2.2 - Compte-rendu d'enquête du Commissaire de police POTTIER

RUE D’ISLY – près de la GRANDE POSTE

Dans le même temps que les incidents du carrefour de l’Agha et dans des circonstances totalement différentes, les manifestants engagés rue d’Isly étaient pris sous le feu croisé du barrage établi au début de celte artère, près de la Grande Poste et d’éléments militaires venus de la rampe Bugeaud par les rues transversales Chanzy et Gueydon. Ce mitraillage devait faire 52 morts et 130 blessés environ dénombrés à ce jour.
Il a pu être possible de reconstituer de façon relativement précise les circonstances dans lesquelles cette fusillade s’est produite par les auditions d’un certain nombre de blessés et de témoins. Parmi ces témoins se trouvent plusieurs journalistes et reporters métropolitains, appartenant à des organismes de tendances diverses et dont la bonne foi ne saurait être mise en doute. Il a été procédé, de plus, à la saisie de documents photographiques et de bandes magnétiques enregistrées par les techniciens d’Europe n°1 et radio Luxembourg. Il convient de préciser, immédiatement, que l’autorité militaire s’est refusée à toute audition des membres du service d’ordre ainsi qu’à la communication du dispositif d’implantation des unités engagées.
Ce refus a fait l’objet de mon rapport en date du 2 avril 1962, en faisant retour, sans exécution, de la commission rogatoire en date du 27 mars 1962, délivrée à cet effet par le magistrat instructeur.
Les auditions des militaires engagés dans ce service d’ordre et particulièrement de ceux qui formaient  barrage à l’entrée de la rue d’Isly, auraient pendant été indispensables à une enquête complète.

Il a été possible de savoir :
* que les militaires (musulmans pour la plupart)constituant le barrage de la rue d’Isly et dont le rôle a été déterminant, faisaient partie du 4ème RTA, 6ème compagnie
* que ces militaires étaient commandés par un  lieutenant européen, non identifié, assistés des aspirants  BROSSOLETTE, originaire de Montpellier et prochainement libérable  et OUCHENE (phonétiquement ) seul  officier musulman de l’unité en cause .
* qu’aussitôt après les évènements du 26 mars 19662 , l’unité ci-dessus désignée, a été consignée au CENTRE DE FORMATION DES GRADES AFFRICAINS  à COURBET - MARINE
* qu’à la mi-avril 1962 les militaires suivants de la 6ème Cie du 4ème RTA, probablement mêlés à la fusillade de la rue d’Isly, ont déserté en emportant leurs armes :

MELLAH Mohamed né le 16 mars 1942 à Orléansville, Sergent, Chef de groupe ,
HAMMADI Mohamed, présumé né en 1940 à Ténès,
1ère classe
BELAIDI Arezki, présumé né en 1939 à Aïd Medja (Grande Kabylie) 1ère classe
BENAZOUZ Ahmed, né le 21 novembre 1940 à Ben Srour (Médéa) 2ème classe
DACI Amar, présumé né en 1940 à Messad ( département de Médéa) 2ème classe
Ce dernier serait le militaire ayant tiré la première rafale de pistolet mitrailleur  (en réalité une mitrailleuse à bandes souples :
AA 52).

 

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