5.1 - Ce Bloody Sunday pour lequel l'Etat irlandais demande pardon 1972-2010- Ce Bloody Monday pour lequel l'Etat français s'enferre dans le grand silence 1962 - ?

IV - Date emblématique d'un massacre collectif de - Bloody Sunday

1 - Contexte

2 - Irlande du Nord: un ex-soldat britannique arrêté dans l'enquête sur le « Bloody Sunday » - Paru Le Monde  10 novembre 2015

 

1 - Contexte

C’est pour protester contre l’internement administratif, décidé par le Parlement nord-irlandais le 9 août 1971, que la NICRA décide d’organiser une manifestation pacifique à Derry le 30 Janvier 1972. Plusieurs centaines de catholiques ont été ainsi emprisonnés sans procès dans des camps d’internement de l’armée britannique.

Historique

La NICRA, menée par Ivan Cooper, est déterminée à éviter toute violence entre les différents protagonistes. Malgré son dialogue avec les autorités unionistes d'une part, les paramilitaires de l'IRA de l'autre, et ses tentatives de négociation avec les forces de l'ordre britanniques, la manifestation dégénère et vingt-huit manifestants sont blessés par balles dont treize décéderont sur place. Une quatorzième personne mourra quatre mois et demi plus tard des blessures reçues ce jour-là. Deux versions coexistent :

  • selon les Britanniques, les parachutistes auraient essuyé des tirs de la part de l'IRA auxquels ils auraient riposté,
  • selon les manifestants, l'armée britannique a délibérément tiré sur une foule désarmée.

Cette journée, désormais inscrite dans l'Histoire sous le nom de Bloody Sunday, marque une nouvelle étape dans le conflit nord-irlandais. Les rangs de l'IRA se gonflèrent après ce massacre, entraînant un engrenage mortel d'attentats et de représailles entre les camps en présence, comme lors du Bloody Friday à Belfast. L'armée britannique perdit de sa crédibilité dans l'esprit des républicains qui ne virent plus en elle une force d'interposition mais une force de répression, au même titre que la Royal Ulster Constabulary (RUC).

Enquêtes

Une enquête menée rapidement par une commission présidée par Lord Widgery blanchit l'armée britannique en concluant qu'elle répondait aux tirs de l'IRA provisoire.

Cependant, aucune arme n'a été retrouvée sur les lieux, pas plus que de traces d'explosif sur les victimes. De plus, toutes les victimes se comptent parmi les manifestants ; aucun soldat n'a été tué ou blessé ce jour-là (ce qui est surprenant si les militaires ont été la cible de tirs et se sont contentés de riposter). Aussi un doute a longtemps pesé sur cette version des faits. Il faut ajouter à cela qu'un parachutiste britannique ayant déserté trois mois auparavant a révélé bien après les faits que, lors d'une séance d'instruction, on leur avait explicitement indiqué que, lors des prochaines manifestations (quelle que soit leur nature), "il faudrait faire des morts". Un autre élément accrédite la préméditation des tirs sur la foule : une communication interceptée par un policier irlandais présent au QG des paras rapporte que les soldats auraient reçu l'ordre d'utiliser des munitions de petit calibre (différentes des munitions habituellement en dotation dans ces unités) dans le but de faire un maximum de dégâts. On a en effet retrouvé des balles de petit calibre dans les cadavres des manifestants abattus.

La polémique dura longtemps entre les partisans des deux versions qui campaient sur leurs positions respectives.

Le 16 mai 1997, Channel 4 diffuse un documentaire des journalistes Lena Ferguson et Alex Thomson dans lequel quatre soldats révèlent anonymement que les parachutistes ont tiré l'arme à la hanche dans la foule, contredisant la thèse officielle qui prétendait que les tirs avaient visé des cibles précises et hostiles.

Du fait des critiques adressées à la version britannique de cet événement, le Premier ministre Tony Blair fait ouvrir une nouvelle enquête le 29 janvier 1998, veille de la commémoration annuelle de la tragédie. L'enquête est confiée au juge Mark Saville, assisté de magistrats canadiens et australiens. Entre 1998 et novembre 2004, 921 témoins sont entendus et 1 555 témoignages écrits examinés. Plusieurs soldats avoueront avoir menti lors de leurs dépositions précédentes et reconnaîtront que les victimes étaient désarmées. Attendu pour 2007, le rapport final est publié le 15 juin 2010 à Derry. Les familles des victimes organisent pour l'occasion une marche silencieuse.

Suite à sa publication, le gouvernement britannique, par une intervention de David Cameron à la Chambre des Communes, reconnaît la responsabilité des parachutistes et présente ses excuses. Si leurs actes n'étaient pas prémédités, les soldats ont, selon l'enquête, tiré alors qu'il n'y avait aucune menace, sur des innocents, sans avertissement, et ont par la suite menti sur les circonstances exactes de l'incident.

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Bloody Sunday


IV - Date emblématique d'un massacre collectif de - Bloody Sunday

2 - Irlande du Nord: un ex-soldat britannique arrêté dans l'enquête sur le « Bloody Sunday » Paru "Le Monde" 10 novembre 2015

43 ans après le Bloody Sunday - Article paru sur Boulevard Voltaire le 10 novembre 2015

Un ancien soldat britannique a été interpellé dans l’enquête sur le drame du « Bloody Sunday » en 1972, l’un des épisodes les plus sombres des trente ans de violences dans la province d’Irlande du Nord, a annoncé mardi le ministère de la Défense.

Il s’agit de la première interpellation depuis l’ouverture d’une enquête criminelle en 2012 sur ce drame survenu le 30 janvier 1972, lors duquel 14 personnes avaient été tuées par l’armée britannique à l’occasion d’une manifestation pacifique.

« Nous sommes au courant qu’un ancien soldat a été arrêté par les services de police d’Irlande du Nord en lien avec l’enquête sur les événements du Bloody Sunday », a déclaré le ministère de la Défense dans un communiqué.

La police nord-irlandaise a de son côté indiqué qu’un homme de 66 ans avait été arrêté. « Le suspect est interrogé dans un commissariat de Belfast », a-t-elle ajouté, expliquant que cette interpellation marquait « une nouvelle phase dans l’enquête ».

Un rapport rédigé à la suite d’une enquête publique avait conclu en 2010, après douze ans d’investigations, que des parachutistes britanniques avaient tiré les premiers dans la foule manifestant à Londonderry, deuxième ville nord-irlandaise.

Le Premier ministre britannique David Cameron avait présenté dans la foulée des excuses, décrivant l’action de l’armée comme « injustifiable » et ouvrant la voie au paiement de dommages.

 

Voir : ICI

 

Lire aussi cet article : ICI

 

bloody sunday march

30 janvier 2011 Londonderry Irlande du Nord

The Troubles Bloody Sunday David Cameron apologises

David Cameron 1er ministre du Royaume Uni en fonction depuis le 11 mai 2010

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Images du Bloody Sunday

 

En juin 2010, le rapport Saville, du nom du Président qui enquête depuis 12 ans, a rendu justice aux hommes de "Derry". Aucun d'eux établit-il "ne représentait une menace de mort ni ne risquait de provoquer des blessures graves". Aucun n'était armé et rien ne justifie qu'ils aient été abattus.

Ni celui qui rampait afin de s'éloigner des soldats, ni cet autre, qui gisait par terre mortellement blessé". Le premier ministre David Cameron, a déclaré devant la Chambre des communes que ce qui s'est passé ce jour-là"n'était ni justifié ni justifiable. C'était mal".

En 2011, le gouvernement britannique s'était engagé dans une lettre à verser des dommages aux familles des victimes. "Nous reconnaissons la souffrance de ces familles depuis près de quarante ans, ainsi que le fait que les membres des forces armées ont mal réagi", avait alors dit le ministère de la défense britannique.

Le Monde - international - article - 10 novembre 2015

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