur son parcours par la foule enragée. Par le hublot arrière, les personnels présents ont pu apercevoir la 4 CV Renault d’un de leurs collègues nommé Monsieur NAVARRO, qui les suivait, stoppée également puis poussée comme on pousse une boule de neige (en la roulant), vers les quartiers musulmans, que l’on appelait « village nègre », puis « la ville nouvelle » à Oran. Ce fonctionnaire n’a jamais été retrouvé, que je sache. Quant à ma sœur et les autres occupants femmes et hommes, ils furent emmenés au commissariat central de la ville, par la police algérienne. Les femmes, à l’étage en compagnie d’autres femmes, les hommes, au sous-sol d’où, parait-il on ne ressortait jamais vivants !

Les femmes eurent beaucoup de chance car, lorsqu’elles entrèrent dans la salle, elles furent accueillies par un officier de police algérien, et apercevaient également un nombre important de journalistes étrangers, à qui le policier expliquait que ces femmes auraient été recueillies pour les protéger de la foule excitée qui avait envahie la ville, et qu’elles seraient reconduites à leur domicile par les soins de la police algérienne, dès que la situation le permettrait. Ce qui fut fait. En effet, ma sœur fut déposée chez nous vers 16h30.

Ceci dit, nous savions que le massacre des Oranais continua quelques temps, et les enlèvements aussi. En conclusion, les « Accords d’Evian » fonctionnaient à sens unique (par la France).

Environ une semaine plus tard, nous fûmes rapatriés par le porte-avions Lafayette, qui nous débarqua à Toulon. Bien entendu, j’étais heureux de m’en être sorti à si bon compte, mais 60 ans après, je pense encore à ces milliers d’Oranais qui furent massacrés.

Oui, je dis bien plusieurs milliers d’Oranais et Oranaises qui furent massacrés ou enlevés pendant cette période du 5 Juillet. Aussi, le sentiment qui me poursuit et qui me hantera jusqu’à la fin de mes jours, est un sentiment de honte et de haine pour les hommes politiques et certains militaires français de cette époque, qui ont permis que les choses se passent ainsi.

En effet, avant le « cessez le feu », l’armée française maitrisait parfaitement la situation sur tout le territoire algérien. Pourquoi les ordres venant de Paris, furent-ils d’abandonner le terrain et les hommes, sans s’assurer de leur sécurité ? Et je pense, là, aux Harkis et à leurs familles, ainsi qu’aux populations françaises dans les campagnes, dans les villes et les villages.

Pourquoi, le 5 Juillet, les ordres émanant de Paris, furent-ils de rester dans les casernes, en sachant ce qui se passait, et de surtout, ne pas intervenir pour protéger la population française qui avait espéré jusqu’au dernier moment, pouvoir rester et vivre sur cette terre où elle était née (En effet, il n’y a qu’à voir le nombre de français recensés lors de l’exode, après le 5 Juillet).

Je pense que l’on pourrait nommer cette attitude « complicité de génocide ». Et surtout, que l’on ne nous dise pas que l’on ne savait pas à Paris, ce qui se passait à Oran et dans toute l’Algérie. On sait bien aujourd’hui, que des comptes rendus parvenaient régulièrement, d’heure en heure, aux autorités françaises bien installées à Paris, bien à l’abri et au chaud !

Je tiens à préciser que je suis retourné plusieurs fois à Oran, et que j’ai toujours été accueilli comme un enfant du pays, par les algériens, jeunes et moins jeunes, que nous croisions dans les rues, et qui ne cessaient de nous dire « vous êtes nés ici, vous êtes ici chez vous », « soyez les bienvenus ».

Je tiens également à rappeler que beaucoup de témoignages font part d’attitudes que l’on peut dire héroïques, de certains algériens qui, pendant les massacres, ont sauvé et parfois au péril de leur vie, des français d’Algérie sur le point d’être assassinés.

En conclusion, je peux dire que je n’en veux pas du tout aux algériens du peuple comme moi, avec qui nous avons gardé d’excellentes relations et qui nous reçoivent encore aujourd’hui, comme des membres de leurs familles.

Par contre j’en voudrais jusqu’à la fin de mes jours, aux responsables politiques français, d’avoir fait preuve d’autant d’incompétence dans cette situation dramatique : Ils avaient la mémoire courte, car certains de ces français abandonnés à leurs bourreaux algériens, n’avaient pas hésité à venir en France pour les libérer de leurs bourreaux allemands, dans les deux dernières   guerres mondiales. Et leurs enfants avaient le droit d’espérer un peu de reconnaissance de la part de la France et du peuple français.

Le 8 septembre 2014

 

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Lycée Ben Aknoun - Alger

 

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Lycée Leclerc - Sidi Bel Abbes


VII - Après le 19 mars 1962 le mensonge d'Evian - Le 26 mars… Le 5 juillet… les massacres continuent


10 - Témoignage de Pierre ASNARD suivi de
"Rubans noirs" reportage réalisé à la demande de l'amicale des Bouches du Rhône 5 juillet 2011

 

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Lire aussi cet article : ICI

Les rubans noirs

 


VII - Après le 19 mars 1962 le mensonge d'Evian - Le 26 mars… Le 5 juillet… les massacres continuent.

11 - Témoignage reçu par courriel de Geneviève Wyart Jacquemain

De : Genevieve Wyart
Envoyé le :
Jeudi 10 mars 2016 - 11h07

Objet : merci

Bonjour Madame

J'ai également écrit au Président de la République (et ce n'est pas la première fois).

Je n'ai pas votre faconde mais je trouve que là trop c'est trop , il assassine une nouvelle fois mon père : CYR Jacquemain porté disparu le 5 juillet 62 avec tant d'autres.

Je n'avais que 3 ans . Mes deux soeurs avaient, l'une 5 ans et l'autre 18 mois. Ma pauvre maman était enceinte de la quatrième.

Un retour en métropole en janvier 63. Ce fut horrible. Nous avons connu un début de vie bien difficile et des  propos haineux : "retourne dans ton pays sale pied noir". Nous avons connu le manque  total d'argent (car pas le corps de mon père).

Mais nous avons avancé et réussi .

Respectueusement.

Geneviève Wyart

 

De : Genevieve Wyart
Envoyé le : Jeudi 10 mars 2016 - 16h48

Bonjour Madame

J'accepte que mon témoignage soit inséré sur votre site.

Je vous embrasse et encore merci.

Affectueusement..


Geneviève Wyart Jacquemain

P33 

Mon Père

925091343

 

Son témoignage a également été retenu parmi les centaines d'autres reçus dans notre hors-série paru le 19 septembre et toujours disponible. Dans cet ouvrage, riches aussi de documents, les lecteurs retrouveront, entre autres, le récit de Geneviève Wyart, recueilli par notre consœur Anne-Sophie Hache : cette habitante d'Houdain-lez-Bavay y raconte la disparition de son père, Cyr Jacquemain, le 5 juillet 1962.

Source : Cliquez sur  La voix du Nord


VII - Après le 19 mars 1962 le mensonge d'Evian - Le 26 mars… Le 5 juillet… les massacres continuent

12 - Les témoins de l’honneur  par José Castano
     - 1 Témoignage de Akmar Zaïd
     - 2 Témoignage de Jacques Aygalenq

 

 LES TEMOINS DE L’HONNEUR

La France n’est plus que silence. Elle est perdue quelque part dans la nuit, tous feux éteints, comme un navire. Sa conscience et sa vie spirituelle se sont ramassées dans son épaisseur. » Antoine de Saint-Exupéry

 

Suite à un article rédigé en 2010 sur le massacre du 5 juillet 1962 survenu à Oran, j’ai reçu récemment le témoignage d’un algérien (âgé de 9 ans à cette époque) qui éprouvait le besoin – 54 ans après cette tragédie – de l’évoquer afin de l’exorciser.

Ce témoignage a entrainé aussitôt celui d’un militaire du contingent qui, en 1964 (2 ans après la fin de la guerre) a été confronté - au contact de deux jeunes femmes européennes - au douloureux problème des « disparus » de 1962.

Et quand on pense que bon nombre de nos concitoyens nous ont traités de « menteurs » quand nous tentions d’en parler ! … Quelle tristesse ! … et quelle honte pour tous ces « moralistes à la conscience pure ».

Churchill s’est écrié un jour : « Un peuple qui oublie son passé se condamne à le revivre ! »

Dans cette logique, la guerre d’Algérie a produit des monstres tout aussi ignobles que ceux qu’il nous est donné de découvrir aujourd’hui et c’est parce que l’on s’est toujours désintéressé de ce douloureux passé que l’on voit, désormais, reproduites à l’identique, ressurgir tant de créatures du diable … et le diable n’apparait généralement qu’à celui qui le craint.

 

José CASTANO - 21 décembre 2016 17h49


VII - Après le 19 mars 1962 le mensonge d'Evian - Le 26 mars… Le 5 juillet… les massacres continuent 

LES TEMOIGNAGES

 

1 - AKMAR Zaïd le jeudi 15 décembre 2016 - 23 h22

à

Monsieur Joseph, votre présentation des faits dramatiques de cette journée est terrible.

Oui, je devais avoir 9 ans (je suis né en 1953).

Assis sur le trottoir, j’ai vu défiler des voitures à vive allure avec des européens qui hurlaient dedans… Je comprenais qu’on les emmenait vers le « petit lac » pour les égorger.

Mais l’image qui est gravée en moi et restera gravée jusqu’à la fin de mes jours est l’image de la Peugeot 403 qui s’est arrêtée devant l’épicerie de monsieur Romboni… 3 hommes en sont sortis et se sont engouffrés dans cette épicerie ….ils ont traîné monsieur Romboni dehors … l’un des trois hommes brandissait une oreille sanglante … il venait de l’arracher avec une lame sous les you you des femmes.

Je ne pourrai JAMAIS oublier cette scène et chaque fois que j’y pense, je ne peux retenir mes larmes.

Pourtant je n’avais que 9 ans et j’en ai 63 aujourd’hui.

Je n’ai pas assisté aux évènements que vous relatez mais je les imagine.

Cordialement

 

Jeudi 15 décembre 2016 - 23 h26

J’ai oublié de vous dire que je ne suis pas pied-noir. Je suis marocain natif d’Oran – quartier Victor Hugo

Nous sommes rentrés au Maroc, directement après l’indépendance (1963) pour habiter Oujda

 

113006618

 

 

quart

Le point rouge indique le quartier Victor HUGO

 

visuel maroc
OUJDA

 


 VII - Après le 19 mars 1962 le mensonge d'Evian - Le 26 mars… Le 5 juillet… les massacres continuent

2 - José Castano 18 décembre 2016 - 17h43

Chers amis,

Suite à la diffusion du témoignage de cet algérien –âgé de 9 ans en 1962 _ sur les sévices et l’enlèvement de monsieur Romboni, le 5 juillet 1962 à Oran, j’ai reçu un autre témoignage tout aussi tragique et émouvant. Il concerne le douloureux problème des disparus et le sort qui fut réservé aux femmes européennes … Cet homme – militaire en 1964 – est, aujourd’hui encore, hanté par ce souvenir … Il m’a autorisé à reproduire son témoignage et à communiquer son identité.

Bien à vous

 

Jacques AYGALENQ 18 décembre 2016 - 13h25
Matelot 563 8322

 

Autre témoignage !

En 1964 j’ai passé plus de trois mois embarqué sur un patrouilleur côtier à Mers el Kebir, base navale d’Oran. Dans un esprit de réconciliation, on nous proposait sous forme de volontariat des petits voyages « découvertes » dans l’intérieur des terres. C’est ainsi que j’ai connu par exemple le merveilleux site de Tipasa cher à Albert Camus … Or, un jour, lors d’un dernier arrêt dans un élevage d’huitres sur la côte, lors du commentaire du conférencier, deux femmes, jeunes européennes, ont discrètement demandé à un marin du groupe si on pouvait les embarquer avec nous. Elles étaient accompagnées d’un groupe de trois ou quatre hommes algériens qui, nous l’avons espéré, n’ont pas remarqué leur manège.

Le lieutenant nous accompagnant, nous a vite fait remonter dans le car, les engagés de longue date qui faisaient partie de notre groupe, commençant à s’agiter …

Nous étions encore à une heure de route de la base, en tenue de sortie, sans armes, nous ne pouvions rien faire, rien !

Je reverrai toujours le regard de l’une d’elles qui nous suivait des yeux alors que nous partions avec nos beaux uniformes BBR (1)

Cette histoire que j’écris, je ne peux la dire sans m’arrêter dans un sanglot.

 

 

Sans titre 5

 

 bachi de marin bleu traclet

N.B : Images prises sur la toile.

  • BBR : bleu blanc rouge  S.G.

 Autorisation de José Castano  


VII - Après le 19 mars 1962 le mensonge d'Evian - Le 26 mars… Le 5 juillet… les massacres continuent

13 - Discours témoignage de Madame Jocelyne Quessada aux Mobiles à Marseille le 5 juillet 2016

Cérémonie du souvenir des victimes du 5 juillet 1962

Chers amis

Nous voilà de nouveau rassemblés devant ce monument.

54 ans depuis cette horrible journée, où en est-on ? Nous avons eu quelques satisfactions venues de certaines municipalités. Il y a quelques mois, Julien Sanchez maire FN de Beaucaire a donné le nom du 5 juillet à une des rues de sa ville, le 1er juillet à Marignane, Eric Le Dissès le maire sans étiquette, en a fait autant pour un très beau rond- point et là, nous avons eu la joie d’assister à l’inauguration, grand moment d’émotion avec un nombre important de participants ; ce matin même,  Eric Diard maire LR de Sausset les pins a inauguré une plaque commémorative.

Ces petits gestes sont importants. Nous espérons qu’ils donneront des idées à d’autres maires. Avec ces mots gravés dans la pierre, les français seront peut-être curieux de savoir ce qu’il s’est passé ce jour-là. Comment accepter que ces évènements tragiques restent occultés ? Ni les gouvernements successifs ni les médias n’en parlent. Et pourtant depuis 54 ans, nous avons raconté, écrit, parlé, rencontré des journalistes, manifesté de très nombreuses fois. Nous ne sommes pas éternels ; beaucoup de ceux qui se sont battus à nos côtés ne sont plus là.

Le temps presse, il ne faut rien lâcher. 5 juillet 1962. La tristesse et la peur pèsent  sur la ville. Pourtant ce jour-là, dans ce matin lumineux et chaud, les oranais sont retournés à leurs occupations : travail, courses. N’avaient-ils pas entendu la veille encore, comme les soirs précédents, les voitures militaires qui les rassuraient « oranais, n’ayez pas peur, l’armée vous protège ».

Ils ont tellement envie d’y croire, comme ils avaient cru aux paroles du prestigieux général le 6 juin 1958, au Champ de manœuvre à Oran. Je me souviens, nous y étions depuis 6H du matin:  « La France est ici et elle y est pour toujours, vive Oran, ville que j’aime et que je salue, bonne, chère grande ville française ».

Et nous, les dizaines de milliers d’oranais ivres de joie et d’espoir, nous l’avons follement applaudi.Comment un général peut-il trahir ainsi la parole donnée ? Comment un général, qui plus estprésident de la république, peut-il être un tel parjure et abandonner ainsi ceux qu’il avait le devoir de protéger ? Comment un traitre pareil, des  décennies après, peut-il faire encore l’objet d’une telle vénération ?

Je l’accuse à tout le moins, de non-assistance à personnes en danger et probablement de complicité d’assassinats.J’étais à Oran ce jour-là et nous étions en ville. Il était 10H du matin. Nous avons été arrêtés devant le lycée Lamoricière par le défilé d’une foule hystérique et déjà hostile, tandis que dans le lycée qui servait de caserne, les militaires riaient et prenaient des photos.

On leur passait le nouveau drapeau algérien sous le nez et ils riaient toujours. Sur notre droite, sur le Boulevard Gallieni, des familles entières, assises sur le sol au milieu de leurs paquets, attendaient devant les compagnies d’aviation pour avoir des places pour fuir ce pays qui les avait vu naître.

Ne pouvant supporter ce spectacle, je suis rentrée chez moi en larmes et c’est probablement ce qui nous a sauvé la vie.Une heure après, la chasse à l’homme commençait avec toutes les horreurs que vous connaissez. Les autorités savaient. Katz, le boucher d’Oran, a survolé la ville et il a bien vu les cadavres partout, les files d’européens qu’on emmenait, il les a vus livrés à la vindicte populaire. Il a vu le sang coulant sous la porte du commissariat central, il a vu les cadavres amoncelés au petit lac.

Témoignage du pilote de l’hélicoptère:« Nous survolons la ville, partout des gens qui fuyaient et des cortèges les bras en l’air, escortés par des ATO ou des civils en armes. Nous avons survolé le petit lac, là aussi une foule compacte bras en l’air, des gens qu’on faisait entrer dans l’eau et qu’on abattait froidement. J’ai hurlé : mon général, on abat des gens, je vois l’eau qui devient rouge de sang.Le général m’a répondu : retour à la base ». Car de Paris, l’ordre était venu « n’intervenez pas ! »

Témoignage sous la foi du serment du colonel Fourcade qui a déclaré avoir assisté ce 5 juillet à un entretien téléphonique entre de Gaulle et Katz. Katz informe de Gaulle que dans toute la ville, a lieu un massacre au faciès blanc. De Gaulle donne l’ordre criminel « ne bougez pas ».

Honte à eux, je nomme de Gaulle, Joxe, Messmer, et bien sûr Katz récompensé d’une médaille supplémentaire à son retour en France. Honneur à ceux qui ont osé braver l’interdiction et ont réussi ainsi à sauver des dizaines de personnes : le lieutenant Khélif , le capitaine Courguenec, le vice-amiral Barthélémy commandant la base de Mers El Kébir qui a envoyé un détachement de fusillers marins pour évacuer les magistrats et le personnel du tribunal, des soldats du 8ème RIMA et du 5ème RI ont mis en fuite des civils musulmans.

A 17H, l’armée est enfin sortie et la ville s’est  calmée mais pas la douleur des familles qui ont cherché et espéré pendant des années, le retour de l’être cher.

Alors que l’on ne nous demande pas de  tourner la page, d’oublier. Même si nous le voulions, nous n’en avons pas le droit. Il y a eu à Oran plus de morts qu’à Oradour sur Glane. Ceux d’Oradour ne sont pas oubliés heureusement, pourquoi oublie-t-on ceux d’Oran ? Oh, nous connaissons la réponse.

Alors nous, continuons de nous souvenir, continuons de raconter, continuons d’exiger la vérité, ne cédons rien pour quelques médailles et autres petits avantages dont on nous gratifie avant chaque élection.Offrons à nos morts le linceul qu’ils n’ont pas eu.

Le vrai tombeau des morts est le cœur des vivants. Qu’ils restent à jamais dans nos cœurs !

Merci pour eux d’être là.

Jocelyne Quessada

 

Quessada 

 

le monument aux mobiles pc050029 

"Les Mobiles"  à Marseille

 

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