3.2 - André AUSSIGNAC : témoignage d'un "soldat disparu" enlevé par le FLN après le 19 mars 1962

VII - Après le 19 mars 1962 le mensonge d'Evian - Les disparus militaires - Témoignages - La Presse - Les associations

1 - André AUSSIGNAC, appelé du 23ème Rima à Alger, a été déclaré disparu le 21 juillet 1962 par l’armée française. Originaire de Bordeaux, militaire appelé en Algérie, il était venu relater en détail son enlèvement par le FLN, après l'indépendance, et le calvaire inhumain qu'il a subi dans une mine de fer près de Miliana, avec d'autres français civils et militaires.

2 - André AUSSIGNAC est réhabilité le 4 septembre 1963. La justice militaire le déclare "non coupable". Les documents officiels

3 -Témoignage d'André AUSSIGNAC paru dans la revue "LE POINT" N° 1534 du 8 février 2002.  Interview


4 - "Au soleil des deux rives" Nice 2010 - Je propose sur mon stand une "tire-lire" pour André Aussignac afin de lui venir en aide (S.G.)

5 - Communication téléphonique du 8 juin 2010 de Simone GAUTIER avec André AUSSIGNAC et seconde collecte par le Congrès Veritas à Aix en Provence

 

 

1 - André AUSSIGNAC, appelé du 23ème Rima à Alger, a été déclaré disparu le 21 juillet 1962 par l’armée française. Originaire de Bordeaux, militaire appelé en Algérie, il était venu relater en détail son enlèvement par le FLN, après l'indépendance, et le calvaire inhumain qu'il a subi dans une mine de fer près de Miliana, avec d'autres français civils et militaires.

Il est âgé aujourd'hui de soixante huit ans.(2010)

« Le soir du 21 juillet 1962, j’ai quitté en uniforme, la Maison carrée (caserne) d’Alger pour aller acheter des cigarettes. Je suis tombé sur un barrage de musulmans en uniforme. Ils m’ont pris ma carte d’identité militaire et l’ont déchirée. Je me suis retrouvé dans une camionnette avec des civils européens, dont le propriétaire du véhicule. On a été conduit dans une briqueterie, déshabillés et jetés dans un four encore tiède. Dans la nuit, d’autres européens sont arrivés. A la fin, on était 17. Nous sommes restés là, entassés, sans boire ni manger, à redouter qu’ils allument le four. Au bout de 48 heures environ, nous sommes partis en camion bâchés.

Une fois dans le djebel, on nous a fait descendre et on a entamé une marche forcée de plusieurs semaines pour arriver à la mine de fer de Miliana. Là, on nous a jeté à moitié nus dans une galerie. Dans la mienne, on était environ 60, mais il y avait d’autres galeries avec d’autres Européens. On nous obligeait à creuser avec de petites pioches. On avait droit à un verre d’eau par jour et parfois à un plat de semoule. Pour ne pas mourir de soif, on mettait nos slips dans les parois humides de la mine et on suçait les gouttes d’eau. Quand le plat de semoule arrivait, on se battait comme des chiens entre nous.

Certains sont morts d’épuisement, d’autres se sont volontairement tués. Une fois, l’un d’entre nous a planté sa pioche dans la terre et s’est jeté sur la lame. Un jour, un ministre algérien est venu visiter la galerie. Je ne me suis pas levé pour le saluer. Il m’a balancé un grand coup de pied dans la tête (la cicatrice à l’arcade sourcilière est encore visible). J’ai essayé de m’évader deux fois sans succès. La première fois, en représailles, on m’a donné de grands coups de bâton sur les chevilles. La deuxième, on m’a assis sur une pierre, ligoté à un pieu et arraché les ongles des orteils avec une pince. La troisième tentative a été la bonne. J’étais avec deux autres copains qui ont été abattus. J’ai marché jusqu’à l’épuisement. Des Pieds-noirs m’ont découvert évanoui et nu dans un fossé. Ils m’ont soigné, puis embarqué dans un chalutier en direction de Marseille.

Quand je suis arrivé chez moi, à Bordeaux, ni mes parents, ni ma fiancée ne m’ont reconnu. Je pesais moins de 40 kilos (contre 70 avant mon départ).

Le 22 juillet 1963, j’ai été arrêté par la gendarmerie de Villeneuve-sur-Lot. C’était pendant mon voyage de noces. On m’a interné au fort du Hâ « pour désertion en temps de paix » ! J’ai été brutalisé. On voulait que je livre les filières qui m’avaient permis de revenir d’Algérie. Je suis resté muet. On m’a ensuite conduit à l’hôpital militaire Robert-Piquet. Sur la porte de ma chambre, on avait inscrit « individu dangereux, à ne pas mettre en contact avec les autres recrues ».

Le tribunal militaire de Bordeaux m’a finalement acquitté. Je rends hommage au commissaire du Gouvernement qui a plaidé pour ma non-culpabilité. Il a ensuite été muté. En novembre 1963, le sénateur Étienne Dailly a évoqué mon cas au Sénat (journal officiel du 24 novembre 1963, p. 2572). Quelques jours auparavant, la Sécurité militaire m’avait menacé pour que je me taise. Mon histoire gênait. Je me suis tu jusqu’à aujourd’hui.

« J’offre ce témoignage à la mémoire de mes compagnons qui ont été sacrifiés ».

J.M.D.
Bordeaux – janvier 2002.
Transmis par Jean-Marie Sarre
Capitaine de Police
Délégué départemental de L'ASAF.
33210 - SAINT PARDON
" Protégé par l’A.S.A.F. "

Et transmis par la filière du Comité français de recherche des Disparus.

"Lire aussi le témoignage du Capitaine de Police Jean-Marie Sarre : ICI
Vous pourrez voir la vidéo du témoignage d'André AUSSIGNAC : ICI

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Ci-dessus et dessous, les images des Mines de Fer de Miliana

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