1.6 - Le 5 juillet à ORAN - Les témoignages

VII - Après le 19 mars 1962 le mensonge d'Evian - Le 26 mars… Le 5 juillet… les massacres continuent


2 - Témoignage de Viviane EZAGOURI née PINTO.

Le 5 juillet 1962, je me trouvais dans la rue pour prendre un peu l'air. Il faut dire que la veille, des camions de la gendarmerie équipés de micros, nous avaient incités à sortir de chez nous, car craignant le pire, nous étions cloîtrés.

Ce jour vers là vers 10 heures du matin, je suis partie avec mon copain (qui est devenu mon mari) et nous avons rencontré une foule de musulmans  très importante se diriger vers le centre-ville c'est-à-dire le quartier européen, vers la place d'Armes. Cette foule a été évaluée à plusieurs milliers de personnes.

Très vite en arrivant vers le cœur du quartier européen, cette foule en délire, hurlant des insultes, s’est ruée sur les passants qui croyaient avoir affaire à une manifestation pacifique. Les premiers coups de feu tirés en l’air ont excité la foule qui n’attendait qu’un signal pour lyncher et massacrer tous les gens rencontrés sur leur chemin.

Des camions qui transportaient des membres de l’ ALN en tenue, ont pris position dans les rues du centre bloquant toutes ces rues. Les gens se sont retrouvés dans une souricière. Ils nous ont mis en file indienne, les mains en l' air. Ensuite ils nous ont appuyés, à genoux, contre un mur. Je pleurais, je tremblais, je ne pouvais plus parler. Les gens ont été obligés de monter dans les camions, à coups de crosse. Ces camions devaient les emmener vers une destination inconnue sous le prétexte de les contrôler. Nous savons depuis qu ’ils ont été abattus et jetés dans des charniers au petit lac, à la sortie d’Oran.

j’ai été arrêtée au beau milieu d’ une fusillade et de lynchages et je suis restée plusieurs heures contre un mur - ...  Et puis, j’ai eu cette chance d’être reconnue par un militant FLN qui habitait mon quartier, qui m'a reconnue, qui m'a protégée et qui m'a libérée en me disant de partir.

Ils tiraient sur les façades des immeubles, ils enlevaient les gens, ils m'arrêtaient sans cesse mais je leur disais que mon chef m'avait libérée. Ils enlevaient les gens qui revenaient de la plage. Ils ont arrêté un scooter ont pris le scooter. Et les occupants sont montés dans le camion. Un Monsieur qui était dans une chaise roulante et qui venait de chez lui avec sa femme a été jeté dans le camion. Cela a duré jusqu'au 17 heures. J'ai dépassé des gens lynchés sur le trottoir. C'était horrible..... à coups de pied, avec des pierres, des crocs de boucher .... c'était horrible, horrible, tous ces lynchages, ces morts, ces hurlements, ces camions qui emportaient les gens. Je tremblais, je courais, je pleurais et je disais à ceux qui m' arrêtaient : c' est votre chef qui m' a libérée. Ils étaient partout et ils tiraient.

Les caniveaux étaient plein de sang et les trottoirs plein de morts, de blessés. Ce n'est pas possible qu' on puisse tuer tant de monde !

Après 17 heures, c'est l'armée française qui a ramassé les morts et les blessés, sans les rendre aux familles. Les morts ont été enterrés par les soldats, sans rien dire aux familles.  Mon père qui se trouvait dans la rue n'est jamais revenu. Et ma mère et mes frères, nous sommes restés enfermés quelques jours, mais nous allions à la morgue, à l'hôpital, à la gendarmerie, chercher avec les gens, les disparus. Il y avait un monde fou. A la morgue, les grilles étaient baissées, à l'hôpital on répondait qu'il n'y avait personne. Les corps avaient disparu. Ils nous disaient : "ah non on ne sait pas !".

Et puis on nous a fait partir et on a tout laissé. Je n' ai pas même une photo de mon père ou de moi de cette période. Nous sommes arrivés à Marseille au centre la Rouguière. n nous installait dans des écoles. Et puis avec les hauts parleurs, ils disaient :" Bâtiment A, destination par exemple  Périgueux, bâtiment B destination Chalons ... Les gens de mon bâtiment ont été envoyés à Auxerre. J'ai du me mettre au travail.

Pendant des années, je n'ai pas pu parler du 5 juillet. Je ne le pouvais pas. Je tremblais et je pleurais. Je ne pouvais pas parler. Aujourd'hui je peux parler parce que j'ai fait toutes ces marches silencieuses à Marseille.

Nous sommes allés voir Monsieur De Broglie. Il nous a dit que l'Etat faisait des recherches et c'était faux, se n'étais pas vrai du tout. La Croix Rouge nous a dit que les recherches restaient secrètes.

Le 24 août 2004, nous avons appris, 43 ans après, par un rapport de la Croix Rouge, que m’a adressé le Quai d’Orsay, sans un mot de réconfort ou de compassion , que mon père avait été égorgé et jeté dans le four d'un bain maure. Je lisais ce courrier dans la rue, car je venais de le retirer de la boite aux lettres et je me suis écroulée parterre évanouie.

Nous avons été abandonnés par l’armée française, qui comptait 14.000 soldats sensés nous protéger. Ils avaient reçu l'ordre du gouvernement de l’époque, et De gaulle était au sommet de l’État, de ne pas intervenir, laissant le massacre se poursuivre jusqu’à 17 heures.

La France a abandonné ses nationaux, et depuis le mutisme est de règle et la responsabilité du gouvernement de l’époque n’est toujours pas reconnu.

Depuis je me bats, j'ai fait des passages à la télévision, j'alerte sans cesse les élus présidence après présidence, je suis à l'origine de plusieurs pétitions, je suis interviewée par les quotidiens, j'ai organisé des marches silencieuses dans Marseille. Je demande l'ouverture des archives, la levée du silence et la reconnaissance de ce génocide.

Témoignage de Viviane Pinto Ezagouri rescapée et fille de disparu du 5/7/1962 à Oran.

Marseille le 30 octobre 2010.

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Monsieur Joseph PINTO, père de Viviane

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Ce rapport est faux. Mon père n'avait pas d'employeur.
Mais il travaillait en tant qu'agent commercial indépendant.
Sa date de naissance est fausse. Il avait 58 ans.

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Lors de la disparition de notre père, mon frère se trouvait à Alger au service militaire.

Il était étudiant à la Faculté de Droit mais les dispenses avaient été supprimées brutalement
pour tous les jeunes incorporables. Il avait 19 ans

 

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 05Témoignage de Viviane Pinto Ezagouri rescapée et fille de disparu du 5/7/1962 à Oran

 

AVE MARIA DE SANTA CRUZ

J'ai composé cet AVE MARIA DE SANTA CRUZ à la demande de la Nation Pied Noir et de mon ami Antoine CANDELA lequel est à l'origine du rapatriement de la Vierge !... Nous l'avons interprétée pour la première fois en 2002 en la Cathédrale de NÎMES, et lors d'un Concert Sacré en la Cathédrale de GNIEZNO en POLOGNE pour le décès de Sa Sainteté  le PAPE JEAN PAUL II ... Le grand organiste/arrangeur Jean-Michel CAZENAVE m'accompagne; le chanteur soliste de l'enregistrement est Gilbert AMICO...

Gilles PELLEGRINI

 

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Le 5 juillet 1962 à ORAN

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